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Vitamine So

Dans Alpha Beta Nova, Sophie Marchand joue un disque en rapport avec l'actualité... et vitaminé !


Vous écoutez:

Choisissez un podcast dans la liste ci-dessous.

  • Podcast du vendredi 01 juillet 2022 : Vitamine So : "In Disco" de Bjorn Torske :

    Un titre qui a un truc secret en lui, un ingrédient mystère qui le rend complètement addictif et dynamisant : il s’appelle “In Disco” et on le doit à un aventurier du son, Bjorn Torske parrain de la house norvégienne, de la proto disco dès la fin des années 80. Un type qui bidouillait des machines pour faire de la musique électronique depuis chez lui, il a aussi été la première signature du label Tellé Records. 


    Le morceau qu’on va écouter date de 1998, et vous allez l’entendre c’est un morceau qui nous fait passer en deux secondes de la Norvège à l’Inde, puisqu’il y a un énorme sample de Bollywood. 


    Voilà c’est un morceau qui vous promet que même si cet été vous ne prenez pas l’avion pour traverser le monde, vous pouvez voyager en musique, comme ce titre qui a été fabriqué dans une petite chambre de Bergen.

  • Podcast du jeudi 30 juin 2022 : Vitamine So : “Without Me” de Eminem :

    Oui parce que je trouve que ça lui irait bien de refaire son entrée en piste sur un gros son de rap, ambiance “Guess Who’s Back”, pas Rakim mais Eminem. Ce refrain c’est celui de “Without Me” 10ème morceau du Eminem Show qui sortait il y a 20 pas presque tout pile et dans lequel le rappeur de Detroit met en scène son égotrip et son rapport conflictuel avec les médias mainstream. 


    Même si à vrai dire c’est une phrase qui a été utilisée cent fois par des rappeuses et des rappeurs, avant et après Eminem, elle reste un gimmick associé à lui. Et comme ce sont bientôt les vacances, allez hop de bon matin voici “Without Me”. En hommage à cette tortue qui fait son grand retour. 



  • Podcast du mercredi 29 juin 2022 : Vitamine So : “Dance Around My Navel” de Mtume :

    Alors, ce n’est pas la thématique la plus répandue de la musique et rien que pour ça c’est savoureux. Ça m’a aussi permis de réviser et d’apprendre qu’en anglais ça se dit : navel. Bref tout ça pour vous dire que ce matin le morceau est signé par Mtume, groupe de James Mtume, grand percussionniste de funk américain et de Jerrie Lucas. Ils ont joué avec Miles Davis dans les années 70 et ils ont aussi sorti un chouette morceau qui dit : “Dance Around My Navel”. Un petit tube de poche, un peu cryptique et assez marrant, notamment grâce au chant.  


    Voilà : c’est pas tous les jours qu’on chante le nombril sur Nova, mais avec Mtume c’est chose faite. 



  • Podcast du mardi 28 juin 2022 : Vitamine So : “Ala Al Ma” d’Eyal el Wahab :

    Il s’appelle Eyal el Wahab, c’est un artiste d’origine yéménite dont la famille a fui les guerres, et qui vit en Israël. Il est à l'origine violoncelliste, mais il y a des années il a commencé à explorer le patrimoine musical de son pays d’origine, pour ne pas se couper de ses racines. 


    Il a commencé par compiler des morceaux traditionnels et puis l’envie lui est venue de faire de la musique dans une énergie collective, avec le projet El Khat qui revisite de manière très libre des chansons qui peuplent sa mémoire et son imagination. 


    Et il le fait avec d’autres musiciens, venus d’Irak, du Maroc ou de Pologne, pour donner une dimension encore plus personnelle à sa musique. Reste que ça permet de se familiariser avec les sonorités, les instruments yéménites, que c’est rare et donc précieux. Alors voici un extrait de son dernier album Aalbat Alawi Op. 99 c’est “Ala Al Ma” et c’est très beau. 


    Aalbat Alawi Op. 99, un album d’Eyal el Wahab qui revisite la musique yéménite. Un disque aussi rare que précieux qu’on vous partage avec grand plaisir sur Nova.

  • Podcast du lundi 27 juin 2022 : Vitamine So : “Femme Fetal” des Digable Planets :

    Oui, puisque ce matin on rediffusait des extraits percutants de l’interview de Chantal Birman. Une sage-femme qui en sait plus que tant d'autres, sur ce que sont les grossesses et leurs interruptions quand elles sont rendues illégales. Et puisque tous ces mots rappelaient l’importance de se battre pour constitutionnaliser ce droit, en France aussi. Alors voici ce matin un morceau génial qui en plus contient de quoi comprendre les enjeux réels de l'avortement. C'est un titre des Digable Planets qui date de 1993, qui s'appelle "Femme Fetal". Un titre qui décrit l’histoire d’une jeune femme et de sa grosesses non désirée. 


    On y entend parler, subtilement, de ces lois contrôlant le corps des femmes qui sont majoritairement votées par des hommes. De l'hypocrisie de ceux qui se pensent “pro life” et qui abandonnent ensuite ces femmes et ces enfants à leur destin. Et enfin, cette chanson-manifeste rappelle que les lois interdisant l'avortement mènent principalement à une chose : à la mort de femmes avortant dans des conditions dangereuses. 


    Voilà, tout est dit, avec l'élégance et le calme des Digable Planets. Une instru parfaite, un argumentaire carré, un flow qui hypnotise voici “Femme Fetal” sur Nova ! 



  • Podcast du mercredi 22 juin 2022 : Vitamine So : "Yes I’m Changing" de Tame Impala :

    Un morceau qui accompagne bien les métamorphoses de la vie, et qui assume que l’on peut changer, voire que l’on doit changer pour prouver qu’on est bien vivant. 


    C’est Tame Impala, et leur morceau “Yes I’m changing”. Dans lequel Kevin Parker affirme avec douceur que le monde est en train de partir dans toutes les directions, alors qu’il est peut-être temps de revoir ses priorités. On entend même la phrase : “un autre futur est possible” qui aurait pu être prononcée par les étudiantes et étudiants, qui font en ce moment des discours qui marqueront sans doute leur époque. 


    Alors voilà, embrassez les virages, les revirements, les changements.



  • Podcast du mercredi 22 juin 2022 : Vitamine So : “Internet” de Saintard :

    Un morceau comme une épitaphe, qui revient sur la vie et l'œuvre pas uniquement de ce logiciel mais plus largement d’Internet. Même si son heure est loin d’être arrivée, sait-on jamais. 


    Donc ce morceau est un titre écrit et chanté par Saintard, qui est un artiste dont les textes sont hautement poétiques et qui est aussi un super joueur de saxo. Un type qui sait créer des boucles addictives. Vous l'avez déjà entendu en playlist sur Nova. 


    L’an dernier il a sorti un premier album, qui s’appelait Apparatchik et sur lequel on pouvait notamment entendre cet hommage à l’ADSL, aux matrices, et aux temps qui changent. 


    Voilà donc un petit rite funéraire et pop pour Internet Explorer.



  • Podcast du lundi 20 juin 2022 : Vitamine So : “I Was Dancing In The Lesbian Bar” de Jonathan Richman :

    Il m’a donné envie de ressortir un disque de Jonathan Richman, dont la douceur et l’originalité ne font pas de mal en ce lendemain d’élections. Jonathan Richman est un guitariste et chanteur qui est de ceux dont la musique semble accompagner la vie. Une sorte de troubadour moderne qui depuis les années 70 chante sur tout ce qui l’entoure, sur ce qu’il observe, sur ses pensées, ses histoires. Son groupe, ce sont les Modern Lovers, et vous l’avez peut-être aperçu dans le film Mary A Tout Prix, c’est lui et le batteur Tommy Larkins qui rythment le film avec leurs petits morceaux marrants. 


    Tout ça pour dire qu’un de ses morceaux s’appelle “I Was Dancing in a Lesbian Bar” date de 1992, et il y raconte combien un soir, ce bar lesbien a incarné pour lui un endroit de liberté, de tranquillité, d’anti-conformisme. 


    Jonathan Richman c’est un punk qui s’est opposé à la gentrification de New York, aux modèles dominants, c’est un type qui fait du bien à la musique contemporaine. Donc on écoute son morceau, pour commencer une semaine plus douce. 



  • Podcast du mercredi 15 juin 2022 : Vitamine So : “Bingo" de Myd :

    Oui parce que ça me rappelle un projet du producteur Myd qui a passé, il y a quelques années, une semaine sur un cargo, un véritable monstre des mers en All Inclusive. D’ailleurs c’est pour ça qu’il avait choisi de nommer son EP comme ça. 


    Et alors pourquoi partir sur ce genre de paquebot que l’on sait polluant, mais qui en plus est réputé pour être un peu intense ?


    Et bien justement pour tester l’expérience limite, essayer de comprendre ce qui attire dans ce genre de tourisme. Qui reste une alternative pour ceux qui cherchent au plus simple. Et dans le cas de Myd, ça l’a inspiré dans ses mélodies, et surtout dans l’esthétique de son disque puisque sur ce bateau il était avec la photographe et réalisatrice Alice Moitié. Le tout a donné une série de photos et de vidéos dans l’envers des décors de ce genre de croisière. Ça donne encore plus envie de grimper dans un canoë pour faire des vagues. Et en attendant, voici Myd donc avec “Bingo”.



  • Podcast du vendredi 10 juin 2022 : Vitamine So : “Disco Maghreb" de DJ Snake :

    Disco Maghreb de Dj Snake. Un titre qui est sorti il y a une semaine et qui depuis n’a de cesse de faire parler et danser. DJ Snake producteur et musicien français, dont la mère est algérienne, et qui nous avait habitués à produire des sons à l’américaine, et pour des artistes internationaux. 


    Et là DJ Snake vient de sortir ce titre qui va puiser dans son cœur musical, l’alaoui algérien, auquel il rend hommage par les sonorités percussives du morceau et par le clip aussi de ce morceau qui est vraiment vraiment génial.  


    Et puis, surtout il rend hommage dans les voix, les images et les icônes à Cheb Hasni, immense artiste oranais assassiné notamment parce que chanteur de raï. Bref, il y a  dans ce morceau de quoi réfléchir, se souvenir, débattre et surtout surtout danser.



  • Podcast du jeudi 09 juin 2022 : Vitamine So : “Blue Pedro” de Bullion :

    Et elle va peut-être rappeler un drôle de souvenir  à quelques-uns d’entre vous. Celui d’un été 2017, où un homme a sorti un morceau que nous avons entré en playlist et qui nous a rendu foufou. Ce titre s’appelle “Blue Pedro” et on le doit à Bullion, un producteur anglais hyper talentueux, collaborateur de Westermann, Sampha, Nilufer Yanya. Mais aussi, et surtout, un gros rigolo toujours prêt à produire des titres qui entrent dans la tête pour ne plus jamais en sortir. 


    Comme son morceau “Blue Pedro” une sorte de bourrée électronique, à la fois complètement kitsch et géniale. Une réinterprétation du générique d’une émission anglaise pour info, avec un côté bien brave, presque idiocratique. 


    Voilà qui vous réveillera et qui vous collera à la peau. 



  • Podcast du mercredi 08 juin 2022 : Vitamine So : “We Took The Wrong Step Years Agor” de Hawkwind :

    Ils me donnent envie de parler de la mauvaise direction qu'on a prise il y a quelques années et qui effectivement peine à être corrigée par de si petites avancées. Juste pour mémoire, la raison pour laquelle nous n'avons pas de chargeur réellement universel et donc commun à tous les téléphones c'est parce que cela va contre les intérêts particuliers de Apple notamment, qui a tout intérêt à développer un tas d’accessoires dont ils sont les seuls fournisseurs, et que leur lobby, le CCIA, se bat activement à la commission européenne en justifiant que créer maintenant, après tant d'années de chargeur Apple, un chargeur universel, cela polluerait davantage. 


    Bref, cela fait des années que l'on prend du retard en matière d'évolution, et que les multiples chargeurs créent de la pollution limitable. Donc voici “We Took the Wrong Step Years Ago”. Littéralement un morceau qui parle des retards accumulés, en termes d'écologie notamment. Rappelant à quel point dans les années 70, on pressentait déjà qu'on allait pas dans le bon sens. C'est un titre de Hawkwind, groupe de rock space anglais des années 70, qui a toujours beaucoup chanté des sujets connectés au réel, à la nature ou au surnaturel.




  • Podcast du vendredi 03 juin 2022 : Vitamine So : “Obi Baa Wiase” par AB Crentsil et l’Ahenfo Band :

    Celle de la musique qui a eu plusieurs vies, puisque c’est une réédition que je vous propose d’entendre. Celle d’un disque ghanéen, par AB Crentsil. 


    AB Crentsil a été le leader du groupe Sweet Talks dans les années 70. Pionnier et référence du highlife ghanéen qui a marqué toute une génération. Et puis le temps a passé, et dans les années 90, deux autres musiciens Charles Amoah et Richi Osei Kuffour retrouvent sa trace. Et lui proposent d’enregistrer des morceaux dans un nouveau style de musique : le Bürger Highlife.  


    Un genre hybride créé entre l’Allemagne et le Ghana, une sorte de fusion musicale avec beaucoup de machines. Et ensemble ils enregistrent des morceaux dont “Obi Baa Wiase”. Petit à petit, ce morceau va devenir culte parce que diffusé à travers le monde par la diaspora ghanéenne. 


    https://www.youtube.com/watch?v=Cv45cvH7whk


    Et aujourd’hui, ce disque ressort, remasterisé grâce aux labels Hot Mule & Secousse, sur vinyle que vous pouvez commander sur bandcamp. Et nous ça nous permet de découvrir ou de redécouvrir ce morceau. Voici donc “Obi Baa Wiase” par AB Crentsil et l’Ahenfo Band. 



  • Podcast du jeudi 02 juin 2022 : Vitamine So : Rosalía “Maldición (Cap.10: Cordura)” :

    La chanteuse, productrice et musicienne Rosalía. Mystique depuis ses débuts, elle a hérité d’un panthéon d’icônes du flamenco. Élevée dans une famille catalane croyante, elle a aussi sa propre mythologie littéraire, poétique et musicale. 


    Et si on vous a beaucoup parlé de son dernier et génial disque Motomami sorti cette année, elle nous avait aussi éblouis en 2018 avec son disque El Mal Querer. Un album pensé par chapitre, comme dans les textes religieux. 


    Et dans ce disque, le 10ème morceau s’appelle “Maldición”, la malédiction. Un titre où elle s’interroge à propos de l’amour et sa dualité, parfois béni parfois maudit. Comme souvent avec les chansons de Rosalía, ça inonde d’images mystiques, qu’elles soient concrètes ou surnaturelles, et les samples aussi sont puissants. Ici, on entend Arthur Russell, dont la voix hante comme un fantôme lointain, l’esprit de la chanteuse. Et c’est sacrément beau.

  • Podcast du mercredi 01 juin 2022 : Vitamine So : “Egg Man”, des Beastie Boys :

    Cette composition a tant de fois été samplée (de TF1 à Limp Bizkit en passant par Kiss) que oui, je voulais vous parler d’inspiration et de répétition. Puisque les Beastie Boys aussi s’en sont servis, pour le morceau “Egg Man”, dans le génial album Paul’s Boutique, sorti en 1989. Ce titre est un collage complet, car on y entend Curtis Mayfield, Elvis Costello, Kool and the Gang, Public Enemy et même les Beastie Boys eux-mêmes. En 1982, ils sortent un titre ultra rock, “Egg Raid on Mojo”, qui sert de base au titre “Egg Man”. 


    “Egg Man”, c’est donc un morceau de pop culture, dans le sens où il y a tout un tas de références. S’il s’appelle comme ça, et parle d’œuf, c’est parce que les Beastie Boys ont un temps logé à l'hôtel Mondrian à Los Angeles. En mauvais garçons qu’ils étaient, ils se sont fait choper en train de lancer des œufs sur les passants depuis le toit de l'hôtel. Des Egg donc.


    Voilà donc “Egg Man”, qui contient beaucoup de références du 20ᵉ siècle, dont des sons du film Les dents de la mer (1975), à la fin (parce qu’il ne nous en faut pas beaucoup plus pour parler des Beastie Boys).

  • Podcast du mardi 31 mai 2022 : Vitamine So : “Green Grass”, reprise de Tom Waits par Cibelle :

    Ou comment sonnerait le morceau le plus “verdoyant” du monde


    Comme un morceau grave qui sent l’herbe verte. C’est un titre d’ailleurs qui s’appelle Green Grass, que l’on doit à Tom Waits, crooner des cavernes et des pubs. Un morceau qu’il a chanté dans les années 2000 et qui est une comptine pour gens qui se sont aimés. 


    Au-dessus de ce titre plane l’ombre d’un drame qu’on devine à peine. Il pourrait être une chanson de séparation ou de deuil, mais reste très digne. Et je voulais vous jouer non pas l’originale, mais la reprise de Cibelle. La chanteuse brésilienne en a fait un drôle de truc : elle a décidé de chanter à sa manière Green Grass, sans retirer la voix de Tom Waits (qui hante ici l'arrière-plan sonore). 


    Je ne sais pas si c’est le morceau le plus écolo du monde, ni le genre de truc qu'on écoute pour célébrer une victoire sportive, mais il fleure bon le gazon et c’est beau.

  • Podcast du lundi 30 mai 2022 : Vitamine So : “If I May” de Nat King Cole :

    Qu’est-ce qu’inspire le consentement en musique ? 


    Cette question me donne envie de devancer celles et ceux qui diront qu’on perd le romantisme et la subtilité de la séduction avec ses règles, en vous présentant un morceau de Nat King Cole. Un homme connu pour son élégance, son sourire ravageur et la puissance de son charme et qui a chanté le morceau “If I May”, comprendre “Si Je Peux”, où il demande à une personne s’il peut se permettre de l’aimer, de rêver d’elle toutes les nuits, de l’adorer jour et nuit. 


    Avec ce timbre et cette politesse, les lois de l’attraction fonctionnent à merveille. Le morceau date de 1961, période qui n’avait rien à voir avec nos préoccupations actuelles. Mais cette musique est pourtant une véritable leçon pour sonder le consentement. C’est d’ailleurs peut-être parce qu’il a été composé par une femme et un homme, Rose Marie McCoy et Charles Singleton, qui à quatre mains ont construit cet aimant. 


    À qui se demande comment on obtient un oui franc quand on séduit, voici quelques questions élémentaires que vous pouvez vous poser. 



  • Podcast du lundi 23 mai 2022 : Vitamine So : “Slow Dance” de Blundetto (Voilaaa Remix) :

    Oui et je me dis qu’on peut décliner le concept à toutes les sauces, de la slow radio, sans polémistes et autres crieurs de comptoir, d’ailleurs c’est ce qu’on essaie de faire à Nova. De la slow nourriture, attentive aux saisons, et de la slow dance. Et c’est même le nom du morceau que je vais vous passer ce matin, signé de notre cher Blundetto, producteur, musicien de Bourgogne qui fait de la musique, du dub et du reggae tout doux depuis des années. “Slow Dance” c’est un morceau qu’il a composé en 2018 inspiré je crois par la trajectoire d’un de ses précédents morceaux. Car en 2015 il sort le titre “Above the Water” avec Biga Ranx, et quelques longs mois plus tard ce morceau circule au Brésil dans des soundsystems et des fêtes. 


    Et une vidéo, devenue virale, lui revient : des jeunes couples brésiliens dansent sur son morceau avec une lenteur magnifique, une sorte d’engourdissement lascif. C’est un slow extrêmement ralenti et tendre. Résultat : il compose un autre titre “Slow Dance” en l’honneur de toutes celles et ceux qui prennent le temps de faire les choses bien, de savourer l’instant. 


    Alors, on écoute ce titre, remixé par notre cher producteur lyonnais “Voilaaa” qui vous motivera peut-être à passer une journée de mollesse parfaite. 



  • Podcast du mercredi 18 mai 2022 : Vitamine So : “(Si, Si) Je Suis Un Rock Star” de Bill Wyman :

    Il y aurait beaucoup de choses à répondre à Eric Zemmour qui se refuse à dire “Première ministre”. Et notamment le prévenir qu’on va continuer à lui répéter dans les semaines à venir. Alors qu’il s’accroche, parce qu’à force l’usage finira par s’imposer.  


    Mais bref, pour fêter ça, et faire plaisir à toutes celles et ceux qui ne supportent pas que la langue française s’adapte à la réalité, voici une chanson qui se contrefiche de tout ça. Un titre qui mégenre tout, et qui n’en est que plus joyeux.


    Il s’appelle “(Si, Si) Je Suis Un Rock Star”, et globalement les paroles c’est : “Je suis un rock star / Je avais un residence / Je habiter la / A la south of France / Voulez-vous partir with me ?”

     

    Cette chanson a été chantée par Bill Wyman, bassiste historique des Rolling Stones. Il a sorti ses propres projets dès les années 70, et notamment ce titre “(Si, Si) Je Suis Un Rock Star” en 1981. Et c’est drôle, léger et bien fichu.



  • Podcast du lundi 16 mai 2022 : Vitamine So : “She’s Electric” d’Oasis :

    “She’s Electric” le premier morceau qui a été composé au moment de What’s The Story of Morning Glory, le deuxième disque du groupe qui sort en 1995 et qui déboule sur la pop musique comme un avion de chasse. 


    Un titre qui parle d’une femme dont la famille est sans doute aussi dissolue et bordélique que celle des Gallagher. La chanson est pleine de références à d’autres chansons cultes : aux Beach Boys dans le texte, aux Beatles dans les mélodies et à des génériques de télé anglaise des années 80. 


    C’est simple et drôle, avant les bagarres et les embrouilles plus sérieuses et sordides voici Oasis, en grande forme. Je ne sais pas si on y entend des cordes de la fameuse Gibson ES-355 rouge, mais en tout cas voici “She’s Electric” sur Nova. 



  • Podcast du vendredi 13 mai 2022 : Vitamine So : “Alkhar Dessouf” de Zeid Hamdan :

    Effectivement, on aura le temps de décortiquer ce disque tant attendu, mais ce matin on vous propose une autre nouveauté dont vous entendrez sans doute moins parler. On la doit à Tinariwen, le groupe de rock, de blues, de musique touareg qu’on adore sur nova parce qu’ils naviguent entre des morceaux mélancoliques, solaires et politiques. Ils parlent depuis des années de la réalité des touaregs aujourd’hui, un peuple pacifique pris dans des violences géopolitiques et terroristes.


    Ils ont fêté leur 20 ans cette année. Et ils ont réédité à cette occasion, leur premier album The Radio Tisdas Sessions, avec en supplément quelques remixes. Dont celui que je vais vous jouer ce matin, parce qu’il surprend. C’est le musicien et producteur libanais Zeid Hamdan qui l’a fait. Lui qui est la moitié de Soapkills. Grand fan de Tinariwen, il a été ravi d’être contacté pour remixer le morceau “Alkhar Dessouf”. 


    Et c’est super beau ! 



  • Podcast du jeudi 12 mai 2022 : Vitamine So : “Alaoui” de l’Orchestre National de Barbès :

    Oui le plus fameux des Orchestres du quartier : l’Orchestre National de Barbès, l’ONB comme disent les vrais. Il s’est monté dans les années 90, par des musiciens d’allaoui, de jazz, de chaâbi, de gnawa, de raï, de rock et de reggae. 


    À la base, c’est en improvisant dans le 18ᵉ arrondissement de Paris que l’idée de monter un groupe leur est venue. Même si leur histoire musicale, à chacun, remonte à Sidi Bel Abbès, au quartier Belcourt d’Alger et à la Berklee Music Of Boston. Reste que tous ces musiciens brillants, et curieux, qui s’appellent Youcef Boukella, Fatah Belala, Kamel Tenfich, Tewfik Mimouni, montent sur la scène du New Morning en 1996 et montrent l’étendue de leur talent. Leur joie débordante et leur amour mosaïque pour la musique. 


    La suite, ce sont plus de 1000 concerts, des albums enregistrés en live, une complicité, des bonnes blagues et une aventure musicale inattendue. Et avec le temps, c’est aussi devenu une cartographie précise de ce que Barbès a pu être et est encore. 


    Voilà un de leur morceau : “Alaoui”, en live, parce que c’est plus vivant. Sur l’album qui s’appelle tout simplement en concert parce que c’est plus clair. 


  • Podcast du mercredi 11 mai 2022 : Vitamine So : “Running Up That Hill” des Chromatics :

    Et pour les encourager, on vous propose un morceau motivant, mais pas trop violent, et qui parle de dépassement de soi. C’est à l’origine un morceau génial de la non moins géniale Kate Bush. Mais ce matin, je voulais plutôt vous passer la reprise des Chromatics, parce qu’elle commence avec des petits cancans dignes de Wrinkle.


    Le titre “Running Up That Hill” a donc d’abord été chanté par Kate Bush en 1985, pour imaginer l’inversion des rôles et des assignations sociales liées au genre. Elle parle des impossibilités à communiquer entre homme et femme, mais ça marche sans doute entre humain et animaux. Voire entre humain et canard.


    Et Chromatics, groupe assez culte de Portland, a repris ce morceau en 2007. En plus le titre est assez long, alors si on le met trois fois de suite le canard aura le temps de faire son petit kilomètre. 



  • Podcast du mardi 10 mai 2022 : Vitamine So : “Sugar Me” de Lynsey de Paul :

    Avec un morceau qui aurait pu être produit par le lobby du sucre : c’est “Sugar Me” de Lynsey de Paul. C’est une chanteuse anglaise qui a grandi en écoutant de la musique classique… et c’est tout. Parce que pour ses parents, la variété, la musique populaire, c’était vulgaire. Alors à 21 ans, elle quitte le foyer familial et se met à composer des chansons de variété et de musique populaire (logique !), pour embêter ses parents. Et elle est très douée dans ce domaine.


    Et en 1972, elle compose et enregistre un titre qui va être un de ses grands tubes : “Sugar Me”, littéralement “Sucre-moi”. Un single qui va se vendre à des millions d’exemplaires, partout dans le monde, aux États-Unis, en Thaïlande, en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Japon.


    Et c’est vrai que ce “Sugar Me” est une sucrerie assez parfaite. Une mélodie au piano extrêmement efficace avec la voix de Lynsey de Paul, mielleuse, qui ouvre sur un refrain qui colle à la peau. 


    Alors, évidemment comme souvent quand un morceau parle de sucre, ce titre est bourré de sous-entendus. Et on se doute que cette femme, qui demande à être sauvée, à être sucrée de jour comme de nuit, parle en fait d’autre chose. De sexe, de dépendance, de langueur. Vous choisissez ! 

  • Podcast du lundi 09 mai 2022 : Vitamine So : “A Beard Of Stars” de T.Rex :

    Il y a une bonne dizaine d’années, le vinyle était déjà redevenu un truc cool et je me suis sans doute mise à écouter des vinyles pour faire comme les autres. Mais peu importe. Mon premier vinyle était plutôt sympa, c’était un disque de T.Rex, le groupe génial de Marc Bolan. Des rockeurs, d’abord assez sages, puis devenus super glam. Dont vous connaissez les morceaux, ne serait-ce que parce qu’ils étaient dans la BO de Billy Elliot


    J’imagine que je voulais acheter Electric Warrior, leur disque le plus connu. Mais il devait être trop cher ou introuvable. J’ai donc découvert un autre album, plus timide, mais que j’ai adoré : c’est A Beard Of Stars qui sortait en 1970. C’est aussi ça la joie de fouiller dans les bacs des disquaires. Et je suis tombée folle amoureuse du morceau “Lofty Skies”, encore très folk, et tellement beau. 



  • Podcast du vendredi 06 mai 2022 : Vitamine So : “Bombay” de Girl Ultra :

    Coucou vous qui écoutez Radio Nova pour y entendre des morceaux que vous ne connaissez pas encore. Et que vous n’entendez pas ailleurs. 


    Ce matin, j’espère tomber juste avec Girl Ultra, une musicienne, productrice de Mexico qu’on a connue chanteuse de r&b et qui vient de sortir un nouveau projet beaucoup plus orienté vers les pistes de danse. Et pas de manière superficielle ou artificielle, puisqu’elle a une formation musicale de funk, et de disco, et qu’elle est aussi une sacrée selector musicale, ce qui lui permet de composer des titres vraiment efficaces. 


    Comme le morceau Bombay qui a un petit gimmick vocal assez addictif, et je me vois bien l’avoir dans la tête tout un été. 



  • Podcast du jeudi 05 mai 2022 : Vitamine So : “7 heures du matin” de Jacqueline Taïeb :

    Et ma première proposition sera un classique des matinaliers : “7h du matin” par Jacqueline Taïeb. Même si pour cette même heure il existe aussi un très bon morceau de Don Choa “7h du mat”. Mais ce titre de Jacqueline Taïeb, un classique yéyé décalé français qui nous met dans la peau d’une lycéenne qui ne veut pas y aller. Et qui rechigne à tout. 


    Jacqueline Taieb sort ce morceau en avril 1967, juste avant un autre printemps qui allait secouer le quartier latin et toute la France. À l’époque, elle est toute jeune, déjà fan de variété française, de rock, nonchalante, et elle est repérée par un type : Jean Bouchety. Il l’emmène à Londres pour enregistrer, en 2 prises, une version française et une version anglaise de ce titre, qui va rapidement devenir un tube. 


    Après ça, Jacqueline Taieb va sortir plein d’autres morceaux géniaux, moins adolescents, plus ambigus, plus amoureux. Et une géniale compilation de ses titres vient de sortir et qui s’appelle Play It Like Jacqueline


    Mais ce matin, voici son hit, en version anglaise parce que c’est plus marrant ! 

  • Podcast du mercredi 04 mai 2022 : Vitamine So : “Bowlly Goes Dancing Drunk Into the Future” de Loving :

    Et pour accompagner le trajet, un morceau tout doux intitulé “Bowlly Goes Dancing Drunk Into the Future” par un groupe qui s’appelle Loving. Un collectif monté à distance au Canada, entre Toronto et Victoria pour être précis.


    Ils sont donc anglophones, influencés par leur voisin Mac DeMarco et par tout ce qu’on appelait encore il y a quelques années de la dream pop. Un terme qui ne dit pas grand-chose, si ce n’est que c’est de la pop simple. Dans sa forme, souvent faite à la maison, et avec comme grande ambition de nous faire rêver. Et ce n'est pas rien finalement.  


    Ce morceau me donne l’impression d’être l’alter ego musical du film Drunk. Une réalisation de Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen. Sorti l’an dernier, le film racontait l’histoire de quatre amis, bien décidé à tester une théorie selon laquelle, le seul moyen de supporter le réel serait d’être légèrement ivre. En permanence. 


    Alors, bien sûr, l'alcool est dangereux pour la santé. Mais il inspire parfois de jolis morceaux comme celui-ci.

  • Podcast du mardi 03 mai 2022 : Vitamine So : “Hold On” de SBTRK :

    NUPES, c’est le nom de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale. Le nouveau rassemblement des forces politiques de gauche, avec LFI, les Verts, le Parti de Gauche, le POI, Picardie Debout. Et oui, je fais exprès de vous placer des acronymes parce que c’est toujours plus drôle. 


    NUPES a déjà fait parler de lui pour sa proximité avec le terme Nudes, ces petites photos que l’on s’envoie pour s’émoustiller. Même si l’idée de NUPES est plutôt de draguer avec un projet de fond. Dans lequel les électeurs de toutes les gauches sont censés se reconnaître. 


    Et en l’honneur de cet acronyme farfelu, je voulais vous jouer l’un de nos acronymes préférés : SBTRKT. Un choix qui s’est décidé à un rien face à CSS, INXS, NERD ou LKJ. 


    Mais derrière ce nom, et son masque énigmatique, se cache un homme : Aaron Jerome. Un anglais obsédé par les créatures mythologiques, par la liberté créative, mais aussi un enfant d’internet. Il se fait connaître à la fin des années 2000 grâce à des remixes qu’il poste sur ses réseaux. Et avant son premier album, personne ne peut savoir à quel point SBTRKT est bien plus qu’un producteur de dubstep. 


    C’est aussi un chef d’orchestre, qui aime les mélodies, les refrains chantés, la pop, la soul. Les voix, celles de Sampha ou Little Dragon, qui figurent sur son premier album sorti en 2011. Un premier disque sur lequel figure le titre “Hold On” grâce auquel on découvrait la voix de Sampha. 


  • Podcast du lundi 02 mai 2022 : Vitamine So : "Black Truck" de Mereba :

    Et de tout ce que représente le camion, comme symbole d’indépendance, d’autonomie pour qui veut y aménager un endroit. Mais aussi de voyages. Et ce n’est pas moi qui le chanterai, mais Mereba. Une musicienne, productrice américano-éthiopienne qui s’était faite entendre par le grand public dans la superbe série Insecure en 2018. Une série géniale d’Issa Rae, notamment pour sa bande-originale. Elle avait été composée par Raphael Saadiq, qui avait fait un sacré boulot pour repérer des artistes hors du commun.


    Dont Mereba, qui chante dans le titre “Black truck” ce que représente à ses yeux le succès et la liberté, qui vont avec le fait de rouler en camion noir. 


    Et si on a de la bonne musique, en plus de cette liberté, alors bingo. Surtout que je sais qu’il y a parmi nos auditeurs pas mal de gens qui bossent sur les routes. Alors celle-ci est pour vous et vous allez voir c’est très beau. 



  • Podcast du vendredi 29 avril 2022 : Vitamine So : “Love Tempo” de Quando Quango :

    Alors on vous propose un morceau d’un groupe de Manchester, qui synthétise la culture punk new wave et la passion pour la danse. 


    C’est un groupe qui a un nom hispanisant, bien qu’il vienne d’Angleterre, et derrière lequel se cache Mike Pickering. Un DJ et producteur associé au célèbre label Factory Records et qui a été l’un des piliers des soirées de l'Haçienda, club mythique de Manchester.  


    Mais ce titre ne représente pas vraiment le son de Manchester des années 80’. Il a été pensé par ses concepteurs comme un mélange, entre de la techno allemande et de l’afro beat. Du Fela Kuti et du Kraftwerk.   


    C’est un morceau qui a cartonné loin de l’Angleterre dans les années 80’ notamment aux États-Unis où il était porté par le succès de New Order. 


    Alors on suit le tempo de l’amour pour bien commencer cette journée. 



  • Podcast du jeudi 28 avril 2022 : Vitamine So : "Small Town Talk" de Bobby Charles :

    Oui, parce que par moment ce bruit politique, de qui vote qui, et qui soutient qui et qui en fait souhaite voir gagner un tel ou untel, cela ressemble à des potins incertains ou à une partie de Risk qui ne se passe pas très bien. Et en attendant donc de savoir comment le jeu d’alliance va se dérouler pour les législatives, à gauche comme à droite, et bien voici un morceau qui parle précisément de ragots. C’est “Small Town Talk” par Bobby Charles, un compositeur et chanteur de blues et de rock. De swamp rock plus précisément. Du genre marécageux, et emprunt de l’atmosphère poisseuse des bayous de Louisiane. 


    “Small Town Talk” a été composé en 1972, et il est à propos de ce qui rend fou les petites sociétés. Celles où l’on se murmure des secrets, des rumeurs, et où l’on ostracise les marginaux. Il chante la violence réelle qui en résulte alors que lui n’aspire qu’à une seule chose : vivre tranquillement.



  • Podcast du mercredi 27 avril 2022 : Vitamine So : "Why Can’t We Live Together" de Timmy Thomas :

    C’est la question principale des élections de cette année, et depuis trop d’années d’ailleurs. Celle de savoir par quel moyen les partis de gauche, ou les personnalités de gauche, pourraient s’allier. 


    Comment le PS, le PC, les Verts et les Insoumis peuvent-ils faire la paix. Parce qu’à plusieurs on va bien plus loin que seul, dans la vie comme dans les votes. Et alors ma réponse sera une question posée par Timmy Thomas. Why Can’t We Live Together, pourquoi on n’arrive pas à vivre ensemble ? Un morceau qui date de 1972 et qui a été samplé par Sanana, Sade, Dr Lonnie Smith et bien sûr par Paul Jefferies pour un certain Drake sur le titre Hotline Bling.



    Tout ça pour dire que c’est un super morceau, sur l’attente et surtout sur l’absence d’entente. Qui ne parle pas d’amour, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, mais de guerre. Timmy Thomas l’a composé après avoir entendu un reportage sur la guerre au Vietnam, et pris conscience du nombre de civils vietnamiens victimes du conflit. Chez lui, en jouant de tous les instruments. Il a écrit et interprété ce titre qu’il a enregistré sur une petite cassette avant de se rendre dans une radio proche de chez lui, en disant : j’ai fait ce morceau. 


    Le reste, c’est de l’histoire. 


    Tout ça pour dire que parfois, face à la montée des conservatismes et des températures, on aimerait bien une coalition de gauche. Mais en attendant, de la bonne musique pour patienter. 

  • Podcast du mardi 26 avril 2022 : Vitamine So : “On ne peut pas tous être pauvre” de Yves Jacques :

    Oui c’est vrai qu’on ressent un manque de communication et de compréhension entre celles et ceux qui ont sauvé la peau du candidat et ses équipes. Certains enjeux, certaines urgences et priorités semblent assez incompris. Que l’on parle de paupérisation, d’écologie, et de violences policières. 


    Et donc j’ai voulu vous jouer un morceau que j’adore parce qu’il est diablement ironique et moqueur. Qu’il plane sans doute autant que les ministres en ce moment. C’est un titre de new wave québécoise qui date des années 80. On le doit à un artiste qui s’appelle Yves Jacques. Il a d’abord été acteur, il est d’ailleurs le premier musicien québécois à réaliser un vidéo clip en 1981. Son morceau, qui m’a beaucoup fait rire, et un peu danser aussi s’appelle “On ne peut pas tous être pauvre”. Ça pourrait être le programme de campagne de LREM. 


    C’est un peu l’équivalent de “Y en a marre des pauvres”, par Didier Super, mais en version montréalaise des 80’s. 

  • Podcast du lundi 25 avril 2022 : Vitamine So : “Where Are We Going” de Marvin Gaye :

    Mais le morceau que j’ai choisi n'est pas uniquement doux. Il pose aussi beaucoup de questions, et ressemble à l’état de la France ce matin. 


    Where Are We Going ? Où allons-nous ? C’est Marvin Gaye qui l’a chanté dans les années 70, mais c’est un titre qui a eu un destin un peu contrarié. Il a été composé avec les Mizell Brothers. Des génies du jazz funk qui ont été appelés juste après le disque What’s Going On, pour aider Marvin Gaye à composer un album différent de cet immense succès. Ils travaillent, essaient des choses, et créent notamment ce morceau. 


    Mais finalement, pour des raisons de divergence artistique, du côté de Berry Gordy le boss de la Motown, leur co-création ne sort pas. C’est Donald Byrd qui en hérite, et qui sortira le premier ce morceau. Et il a fallu attendre des années pour entendre officiellement la version de Marvin Gaye. 


    Et ce titre est aussi une réponse, parmi d’autres, aux doutes qui nous assaillent. Aux questions de celles et ceux qui s’interrogent sur le futur et la direction que nous sommes en train de prendre. Et il est chanté par une voix, qui pourrait rassurer des montagnes. 



  • Podcast du vendredi 15 avril 2022 : Vitamine So : “Let’s Do It Again” de Jamie XX :

    Je sais que les temps sont durs, hésitants, pas festifs. Et pourtant, un copain de la fête a décidé de choisir précisément ce moment pour faire son retour. C’est Jamie XX, l’homme-machine derrière le groupe The XX. Cela faisait 2 ans qu’on n’avait pas eu de nouvelles de lui, qui prend souvent le temps de bien faire les choses. Et donc le voici avec un nouveau morceau, qu’il a un peu testé cet été quand il jouait en festival. Mais qui sort enfin pour tout le monde. Il s’appelle “Let’s Do It Again”, c’est comme toujours avec Jamie XX un sample bien trouvé, chez un certain Bobby Barnes, musicien talentueux mais homme mystérieux. 


    Vous allez voir c’est solaire, rebondissant, ça annonce sans doute un prochain album et donc c’est plein de promesses. 



  • Podcast du jeudi 14 avril 2022 : Vitamine So : “Who Do You Love” de Bernard Wright :

    Ouais du genre de bluffeur qui te promet qu’il n’y a que toi, et qu’il n’y a jamais eu que toi, et qui te jure qu’avant c’était un grand dragueur mais que maintenant tout a changé. Tu y crois, mais tu te méfies, d’expérience. 


    Et il se trouve que le bluffeur du jour se trouve être un merveilleux musicien, un chanteur génial, un type capable de faire des ponts entre des musiques savantes et des tubes ras de marrée. Il s’appelle Bernard Wright, c’est un claviériste qui a composé des titres géniaux de jazz, de funk. Et dont la musique a inspiré énormément de rappeurs des années 90 : Dr Dre, Snoop Dogg, Ice Cube, Madlib ou LL Cool J qui l’ont tous samplé. Et d'ailleurs, le coup de charme qu’on va se prendre ce matin, c’est un titre qui vous rappellera sans doute le morceau Loungin de LL Cool J qu’on adore puisque tout vient à la base du génie de Bernard Wright. 


    C’est le morceau “Who Do You Love” qui a été composé en 1985 avec Lenny White, un batteur de jazz fusion. Un titre tellement malin et efficace qu’il est devenu un classique instantané. Qui donne envie de laisser le charme opérer. 


    Baissez les armes, vous êtes sur Radio Nova. 

  • Podcast du mercredi 13 avril 2022 : Vitamine So : "What You Don’t Do" de Lianne La Havas :

    Oui parce que toute la portée des discussions est de savoir, presque linguistiquement et philosophiquement, ce que “aucune voix ne doit aller à Le Pen” signifie. Tout est dans le non-dit, puisque techniquement ce n’est pas un appel au vote pour Macron. Et donc, pendant que certains de ses électeurs se débattent avec leur conscience et se demandent ce que leur pays et leurs citoyens risquent s’ils ne votent pas, écoutons Lianne La Havas qui rappelle que parfois l’implicite est merveilleux.


    Notamment dans les relations amoureuses, où c’est tout ce que l’on ne dit pas, tous les gestes que l’on ne fait pas, qui rassure sur ce que l’autre aime chez nous. Et plus l’amour grandit, plus les silences et les non-dits prennent de l’ampleur. 


    Lianne La Havas est une chanteuse anglaise et jamaïcaine qui a un des voix les plus solaires que je connaisse. Elle est puissante, lumineuse et chaleureuse. Et voici son morceau “What You Don’t Do” sorti en 2015, en attendant vous avez le droit de nous confier ce que vous comptez faire ou ne pas faire. 

  • Podcast du mardi 12 avril 2022 : Vitamine So : “Comme s’il en pleuvait” de Mayra Andrade :

    Et un compte en banque en berne pour les candidats, qui n’assurent pas le remboursement de leur campagne. C’est classique. Même si cette année, on sent une pointe d’agacement, à droite comme à gauche, de la part des citoyens qu’on sollicite pour un remboursement participatif. Surtout, quand ladite candidate est la tête d’une fortune personnelle estimée à environ 9 millions d’euros. 


    Alors c’est vrai, en période de crise économique et d'inflation, avec les mois qui nous arrivent, ce n’est pas forcément une priorité. Et on va donc écouter Mayra Andrade ce matin. Avec Comme s’il en pleuvait, un morceau génial, que vous avez souvent entendu sur nos ondes dans les années 2000. C’était à l’époque du premier album de cette chanteuse cap-verdienne. On découvrait sa poésie, sa voix, son lien aux traditions de son archipel et sa volonté de prolonger les héritages. Et dans ce classique de nos ondes, elle parle d’une reine déchue. Qui a connu la grande vie, les soupirants et les atours, les bijoux et les sérénades et qui doit se résoudre à ne plus être grandiose. Parce que la providence et la jeunesse, dit-elle, ne durent jamais. 


    Ces très belles paroles ont été écrites par Tété, dont vous vous souvenez sans doute. Et cela vous rappellera des souvenirs, et une étrange ressemblance avec l’actualité politique. 

  • Podcast du lundi 11 avril 2022 : Vitamine So : "Secret Teardrops" de Martin Rev :

    C’est un morceau génial, du non moins génial Martin Rev. Qui a été la moitié du groupe Suicide, avec Alan Vega, un groupe culte du New-York underground et insoumis. Comme Alan Vega, Martin Rev c’est un explorateur du son. Un bidouilleur, un avant-gardiste, un punk qui a aimé les musiques électroniques parce qu’elles permettaient tout. Et qui a sorti des disques révolutionnaires, mais pas suffisamment écoutés. Toute ressemblance avec la réalité ne serait pas là pour vous surprendre. 


    Parmi ses disques géniaux il y a “See Me Ridin” qui sort en 1995. Un titre d’album que je trouve drôle parce qu’on dirait un truc de gangsta rap, alors que pas du tout. 


    C’est inqualifiable mais c’est beau comme tout. Ça ressemble à pas grand-chose que je connais. Et le titre qu’on va écouter, je trouve qu’il donne toujours envie de se relever quand on est las et inquiet. Voici donc “Secret Teardrops”, pour celles et ceux aussi qui pleurent et qui ont peur. 



  • Podcast du vendredi 08 avril 2022 : Vitamine So : “Over & Over & Over” de November Ultra :

    Comme le premier album de la musicienne November Ultra qui est sorti cette nuit. Le bien nommé : Bedroom Walls. Comme les murs de la chambre dans laquelle cette chanteuse, compositrice, pianiste nous accueille toutes et tous. 


    On vous parle de November Ultra depuis de long mois sur notre radio. Parce qu’elle nous émeut et nous bluffe. D'abord par ses références : elle est fan de Frank Ocean, de Joni Mitchell, de comédies musicales. Comme nous. Son surnom c’est Nova. Comme nous. Elle est superstitieuse, excellente mélodiste, attentive aux détails. Et dans ce premier album elle a mis tout son talent et tous ses grigris. Et ça fait un bien fou. Ça fait longtemps que la chanson française, même si elle se raconte plutôt en anglais, n’avait pas si justement sonnée. 


    Bienvenu jeune disque, merci November Ultra pour ce cadeau. Et je vous rappelle au passage qu’elle nous a offert dans “Chambre Noire” un des plus beaux concerts qu’on ait entendus. 

  • Podcast du jeudi 07 avril 2022 : Vitamine So : “Walygator” de Prince Waly :

    Un morceau simple, agile dans ses textes, élégant dans son instru, sachant que c’est Crayon à la prod’. Il y a toujours tout un tas de références, cinématographique, musicale, du texte dans le sous-texte : et c’est vraiment un bon morceau. 

     

    Le titre annonce un projet plus long pour lequel il faut encore s’armer de patience. Et si vous ne le connaissiez pas je vous invite à fouiller la discographie de Prince Waly, nous on écoute ce “Walygator” qui confirme que patience est mère de toutes les vertus et de très bonne musique. 


  • Podcast du jeudi 07 avril 2022 : Vitamine So : “Dominic” de Ramona Lisa :

    Et j’avais donc envie de vous présenter Ramona Lisa, l’alias de Caroline Polachek, qui s’est aussi faite appeler CEP. Comme ses initiales. 


    Caroline Polachek est une énigme aux multiples visages, qui intrigue depuis longtemps. Depuis son premier groupe de pop indie Chairlift, qui était génial et qui à l’époque des blogs, dans les années 2000, a rendu tout un tas d’internautes bien heureux.  Avec sa voix très pop et son esthétique hyper pointue, elle collabore avec Sébastien Tellier, Fischerspooner et Blood Orange. Parce qu’elle est très talentueuse. Et très curieuse aussi. 


    Elle chante, produit, écrit les paroles, pour elle comme pour les autres. Depuis des années, elle ne fait que multiplier les métamorphoses, en changeant non seulement de nom mais aussi de direction musicale. Parfois, elle fait de la chanson poétique et contemplative. Parfois de la musique expérimentale, parfois de la pop expérimentale, bidouillée, super hype dans la lignée du label anglais PC Music. 


    Bref : Caroline Polachek et tous ses avatars sont des génies. La preuve avec le morceau “Dominic”, une histoire d’amour qu’elle a chantée en tant que Ramona Lisa.

  • Podcast du mercredi 06 avril 2022 : Vitamine So : “New Person, Same Old Mistakes” de Tame Impala :

    Non, et je crois qu’il suffit de se pencher sur les programmes pour comprendre que derrière les grandes promesses de changement se cachent souvent des loups. C’est utile un programme électoral en cette période présidentielle. Et si les lire vous semble trop laborieux, ce que je comprends totalement, il existe des comparateurs très clairs qui détaillent point par point les mesures annoncées.  


    Et ce matin, avis à Marine Le Pen et à quelques autres de cette campagne qui auront beau enfiler un chapeau à la Jean Moulin et une moustache d’espion : on vous reconnaît. Écoutons à ce propos Tame Impala et leur “New Person, Same Old Mistakes” où le chanteur Kevin Parker juge sa propre capacité de changement avec sévérité. Parce que la métamorphose effraie, qu’elle est laborieuse et rarement réelle à moins d’un vrai travail sur soi. 



  • Podcast du mardi 05 avril 2022 : Vitamine So : “Zete” d’Obed Ngobeni and Karhula Sisters :

    Sur internet vous trouverez facilement des listes qui vous expliquent quelles sont les versions originales de “Girls Just Wanna Have Fun”, “Twist and Shout”, “Tainted Love”, et de tant d’autres succès. 


    Mais ce matin je voulais vous jouer une chanson qui me tient encore plus à cœur. Un titre sud africain dont l’histoire est plus méconnue qu’on ne le croit. C’est l’histoire d’une reprise qui elle-même une reprise, une double affaire de copie. 


    Elle s’appelle parfois, “Zete”, parfois “Kazet”. Mais vous la connaissez sans doute grâce à la version : “Où Sont Passées les Gazelles” qui a été chantée par la magnétique Lizzy Mercier Descloux en 1984. Un titre qui va faire la joie des amateurs de sono mondiale, mais qui vient en fait d’Afrique du Sud. 


    Dans les années 80, Lizzy Mercier Descloux tombe sur une cassette audio de musique sud-africaine, et elle tombe amoureuse des sons qu’elle découvre. Elle décide alors d’aller voir sur place, pour écouter les musiciens de Johannesburg et du township de Soweto, qui est un des foyers de la contestation politique. On est en plein apartheid, les voyages en Afrique du Sud ne sont pas si courant et elle veut être au cœur de cette création artistique alors elle s’y installe un temps. Ce qu’elle entend lui plaît tellement que ça lui inspire un album entier : Zulu Rock. Elle enregistre sur place avec des musiciens sud-africains, qu’elle oubliera un peu trop clairement de créditer. 


    Alors ce matin je préfère vous passer l’originale, qui n’est peut-être pas celle que vous croyez. Car si vous pensez qu’on la doit aux Mahotella Queens, un groupe culte dans les années 70 et 80, et bien ce n’est pas le cas. Leur version de “Kazet”, est en fait déjà une reprise de Obed Ngobeni & les Kurhula Sisters, sorti en 1983. Un groupe militant qui parle dans ce titre du pouvoir quand il est collectif. 


    Un titre génial de shangaan et xitsonga disco qui a été doublement repris, et qui est trop souvent oublié. 

  • Podcast du lundi 04 avril 2022 : Vitamine So : “Strawberry Letter 23” de Shuggie Otis :

    On pourrait décrire Shuggie Otis comme un musicien sauvage parce qu’il détestait tout ce qui avait trait au star system dans la musique. C’est un musicien et guitariste qui est né bercé par le succès de son père, Johnny Otis, compositeur et chef d’orchestre ultra réputé, un des parrains du rhythm & blues et qui recevait chez lui des pointures de la musique. 


    Shuggie commence d’abord par vouloir imiter son père et se saisit d’une guitare dès l’âge de deux ans. Il se met à composer quelques années plus tard, il atterrit d'abord sur les disques du paternel, avant de sortir un premier album de soul psyché alors qu’il n’a même pas 18 ans. Un premier disque qui plaît très vite. 


    Shuggie a un monde à lui, un langage et un phrasé qui ne ressemblent à ceux de personnes d’autres. Il est un original, avec un goût prononcé pour les expérimentations sonores perchées. Il se fait vite remarquer par d’autres grands musiciens, Frank Zappa, David Bowie, les Rolling Stones qui veulent travailler avec lui. Notamment après la sortie en 1973 de l’album Inspiration Information, son chef-d'œuvre dans lequel il repousse les limites de l’introspection, du psychédélisme et l’utilisation de boite à rythme. 


    Oui mais voilà, tout ça fait peur à Shuggie Otis. Il est déçu que ce disque ne rencontre pas l’immense commercial qu’il espérait. Il est écrasé par la figure paternelle et il a peur de tout ce qui peut aller avec la célébrité. Alors à 21 ans, il prend sa retraite, il quitte la scène, s’efface, ne sort plus de disque. Et s'il collabore sur quelques projets il ne chantera plus jamais rien. 


    Et pourtant, malgré cette discrétion, personne aujourd’hui ne doute du talent de Shuggie Otis. Et ça fait parfois du bien un peu d’humilité. 



  • Podcast du jeudi 31 mars 2022 : Vitamine So : “Then You Can Tell me Goodbye” de Bettye Swann :

    Même si c’est un peu prématuré, je pense qu’on peut déjà réfléchir à un morceau qui dirait un bel au revoir aux candidats et candidates à la présidentielle. Mine de rien, ce sont des personnalités auxquelles on s’habitue pendant des mois de campagne, et qu’on ne verra plus une fois le ou la vainqueur élue. Plus que ça, c’est leur message, leurs convictions, leurs espoirs qui vont aussi retourner dans la société civile et à l’échelle plus locale. 


    Et donc voici le merveilleux “Then You Can Tell me Goodbye” par Bettye Swann une musicienne de soul américaine, qui a principalement interprété des chansons d’amour poignantes. 


    Dont ce titre qui dit à l’autre qu’il peut partir, puisque cela n’a pas marché entre eux. Qu’elle accepte la séparation, mais qu’elle n'oubliera pas les baisers du matin et l’amour qu’ils ont partagé. C’est très beau, et même si je ne me vois pas dire au revoir avec ces mots à toutes celles et ceux qui sont candidats aujourd’hui, voici Bettye Swann qui a le mérite de faire un bon générique de fin. 

  • Podcast du mercredi 30 mars 2022 : Vitamine So : “Shame And Scandal In The Family” de Sir Lancelot :

    Je n’ai pas trouvé de morceau qui détaille précisément comment le peuple français s’est fait déshabiller dans cette affaire dont on peine encore à comprendre l’importance. Mais j’ai choisi un morceau classique, un standard de Trinidad et Tobago qui a le mérite de s'appeler Shame And Scandal In The Family. Un titre qui a été composé dans les années 40 pour le film Vaudou, par Sir Lancelot et qui a depuis été repris par énormément de musiciens, en version calypso, ska, reggae, en français, en espagnol et plus si affinités. 


    Pour l’histoire, ce morceau parle d’adultère, d’enfants illégitimes, de familles élastiques et il est bien plus léger et rigolo que cette affaire qui devrait faire hurler la France. Mais comme les mots hontes et scandales sont bien assénés je me suis dit que ça collerait quand même. En attendant donc que l’on réalise l’importance des cabinets de conseil et des prestataires privés dans la conduite des politiques publiques, dansons.



  • Podcast du mardi 29 mars 2022 : Vitamine So : “Nothing But Flowers” des Talking Heads :

    Oui, surtout qu’il y a un morceau parfait pour ça. Il est signé des Talking Heads et il décrit assez précisément l’opposé de ce qui va nous arriver. Il s’appelle Nothing But Flowers, il date de 1988 et c’est il a été composé par le génial David Byrne avec Tina Weymouth, Chris Frantz et Jerry Harrison. 


    Les Talking Heads imaginent un monde post-apocalyptique où toute forme de modernité a disparu. Exit les supermarchés, les parkings, les usines. La nature a repris ses droits, les oiseaux vivent tranquillement dans des arbres et il y a des fleurs partout. Bon, comme les TH sont joueurs, l'histoire est écrite du point de vue d’un type qui regrette les klaxons et les stations essences, parce que sinon ce ne serait pas drôle. 


    Reste que ce morceau est moderne, comme souvent avec le groupe, est moderne par son fond, sa forme, sa poésie, sa mélodie. Et puis, franchement oui, si on continue de vivre dans le déni, ce titre en est un hymne assez parfait.



  • Podcast du lundi 28 mars 2022 : Vitamine So : “Coward” de Yael Naim :

    Alors pour vous raconter aussi ce qui s’est passé ailleurs, sachez que si Zemmour a parlé de la France éternelle de Brel et de Dujardin, et bien c’est à d’autres meeting que certains musiciens ont fait le déplacement. 


    Princess Erika était à Marseille pour soutenir Mélenchon, à la grande messe d’Europe Ecologie par exemple il y avait les Oracle sisters, Papooz, Ärsenik ou Yael Naim qui a chanté à l’ouverture du meeting. 


    Cela soulève de vraies questions : qui sont les artistes qui s’engagent politiquement en 2022 ? 


    Ce matin dans le Parisien il y a un bon papier qui explique pourquoi cela peut être compliqué de prendre parti aujourd’hui, tant la France est divisée. Mais quitte à choisir une voix, je me suis dit que ce matin on pouvait écouter Yael Naim et une de ses chansons les plus poignantes. Celle-ci s’appelle Coward, comme le lâche, et c’est en fait un morceau que l'artiste a composé quand elle était enceinte. Pour affronter ses peurs, ses angoisses, ses inquiétudes de ne pas être à la hauteur de son futur enfant. Elle craint son égoïsme et ses lâchetés.


    C’est très franc et en plus l’interprétation, seule au piano, rend la chanson extrêmement émouvante. 



  • Podcast du vendredi 25 mars 2022 : Vitamine So : “Pool” de Still Woozy et Rémi Wolf :

    Avec une nouveauté de vendredi qui est particulièrement colorée et sucrée. C’est un musicien californien, qui s’appelle Still Woozy, et une chanteuse californienne qui s’appelle Rémi Wolf qui l’ont composée. Sachant que si vous aimez la pop contemporaine nord-américaine, ces deux noms vous disent peut-être quelque chose. Parce que ces deux artistes ont une manière très maligne de produire, et que ça fait quelque temps que leur musique circule chez les connaisseurs. Ils se connaissaient d’ailleurs depuis quelque temps et avaient déjà collaboré ensemble. 


    Bref tout ça pour vous dire qu’ils viennent de sortir un morceau qui s’appelle “Pool”, qui a été créé de manière spontanée et joyeuse et le voici pour vous souhaiter un bon weekend ! 


     



  • Podcast du jeudi 24 mars 2022 : Vitamine So : “When I Was A Young Girl” de Feist :

    C’est un morceau que j’adorais quand j’étais jeune et que j’ai réentendu avec plaisir : c’est “When I Was A Young Girl” de Feist, qui sortait en 2004 sur son album Let It Die. Un titre qu’elle n’a pas créé, mais qui est une interprétation d’un vieux titre oublié de folk américaine écrit et chanté par une certaine Texas Gladen en 1942 sous le nom “One Morning”. Texas Anna Gladden était une musicienne des Appalaches, qui chantait de la chanson folklorique américaine et qui a croisé un jour l'ethnomusicologue Alan Lomax qui lui a permis d’enregistrer une partie de son répertoire. 


    Et si on connaît encore son nom, c’est notamment grâce à la reprise de Feist qu’on va écouter mais aussi grâce à la musicienne Joan Baez qui a souvent parlé d’elle comme d’une référence. Mais pour en revenir au morceau du jour “When I Was A Young Girl”, le titre nous plonge dans la peau d’une personne à l’aube de la mort. Une pécheresse qui a dans sa vie bu, aimé, consommé, vécu de tout son cœur et de son corps. 


    C’est poignant plus que les mémoires des anciens présidents qui se souviennent de leur règne qu’on aimerait parfois tous oublier.

  • Podcast du mercredi 23 mars 2022 : Vitamine So : “Ain’t Got No Home” de Clarence Frogman Henry. :

    Oui de courir très loin du foyer, ou alors de vous passer une sautillante chanson qui proclame : “Ain’t Got No Home” ce qui veut dire “je n’ai pas de maison”. Un titre qui date de 1956, et qui a été pensé et chanté par un certain Clarence Frogman Henry. Qu’on surnommait Frogman, homme-grenouille, parce qu’on disait de lui qu’il avait une voix de grenouille. On disait aussi qu’il chantait comme une femme… Et c’est de ça dont parle ce morceau. Qui est-on quand on ne se sent accepté nulle part ? Parce qu’on n’est pas comme les autres. 


    À vrai dire Clarence Frogman Henry a préféré en rire, tourner toutes ces critiques en dérision en chantant : à la manière d’une femme, et à la manière d’une grenouille. C’est assez génial comme morceau, à l’image de son interprète qui a sillonné les bars de la Nouvelle-Orléans. Il a d’ailleurs créé ce “Ain’t Got No Home” spontanément, une nuit d’improvisation, pour charmer et faire rigoler les oiseaux de nuits qui continuaient de l’applaudir. 


    Et bien qu’il ait quasiment 70 ans ce “Ain’t Got No Home” résonne particulièrement aujourd’hui quand on pense au contexte politique actuel, où l’on n’est pas à une moquerie et à une sournoiserie près.

  • Podcast du mardi 22 mars 2022 : Vitamine So : “Dream Machine” de Mark Farina :

    Un morceau doux et cotonneux qui a été composé par un DJ et producteur de house qui s’appelle Mark Farina. Originaire de Chicago il fait ses premières armes dans des clubs de San Francisco et dans la Bay Area. Mais il a aussi toujours aimé voyager. Aux Baléares mais aussi dans des Hôtels Costes, et cette ambiance lounge et détendue a forcément infusé son son. 


    Mark Farina a donc notamment composé ce petit classique : “Dream Machine”. Un titre qui parle de fantasmes et de projections avec une instru assez hypnotisante qui donne l’impression que tout peut arriver. Sauf Leila Slimani et Teddy Riner à la tête des ministères de Pécresse mais ça c’est une autre affaire…


  • Podcast du lundi 21 mars 2022 : Vitamine So : “Capitalist Blues” de Leyla McCalla :

    Et ça me donne même envie de vous passer un morceau bien nommé : “Capitalist Blues”, par la musicienne Leyla McCalla. Une artiste new-yorkaise d’origine haïtienne dont on a toujours aimé la poésie et les engagements. Elle est multi-instrumentiste et joue du banjo, de la guitare, du violoncelle et mélange plusieurs niveaux de musicalité et de réalité dans ses textes. Parfois, elle donne corps au patrimoine haïtien en créole, parfois elle raconte en anglais le monde qu’elle observe. C’est entre le jazz de la Nouvelle-Orléans, le zydeco de Louisiane, le rara haïtien. 


    En 2019 elle a donc créé ce blues du capitalisme. Le titre est présent sur son album du même nom, elle y raconte la soif inextinguible du marché, qui demande aux travailleurs d’augmenter leurs objectifs, leurs chiffres d'affaires, leur rythme de travail. Elle raconte les requins et la froideur des cols blancs qui fixent ces obligations. Et c’est vrai qu’on peut tout à fait être pris par cette lassitude quand on entend Emmanuel Macron qui espère reculer l’âge à la retraite et réformer le RSA pour le conditionner à une recherche d’emploi. 


    À la santé de celles et ceux qui trinquent toujours plus que les autres on écoute Leyla McCalla sur Nova. 



  • Podcast du vendredi 18 mars 2022 : Vitamine So : “Babour Zammar” d’El Hédi Guella :

    Ce matin je ne vous joue pas un morceau ukrainien, mais un titre qui parle plus largement d’exil. Parce que la guerre actuelle a peut-être permis de rappeler les conditions dans lesquelles on fuit un pays. Et si on ne peut que se réjouir du fait que l’administration française ait mis en place des procédures d’accueil simplifiées pour les réfugiés ukrainiens, on espère une généralisation de ces mesures. Pour tous les réfugiés et exilés d’ailleurs dans le monde qui fuient, eux aussi, les dangers immédiats, la misère ou la famine. 


    Je vous propose donc un morceau qui s’appelle “Babour Zammar” il a été composé en 1970 par l’artiste tunisien El Hédi Guella. Un activiste et un révolutionnaire qui adapté un poème écrit par Mouldi Zalila pour raconter les conditions de migration de nombreux exilés nord africains : les horreurs commises par les passeurs, les naufrages, la peur, la faim, la soif et l’absurdité d’un passeport qui décide de qui est considéré avec humanité ou non. 


    Voilà c’est un magnifique morceau, dur, mais qui parle du monde tel qu’on l’accepte : c'est-à-dire encore profondément inégalitaire en 2022. 



  • Podcast du jeudi 17 mars 2022 : Vitamine So : “Ukrainian Funk. Vol 1” de C.J plus :

    Elle a été déclinée en plusieurs volumes et a été faite par un DJ et digger de vinyles du nom de C.J plus. Il vient d’Odessa et c’est un pionnier de la scène Big Beat en Ukraine. 


    Durant des années, il a collecté des vieux et rares vinyles édités à l’époque grâce à un magazine soviétique qui s’appelait Krugozor. C’était même plus précisément des flexi disc, mais c’est un détail qui ne passionnera que les passionnés. 


    DJ CJ a fourni un long travail pour assembler ces raretés ukrainiennes des années 70 / 80. Elles sont chouettes et nous donnent une idée de ce qui faisait danser le pays à l’époque de l’URSS et sous les régimes de Khrouchtchev et Brejnev. C’est kitsch, mais plutôt cool et ça s’écoute sur bandcamp. Et d’ailleurs si les grooves du Caucase, de Bulgarie et d’URSS vous intéressent, allez voir sa page, vous trouverez plein de choses. 


    Et pour aller plus loin, on vous relaye aussi une super initiative, un document qui recense des dizaines de groupes ukrainiens en les classant selon les genres. Un vivier qui devrait ravir diggeurs et diggeuses tout en supportant des artistes dans cette période dramatique.



  • Podcast du mercredi 16 mars 2022 : Vitamine So : “Picturing Needs” de Chaka Gettz :

    Un titre qui devrait vous plaire si vous aimez les collages musicaux, un peu comme Beirut a si bien su le faire à ses débuts. Ce groupe m’a été suggéré par un auditeur ukrainien, c’est un trio qui s’appelle Chakka Gets. Il se présente comme une sorte de machine extraordinaire, à mi-chemin entre la fanfare, les chansonniers des années 60, la pop des années 90 et une musique venue du futur. 


    Sur le papier, tout est réuni pour nous plaire. Sur disque aussi. 


    Même s'ils n’ont pas énormément produit, ils ont sorti leur premier EP “Daytime Eraser” juste avant l’invasion Russe. Ils viennent de Kharkiv et depuis décembre dernier leur nom commençait à agiter les médias musicaux, à Seattle, à Londres… Mais voilà, il y a 15 jours la guerre a explosé, leur ville a été largement bombardée et on a cessé de parler d’Ukraine sous cet angle-là. C’est évident, il y a d’autres urgences, mais c’est aussi dommage, parce qu’ils méritent un succès qui leur échappe. 



  • Podcast du mardi 15 mars 2022 : “Шо ви браття” par Jockii Druce :

    C’est un morceau génial par Jockii Druce dont je ne saurai même pas vous dire si c’est un artiste ou un groupe. En revanche ce que j’ai compris c’est que ce morceau s’appelle “Sho vy brattya”, littéralement “What’s up brother” ou “quoi de neuf mon frère”, c’est un hymne à l’absurdité et à l’injustice de la situation imposée à l’Ukraine. 


    Je vous traduis rapidement les paroles : 


    “Tu es triste, tu ne sais pas quoi faire ? Arrête de traîner sur les réseaux, arrête de répondre aux trolls russes sur internet, arrête de porter le deuil en jeûnant. Assieds-toi et chante. On ne peut pas espérer que les Russes renversent le régime, on leur a lavé cerveau. Et nous nos ennemis c’est autant la Russie que le stress et la désinformation. Alors chante, et n’ai pas peur, on finira par la gagner cette guerre”. 


    Bref c’est malin, moderne, le son fait beaucoup de bien et la conclusion c’est : “Russian warships, go fuck yourself”. Je ne traduirais pas, mais vous avez l’idée globale et elle n’est pas tendre pour les vaisseaux amiraux de l’armée rouge. 




  • Podcast du lundi 14 mars 2022 : Vitamine So : “Тебя придумала моя голова” de Vasily Richter :

    Ce matin je vous propose un morceau nostalgique d’une époque où les préoccupations étaient légères et habitées : c’est du rock psyché, qui vient de Kyiv, par un jeune artiste qui s’appelle Vasily Richter. Quand on l'écoute, on croirait entendre un morceau composé il y a des années dans un garage sur la côte californienne. Et pourtant non, c’est récent, c’est actuel, et c’est sans doute pour ça que c’est si charmant. 


    Si je peux me fier à Google Trad, à qui je dois bien faire confiance dans la mesure où toutes les infos et les articles sur ce jeune type sont en ukrainien et en cyrillique, il ferait partie d’une bande de jeunes gens modernes de la capitale. Il aime la surf music, explorer des continents musicaux qui n’ont rien à voir avec le sien, collaborer avec des artistes jeunes et cool comme lui. Il est aussi engagé, prend parti et raconte le quotidien de son pays plongé dans la guerre. 


    Voici “Тебя придумала моя голова” un morceau composé en octobre dernier, c’est léger, lumineux et rappelle tout ce que l’Ukraine a été avant ce conflit. 


    Pour aller plus loin, on vous relaye aussi une super initiative, un document qui recense des dizaines de groupes ukrainiens en les classant selon les genres. Un vivier qui devrait ravir diggeurs et diggeuses tout en supportant des artistes dans cette période compliquée.



  • Podcast du vendredi 11 mars 2022 : Vitamine So : “Zalyshayu sviy dim” de alyona alyona :

    Très populaire en Ukraine (et même en France, où certains médias ont déjà parlé d'elle), la rappeuse alyona alyona est signée sur la branche polonaise du label Def Jam. Dans ses textes, elle dit les choses comme elle les pense, c'est l'une des raisons de son succès.


    Depuis le début de la guerre en Ukraine il y a deux semaines, elle a décidé de se servir de sa voix qui porte pour dénoncer. "La Russie tue des enfants et notre héritage, nous avons besoin de votre aide", disait-elle dans une vidéo adressée à ses auditeurs et auditrices.


    Depuis le village de ses parents situé au sud ouest de Kiev et qu’elle a rejoint en ces jours sombres, en effet, elle rappe, elle clash, elle fait des vidéos et se sert de son influence sur les réseaux pour appeler à la résistance du peuple ukrainien et au soutien de la communauté internationale.


    Et puisque l’aider c’est aussi faire entendre son message, nous jouons sur Radio Nova le titre "Zalyshayu sviy dim" littéralement "je quitte mon foyer". Un morceau sorti en 2018 mais dont le titre résonne particulièrement avec l'actualité.


    Pour aller plus loin, on vous relaye aussi une super initiative, un document qui recense des dizaines de groupes ukrainiens en les classant selon les genres. Un vivier qui devrait ravir diggeurs et diggeuses tout en supportant des artistes dans cette période compliquée.


  • Podcast du jeudi 10 mars 2022 : Vitamine So : “Free From Imperialism” de Dub Masta :

    Si l’actualité de cette scène vous intéresse, sachez qu’on trouve beaucoup de choses sur Bandcamp. Notamment parce que le site permet de choisir directement le mode de rémunération des artistes.


    Donc ce matin, du dub, avec une compilation qui s’appelle Sounds of Survival From Ukrainian Underground. Littéralement, les “sons de la survie par l’underground ukrainien”. À l’origine de ce projet, il y a un producteur qui s’appelle Dubmasta.  Il vient de Kyiv et il a eu l’idée de collecter des morceaux faits par ses amis musiciens pour raconter comment leur quotidien avait été bouleversé depuis le début de la guerre. 


    L’invasion russe soulève plein de questions : comment communique-t-on quand internet est coupé ? Comment compose-t-on quand on est contraint d’abandonner son matos qu’on a souvent mis des années à se procurer ? Comment gère-t-on l’inquiétude de ne pas recevoir de nouvelles de ses amis pendant des jours ? 


    Le terme d’underground comme un art souterrain n’a jamais été si réel dans un contexte ou des nombreux ukrainiens sont contraints de se réfugier sous terre, pour se protéger des bombes. 


    Bref, je vous invite à écouter cette compil’ qui est sombre mais spirituelle, elle se trouve gratuitement sur Bandcamp, mais si vous avez un peu de sous, vous pouvez aussi l’acheter sachant que les fonds serviront à reconstruire SKP Records, un label expérimental de Kyiv qui produisait les artistes les plus perchés du pays depuis les années 90 ! 


    Free From Imperialism, de Dub Masta, comprenne qui voudra.

  • Podcast du mercredi 09 mars 2022 : Vitamine So : “Slonova Kistka” de Peredmova :

    Dans un abri anti-bombes, pendant les premiers jours de l’invasion russe. C’est aussi ça la réalité de la musique ukrainienne aujourd’hui. Le morceau s’appelle “Slonova kistka” et il est signé d’un certain Peredmova. Je comprends qu’il s’agit d’ordinaire d’un duo, mais ce titre a été écrit par un certain Vlad, derrière un ordi qu’il a réussi à emmener avec lui. 


    Le morceau parle de ce que vivent celles et ceux qui sont réfugiés sous terre mais a couvert, sous des mots crus mais poétiques, et avec une instru qui laisse entrevoir un peu de lumière.


    On entend une voix lourde, punk et no wave, qui évoque un désastre tombé du ciel en sifflotant, les gens qui fuient, les vieilles femmes assises face à des bidons d’essence. C’est un appel à la fermeture complète de l’espace aérien au-dessus de l’Ukraine que refusent jusqu’ici les aides internationales et l’OTAN.


    L’histoire de ce morceau est un peu difficile, mais je pense que c’est important d’entendre aussi tout ça. Voici Peredmova, avec le titre “Slonova Kistka”. 

  • Podcast du mardi 08 mars 2022 : Vitamine So : “The Original Fighter” de Lazy Jesus :

    The Lazy Jesus est un jeune emcee originaire de Kyiv, qui est producteur et rappeur. Il est signé sur un label de la capitale qui s’appelle Masterskaya et au-delà de pouvoir écouter ses morceaux, j’ai du mal à trouver des infos sur ce bonhomme. Et de fait, la plupart de ses messages sont écrits en ukrainien, donc en caractères cyrilliques. Cela peut sembler bête, mais c’est aussi un des enjeux de la communication des artistes ukrainiens qui doivent adapter leurs messages en anglais pour se faire entendre et comprendre. 


    The Lazy Jesus, comme sa maison de disques, a pris position contre le conflit, mais aussi contre la guerre de désinformation que mène la Russie sur internet. C’est pour cette raison que sur les plateformes, la plupart de ces groupes arborent des photos de profil avec le drapeau ukrainien et un message, que je traduis : pendant que vous écoutez ce morceau, le peuple ukrainien meurt sous les attaques russes. 


    C’est un message choc, mais qui veut alerter celles et ceux à qui l’on dissimulerait la réalité de cette guerre. Poutine menant une partie de son conflit dans les médias et avec des lois qui limitent toute forme de liberté d’expression. 


    Voilà, The Lazy Jesus fait du rap, comme quelques autres artistes ukrainiens. Même si j’ai l’impression que ce n’est pas le genre musical qui cartonne le plus là-bas. En tout cas on trouve que ce qu’il fait est très cool. Certains morceaux plairont aux anciens et d’autres comme “The Original Fighter” en featuring avec Dovhee Pes sont plus surprenant !



  • Podcast du lundi 07 mars 2022 : Vitamine So : “Soviet Encounter Problem” des Corn Wave :

    D’abord parce que sur Radio Nova, on ne vous joue presque jamais de musique ukrainienne. Mais aussi parce que les groupes dont j’ai envie de vous parler prennent position et permettent de comprendre un peu mieux la réalité de ce conflit. 


    Après les musiques électroniques, les chants folk et punk, voici un peu de rock indie, lo-fi. Des qualificatifs qui concernent souvent des sons qui ont l’air d’avoir été enregistrés de manière artisanale. En fouillant un peu, j’ai réalisé qu’il y avait une grande scène du genre en Ukraine, notamment chez les jeunes adultes. 


    Le groupe du jour s’appelle Corn Wave, c'est un duo de musiciens à peine adulte. Mais avec des goûts très sûrs, des looks très cool, des références assez perchées qui oscillent entre des velléités punk et des envies psychédéliques. Ils viennent de Kyiv, et on vous propose leur morceau “Soviet Encounter Problem”. Si je comprends bien les paroles, il aborde justement les liens avec la Russie. Si les mots restent rares et relativement sobres, le morceau résonne forcément différemment dans le contexte actuel. Bref, je pense que ça peut vous plaire.


    Et pour aller plus loin, on vous relaye aussi une super initiative, un document qui recense des dizaines de groupes ukrainiens en les classant selon les genres. Un vivier qui devrait ravir diggeurs et diggeuses tout en supportant des artistes dans cette période compliquée.

  • Podcast du vendredi 04 mars 2022 : Vitamine So : “A Permanent Vacation Dance Therapy” du label Permanent Vacation. :

    À Munich, c'est le label Permanent Vacation, réputé pour la qualité de ses artistes et où l’on peut notamment retrouver Superpitcher, John Talabot, Hercules & Love Affair ou Todd Terje, qui a décidé de prendre la parole, à leur manière. Ils ont proposé à des producteurs et productrices d’offrir des morceaux pour une compilation baptisée A Permanent Vacation Dance Therapy. Un projet pour lequel l’intégralité des fonds sera reversée à l’ONG United Help Ukraine


    Sur la compil, vous retrouver Fort Romeau, Alan Dixon, Marvin & Guy, Mano Le Tough ou Chloé. Des artistes complètement cool et c’est un vrai plaisir de les savoir concernés par la situation. Ça nous rappelle que les cultures clubs ont longtemps été des refuges, des havres de paix militants. Bref, allez écouter cette compilation et l’acheter sur Bandcamp si vous le pouvez.  

     

    Pour la découvrir, on vous propose un extrait : c’est Rhode & Brown, un groupe de Munich, avec le titre “Aku Aku”.

  • Podcast du jeudi 03 mars 2022 : Vitamine So : “Rozy” des Dakh Daughters :

    Si le nom des Dakh Daughters vous rappelle celui du groupe DakhaBrakha dont je vous parlais lundi, c'est normal. Ils sont liés par un lieu emblématique de Kyiv qui s’appelle le Dakh Theater et qui rassemble des troupes indépendantes. Ce qui leur garantit une liberté de ton et de formats. 

    Les Dakh Daughters s’orientent donc plutôt vers l’univers du cabaret, un théâtre résistant en temps normal, mais plus que jamais depuis l’invasion russe. Sur scène, elles mélangent le rap, le punk, les chants traditionnels, les discours révolutionnaires et les contes des Carpates. Quand ça leur chante, elles parlent en français. Quand ça leur plaît, elles jouent à une vitesse folle. 


    Et en ce moment, elles veulent alerter le monde sur ce qui arrive à leur pays. Elles ont ainsi demandé aux plateformes de streaming qui les hébergent, Spotify et Apple Music, de les autoriser à remplacer leur photo par une image appelant à la paix. Celles-ci ont répondu qu’elles refusaient : parce qu’elles diffusent de la musique et pas de la politique. Une justification absurde parce que la musique est politique. Plus que jamais en Ukraine, mais aussi partout dans le monde. 


    Pour se faire entendre, les Dakhs Daughters ont donc choisis de s’exprimer directement sur leurs réseaux. Et elles se sont aussi confiées aux Inrocks pour un entretien dans lequel elles reviennent sur ces derniers jours éprouvants et en appellent à l’aide internationale.  


    Retenez bien leur nom, entendez leur voix et leur message, et on écoute leur titre génial “Rozy”. 

  • Podcast du mercredi 02 mars 2022 : Vitamine So : “Sudno” des Molchat Doma :

    De plus en plus de groupes, d’artistes et de musiciens se mobilisent comme ils peuvent pour apporter leur voix et leurs éclairages sur la situation en Ukraine. 


    Et aujourd’hui je vous parle de Molchat Doma, un groupe biélorusse devenu une icône de l’underground en quelques années. D’abord par internet, puis par les réseaux sociaux et maintenant grâce à leurs concerts. Molchat Doma c’est du post punk, de la cold wave inspirée du brutalisme. Si bien que certains ont vu chez eux un souvenir de l’URSS, mais ce n’est pas le cas. Ils sont juste des héritiers du rock et de la nouvelle vague russe des années 80 qui faisait de la musique comme ils pouvaient, c’est-à-dire avec les instruments qu’ils avaient sous la main. 


    Et si le groupe est plutôt réputé pour être un boys band bien taiseux, le nom du groupe signifie d’ailleurs “Les maisons sont silencieuses”, ils ont pris la parole ces derniers jours.


    Pour dire que le silence était impossible en ces temps, pour condamner l’invasion militaire de l’Ukraine, pour appeler à la paix et surtout pour annoncer que tous les fonds collectés pendant leur tournée mondiale seraient reversés à des fonds d’aides humanitaires. C’est fort, surtout pour un groupe de Minsk, la Biélorussie étant une base arrière du Kremlin et Poutine un très proche du président et dictateur Loukachenko. 


    Avec Molchat Doma on lève le poing, on sort les hauts-parleurs et on lutte en musique avec leur titre phare “Sudno”. 

  • Podcast du mardi 01 mars 2022 : Vitamine So : “Support Ukraine!” une compilation d’une heure de mix par le label ШЩЦ :

    Parce que c’est notamment une demande qui émane des artistes ukrainiens, qu’on ne cesse, nous médias, radios, de faire entendre leurs voix. Voici plus spécifiquement un mix qui a  été pensé pour résonner. C’est un label de Kyiv, qui s’appelle ШЩЦ qui l’a mis en ligne sur soundcloud il y a deux jours et qui a été relayé depuis


    Ce mix s’appelle Support Ukraine! on y croise 20 musiciens électroniques ukrainiens qui ont composé des morceaux pour accompagner leurs compatriotes qui sont enfermés dans des abris anti-bombes et soutenir leurs amis qui se sont engagés dans l’armée ou qui sont devenus des civils de la défense. Plus largement, le but de ce label est surtout de faire entendre l’engagement de leur pays, au-delà de l’Ukraine. 


    Si vous allez sur leur page soundcloud, vous trouverez aussi une explication claire des origines de ce conflit, des liens vers des cagnottes pour aider les volontaires et un appel à relayer ce mix, pour diffuser, inlassablement, un message de paix et de liberté.

  • Podcast du lundi 28 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Monakh” des Dakhabrakha :

    Les Dakhabrakha c’est un quatuor composé de trois musiciennes et d’un musicien. On les reconnaît aisément à leurs tenues inspirées des coiffes et des robes traditionnelles d’Europe de l’Est. 


    Ils se sont formés dans un centre d’art dans les années 2000 avec l’envie de monter un cabaret hybride alliant le punk et un univers traditionnel. Ils ont voyagé dans tout le pays, jusque dans les villages les plus reculés pour collecter des mémoires musicales, des sons folkloriques, différentes manières de transmettre des chants immémoriaux et ils en ont fait leur musique. En y ajoutant une grande dose d’imagination. 


    Leur son ne ressemble qu’au Dakhabrakha, et il est forcément politique, par son propos et par ce qu’ils s’opposent aux impérialismes et à l’écrasement culturel. Comme beaucoup de groupes ukrainiens pour l'instant, ils sont suspendus au sort de leur pays, appellent comme ils peuvent à arrêter Poutine, à se battre pour la liberté de leur pays et à donner à des fonds d’aides pour celles et ceux qui en ont les moyens. 


    En attendant voici “Monakh” un de leurs morceaux sorti il y a quelques années et qui nous invite à une promenade nuptiale, en compagnie d’un prêtre dans la campagne ukrainienne glacée. 

  • Podcast du vendredi 25 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Gipsy” de Suzanne Vega :

    Ce matin une forme de berceuse pour adultes, et ne faites pas comme si vous n’aviez pas besoin de douceur. La voix de Suzanne Vega apaise parce qu’elle est pure, mais surprends parce qu’elle est différente. Certes, la musicienne américaine fait de la pop, mais avec la sobriété de la folk. Et elle parvient à toucher un public extrêmement large tout en ayant des textes très intimes. Elle chante avec un anglais limpide, on comprend tout et elle découpe les mots d’une telle manière que l’on se sent bien quand on l’écoute.  


    Voici donc son morceau “Gypsy” qu’elle a composé quand elle n’avait que 19 ans. Elle y évoque un monde ouvert et elle rassure avec ses mots tendres et optimistes et ça ne peut que nous faire du bien. 



  • Podcast du jeudi 24 f?vrier 2022 : Vitamine So : "Let Me In" d’El Perro del Mar :


    Voici un très joli morceau qui ne déborde pas d’amour-propre, mais qui nous inonde de beauté ; “Let Me In” par El Perro del Mar. Un titre qui vient de Suède, contrairement à ce que le nom de l’artiste pourrait suggérer. En fait El Perro del Mar c'est même le pseudonyme d’une seule musicienne, Sarah Assbring. L’artiste est originaire de Göteborg, discrète, mais influente, notamment au début des années 2000 grâce au bouche-à-oreille de très bons blogs, puis diffusée grâce à de jolis labels. 


    “Let Me In” sort en 2009 et c’est un morceau qui sonne un peu comme une supplique qui ne s’assume pas, la musicienne implore la personne qu’elle aime de ne pas la laisser l’implorer. 


    Mais pourquoi vous passer ce titre ce matin ? Et bien parce que je trouve parfois que les candidats baissent les bras quand il s’agit de nous convaincre, et qu’ils cherchent plutôt à nous draguer, nous persuader, nous séduire par l’affect. Une approche souvent aussi maladroite qu’une mauvaise phrase d’accroche sur tinder.


    Donc quitte à se laisser charmer, on écoute plutôt El Perro del Mar, avec Let Me In. 



  • Podcast du mercredi 23 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Telejayi” de Jupiter Bokondji & Okwess et Marcelo D2 :

    Jupiter & Okwess c’est un groupe congolais, de Kinshasa, que vous avez souvent entendu sur Radio Nova parce qu’on aime leur esthétique, leur manière d’investir l’histoire politique de RDC et de dynamiter les codes de la scène. Et plus simplement parce qu’on aime leur musique où se croisent plein de styles, punk, funk, mais aussi traditionnels puisque le groupe s’inspire des 450 ethnies qui forment le peuple congolais. 


    Par ailleurs, Jupiter Bokondji est un homme aussi grand physiquement que musicalement,  et certainement plus sage que nos hommes politiques. D’ailleurs, si l’on avait la chance de se plonger dans son journal intime, on y trouverait sans doutes de nombreux syllogismes et pensées philosophiques.



  • Podcast du mardi 22 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Dear Diary” des Moody Blues :

    Un journal intime, ça tire souvent vers les petits tracas du quotidien, et le morceau qu’on vous propose aujourd’hui illustre bien ça musicalement. Et en plus il a le bon goût de s'appeler “Dear Diary”. C’est un des morceaux pas si connu des Moody Blues, un groupe anglais adoré notamment pour leur morceau “Nights in White Satin”. “Dear Diary” c’est souvent comme ça que commencent les journaux intimes en anglais, mais c’est aussi un titre qui date de 1969, et qui a vraiment des airs de trésor caché.


    Par sa mélodie bien sûr, d’ailleurs les Moody Blues étaient réputés pour leur sens des harmonies et leur manière de chanter la mélancolie. Mais aussi par ses paroles, qui abordent l’ultra quotidien, la solitude contemporaine, les doutes face à un avenir bien incertain à cette époque de guerre froide. D’ailleurs, le morceau finit sur une petite phrase qui ne s'oublie pas : “quelqu’un a été tué par la bombe atomique, mais je ne le connaissais pas” : fin du morceau, début de l’indifférence. 


    Bref il y a du génie dans ce titre qui a d’ailleurs été souvent samplé dans les sphères du rap alternatif et perché. Parce qu’il est psyché, et qu’il nous plonge dans une petite spirale dont on ne ressort pas indemne.

  • Podcast du lundi 21 f?vrier 2022 : Vitamine So : “I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free” de Nina Simone :

    Parce que c’est la moindre des choses, et qu’on aimerait même que ce jour soit férié. Mais en attendant on a chamboulé un peu notre programmation pour faire vivre son souvenir et sa musique avec la diffusion toute la journée de “Divine Nina”.  


    Une série de cinq podcasts qui racontent comment cette pianiste virtuose qui se rêvait concertiste, mais n’a pas eu le droit de le devenir, a boulversé avec brio et témérité le blues, le jazz, la soul….On évoquera aussi sa passion pour la France où elle a fait des concerts et des scandales mémorables, et comment elle influence encore durablement tous les genres musicaux et notamment le hip-hop. 


    Le premier épisode sera à écouter à 09h30, et puis jusqu’à 18h30, tout ça est évidemment disponible en ligne sur nova.fr et sur les plateformes. Et ce soir, David Blot vous parlera des années parisiennes de Nina, avec un homme qui sait tant de choses sur elle qu’il a écrit une biographie : il s’appelle Frédéric Adrian. 


    Cette journée s’annonce spécialement enlevée, animée et émouvante sur Nova et pour commencer voici un morceau qui selon moi dit tout d’elle : c’est la version, en live à Montreux, du morceau “I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free”, dans lequel elle rêve d’une liberté qu’elle n’a jamais connue. Le live a été filmé et il est absolument bouleversant, mais vous entendrez déja par les ondes, une rage et un absolu talent qui vont droit au coeur.





  • Podcast du vendredi 18 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Yar Oi” des Şatellites :

    Parce que le futur est un bon remède au présent quand on le trouve un poil pesant, je vous présente un groupe qui s’appelle Şatellites. Ils viennent de Jaffa-Tel-Aviv en Israël mais leur musique se rapproche plutôt du rock psyché anatolien de Turquie. Un peu comme Altin Gun qu’on a toujours beaucoup aimé sur Nova et qui a, avec d’autres groupes comme Derya Yildirim et le Groupe Simsek, lancé une mode : celle de revisiter le patrimoine musical turc. De le réinterpréter, de le moderniser, de s’amuser avec ses standards. 


    Et c’est exactement ce que font les Şatellites. Mais comme c’est méga cool, et différent de la pop mondialisée super mainstream, et ça fait du bien. On va écouter le morceau "Yar Oi", qui est à l’origine une chanson des années 80' et qui devient en 2022 un tube synthétique, avec du saz, des percussions, des réminiscences vintage et un art de faire moderne. 

  • Podcast du jeudi 17 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Follow Me” de Aly-Us :

    La course au parainnage des candidats à la présidentielle ressemble parfois à une opération de séduction. Et il y a un super morceau qui l’illustre parfaitement c’est “Follow Me”, un classique de la jersey house des années 90.


    Ceux qui l’ont produit s’appellent Aly-Us, un groupe qui était parrainé par des producteurs légendaires de la culture club, DJ Pierre et George Morel. Il y a 30 ans, en 1992, Aly-Us a composé un morceau qui est devenu un hymne : “Follow Me”, ce qui veut dire “Suis Moi”, et qui a effectivement le don de nous hypnotiser. 


    La basse est obsédante, la voix du chanteur est comme du gospel épuré qui nous mène sur le droit chemin, et même si les paroles sont assez rares, elles sont aussi sincèrement bienveillantes et politiques. Elles parlent d’un havre de paix utopique, à l’abri des discriminations de genre, de sexe, de race, comme les clubs de danse ont pu l’être à une époque. Comme la politique peine à l’être souvent. 


  • Podcast du mercredi 16 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Je Chante La France” de Rocé :

    Rocé est un homme dont la voix résonne depuis longtemps sur les ondes de Nova, depuis ses premières collaborations avec la Mafia K1 Fry, puis DJ Mehdi, et plus tard sur la PC Volume 1 du label Première Classe. Ensuite, Rocé a fait cent choses : des bœufs de jazz, des disques qui s'écoutent comme on lit des essais et des compilations. 


    Bref c’est un type qui éclaire le monde, et qui éclaire surtout la France qu’il n’a de cesse de regarder droit dans les yeux. Dès les années 2000, dans son morceau ‘Je Chante la France’ où il sonde les poncifs. Pays des droits de l’homme ? Qu’est-ce que cela veut encore dire ? Comment le concept de patrie se confronte-t-il à celui d’humanité ? Rocé donne de la voix pour les clandestins, les jeunes, les résistants, les immigrés, ceux que les cartes postales, parfois rances des politiques, condamnent au silence et à l’oubli.


    Votez Kateb Yacine, Aimé Césaire, Olympe De Gouges, et Rocé donc sur Nova.

  • Podcast du mardi 15 f?vrier 2022 : Vitamine So : “I’m Not In Love” de 10CC :

    Ça a un nom de dire “je ne vais pas vous parler” d’une chose dont on parle finalement, cela s’apelle une prétérition. Un classique de la rhétorique qui permet de dire davantage que si l’on se tait. Soit ça sert à manipuler ceux qui nous écoutent, soit c’est qu’on se ment à soi-même.


    Et il y a un morceau qui fait un peu des deux, il s’appelle “I’m Not In love”, une merveilleuse balade des années 70 par le groupe anglais 10CC. Le narrateur commence par dire à la personne qui l’écoute combien il n’est pas amoureux d’elle, que leur relation n’est qu’une passade, qu’il ne faut pas qu’elle s’attache et puis et puis…il lui compose une des plus jolies chansons d’amour. La mélodie est poignante, les chœurs le rappellent à la vérité : il se ment à lui-même, tout ce qu’il a envie de lui dire c’est “I’m In love”. 


    Pour l’histoire, ce morceau est aussi fascinant en termes de structure musicale, ces boucles de voix entêtantes ont été créées en bidouillant des bandes magnétiques, pour sampler avant l’heure et avant l’ordinateur, et en créant un mellotron sur mesure. 


    Ce qui est un poil plus ingénieux que la manœuvre politique de Pécresse pour aller draguer les électeurs d’extrême droite. 


  • Podcast du lundi 14 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Mes Copains” de Étienne Daho :

    Ça a l’air assez coton de garder des amis en période électorale, alors ce matin je me suis dit qu’on allait prendre des leçons chez Etienne Daho et particulièrement grâce à son morceau “Mes Copains” qui sort en 1981. 


    Le titre apparaît sur son premier album qui s’appelle Mythomane, un disque assez génial, produit et réalisé avec Jacno, du duo Elli & Jacno. À l’époque Etienne Daho a à peine 25 ans, très fan de rock, de new wave, de pop il fait partie de la scène musicale de Rennes.


    Il écrit ce titre qui parle de l’amitié, à l’âge adulte. De ce qu’il faut faire pour garder des amis quand on évolue, dans nos modes de vies, nos mentalités, nos points de vue. Étienne Daho chante que sa bande, son groupe d’adolescence, se disloque. Et s’il sait qu’on ne peut pas faire grand chose contre le temps qui file, et qui emporte certaines affections, il essaie tout de même de le retenir avec ce morceau-là. 


    Bref c’est un très joli morceau, dont la naïveté pourrait apaiser quelques nœuds chez les politiques. C’est assez pêchu pour du Daho et c’est donc "Mes Copains" sur Nova.



  • Podcast du vendredi 11 f?vrier 2022 : Vitamine So : “Satan” de Andy Shauf :

    Ce matin je vous propose d’embarquer avec un poète dans vos valises pour le week-end. Un artiste qui puise son inspiration dans les temps un peu moroses et qui regarde posément le monde, et la pluie. Il s’appelle Andy Shauf et il est originaire de Saskatchewan au Canada. C’est un jeune homme timide qui a commencé la musique à l'Église, et qui a continué parce que ça lui permettait d’exprimer des choses sans avoir à chercher les mots parfaits. 


    Bref : Andy Shauf c’est un magicien des mots et des notes. Un homme qui nous ressemble, et qui chante très bien les choses simples. Alors c’est toujours une bonne nouvelle quand il sort un nouveau morceau. Et bonne nouvelle : il a sorti un nouveau morceau. Le titre s’appelle “Satan”, il est d’une grande simplicité dans sa structure mais mystiquement beau.  

     

    Pour la douceur et la douleur, le voici.  


  • Podcast du jeudi 10 f?vrier 2022 : Vitamine So : “La Danza Del Petrolero” de Los Mirlos :

    Ce matin trinquons au grand capital avec un morceau de Cumbia Selvatica venu d’amazonie péruvienne. 


    Le titre “La Danza del Petrolero” qui se traduit par “La danse du pétrolier” a été chanté par Los Mirlos et s’adresse aux ouvriers du pétrole. Mais il évoque aussi indirectement un système de pillage de l’or noir dans la forêt amazonienne, qui décime au passage les ressources des peuples autochtones et l’environnement. La rupture d’un oléoduc dans la partie équatorienne de la forêt à d’ailleurs provoqué la fuite d’un million de litres de pétrole dans une réserve naturelle. 


    Pour revenir à la musique “La Danza Del Petrolero” a été composé dans les années 1960 par Los Wemblers un groupe culte d’Iquitos. Il est d’abord devenu un standard de la ville, puis du Pérou et finalement de toute l’Amérique latine. Aujourd’hui on va entendre la version des Mirlos, sortie quelques années plus tard, et remasterisée grâce à l’excellent label Infopesa. 


    16 milliards de bénéf, ne serait-ce que pour Total, ça se fête quand même. 


  • Podcast du mercredi 09 f?vrier 2022 : Vitamine So : "Faut pas me prendre pour un âne" de Raggasonic :

    L’attitude de Gérald Darmanin donne des envies de classiques français à Sophie Marchand  


    A force de sidération on manque de mots, et quand on a envie de parler droit et franc il y a toujours Raggasonic à notre rescousse avec leur titre culte “Faut Pas Me Prendre Pour Un Âne". 


    En 1997 le groupe de Daddy Mory, Big Red et Frenchie s’adresse à Le Pen, le père. Mais de manière générale on peut se servir de ce morceau pour tous les politiciens, peu importe les époques, quand on sent qu’ils sont en train de nous flouer. Aujourd’hui il est dédié à Gérald Darmanin, à son sang-froid, à sa capacité à commenter calmement les chiffres de son propre bilan et à sa manière profondément respectueuse de s’adresser à des femmes-journalistes. 


    Plus sérieusement, quand on demande à ne pas être pris pour des ânes, c’est qu’on se doute que si les cambriolages ont diminué, c’est parce que la période est au confinement et au télétravail. 


    Et quand on entend la formule “ça va bien se passer”, on sent qu’elle est chargée de condescendance, de misogynie et de menaces. C’est pas pour rien que les incels s’en servent comme une formule consacrée. Et quand on apprend que chaque plainte pour agression sexuelle est reçue et traitée en commissariat on sait, pour l’avoir vécu, que c’est faux. 


    Alors voilà, de bon matin dans Vitamine So, Raggasonic sur Nova. 

  • Podcast du mardi 08 f?vrier 2022 : Vitamine So : “ Money Trees” de Kendrick Lamar :

    Pour aller écouter Kendrick Lamar, qui a lui aussi une petite théorie sur l’argent, celle des "Money Trees" littéralement ‘Arbres à Argent’ à l’ombre desquels on peut se réfugier quand on est à l'abri financièrement. 


    C’est aussi parce que quand Fabien Roussel dit qu’en France on a encore du mal à parler d’argent sans tabou, que ce soit pour dire qu’on en a ou qu’on en manque, il n’a pas tort. Aux Etats-Unis en tout cas, et notamment dans la culture populaire, on parle beaucoup plus facilement de dollars, de ce qu’ils permettent et de ce qu’ils corrompent. 


    D’ailleurs dans ce génialissime morceau de Kendrick Lamar et Jay Rock, "Money Trees" donc qui sortait en 2012 et qui samplait le groupe Beach House, Kendrick Lamar nous plonge dans ses réflexions personnelles sur la vie dont il rêve, sur ses craintes à propos de la célébrité et de l’argent qui salit toutes les relations. C’est intelligent, complexe, et si habilement posé. Et on ne peut s’empêcher d’être admiratif quand on sait que grâce à ce morceau, et à tout l’album Good Kid Maad City, Kendrick Lamar a pu donner des centaines de milliers de dollars aux structures associatives et aux œuvres caritatives de sa ville. Bref, contrairement aux fortunes françaises, il a pu ruisseler, lui au moins. Voici donc "Money Trees" sur Radio Nova. 


  • Podcast du lundi 07 f?vrier 2022 : Vitamine So : “I’m Every Woman” de Chaka Khan :

    Sa carte “femme”, comme elle le dit elle-même, sa volonté de se placer comme la candidate de l’égalité. On est à peu près sûr que tout ça, c’est de la communication, puisque dans ses propositions, ce ne sont pas les intérêts des femmes qui ressortent. Et que dans son équipe il n’y a que des hommes. Et ce côté manipulateur : “Je vous ai compris les ladies”, ça me donne envie d’écouter le morceau I’m Every Woman, puisqu’on n’est pas à l’abri que ça devienne un de ses tubes de campagne, et qu’en plus ce morceau est bien moins féministe qu’il ne pourrait y paraître.


    I’m Every Woman, c’est un tube de Chaka Khan, qu’elle a chanté en 1978, lorsqu’elle s’émancipe du duo avec Rufus dans lequel elle a fait ses armes. C’est un morceau génial composé avec le couple le plus brillant de la production musicale de cette époque : Valérie Simpson et Nickolas Ashford. Mais c’est un titre faussement libérateur puisque c’est une femme qui dit à un homme qu’elle sera toutes les femmes de sa vie, comme disaient les L5. Du coup, plus besoin d’aller voir ailleurs.



  • Podcast du vendredi 04 f?vrier 2022 : Vitamine So (spécial cinéma) : "Les engloutis" de Caroline Guiela Nguyen : Chaque jour, elle vitamine vos matins en vous donnant des nouvelles de cet évènement joyeux, et vous parle d'un film coup de cœur. Aujourd’hui, elle vous parle de  Les engloutis de Caroline Guiela Nguyen.
  • Podcast du jeudi 03 f?vrier 2022 : Vitamine So (spécial cinéma) : "Dylian" de Jérémie Dubois : Chaque jour, elle vitamine vos matins en vous donnant des nouvelles de cet évènement joyeux, et vous parle d'un film coup de cœur. Aujourd’hui, elle vous parle de Dylian de Jérémie Dubois.
  • Podcast du mercredi 02 f?vrier 2022 : Vitamine So (spécial cinéma) : "La flûte enchantée" de Geordy Couturiau : Chaque jour, elle vitamine vos matins en vous donnant des nouvelles de cet évènement joyeux, et vous parle d'un film coup de cœur. Aujourd’hui, elle vous parle de La flûte enchantée de Geordy Couturiau. L’auteur-compositeur interprète Muddy Monk est l’un des acteurs principaux.
  • Podcast du mardi 01 f?vrier 2022 : Vitamine So (spécial cinéma) : "Trumpets in the Sky" de Rakan Mayasi : Chaque jour, elle vitamine vos matins en vous donnant des nouvelles de cet évènement joyeux, et vous parle d'un film coup de cœur. Aujourd’hui, elle vous parle de Trumpets in the Sky, un court-métrage réalisé par Rakan Mayasi.
  • Podcast du lundi 31 janvier 2022 : Vitamine So (spécial cinéma) : "Léo la nuit" de Nans Laborde-Jourdàa : Chaque jour, Sophie Marchand vitamine vos matins en vous donnant des nouvelles de cet évènement joyeux, et vous parle d'un film coup de cœur. Aujourd’hui, elle vous parle de Léo la nuit, un court-métrage réalisé par Nans Laborde-Jourdàa.
  • Podcast du vendredi 28 janvier 2022 : Vitamine So : "Kusaziva Kufa" de Gonora Sounds :

    Le groupe de famille vient du Zimbabwe, il est fondé autour d’un père et son fils notamment. Ça fait 18 ans qu’ils font de la musique ensemble, et ils aiment particulièrement jouer dans des lieux informels, des rues de Harare, pour le plaisir de l’interaction.


    Avec le temps, ils se sont fait une petite réputation auprès, par exemple, d’un certain Pharoah Sanders par exemple, ou du duo The Busy Twist, avec qui ils ont collaboré. Ils vont enfin sortir un premier album, en février prochain, en tant que collectif. J’imagine que ça n’est pas évident de traduire de la musique qu’on aime improviser et organique sur disque, mais le premier extrait qu’ils ont sorti me convainc totalement.


    J’aime les rythmiques, les chœurs, l’énergie, la mélodie. Et je pense que ça peut totalement vous plaire, voici Kusaziva Kufa sur Nova.

  • Podcast du jeudi 27 janvier 2022 : Vitamine So : "Stuck In the Middle With You" de Stealers Wheel :

    C’est un morceau qui pour le coup est une blague et elle est réussie, puisque ça a fini par devenir un tube. C’est Stuck In the Middle With You de Stealers Wheel. Un groupe de rock écossais qui dans les années 70 a envie de se moquer un peu de la folk ambiante, et plus précisément de Bob Dylan. Le maître grincheux et un poil paranoïaque qui chante souvent à propos des clowns et des jokers qui peuplent l’industrie musicale.

    Le groupe va plus loin, il imite ses paroles, mais aussi sa façon de chanter. Et ce qui était à l’origine une petite moquerie sympa, va finir par devenir un immense succès. Dès sa sortie, et une seconde fois, après que Quentin Tarantino l’utilise pour la bande-originale du film Reservoir Dogs en 1992. Vous savez, c’est la scène où Mr Blonde torture le policier avec un poste de radio et se met à danser en entendant les premières notes de ce classique, le tout en découpant tranquillement une oreille.


    Bref, c’est marrant d’imaginer qu’une blague entre potes peut changer la vie, donc plutôt que d’écouter maître Collard dans le pire one-man-show de France, voici Stealers Wheel.

  • Podcast du mercredi 26 janvier 2022 : Vitamine So : "Fuck U" de Archive :

    Le morceau s’appelle Fuck U. Si vous avez des enfants bilingues à côté de vous, ce n'est pas joli joli ce qui s’y dit et pourtant, c’est très élégamment chanté. C’est un morceau du groupe Archive. Un groupe anglais de prog-trip-hop, assez sombre mais capable de faire de vrais beaux morceaux.


    Dont ce classique, Fuck U, qui détaille point par point toute la haine que nourrit le chanteur pour la personne à qui il s’adresse. En l'occurrence ce qu’on a compris avec le temps, c’est qu'Archive parlait de l’invasion de l’Irak en 2003 et s’adressait directement à Bush, à Blair et à tous ceux qui ont signé pour cette guerre injuste. Mais peu importe que cela désigne un coupable ou une société malade, ce que susurre le musicien, c’est plein de méchancetés. On se croirait avec un Dexter frustré, lassé de l’hypocrisie. Ça respire la rage, mais seulement dans les mots. Le ton, lui, reste tout à fait doux.


    Une technique donc approuvée par Valérie Pécresse, mais qui ne saurait nous endormir complètement.


  • Podcast du mardi 25 janvier 2022 : Vitamine So : "Elle ne t’aime pas" de la Femme :

    Le syndrome du sauveur, on l’évoque à propos de celles et ceux qui sont persuadés non seulement de devoir sauver le monde, mais surtout que c’est d’eux dont le monde a besoin pour aller mieux. En l'occurrence avec François Hollande, il va falloir être clair. C’est en partie à cause de lui qu’on en est là en termes d’éparpillement de la gauche, et de la politique française. Donc, non merci.


    Et pour être encore plus clair, voici un morceau de la Femme, super groupe de surfpop français, qui a le mérite de savoir parler des relations abîmées. Voici Elle ne t’aime pas, un morceau composé sur leur deuxième disque "Mystère" en 2016. Un titre qui a l’air léger, chanté comme ça, mais qui s’adresse à ceux qui ne réalisent pas que c’est fini, leur histoire d’amour est derrière eux.


    Avec l’inoubliable punchline mélodique : Elle t'a peut-être déjà aimé, mais là, elle s'est lassée, voilà.


  • Podcast du lundi 24 janvier 2022 : Vitamine So : "Where Are They Now ?" des Kinks :

    C’est un génial morceau que les Kinks ont composé qui s’appelle Where Are They Now? . Les Kinks, c’est ce groupe anglais bâti autour de deux frères tempête, Ray et Dave Pavies qui ont été toujours de fins observateurs de la société anglaise et qui en 1973 composent donc ce morceau, qui se demande où sont les Rockers et les Mods, les Teddys Boys et les contestataires. En bref, le groupe constate, au début des années 70, qu’il ne reste plus rien du Swinging London, cette culture d’abord underground qui a dynamité la mode, la musique, la société anglaise pendant les années 60. 


    Incarné par des musiciennes, des artistes, des mannequins, des rebelles, le Swinging London qui a d’abord rêvé d’une modernité à rebours de l’establishment, a fini par devenir la tendance, et donc le système. Ce qui a inéluctablement causé sa perte. 


    Et alors même si ce morceau ne dit pas où sont les militants socialistes, il permet de comprendre un peu pourquoi nous en sommes à chercher quelque 1000 adhérents au PS en 2022, parce que le parti a sans doute perdu de vue les luttes qui ont fait son existence.







  • Podcast du vendredi 21 janvier 2022 : Vitamine So : "Eating" de Scuti :

    Cette claque est musicale, elle vient du Sud de Londres, c’est une nouveauté qu’on doit à Scuti. Je ne le savais pas mais Scuti c’est visiblement le nom d’une très grande étoile très brillante. Mais c’est aussi le nom d’une rappeuse anglaise qui a 20 ans et qui est fan de grime, de drill anglaise et de trap. Elle a une manière très particulière et décontractée de rapper. Elle a écrit sa première chanson quand elle avait 10 ans et je pense qu’elle est loin d’avoir écrit sa dernière. 


    En tout cas, son morceau sorti la semaine dernière m’a beaucoup plu. Au point de le réécouter beaucoup de fois. Il s’appelle Eating et j’espère qu’il donnera à votre vendredi une autre teneur.

  • Podcast du jeudi 20 janvier 2022 : Vitamine So : "Loverini" de Myd et l’Impératrice :

    Le fait est que créer une œuvre à beaucoup ça peut s’avérer complexe. L’histoire de la musique est d’ailleurs jalonnée d'exemples de groupes qui ont explosé à force de ne pas réussir à accorder leurs violons. Il y a toujours des meneurs qui veulent imposer leur vision, et tout un tas de gens pour donner des avis divergents, et la personne qui est là pour ajouter son grain de sel. 


    Mais, pour donner un peu d’espoir ce matin,  je vous livre un titre qui est né de manière participative et qui est bien en plus. Il a été composé ici,  dans les studios de radio nova. 


    Ce morceau, et cette idée, on les doit à Myd. Le producteur et musicien de Club Cheval, signé sur Ed Banger, qui l’an dernier s’est dit : tiens et si je composais une piste bonus pour mon premier album, en demandant à mes fans et aux auditeurs de Radio Nova d’intervenir à toutes les étapes de création. Les auditeurs devaient choisir l’humeur, le tempo, la mélodie, les petits bruits d’oiseaux, la chanteuse qui y collaborerait, le titre, etc.


    C’est un processus foufou et bordélique qui a duré 15 jours, chaque jour un nouvel élément venait donner sa forme au morceau, et le final a rendu tout le monde très fier. Preuve que, parfois, on va plus vite et plus loin à plusieurs. Voici le titre Loverini, de Myd et l’Impératrice, auquel vous avez peut-être vous, de l’autre côté de l’écran, vous avez participé. 

  • Podcast du mercredi 19 janvier 2022 : Vitamine So : "Comme un Boomerang" de Feist, Gonzales et Dani :

    Enfin, une reprise de Gainsbourg, parce que bien sûr, c’est évident, Manuel Valls c’est le boomerang de la 5ème République. Le type qui part, qu’on éloigne, qui s’éloigne de la politique, mais qui revient toujours parce qu’il est certain d’être fait pour gouverner. Mais alors comment faire entendre à un esprit si obtus que pour gouverner, il faut être élu, et pour être élu, il faut être populaire ? Ou qu’au moins il ne faut pas être conspué collectivement ?


    Bref, hommage à cet effet boomerang, voici donc ce morceau de Gainsbourg dont le destin progresse un peu à l'inverse de celui de Manuel Valls. C’est Comme un Boomerang qu’il a composé en 1975. La chanteuse Dani voulait la présenter à l’Eurovision cette même année, mais cela n’a pas été accepté, considérée comme trop provocatrice, lascive et agressive par l’ORTF.


    Alors pendant des années, le morceau dort, il est ignoré jusqu’à ce que Etienne Daho, dans les années 90, encourage Dani à reprendre cette chanson que Gainsbourg avait écrit pour elle après tout. Et c’est devenu une grande chanson française.


    Mais ce matin, je voulais vous jouer une version reprise par Feist, Gonzales et Dani pour la compilation "Monsieur Gainsbourg Revisited" qui sortait en 2006. Les deux musiciens canadiens font des merveilles, Dani retrouve une jeunesse et cette version est assez inoubliable.

  • Podcast du mardi 18 janvier 2022 : Vitamine So : "Alone Again" de Biz Markie :

    Ce sample a tout changé pour la musique, on est en 1991, le rappeur new-yorkais Biz Markie a depuis quelque temps beaucoup appris au côté de son producteur, arrangeur, et ingénieur du son Marley Marl. Parce que ce dernier, qui est un bidouilleur, a compris comment décortiquer des morceaux, en déstructurant la section rythmique et en la recréant ailleurs et autrement. Marley Marl a formalisé la technique du sample qui va servir à tout le hip-hop qui dans des disques de funk, de soul, de pop, de musiques classiques va trouver des sources et des boucles d'inspiration.


    Reste une petite zone d’ombre, la question légale. Si on sait que la musique est une affaire d'interprétation et de réinterprétation permanentes, a-t-on pour autant le droit de se servir comme ça allégrement sans rien demander à personne ? Non. Et ça Biz Markie va en payer le prix fort au début des années 90. À cette période, il s’apprête à sortir un nouvel album, et il a flashé sur un morceau de pop 70 s, le titre Alone Again de Gilbert O'Sullivan. Alors il a envie d’en tirer quelques secondes, et de poser dessus, pour raconter une autre histoire plus moderne de la solitude.


    Biz Markie n’est pas tout à fait un pirate, il demande à l’artiste s’il lui accorde ce droit, à l’époque beaucoup de choses se réglaient à l’amiable, ou avec des chèques de dernière minute. Mais Gilbert O’Sullivan refuse. Pas par principe, simplement parce qu’il trouve que ce morceau n’est pas assez sérieux à son goût. Ok. Biz Markie le fait quand même. Il sort son morceau et son album, et espère que tout ira bien. Mais Gilbert O’Sullivan est tenace, il intente un procès, que Biz Markie va perdre. Résultat, son album est retiré des ventes, et désormais la musique sera régie par une jurisprudence : celle du clearing de sample. C’est simple pour se servir d’un morceau, il faut l’autorisation du label.


    Une leçon qui pourrait éclairer nos politiciens en France, et en attendant la jurisprudence, voici ce fameux morceau. Les plus vifs reconnaîtront un générique d’une de nos émissions.

  • Podcast du lundi 17 janvier 2022 : Vitamine So : "Fifth dimension" des Byrds :

    C’est un morceau qui était hyper-avant gardiste et qui à l’époque a un peu été mal compris. En plus, c’est un morceau qui s’appelle Fifth Dimension et c’est un titre génial des Byrds. Les Byrds c’est un grand groupe de rock, de pop, de psyché californien, qui a été très influent, notamment sur la jeunesse hippie qui entendait les messages des Byrds comme des sortes de révélations sur le monde.


    Et en 1966, alors qu’ils ont habitué le public à chanter du rock et de la folk, et notamment des reprises de Bob Dylan, ils sortent un disque encore plus perché qui tire vers le jazz spirituel, qui s’inspire de mystiques et de traditions indiennes, et qui s’intéresse au futur et à la physique quantique. Notamment dans la chanson qu’on va écouter qui, d’après son compositeur, est un melting pot où se croisent la théorie de la relativité d’Einstein, le soufisme, la métaphysique et la question des multi-dimensions. Une pensée holistique comme on dit, et assez précise, mais que tout le monde ne va pas saisir. Le public va croire que les Byrds ont tout bonnement beaucoup pris de LSD et parlent de trips cosmico-hallucinogènes. Et on ne voit pas vraiment plus loin que ça.


    Alors que cette chanson est top, et surprenante dans le fond et dans la forme. Et c’est avec le temps, et les explications, qu’on a compris de quoi elle parlait vraiment. Et peut-être qu’avec Mélenchon, c’est pareil, dans quelques années, on se dira : mais il avait raison de faire son meeting en 7 dimensions, c’était ça le futur à côté duquel nous étions passés.


  • Podcast du vendredi 14 janvier 2022 : Vitamine So : "Lawn" de Aldous Harding :

    Je ne sais pas si vous êtes familiers de la musique néo-zélandaise, mais sachez qu’il y a plein de scènes musicales, mais notamment une grande scène de pop et de rock psyché qui existe depuis des décennies. Et qui a plein d'héritiers : des Connan Mockasin, des Unknown Mortal Orchestra et Aldous Harding.


    Aldous Harding, c’est un pseudonyme ; le vrai nom de cette chanteuse, compositrice, musicienne, c’est Hannah. Elle a grandi dans un océan de folk, sa mère étant elle-même chanteuse, elle a joué dans des rues, s’est faite remarquer, signée sur le label culte Flying Nun et elle a décollé et développé son son qui est très spécifique. C’est de la folk décousue, qui s’autorise des coups de sang, des moments de grande pop suspendus. Elle a un sacré sens des mélodies, et puis son personnage, sa personne, est captivante. Elle dit qu’elle a longtemps résisté au fait de devenir musicienne - parce que c’était pour elle associé au fait d’être pauvre, toujours sur les routes - et puis, comme une fatalité, elle est devenue musicienne. Et on ne peut que se réjouir.


    Et donc elle revient avec un nouvel album en mars prochain - et un premier extrait déjà qui s’appelle Lawn. C’est élégant et doux, et hypnotisant. Bref : trêves de mots, voici le morceau d’Aldous Harding.

  • Podcast du jeudi 13 janvier 2022 : Vitamine So : "Ritual Union" de Little Dragon :

    C’est presque émouvant un tel alignement des astres. Valérie Pécresse qui pourtant n’a de cesse de dire qu’elle veut supprimer des postes de fonctionnaires, tout d’un coup sanctuarise l’école. C’est marrant comme quand une grève concerne 75% des enseignants du premier degré, soit tout autant d’électeurs, on se souvient que le droit de grève est quand même une sacrée bonne idée de la constitution française.

    Bref, on est à ça d’une Union Sacrée, même si contrairement à celle de 1914 qui a réuni toutes les forces politiques françaises face à la Première Guerre mondiale, on sent que tout le monde ne manifeste pas pour les mêmes raisons aujourd’hui. Certains sont là pour l’avenir de nos enfants, d’autres sont là pour leur propre futur électoral. Il n’empêche, voici un morceau qui s’appelle Ritual Union par le génial groupe Little Dragon.

    Une formation suédoise qu’on adore sur Radio Nova, parce qu’ils savent tout faire : nous émouvoir, nous faire danser, nous faire chanter. Et il y a 10 ans, ils sortaient un troisième album, qui s’appelle comme le titre qu’on va entendre, un disque qui parle de connexion spirituelle, d’association amoureuse, de lien surnaturel, d’amitié et d’amour.

    En plus, il donne plein de forces, et on le dédicace à celles et ceux qui sont en grève aujourd’hui, c’est Little Dragon sur Nova.

  • Podcast du mercredi 12 janvier 2022 : Vitamine So : "J’ai pas de face" de Akhenaton :

    Ça me donne envie de sortir les grands mots. Dans les analyses politiques, on parle de stratégie, de déstabilisation, mais je pense qu’on peut y aller plus franchement. Ce que fait Guillaume Peltier, c’est une bonne vieille trahison opportuniste. Ça se voit, ça se flaire, et ça me donne envie de jouer un morceau merveilleux qui parle d’un type qui n’a pas d’honneur.

    "J’ai pas de face", c’est ce que répète le personnage inventé par Akhenaton, pilier de IAM, en 1995 quand il se met dans la peau d’un producteur de musique, qui ne croit en rien, si ce n’est en l’argent. Le type est une crapule, il veut monter des boys band bien naze, et qui applique une recette toute faite pour faire des pépètes. Bref, un homme sans intégrité, sans loyauté comme Akhenaton et quiconque bosse dans la musique, la culture, la politique, en a déjà croisé. Un type qui existait il y a 25 ans et qui sera toujours là dans 2 décennies.

    Le refrain dit précisément ça : "J’ai pas de face, j’casse la baraque". Et si vous vous dites que quand même, Akhenaton y va fort, je vous rassure il existe un volume 2 à cette chanson qui s’appelle J’ai vraiment pas de Face et qu’on n’hésitera pas à ressortir dès la prochaine trahison politique qui devrait mettre un peu de sel et de laideur sur cette élection présidentielle.

  • Podcast du mardi 11 janvier 2022 : Vitamine So : “I Don’t Know What I Can Save You From“ de Kings Of Convenience (remix Royksopp) :

    Les hésitations politiques de Christiane Taubira, tu les comprends Sophie ?


    Je les trouve très compréhensibles. D’abord parce que, visiblement, ce n’était pas dans ses plans initiaux de se présenter, à nouveau, à l’élection présidentielle. Peut-être sait-elle trop à quoi ressemble ce niveau là de courses politiques. Et puis aussi parce que je ne peux qu'imaginer la pression que cela représente de se sentir investie d’une telle mission. Même si elle n’a pas encore de programme, et d’ailleurs peu importe si elle en avait un, Christiane Taubira est attendue sur la gauche française comme le Messie. Comme si on attendait d’elle qu’elle sauve le pays. Sans savoir par quel bout commencer. Et c’est un poil intense. 


    Alors ce matin je vous joue un de mes groupes préférés, qui a su écrire ce sentiment, quand on sent que l’autre dépend à ce point de nous, mais qu’on ne sait pas trop quoi faire. C’est Kings Of Convenience, et le morceau s’appelle “I Don’t Know What I Can Save You From“ - je ne sais pas de quoi je peux te sauver. 


    Un titre qui raconte deux amoureux - qui se retrouvent des années plus tard. L’un est un peu désespéré, et l’autre ne sait pas ce qu’il peut faire pour l’aider. Et en même temps il est ému par ses failles. 


    Ce titre, Kings Of Convenience l’a chanté en 2001 - à l’époque de leur premier album - Quiet Is the New Loud. C’est d’une tendresse infinie, et alors je voulais vous jouer la version remixée par les compatriotes norvégiens du groupe, Royksopp - qui est encore plus belle. En attendant de savoir ce qui pourrait sauver la France, et de quel péril, la voici sur Nova. 


  • Podcast du lundi 10 janvier 2022 : Vitamine So : “Changes“ de Charles Bradley :

    Sophie, ce manque d’inspiration en politique ça te donne envie de rappeler que les reprises ça peut être mieux ?


    Mille fois mieux que ces variations sur des mêmes thèmes, qui en plus d’être particulièrement nuisibles et rances, risquent de nous convaincre qu’il n’y a plus d’idées en politique. 


    Ce matin, je voulais vous jouer une réinterprétation fidèle, mais pleine d’imagination et surtout très touchante. Elle est interprétée par Charles Bradley, un musicien dont vous avez souvent entendu la voix et les messages très spirituels sur Radio Nova. 


    Un homme qui a toujours été un artiste mais qui a été reconnu comme tel sur le tard. Il est devenu fou de soul et de musique en assistant à un concert de James Brown en 1962, et puis il s’est mis à chanter, mais n’a pas rencontré le succès. Pendant des années, des décennies. Il bosse en cuisine, à travers les Etats-Unis. 


    Et finalement à 51 ans, ayant la certitude qu’il veut faire entendre sa voix, il se relance dans la musique, égraine les clubs de Brooklyn, impressionne avec sa voix grave et son esthétique vintage et trouve un label - Daptone - qui lui fait confiance. Après ça il sort des disques, et enfin connaît le succès dans le monde entier. 


    Et en 2016, Charles Bradley accompagné des musiciens du Budos Band, sort un disque qui s’appelle Changes. Comme un morceau du groupe Black Sabbath dont il fait une reprise. 


    Black Sabbath, le groupe d’Ozzy Osbourne notamment, ça n’est pas du tout son monde, ça n’est pas de la soul, c’est plutôt du hard core. Mais Charles Bradley s’en fiche - il sait que cette chanson “Changes“ est merveilleuse et lui ira bien. Alors il la reprend, à sa sauce, avec ses intentions, sa foi, sa voix. Et c’est extrêmement beau. Preuve qu’on peut s’inspirer des autres pour se renouveler. 


  • Podcast du vendredi 07 janvier 2022 : Vitamine So : “Heaven“ de Thierra Whack :

    Surtout que là c’est le retour d’une artiste dont on est toujours curieux d’entendre les productions - c’est Thierra Whack qui vient de Philadelphie. En 2018 quand on l’a découverte avec son premier album Whack World - tout le monde était très enthousiaste, et très frustré aussi parce qu’en général aucun de ses morceaux ne dépassaient la minute 45. 


    C’est que Thierra Whack est un peu une punk, même si on a tendance à davantage la comparer à des icônes comme Missy Elliott, en tout cas elle est hyper forte - et elle aime s’imposer des contraintes créatives dans lesquelles elle s’épanouit. Parce que c’est surtout ce qui se dégage de sa musique : sa grande liberté. Il y a quelques semaines on vous avait joué en Nouvo Nova, un de ces nouveaux morceaux, et il se trouve que pendant les vacances j’ai pris le temps d’écouter pas mal de trucs sortis à la fin de 2021 - et je suis retombée sur ce titre “Heaven”. Qui parle d’un paradis qui semble un peu perdu en ce moment, ou en tout cas momentanément endormi. Et c’est un super morceau.


  • Podcast du jeudi 06 janvier 2022 : Vitamine So : “Va t’faire Cuire un oeuf Man” de Henri Salvador et Boris Vian :

    Alors Sophie à ceux qui emmerdent les autres, tu préfères des manières plus fleuries ? 


    Non seulement le geste politique d’insulter les citoyens est laid, mais le mot en lui-même - d’emmerder - l’est tout autant. Héritage pompidolien, chiraquien ou pas. Alors que la langue française est d’une richesse infinie quand il s’agit de brocarder son prochain.


    Pour insulter, on peut, à l’envie, combiner des expressions de toutes les époques, verlaniser des mots qui n’ont rien demandé, associer des termes qui n’ont rien à voir. Bref on peut briller - et pour donner l’exemple voici un prince de la jongle verbale - Boris Vian. Réputé pour utiliser le langage et ses images avec une créativité inégalée. 


    Homme de littérature, de mondanités, de fêtes, de musique aussi. Boris Vian à qui l’on doit un génial morceau qui s’appelle “Va t’faire cuire un œuf man” - un titre écrit par lui-même, composé par Michel Legrand et interprété par Henri Salvador.


    Trio de folie qui prend à l’époque des pseudos : Boris devient Vernon Sinclair, Salvador sera Henry Cording et Michel se surnommera Mig Bike - avec l’idée de se moquer du swing et du rock. Ça vous donne une idée de l’ambiance en studio. Bref ensemble, ils écrivent 4 morceaux dont celui-ci qu’on va entendre - “Va t’faire Cuire un oeuf Man” - la preuve vivante qu’il y a mille manières de dire aux autres tout le mal qu’on leur souhaite. 

  • Podcast du mercredi 05 janvier 2022 : Vitamine So : “Don’t Know What You’re Doing“ de First Class :

    C’est rigolo quand même - il y a quelques mois Emmanuel Macron appelait ses députés à être fiers de l’amateurisme, espérant prouver que sa politique était portée par des citoyens. Finalement, le résultat c’est qu’il est à la tête d’une classe dissipée, qui ne se déplace pas souvent à l’Assemblée, même pour les votes importants. Alors que l’opposition, de gauche, de droite, elle, mobilise dans les rangs.


    Et lui se permet de dire qu’il veut emmerder les non vaccinés jusqu’au bout. Bref tout ça nous donne parfois l’impression que personne ne sait exactement où il va et ce qu’il est en train de faire pendant cette drôle de période.


    Donc pour incarner ça, un morceau qui s’appelle “Don’t Know What You’re Doing“ - chanté par First Class, un quartet de soul vocale de Baltimore qui en 1977 a chanté ce titre qui est presque un court métrage tant il est imagé. On parle d’une femme qui erre dans sa ville comme dans sa vie, qui est perdue. Une vraie paumée qui se fait du mal à elle et aux autres. 


    Comme un mauvais politicien finalement. Allez oublions un instant le pass vaccinal en écoutant sur Nova cette balade de soul impeccable.

  • Podcast du mardi 04 janvier 2022 : Vitamine So : “Chronomentrophobia“ d'André 3000 :

    Jean-Luc Mélenchon nous parle de réalité augmentée et toi Sophie, je crois que tu as peur du futur ? 


    Je dois avouer qu’il y a beaucoup de choses du futur qui peuvent me faire peur - à commencer par les élections présidentielles de 2022, des débats qu’elles suscitent, mais j’ai aussi peur des hologrammes de politiciens, de la politique désincarnée, du temps qui file à toute vitesse, mais pas assez vite pour se renouveler apparemment. Bref : la modernité quand elle prend la forme d’une réalité qu’on augmente et d’une humanité qu’on prolonge pour le meilleur et pour le pire, je trouve ça bof excitant. 


    Et donc, j’ai eu envie de vous jouer un morceau qui parle d’une drôle de phobie - c’est un peu la peur du futur, c’est surtout celle des horloges, du tic tac des aiguilles qui rappelle que la mort est proche. Ça s’appelle la chronomentrophobia et c’est surtout le nom d’un morceau génial d’André 3000, moitié d’Outkast, sorti en 2006 sur la bande originale du film Idlewild Gangsters Club


    C’est un morceau de bravoure d’Andre 3000, qui chante, qui rappe, qui soliloque pour essayer de se dépêtrer de ses angoisses vitales face au succès et au cours des choses. Ca me fait dire deux choses : c’est que la pensée, la voix et la plume d'André 3000 manquent beaucoup à notre présent, et que parfois j’aimerais lui demander ce qu’il pense de la modernité.


    Voire des élections françaises. Pour qui voterait André ? Je vous laisse y réfléchir et en attendant voici le titre "Chronomentrophobia" dédié à celles et ceux qui sont chaque jour en retard au taf.


  • Podcast du lundi 03 janvier 2022 : Vitamine So : "Work" de Charlotte Day Wilson :

    Alors Sophie, quelle chanson peut nous porter et nous donner un peu de force en ce début d’année ?


    Un morceau réaliste, un peu las mais tendre, comme les vœux de celles et ceux qui nous souhaitent une année, ayant bien conscience que pour que celle-ci soit une bonne année il allait falloir un peu d’optimisme. Ce matin donc un morceau que je trouve beau, de la musicienne Charlotte Day Wilson qui vient de la scène très vivante et inspirée de Toronto au Canada. Elle a chanté longtemps du rnb et puis elle a trouvé sa voix dans des mélodies plus sobres, grande amoureuse de Nico, de Feist ou de Arthur Russell. 


    Et en 2016 elle a connu le succès grâce à ce titre qui s’appelle "Work" - ce qui en anglais veut dire le travail, mais aussi l'œuvre, celle qu’on s’efforce de mettre en place, de construire pas à pas. Ce qu’elle dit dans ce très beau morceau, c’est que parfois les choses prennent du temps à se métamorphoser, et qu’en attendant il faut avoir confiance. Il faut croire, en ce que l’on veut, au solide qui nous entoure, au tangible sur lequel on peut se reposer, aux appuis invisibles qui nous portent pourtant. 


    Et c’est ce que je vous souhaite pour cette année, des sourires, de la confiance et de la certitude que quelque part, à un moment, les choses vont se renouveler.


  • Podcast du jeudi 16 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Smiling Faces Sometimes” de The Undisputed Truth :

    Cette ambiance “tous derrière Valérie”, ça t’inspire quoi ? 


    Ça m’inspire les sourires de circonstance, parce que c’est ça, la politique. Contrairement à la gauche française qui peine à faire alliance, même pour faire semblant, les Républicains y arrivent pas mal à cette unité de surface, mais à laquelle on croit comme on tombe dans le panneau pendant de bonnes pièces de théâtre. 


    Ce matin, le morceau s’appelle “Smiling Faces Sometimes” de The Undisputed Truth, qui était le groupe, le laboratoire du génial musicien Norman Whitfield. Grand nom de la Motown, pionnier de la soul de Detroit, précurseur d’un son psyché, afro-futuriste, cosmique. Il était l’homme derrière les tubes de The Temptations, puis d’Edwin Starr, mais ils n’étaient pas qu’un homme de l’ombre. À la fin des années 60, Norman réunit des chanteurs et des choristes pour créer une sorte de super groupe où il va tester encore plus librement qu’avec les autres. 


    Comme chef d’orchestre, il essaie de trucs, pousse les musiciens dans certaines directions, en tente d’autres et finalement, le groupe sort des disques. Qui marchent, parce que Norman Whitfield a un talent fou et un vrai sens de ce que le public attend. 


    Ça s’entend dans le morceau “Smiling Faces Sometimes”, chanté à la base par les Temptations mais repris avec brio par The Undisputed Truth, un groupe qui parle des hypocrisies de l’administration Nixon, grince des dents plus largement sur les mécaniques de la politique. 


    Avec un conseil à retenir : ne vous fiez pas aux sourires, regardez les yeux parce que le regard ne ment pas.

  • Podcast du mercredi 15 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Valerie” par Amy Winehouse :

    Ce programme de Valérie Pécresse, il penche très, très à droite selon toi Sophie ? 


    Oh oui, tout de même. Et puis son équipe et elle le masquent à peine, je veux dire, quand on reprend “le courage de dire, la volonté de faire” comme slogan de campagne, alors que le Front National l’utilisait en 1986, c’est que tout ça est calculé et manifeste. Alors je me suis dit : je vais jouer un morceau qui parle de la droitisation de la société. Et puis j’ai pensé : “oh et puis non, je crois bien que ça risque d’ennuyer tout le monde, peu importe le bord politique.”


    Voici donc un titre qui n'a presque rien à voir - si ce n’est qu’il parle d’une Valerie dont on aime beaucoup le programme sur Nova. À l’origine, c’est la Valerie des Zutons, un groupe anglais des années 2000. 


    Il semble que l’histoire de Valerie soit vraie. C’est celle d’une jeune femme qui s’est faite arrêter en état d’ivresse, qui était une copine du groupe, et en repensant à elle un jour, la bande a inspiré une chanson. Comme quoi, parfois, les bons morceaux ne tiennent à rien. Et le succès, ça vient aussi avec des bonnes reprises. Puisque l’histoire fabuleuse de ce titre, c’est qu'il a été vraiment apprécié de tous en 2007 après qu’il a été repris par Amy Winehouse, accompagnée de Mark Ronson à la prod’. En plus je vous ai choisi une version live, en direct de la BBC, et tout est fou. 


    Alors clairement, on vote pour cette Valerie Winehouse ce matin !


  • Podcast du mardi 14 d?cembre 2021 : Vitamine So : “The Irony Of It All” de The Streets :

    Je me dis toujours que, quand même, pour être absolument offusqué.e par la consommation de cannabis, il faut soit être sacrément hypocrite soit tout à fait coupé.e du monde et de la culture. Impossible de dire combien de morceaux parlent de ça, évoquent un premier souvenir enfumé, une tranche de rire sous marie-jeanne, un appel à la légalisation. Et dans tous les styles musicaux : du jazz des années 20, du rap des années 90, du reggae, du blues, du rock, de la variété française, de la pop, de la musique expérimentale, contemporaine, de tous les temps. 


    Je ne dis pas ça en pensant que tout le monde devrait fumer, je dis ça parce que quand on est candidat, ça vaut le coup de ne pas ignorer la réalité des citoyens de son pays et de ne pas sortir la carte offusquée de “cannabis = drogue = drogue dure = mort assurée”. 


    Donc, en attendant un peu de subtilité et de débat de qualité, je propose à Valérie Pécresse un morceau. Un titre composé par Mike Skinner, aka The Streets, sorti en 2002 sur le génial album Original Pirate Material. Le morceau s’appelle “The Irony Of It All” et il compare la consommation d’alcool à celle de cannabis. Le MC se met dans la peau de Terry qui picole à outrance et de Tim qui fume trop. Avec une question : quelle est la différence ? Dans les conséquences réelles de ces substances sur l’être humain et sur la société ou dans la manière distincte de les juger ? Et si tout ça n’était qu’un débat de société que l’on n’ose pas avoir ? Et si tout ça était un peu ironique ?


    En tout cas, voilà pour familiariser Valérie Pécresse avec ce genre de discussions.

  • Podcast du lundi 13 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Partis de Rien” de la Scred Connexion :

    Sophie, quelle serait la bande son idéale pour rythmer ce documentaire sur Valérie Pécresse ?


    Écoute, ce que je retiens notamment du biopic fantasmé par Mahaut, c’est l’idée de la prédétermination sociale de Valérie Pécresse, qui incarne, peut-être plus que tout autre candidat, ce que la reproduction sociale veut dire. Le fait est que quand on naît à Neuilly, dans une famille universitaire, industrielle, politisée - quand on naît dans de bonnes conditions - on avance plus simplement. C’est ce qu’on appelle la ploutocratie et si c’était une discipline olympique la France se classerait bien. 


    Je me dis que si la vie de Valérie Pécresse était filmée comme un documentaire, il faudrait un moment d’émotion où l’on parle de ça, où on lui demande comment elle va faire pour convaincre non pas ses pairs ou les élites dont elle fait partie, mais le peuple. Comment va-t-elle prendre conscience de cette France qu’elle ne croise pas tous les jours ? Et là : boum ! Plan serré sur son visage pendant qu’elle pense et en bande-son, je vois bien le morceau “Partis de Rien”, un titre composé en 2000 par la Scred Connexion, avec Fabe, Haroun, Koma, Mokless sur un sample de qualité. 


    Un titre qui, il y a 21 ans, évoquait déjà avec les mots justes l'ascenseur social bloqué, l’absence de perspectives que la France offre à certains de ses enfants. Un morceau auquel je trouve qu’il est difficile de rester insensible.

  • Podcast du vendredi 10 d?cembre 2021 : Vitamine So : “B-Side” de Khruangbin et Leon Bridges :

    Vous allez me dire : “mais c’est déjà sorti il y a un an ce truc !”. Eh non, vous vous trompez. Oui, le trio le plus psyché du Texas - Khruangbin - et le crooner sur qui le temps n’a pas de prise - Leon Bridges - ont déjà collaboré il y a un an, pour le génial EP et morceau Texas Sun, ode à leur terre natale, à son soleil écrasant et à ses racines. 


    La bonne nouvelle, c'est qu’ils ont été très inspirés pendant cette session d’enregistrement et qu’ils n’ont pas encore tout sorti. Le quatuor vient donc d’annoncer un nouvel EP tourné vers un autre astre cette fois : la Lune. Ça s’appelle Texas Moon, ça tire vers des énergies plus mystiques, plus jazz, plus mystérieuses et ça leur va super bien.

  • Podcast du jeudi 09 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Solo” de Frank Ocean :

    Ce matin Sophie, c'est la solitude d’Anne Hidalgo qui t’a inspirée ? 


    Oui, parce qu’en termes de soutien, c’est assez triste. C’est maigre. Dans ses propres rangs, on sent que ça brûle la langue de la soutenir, en terme d’intention de vote, c'est pareil, et si on cherche sur les réseaux sociaux, on trouvera davantage de #saccagepariscetaitmieuxavant que d’autre chose.


    Et donc pour l’aider à gérer cet isolement, voici un morceau qui sublime la solitude. C’est signé de Frank Ocean, qui réussit la prouesse d’écrire des morceaux extrêmement intimes et personnels tout en parlant à tout le monde et en bossant avec des producteurs géniaux. Il a composé en 2016 le morceau “Solo” et tout est dans le titre. Surtout qu’en anglais ça sonne comme “so low”, (comprendre “tellement déprimé”). Et Frank Ocean va au bout de ses émotions, qu’il explore avec des échos, une voix de falsetto, des textes très honnêtes, des refrains qui respirent la tristesse et qui sont en même temps libérateurs.


    Peut-être que ça peut inspirer Anne Hidalgo, au moment de composer un discours de défaite. Ou une chanson de défaite, ce serait encore plus cool avec de l’autotune !


    Sur cette chanson, en plus, c’est James Blake qui fait du clavier et Jazmine Sullivan qui chante, donc c’est trop bien.

  • Podcast du mercredi 08 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Know What You Want” de Gloria Jay :

    Anne Hidalgo promet des choses et toi Sophie, qu’est-ce que tu nous joues ? 


    Un morceau qui justement parle de ça : de promesses. On a l’habitude en politique de grandes paroles en l’air qui sont rarement respectées une fois l’élection advenue. Et même si c’est justement ce que lui reproche ses opposants, il faut admettre qu'Anne Hidalgo a pour une fois tenu ses paroles. Elle l’a fait reculer, la voiture dans Paris, elle a piétonnisé les voies sur berge, aujourd’hui on roule à 30 kmh. Bref : et même si c’est peut-être ce qui l’empêchera d’atteindre l’Elysée, elle a parlé droit. 


    Et tout ça me donne envie de jouer un morceau de soul de Chicago, signée par une certaine Gloria Jay. C’est un morceau qui a une histoire à tiroirs et pleine de mystères. À 16 ans alors qu’elle est chanteuse de Gospel dans une Église baptiste, elle se fait repérer par un producteur. 


    Or cet homme travaille aussi avec d’autres musiciennes, dont une certaine Theresa Eagins avec qui il a prévu d’enregistrer le morceau “Know What You Want”. Tout est organisé, sauf qu’au dernier moment, Theresa lui annonce qu’elle a décidé de ne plus chanter qu’à l’Eglise, finie pour elle la musique séculaire. Et ne sachant vers qui se tourner, le producteur décide d’appeler à la rescousse Gloria Jay qui va donc improviser et enregistrer ce titre-là. Alors qu’elle est toute jeune, encore en train de chercher sa voix, elle doit chanter un morceau qui transpire l’indépendance et la confiance en soi. Elle le fait, mais ne peut effacer complètement sa timidité, sa naïveté, et c’est ça qui fait la beauté de ce titre. 


    Pourtant, quand il sort en 1977, quasiment personne ne l’entend. Tout le monde passe à côté de sa puissance discrète, et il a fallu attendre une réédition, faite par le label de Floating Points que le monde entier est tombé dessus. Vous allez voir, c’est hyper beau et touchant parce que Gloria Jay se répète avec une voix jeune et fragile : je vais y arriver, je vais le faire, je vais atteindre mon but. 


    Et on finit par y croire.

  • Podcast du mardi 07 d?cembre 2021 : Vitamine So : ​​“Somebody That I Used To Know” d’Elliott Smith :

    Alors, cette chronique des jours qui ont changé la vie d’Anne Hidalgo, ça t’inspire quoi ? 


    Ça me donne envie de revenir sur l’inimitié entre elle et Bertrand Delanoë, je dois avouer que je ne me doutais pas que ça allait jusque-là. Et donc ça me donne envie de jouer un des morceaux les plus cruels que je connaisse. Quoique les paroles ne sont pas si terribles, et même si la mélodie est douce, et oui, c'est vrai que la voix du chanteur est tendre. Mais voilà, parfois la douleur se cache. 


    Elliott Smith, l'auteur de ce morceau, a grandi dans une maison très austère, très grise, qui s’est installé à Portland tout jeune, parce que fasciné par la scène rock alternative qui s’y développait. Et puis il s’est mis à composer pour accompagner sa vie, qui n’a jamais été très simple. Elliott Smith avait une âme pleine de spleen, il aimait l’amour, la drogue, l’alcool, la philosophie, la musique. 


    En 2000, il compose le morceau “Somebody That I Used To Know”, (“Quelqu’un que j’ai connu”, en anglais). Un morceau écrit après une rupture - peut-être amoureuse, peut-être amicale - où il décrit avec une justesse folle le fossé qui se creuse entre deux personnes qui se sont aimées. 


    Le temps passe, fait son affaire, et finalement avec le recul le musicien réalise que s’il a souffert, s’il a cru mourir de douleur, désormais le nom de l’autre n’est plus qu’un lointain souvenir, celui d’une connaissance qu’on a perdu de vue. 


    C’est cruel, comme la politique, comme les soap opera, comme la vie.

  • Podcast du lundi 06 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Nobody” de Mitski :

    Alors Sophie, quelle serait la bande originale du biopic sur Anne Hidalgo ?


    Ce que racontait Mahaut dans sa chronique, c’est que l’histoire politique d’Anne Hidalgo c’est aussi une bataille pour accéder aux places de premier plan, et l’on sait que dans la vie politique française, quand on est une femme, quand on est de gauche, ça n’est pas donné d’avance. Alors j’ai choisi un morceau que j’adore pour sa force, sa combativité et son honnêteté aussi. Il s’appelle “Nobody” et c’est la chanteuse compositrice Mitski qui l’a créé. 


    Elle est japonaise et américaine, elle fait du rock et elle se sert de ses guitares, de ses textes et de sa voix pour raconter des tas d’histoires très sincères. Ses moments de doute, de vulnérabilité, sa solitude et elle l’a fait depuis ses débuts en 2012 avec une telle indépendance qu’elle s’est fait une place à part dans le rock américain. 


    Elle aussi a dû batailler, elle non plus ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dire que c’est dur, et franchement, en plus, ce morceau est génial. Vous l’aviez entendu en playlist sur nos ondes en 2018, ça vient de son disque Be The Cowboy. Rien que dans le titre on entend la détermination de cette artiste, qui parle d’espoir, qui dit les moments de la vie au sommet, et ceux aussi au creux de la vague. Je me dis que la fin du biopic d’Hidalgo, épisode 1 en tout cas, pourrait se terminer par ces notes.

  • Podcast du vendredi 03 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Zokanch” de Hey Djan :

    Aujourd’hui, une nouveauté qui est aussi une avant-première pour se préparer au week-end, puisqu’en ce moment même a lieu à Rennes un festival : la 43e édition des Rencontres Trans Musicales. Radio Nova a prévu d’y faire un tour pour tendre l’oreille sur ce qui joue, ce qui s’y découvre surtout, puisque le principe de ce festival légendaire, c'est qu’on n’y va pour entendre des groupes venus du monde entier ou du coin de sa propre rue, mais dont on ignorait complètement l’existence jusque-là. 


    Parmi les concerts qui y sont très attendus, il y a le groupe Hey Djan, un projet mené par le multi-musicien Adrien Soleiman, avec d’autres instrumentistes brillants et un duo de chanteurs arméniens. Hey Djan vient de sortir un EP, 3 chansons tirées du répertoire classique arménien auquel le groupe insuffle de nouvelles couleurs. 


    C’est vraiment trop beau et important comme démarche. Alors ils jouent cet apres-midi aux Transmusicales, ce sera leur premier concert et j’ai très hâte d’entendre. En attendant, partageons collectivement cette découverte et leur beau morceau “Zokanch”.

  • Podcast du jeudi 02 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Apple Scruffs” de George Harrison :

    Aujourd'hui on parle des Bobby Soxers, des Lambs, des Rapti, des Potogos et des Apple Scruffs : tous ces groupes de fans au cours de l'histoire de la musique.


  • Podcast du mercredi 01 d?cembre 2021 : Vitamine So : “Oualalaradime” de Zebda :

    Des promesses, encore des promesses, c’est la période électorale qui le veut ! Sophie, ça te donne quelles envies musicales ? 


    Ça m’incite à ressortir des disques de notre jeunesse, plus précisément un album de Zebda, Essence Ordinaire, qui date de 1998. Troisième disque des toulousains, qui parlent à l’époque de sujets capitaux de la société française : d’immigration, de racisme, de corruption, de luttes qui se transmettent de mère en fils.


    Parmi les morceaux phares de ce disque, au-delà du titre “Tomber la chemise” grâce auquel on s’est toutes et tous désapés sur les pistes de danse, c’est “Oualalaradime”, qui raconte l’art du petit mensonge bien ordonné, de la débrouillardise de gosses, d’une enfance têtue, mais déjà engagée. Avec cette phrase emblématique : “Je le jure sur la tête de moi

    Ouala, oualalaradime”. 


    Un mot inventé par Magyd Cherfi et sa bande, dérivé de l’arabe wallah al adime ce qui veut dire “je le jure sur la tête de dieu”, un terme que le groupe francise avec l’idée d’entrer ce mot dans le dictionnaire. 


    Surtout qu’en 2012, pendant un concert, le chanteur du groupe Hakim Amokrane a présenté ce morceau comme ça : “Mesdames et Messieurs, la chanson qui vient, elle est dédicacée à tous les menteurs, surtout en cette période de campagne électorale ! Mesdames et Messieurs, cette chanson est spécialement dédicacée à tous les menteurs et en plus ils jurent ! Oualalaradime!”


    Je pense que si les discours politiques se terminaient par un petit “oualalaradime ouala” façon Zebda, ça ferait du bien à tout le monde.


  • Podcast du mardi 30 novembre 2021 : Vitamine So : “El Día De Mi Suerte” de Willie Colon et Héctor Lavoe :

    Un autre jour qui pourrait changer la vie de Mélenchon, c’est sans nul doute s’il est élu et je crois que ça t’a donné une idée Sophie. 


    Ça m’a donné envie de vous jouer “El Día De Mi Suerte” (“Mon Jour de Chance”, en espagnol) un classique de la Fania Records, chanté par deux monstres de la musique latine - Willie Colon et Hector Lavoe - deux compères portoricains installés à New York et qui ont changé toute l’histoire de la salsa. Willie Colon est tromboniste à l’origine, Hector Lavoe est chanteur. Leur rencontre va être un coup de foudre artistique. Entre 1967 et 1975 ils vont sortir une douzaine d’albums, forger le son emblématique de la Fania et de la salsa portoricano-new-yorkaise. 


    Et en 1973, ils composent ensemble l’album Lo Mato (Si No Compra Este LP) ( “je le tue si vous n’achetez pas ce disque”, toujours en espagnol) avec une pochette dingue. Et sur cet album, il y a le morceau “El Día De Mi Suerte” qui parle d’un homme au destin tragique qui attend son jour de chance. Orphelin, pauvre, abandonné par la société, il est emprisonné parce qu’il a volé, parce qu’il avait faim. Mais il est certain : sa vie va bientôt changer, il n’a qu’à patienter. 


    C’est terrible comme texte, mais typiquement, c'est l’art de Willie Colon et Hector Lavoe qui pensaient que la salsa devait faire danser et réfléchir en même temps. Et comme leurs paroles sont plus chargées politiquement que beaucoup de discours qu’on entend en cette période, voici ce morceau. 


    Qui sait ? Mélenchon pourrait bien célébrer son élection sur ce titre, avec une petite danse de la joie.

  • Podcast du lundi 29 novembre 2021 : Vitamine So : “About Today” des The National :

    Sophie, sur quoi ce biopic consacré à Jean-Luc Mélenchon pourrait-il terminer ?


    Je me suis dit qu’il fallait un morceau triste et beau, qui donne envie de regretter le passé, mais de croire à l’avenir. Ce morceau, plein de promesses contradictoires, je l’ai trouvé chez The National, merveilleux groupe de Brooklyn dont l’histoire qui comme beaucoup de coup de cœurs amicaux ou politique commence sur les bancs de l’université. 


    C’est un groupe qui a un sacré public à travers le monde, notamment en France à partir de leur premier album qui sort il y a 20 ans. Il y a toute une scène de fadas de rock indie qui s’est reconnue dans la fraternité et l’énergie étrangement sereine et combative que cultivent les 5 membres du groupe. Ils ont écrit en 2004 la chanson “About Today”, qui parle de désaffection amoureuse, du sentiment d’étrangeté qui naît un jour, quand on regarde l’autre et qu’on ne sait plus si on l’aime. 


    Évidemment, vu l’enthousiasme des citoyens français à l’égard de la politique (et des candidats), j’y vois un signe, mais je crois aussi que par la mélodie, il y a une pointe d’espoir dans ce morceau. 


    Tout n’est pas perdu, Jean-Luc, la bataille commence aujourd’hui, avec The National, dont le nom par ailleurs a été choisi complètement par hasard et pas du tout pour des raisons patriotiques. C’est peut-être une piste supplémentaire pour notre candidat du jour.


  • Podcast du vendredi 26 novembre 2021 : Vitamine So : “Something On Your Mind” de Karen Dalton :

    Comme  chaque vendredi, une nouveauté, qui n’en est pas vraiment une et qui est chantée par Karen Dalton.


    Ah, Karen ! Quelle femme, quelle vie, quelle artiste. J’aurais du mal à vous résumer toutes les libertés qu’elle a pris, toutes les folies qu’elle a faites et comme elle a habité sa vie. C’est une chanteuse, compositrice de folk qui a énormément compté. Pour ceux qui l’ont croisée sur la scène de Greenwich Village, quand elle était toute jeune dans les années 60, et qu’elle envoûtait. Pour les hommes qu’elle a baladés toute sa vie, de ville en village reculé des États-Unis. Pour l’industrie musicale à qui elle a tourné le dos après deux disques et qu’elle a hanté pendant des décennies. 


    Karen Dalton était authentique et incorruptible. Puisque la ville ne lui allait pas au teint et à la voix, elle a tout plaqué et disparu dans des montagnes américaines où elle cohabitait avec le silence, la nature, la drogue, la lecture. Et si elle est une artiste assez légendaire de la folk et du blues, Bob Dylan ou Fred Neil étaient fous d’elle, il n’y a pas tant de morceaux d’elle à entendre. 


    Alors quand j’ai appris que le label Light In The Attic - qui éclaire les trésors habituellement cachés dans le grenier de la musique - allait ressortir certaines démos, certaines versions alternatives, j’ai sauté de joie. Et quand j’ai entendu un de ses classiques “Something On Your Mind” chanté autrement, j’ai adoré. Vous allez voir, on dirait un arbre centenaire, ça donne envie de vivre aussi librement qu’elle. Et c’est donc une toute nouvelle version de “Something On Your Mind”. Vive Karen Dalton.

  • Podcast du jeudi 25 novembre 2021 : Vitamine So : "50 Way To Leave Your Lover" de Paul Simon :

    Quitter son job pour des questions morales, Sophie ça t’inspire quoi ? 


    Ça me donne envie de dire “bravo”, parce que quitter son job dans un contexte de crise économique, dans un secteur en crise, pour des raisons morales, ce n'est sans doute pas une décision simple. 


    Mais c’est une décision importante, déjà que le travail est une tannée, si en plus on doit renier ses valeurs pour le faire, c’est compliqué. Alors je vous propose un guide pour quitter son boulot. Ce n’est pas moi qui l’ai composé, mais Paul Simon du duo Simon & Garfunkel. Le morceau s’appelle “50 Ways to Leave Your Lover”.


    En vérité, cette chanson de 1975 est un kit pour se sortir d’une relation amoureuse qui ne va pas, mais étrangement ça s’applique parfois aussi au boulot. On y apprend que peu importe si l’on procède avec un esprit logique ou si on lâche tout du jour au lendemain, l’essentiel est de suivre son instinct. 


    Et j’en place une pour les ami.es d’Europe 1 qui ont pris ce genre de décision ces derniers temps. Vu l’ampleur et la voracité du groupe Bolloré, ils n’étaient que les premiers. Force à vous, merci de vous être souvenu de vos valeurs.

  • Podcast du mercredi 24 novembre 2021 : Vitamine So : “Cacerolazo” d’Ana Tijoux :

    Cette semaine, le Chili a voté et a ravivé des cicatrices, je crois ? 


    Oui. Forcément, la gauche chilienne, depuis Santiago ou dans la diaspora, celle qui s’est exilée après le coup d’État militaire de 1973 par Pinochet contre Salvador Allende, cette gauche-là a peur de voir ce candidat d’extrême droite arriver au deuxième tour.


    Ce candidat : José Antonio Kast, qui ressemble à Bolsonaro au Brésil et à Milei en Argentine, représente l’ultra-libéralisme. Il est ultra-catholique, contre l’avortement, le mariage gay et vante l’héritage économique de Pinochet.


    Comment l’histoire peut se diriger vers ça alors que les cicatrices de la dictature sont encore vives ? Alors que la jeunesse, le peuple chilien vient de passer des mois entiers dans les rues à manifester pour la justice sociale, pour réduire les inégalités économiques, contre l’impunité patriarcale, contre l’ultra-capitalisme ?


    C’est peut-être que leur message n’a pas résonné assez fort, qu’il a été étouffé. Alors faisons-le sonner haut et fort avec Ana Tijoux, rappeuse et chanteuse chilienne emblématique des luttes auxquelles elle a donné de la voix dans les rues de Santiago. Elle a appelé à sortir les casseroles aussi, pour faire du bruit.

  • Podcast du mardi 23 novembre 2021 : Vitamine So : “You Are Me” de Paradise :

    Jacky qui nous propose une virée dans le triangle des Bermudes, ça te donne quelles envies musicales ?


    Je me suis dit que l’occasion était suffisante pour la sai​​sir, alors ce matin je vais vous jouer un groupe qui vient des Bermudes, cet archipel à cheval entre plusieurs cultures musicales. Il y a une scène de calypso, de jazz, où l’on entend beaucoup de steel drum, instrument caribéen par excellence, tambour d’acier au son ultra reconnaissable. Il y a aussi une tradition de la musique chorale d’Église et puis il y a une scène disco-funk, qui a été incarnée notamment par le groupe Paradise.


    Un groupe qui est connu notamment pour leur disque de 1981, Sizzlin’ Hot et qui a connu une nouvelle jeunesse ces dernières années grâce au producteur Caribou qui les a samplés. Or, il se trouve que ce groupe est encore debout, continue à faire des shows et de la musique, et que si on fouille un peu leur discographie on trouve des choses chouettes, comme le morceau “You Are Me”.


    C’est de la disco intrigante, ça sonne un peu comme le générique d’Inspecteur Gadget et … il y a même un passage au triangle.


  • Podcast du lundi 22 novembre 2021 : Vitamine So : “Unemployed In Summertime” de Emilíana Torrini :

    Sophie, ces démissions à la chaîne sur TikTok, ça t’inspire quoi ?


    Ça m’a donné envie de vous jouer un hymne à la Démission signé des Vilars, un morceau qui recommande de dire à son patron “au revoir président !”, mais c’est une carte que j’ai déjà jouée un matin l’an dernier, alors je vous propose un autre morceau, peut-être une découverte. 


    Par une artiste qu’on aime beaucoup sur Nova, Emilíana Torrini, chanteuse islandaise et italienne qui a une voix et un univers très consolant et qui a sorti le morceau “Unemployed In Summertime” en 1999 sur son album Love In The Time of Science qu’on avait adoré et beaucoup joué sur nos ondes. 


    Je trouve que ce morceau incarne une décision franche mais assumée, qui libère d’un bullshit job, d’un boulot où l’on ne se sent pas à sa place, pas valorisé, pas respecté. Il parle aussi de priorités, d’une jeune femme de 21 ans qui a envie de penser à d’autres choses qu’à sa retraite et à son avenir financier. Parce que même si la pression économique est grande, le travail reste un labeur dont on a le droit de se délivrer parfois. 


    C’est léger, ça rend l’horizon du lundi matin plus aérien, c’est Emilíana Torrini qui annonce sa démission dans une chanson.

  • Podcast du jeudi 18 novembre 2021 : Vitamine So : “Au Lipopette Bar” d’Oxmo Puccino & the Jazzbastards :

    Oui et de vous emmener dans un bar où le niveau de discussion est un peu plus élevé que la soupe servie par Laurence & Xavier. C’est le “Lipopette”, le bar d’Oxmo Puccino et des Jazzbastards. On est en 2006 et le rappeur sort sur le label Blue Note cet album concept qui raconte combien un rade peut briller en dehors de son comptoir. Il dépeint avec sa langue et son flow des personnages dignes des plus beaux polars. Il y a Billie, Yago, Kali, Black Popaye, Tito et le MC nous raconte les nuits du jazz et les aventures d’oiseaux noctambules. 


    C’est vraiment un disque génial, entre la bande-originale imaginaire, le conte pour adultes et la pièce de théâtre que l’on découvre avec ses oreilles, magnifié parce que sur ce disque on croise une tripotée de Vincent géniaux : Vincent Segal, Taurelle, Taeger, et puis Marcello Giuliani à la contrebasse et Ludovic Bruni à la guitare. 


    Si au moins les brèves de comptoir de nos politiques avaient cette allure et cette bande-son, on ne dirait pas non. Mais tant qu’on n’y est pas, voici Oxmo Puccino et les Jazzbastards qui nous ouvrent les portes de ce Lipopette Bar. 



  • Podcast du mercredi 17 novembre 2021 : Vitamine So : “J'ai suivi beaucoup de chemins” de Colette Magny :

    Alors Sophie, que répondre à ce genre d’infamie ? 


    On pourrait commencer par se demander à quel moment on a atteint un tel niveau de racisme, de cynisme, d’inhumanité. À quel moment peut-on croire que c’est une opinion, quelle soit de gauche ou de droite, de dire qu’il serait préférable de laisser ces milliers de personnes dans le froid, parce qu’on les a laissées avant ça devenir des pions dans la géopolitique européenne ? À quel moment zappe-t-on que le droit à demander d’asile ce n’est pas une faveur, mais une obligation que doit honorer tout pays de l’Union européenne. 


    Je crois qu’il faut prendre conscience qu’on est à l’aube de l’impardonnable, et que la question de la banalité du mal est à nouveau très actuelle. 


    Il est l’heure de réentendre la parole d’artistes qui n’ont jamais mâché leurs mots, jamais lâché la lutte, qui ont toujours eu conscience de ce qu’avoir une parole publique voulait dire. Ce matin, on va donc entendre Colette Magny, musicienne, compositrice et grande poétesse française, qui a souvent chanté des poèmes d’Aragon, de Rimbaud, des textes politiques, contestataires, engagés. 


    Elle avait une voix qui ne s’oublie pas, un timbre profond, éraillé, singulier. Une voix dont elle se servait pour porter celles des autres. Pour les exilés de la dictature chilienne, pour les ouvriers, pour les révolutionnaires, les noirs américains, les marginaux, les camarades, et toujours contre le capitalisme. Parce qu’après tout, c’est toujours une affaire de lutte des classes. 


    Colette Magny a notamment chanté un morceau qui s’appelle “J'ai suivi beaucoup de chemins” et qui, à sa manière, raconte l’exil, en donnant une singularité et un visage à ces hommes et ces femmes qui le peuplent.

  • Podcast du mardi 16 novembre 2021 : Vitamine So : “Nuclear Si” de Cyril Cyril :

    En musique, parle-t-on autant de nucléaire que dans les débats politiques ? 


    Pas forcément non, mais il y a un morceau que j’avais vraiment envie de vous jouer à ce propos. Il s’appelle “Nuclear Si”, et contrairement à ce que son nom indique il est complètement contre le nucléaire et n’hésite pas à décrire une réalité post-apocalyptique avec une énergie de punk un peu tropical et un peu déprimé. 


    C’est un titre chanté par le groupe Cyril Cyril (qui est constitué de deux Cyril), des musiciens suisses qui ont connu des vies musicales précédentes empreintes de rock, de rythmes vaudou, des sons du bayou, expérimentaux. Ils se sont retrouvés parce qu’ensemble ils aiment jouer de plein de choses et jouer de la réalité aussi. Ils n’hésitent pas à la décaler, l’observer, la caricaturer et à l’aimer. Ils sont signés sur le label Bongo Joe dont un des Cyril est d’ailleurs le boss. 


    Ce titre est une reprise d’un morceau composé par un groupe de pop synthétique espagnol de la fin des années 70, les Aviador Dos. Ça s’appelle “Nuclear Si” et la version originale comme la reprise parle de zombies, de mutants, de bains de plombs, de serpents gigantesques et de déserts de braise. 


    Biaisé vous allez-me dire ? Oui, mais aussi sacrément cool, donc si les partisans du nucléaire veulent composer un morceau aussi percutant, on l’écoutera avec joie !


  • Podcast du lundi 15 novembre 2021 : Vitamine So : « The Highest Bidder » de Gordon Henderson :

    Sophie, cette surenchère politique te donne des envies de surenchères musicales ? 


    Oui, de vous jouer un morceau bien plus doux que toutes ces inanités que l’on entend dans cette course médiatique, qui ressemble déjà à une avalanche, une dégringolade, une ruée vers l’idiotie. Le morceau s’appelle “The Highest Bidder”, (“le meilleur offrant”, en anglais), comme celui qui surenchérit. Il est chanté par Gordon Henderson, un musicien qui a fait partie du génial groupe guadeloupéen Exile One, lui étant de La Dominique. 


    C’est un musicien central de la culture créole des Caraïbes, il est même l’inventeur de ce qu’on appelle la cadence-lypso, contraction des rythmes du calypso et de la cadence, avec un peu de kompa haïtien. Il a beaucoup travaillé avec le producteur Henri Debs.


    Tous ces noms et ces mots parce que je crois sincèrement qu’il y a des centaines des milliers de femmes et d’hommes plus importants, plus intéressants que celles et ceux qu’on voit en boucle à la télévision et qui ne savent plus quoi faire pour choquer vos oreilles. 


    Sur Nova, on fera toujours le choix de les ouvrir grand : voici donc Gordon Henderson avec “The Highest Bidder”, une beauté de 1981.

  • Podcast du vendredi 12 novembre 2021 : Vitamine So : "Changamooka" de Owiny Sigoma Band :

    Bonjour l’équipe ! Vendredi, pont ou pas pont, je garde mes bonnes habitudes et vous propose une nouveauté. Aujourd’hui, en plus (et c’est un hasard), c’est le retour d’un groupe dont dernièrement, je me demandais où ils étaient passés : Owiny Sigoma Band, ce collectif de musiciens anglais et kényans, plus précisément de langue luo, dont avait beaucoup aimé les trois premiers albums. En 2015, ils avaient disparu, nous laissant un peu pantois et orphelins de leur manière de faire de la musique, c’est-à-dire de mélanger les lyres, les percussions, les instruments kényans et des techniques électroniques. 


    On ne savait pas pourquoi, et l’histoire est triste. Un des musiciens de leur bande, Charles Owoko, a disparu brutalement. Des années plus tard, ayant pris le temps sans doute de prendre soin les uns des autres, ils viennent de sortir un nouvel album, The Lost Tapes, comme des pistes perdues, des cassettes retrouvées au fond d’une malle aux trésors. On ne sait pas grand-chose de cette œuvre, si ce n’est qu’elle sonne comme leurs premiers disques et que ça fait beaucoup de bien. 


    https://www.youtube.com/watch?v=1dF50KPY5vk

  • Podcast du mercredi 10 novembre 2021 : Vitamine So : “Incredible” General Levy et M-Beat :

    Sophie, au Général de Gaulle tu préfères le Général Levy ? 


    Oui, sur tes conseils Armel, je me suis que General Levy était plus Radio Nova dans l’ADN. Ce MC célèbre de dancehall, ragga, drum’n’bass et jungle londonien est, avec l’Elektriks, notre General préféré. 


    Vous le connaissez sans doute pour un de ses morceaux qui est un gimmick verbal, “Incredible”, un featuring avec le producteur M-Beat sorti en 1994. C’est dans ce titre-là qu’on entend le classique “Junglist Massive” (qui n’est pas “Jungle Is Massive”) et qui donne envie de tout de suite revivre les années 90, de se replonger dans une scène anglaise dingo, de transpirer dans un garage, une cave, un lieu sombre, mais festif. C’est plein de break, de souvenirs dub. Et c’est le genre de wicked track avec lequel on aime vous réveiller.


    De Colombey-les-Deux-Églises à Londres, du Général De Gaulle au General Levy : c’est Radio Nova.


  • Podcast du mardi 09 novembre 2021 : Vitamine So : “Tu Mera Dil” de Nuṣrat Fateḥ ′Ali Khān :

    Sophie, cette perspective de débat te donne envie de prescrire une verveine musicale à tout le monde ? 


    Oui, je pense qu’avant une joute verbale et politique, où les coups peuvent tomber bien bas, ça peut faire du bien de se relaxer et de prendre de la hauteur. Faisons-le avec un morceau de Nuṣrat Fateḥ ′Ali Khān, musicien soufi, descendant d’une longue lignée de musiciens de qawwalî. Le qawwalî, c’est la voix de celui qui porte la parole divine, le mystique, qui par sa poésie et sa voix emporte les autres dans un au-delà transcendé. 


    Nuṣrat Fateḥ ′Ali Khān est né en 1948 au Pakistan, dans une famille de musiciens, il hérite d’une tradition vieille de 700 ans, qui se transmet de père en fils. Mais son père à lui, qui était musicologue et savant, ne souhaite pas qu’il devienne chanteur. Il l’espère médecin, ingénieur, et pendant longtemps, Nusrat ignore son destin. Et puis un jour, autour de la mort de son père, il fait un rêve qu’il interprète comme une révélation. Il endosse cette prophétie et il va devenir la voix du qawwalî, au-delà des élites pakistanaises, à travers le monde. Petit à petit, son message s’exporte hors des frontières et séduit les amateurs de sono mondiale. Il collabore avec Massive Attack, Peter Gabriel, ses morceaux servent à des bandes-originales, s’éloignant parfois du sacré. 


    En 1997, il est mort. Depuis, ses morceaux ont continué à circuler, apaisant des millions d’âmes, que l’on soit touché par leur charge spirituelle ou simplement par ses mélodies magnifiques. 


    Alors voici, un peu de chant soufi pour apaiser les esprits des candidats de droite.

  • Podcast du lundi 08 novembre 2021 : Vitamine So : “Shame” de Evelyn “Champagne” King :

    Sophie, cette déclaration d’Arnaud Montebourg, je crois qu’elle te donne envie de réagir. 


    Oh oui ! Elle me soulève le cœur, à défaut d’avoir la certitude qu’il en reste un à Arnaud Montebourg et certaine que la gauche n’en a plus le monopole. Ce matin, le morceau se passe de mots et s’appelle “Shame” comme la honte. Un morceau chanté par Evelyn “Champagne” King, superbe musicienne de disco, de RnB et de funk, qui vient de Brooklyn et a commencé toute jeune aux côtés des Parliament, puis a très tôt sorti des tubes qui mettaient d’accord parce qu’ils sont calibrés pour rendre heureux. 


    Evelyn King est encore en place dans le milieu, d’ailleurs, puisqu’elle s’est essayée à la deep house plus tard et fait des concerts quand la pandémie le permet. Dans ce morceau de 1977, elle raconte les conseils de sa mère qui ne comprend pas une histoire d’amour qu’elle vit. Elle joue avec les polysémies du terme “Shame”, qui en anglais veut autant dire “c’est une honte” que “c’est dommage”. 


    À vrai dire, ce double sens marche aussi pour nous. Arnaud Montebourg, c’est dommage et c’est une honte de vous entendre tenir de tels propos, qui nous plongent dans la question abyssale : mais que reste-t-il de la vieille gauche, en France ?

  • Podcast du vendredi 05 novembre 2021 : Vitamine So : “Tocarte” de Jorge Drexler et C. Tangana :

    Ce vendredi, je vous présente le morceau qui a rendu ma semaine plus ambiguë, solaire, mystérieuse : une nouveauté signée Jorge Drexler et C. Tangana. C. Tangana, vous l’avez beaucoup entendu l’an dernier, sur nos ondes et ailleurs. Musicien madrilène, il a sorti un époustouflant disque qui revisitait les patrimoines musicaux espagnols et qui sait jongler entre les styles, les traditions et regarder droit dans les yeux le futur. 


    Il a bossé avec un certain Jorge Drexler, artiste uruguayen qui a deux casquettes dans la vie, celle de médecin ORL et celle de musicien ultra-populaire. Ensemble ils ont collaboré, pour la deuxième fois de leur vie, sur le morceau “Tocarte”. Ça veut dire : “te toucher”, et ça parle de salive, de caresses, d'agrippage, d’étreinte, d’effleurement : bref de contact physique. Les paroles sont sensuelles et le son est particulièrement intrigant parce que c’est un mélange entre du candombe afro-uruguayen, où les percussions et les voix sont cathartiques, et du baile funk brésilien déconstruit. 


    C’est hypnotique et une fois qu’on l’a entendu, on n'a qu’une envie, c’est de l’entendre à nouveau.

  • Podcast du jeudi 04 novembre 2021 : Vitamine So : “I'm Not Signing Up For That” de Le Dad, The Niños et Omega Horns et Billy Mercury :

    Ces 500 signatures te donne envie de nous faire découvrir un morceau, Sophie ? 


    Oui, parce qu’hier en cherchant un titre en rapport avec la politique française et le principe des 500 parrainages présidentiels je suis tombée dans un “rabbit hole” comme on dit sur internet. Un trou, un vortex qui de clic en clic m’a amenée vers une destination inconnue. Un morceau que seuls 3000 personnes ont déjà entendu avant vous et qui s’appelle “I'm Not Signing Up For That” (Je n’ai pas signé pour ça”, en français).


    J’ai choisi de vous le passer ce matin pour plein de raisons, d’abord parce que c’est cool de découvrir des choses ensemble. Ensuite, parce qu’il est vraiment chouette ce titre qui réunit des jeunes musiciens américains qui s’appellent Le Dad, The Niños et Omega Horns et Billy Mercury qui sont tout à fait confidentiels, mais qui ont l’air d’avoir beaucoup écouté Robert Glasper ou Anderson Paak. Et enfin parce que je me suis demandé si parfois, après avoir accordé leurs parrainages, certains élus locaux étaient pris de doutes, rétropédalaient parce qu’ils n’avait finalement pas signé pour ça. Et la réponse est non : une signature, c'est irrévocable. 


    Donc maintenant vous le saurez et en plus vous allez être les premiers en France à entendre cette rareté de chez rareté, sortie cette année.

  • Podcast du mercredi 03 novembre 2021 : Vitamine So : “Aussi belle qu’une balle” de Taxi Girl :

    La chasse divise la France, et en musique comment est-ce que ça sonne ?


    Pour moi, toute cette sombre affaire de chasse sonne comme une relique du passé, comme un titre doux-amer signé Taxi Girl et qui s’appelle “Aussi belle qu’une balle”. Je vous le passe aussi parce qu’il parle de balle perdue, comprenne qui voudra. Taxi Girl, c’est un groupe historique de la new wave française, mené par Daniel Darc, le seigneur des punks écorchés vifs et émotifs, et par Laurent Sinclair et Mirwais. C’est un groupe majeur de la chanson française des années 80, qui ne ressemblait à aucune autre, sinon aux autres jeunes groupes modernes de cette période-là. 


    En 1986, le groupe sort son tout dernier single : “Aussi belle qu’une balle”, dont la création est emblématique de ce que ce groupe a été. Un groupe instinctif et original - puisque la mélodie est composée par Mirwais qui s’inspire des Clash, des années 80, du Velvet. Un collectif destroy aussi puisque Daniel Darc, qui était malade, toxicomane, ne vient en studio qu’au moment d’enregistrer ces paroles, qu’il a écrites comme ça, comme un poème du fond de l’âme qu’il n’a pas besoin de retoucher. 


    Et le résultat est une fulgurance pop, un titre rose bonbon qui tire sur le rouge sang. C’est aussi ce genre de son qui, 30 ans plus tard, dicte une esthétique à la chanson française.

  • Podcast du mardi 02 novembre 2021 : Vitamine So : “Young Hearts Run Free” de Candi Staton :

    Sophie, cette colère saine ça te donne envie de nous passer quoi ? 


    Un morceau né d’une rage tellement légitime, “Young Hearts Run Free” de Candi Staton, dont l’histoire est bouleversante. Il date de 1976 est il a été pensé comme une catharsis, un appel à la liberté et à la libération de la parole.  


    À l’époque de l’enregistrement de ce morceau, Candi Staton est en couple avec un homme violent, qui la maltraite et la menace de la tuer elle et ses enfants si elle ose le quitter. L’homme est un proxénète, qui l’a droguée, au point qu’elle ne se souvient même pas du jour de leur mariage. 

    À cette période, Candi Staton est une chanteuse de RnB, de soul, de disco remarquée, talentueuse, brillante, avec qui tous les producteurs ont envie de travailler, et notamment David Crawford, qui bosse chez Atlantic Records. Elle se retrouve donc en studio avec lui, et lui raconte sa vie. En quelques minutes, le producteur propose de mettre des mots sur ce que subit Candi Staton.

    C’est ce qu’on entend dans les paroles de cette chanson qui dit : “ton homme sera trop occupé à aimer toutes les femmes qu’il peut. (...) Mille fois par jour je me dis que je vais partir, c’est plus facile à dire qu’à faire - mon esprit doit se libérer, il faut que je m’aime pour le reste de ma vie”. 

    Cette vie-là que décrit la chanteuse, c’est exactement la sienne, avec ce refrain qui est un message de courage à toutes les femmes qui l’entendent. 

    “Young Hearts Run Free” : jeunes cœurs, partez vite, partez loin, soyez libres, ne faites pas comme moi, quittez ces hommes qui ne vous aiment pas. 

    Les paroles jaillissent comme des larmes et le premier enregistrement est le bon. Il suffit d’une prise, pour que ce soit la bonne, tant les mots sont justes et tant l’émotion est là. C’est l’été 1976, le titre sort et devient numéro 1 des charts. Candi Staton, elle, quittera ce tortionnaire juste après avoir sorti ce morceau. 

    Beaucoup danseront sur ce titre sans en saisir le sens profond, mais d’autres se souviendront que la musique, la parole publique servent aussi à ça et qu’il faut entendre ces colères qui débordent.

  • Podcast du vendredi 29 octobre 2021 : Vitamine So : “Tides” de Bonobo et Jamila Woods :

    Comme chaque vendredi, une nouveauté. Aujourd’hui, je crois qu’on tend à l’hypnose grâce à Bonobo qui est de retour. Bonobo, que certains d’entre vous aiment depuis longtemps, c’est un musicien, producteur, DJ anglais. Un historique, signé sur Ninja Tunes, un type qui compose des musiques comme des paysages, qui se sert d’instruments pour nous faire voyager et méditer. Il est de retour et la bonne nouvelle, c’est qu’il s’accompagne sur son projet d’une géniale musicienne. Parce que la force de Bonobo c’est aussi de savoir s’entourer, de collaborer avec des musiciennes qui viennent incarner sa musique : Andreya Triana, Bajka ou Jamila Woods dans son tout dernier morceau que je vais vous jouer. 


    Jamila Woods est une poétesse, chanteuse et compositrice de Chicago qui a une voix de dingue dont elle se sert pour invoquer les âmes des grandes artistes qui l’ont précédée. La collaboration Jamila Woods x Bonobo est à la hauteur de nos attentes. Pour l’histoire, Bonobo a raconté qu’il était un peu bloqué dans son album, qu’il avait du mal à le composer, à le terminer, et que Jamila Woods a eu la gentillesse de lui envoyer quelques pistes vocales, qui l’ont éclairé et aiguillé. 


    Non seulement ça l’a poussé à finir son album, mais en plus, ce morceau, “Tides”, est une des pièces centrales du disque, Fragments, qui sortira en janvier prochain. Que vous ayez ou non le temps de prendre un long weekend, voilà de quoi dégager votre horizon.

  • Podcast du jeudi 28 octobre 2021 : Vitamine So : “I Don’t Smoke” de Matias Aguayo :

    Ségolène, le retour, ça te donne envie de nous passer quoi Sophie ? 


    Le côté “Un jour sans fin” de la politique me donne envie de vous jouer un morceau répétitif mais génial de Matias Aguayo, “I Don’t Smoke”, dont la genèse vient justement d’une répétition. 


    L’histoire raconte qu’un jour Matias Aguayo, producteur et DJ chilien installé en Allemagne, est parti en tournée avec des amis de son label Cómeme. Parmi ses potes, le fameux Rebolledo. Tous ensemble, un soir, passablement éméchés, rentrent d’un club où ils ont joué et partagent leur tour bus avec un autre passager encore plus ivre qu’eux et qui a diablement envie de fumer. Alors, il demande : “Rebolledo, do you have a cigaret?”, “as-tu une clope ?” L’intéressé répond que non, il ne fume pas. Mais comme le passager est ivre, 30 secondes plus tard, il recommence avec la même question. Et reçoit la même réponse. Et cela continue pendant tout le trajet. 


    Cette discussion en boucle a fait tellement rire la bande, qu’à leur retour Matias Aguayo a composé ce morceau qui raconte cette nuit et cette question sans fin. Et même si on a un peu l’impression de tourner en boucle, on adore ce titre. 


    Hommage à celles et ceux qui n’hésitent pas à se répéter, dans la vie comme en politique.

  • Podcast du mercredi 27 octobre 2021 : Vitamine So : "Summer" de Joe Hisaishi :

    Petite Soso, que vas-tu nous faire écoucouter ce matin ?


    Alors que la politique tente de nous infantiliser, je me suis dit que ce matin j’allais vous passer une œuvre destinée aux enfants, mais qui ne les prend pas pour des idiots, bien au contraire. C’est un de mes films préférés, depuis que je l’ai vu à 8 ans. Il s’appelle L'Été de Kikujiro, réalisé en 1999 par Takeshi Kitano. 


    Takeshi Kitano est le plus fou des réalisateurs japonais. Il est aussi acteur, animateur TV, homme engagé, producteur, humoriste, créateur du jeu vidéo le plus dur au monde. C’est à lui qu’on doit Sonatine, Zatōichi, Hana-Bi, Aniki, mon frère et donc l’Eté de Kikujiro, le plus tendre peut-être de tout ce qu’il a réalisé. 


    L’histoire de ce film est celle de Masao, 9 ans, qui passe un été ennuyeux dans un Tokyo pas très excitant. Il se lie d’une drôle de fraternité avec Kikujiro, un ancien yakuza qui aime boire, parier de l’argent et tente d’arnaquer un peu tout le monde. Il est joué par ‘Beat’ Takeshi, nom de scène de Kitano qui est souvent le rôle principal de ses propres films. 


    Ensemble, ils partent à la recherche d’une mère disparue et font un road trip bancal à travers le pays. Ce film est extraordinairement simple et doux, et il est aussi inoubliable grâce à sa bande-originale qui a été composée par Joe Hisaishi, immense musicien, chef d’orchestre et compositeur de bandes-originales japonaises, qui a notamment signé les BO des films de Hayao Miyazaki. Ce sont juste quelques notes qui suffisent à créer un univers, à verser du côté de la mélancolie et des envies d’envolées et qui fonctionnent comme un sortilège.


    L'Été de Kikujiro, dans son thème, sa musique, ses acteurs, c’est la preuve parfaite qu’on peut être pédagogue sans être niais, qu’on peut transmettre sans diminuer l’autre. Et surtout écoutez la beauté de cette musique, qui depuis 20 ans ne m’a jamais quittée.

  • Podcast du mardi 26 octobre 2021 : Vitamine So : “Da Art of Storytellin' (Part 1)” d’Outkast :

    Sophie, comment illustrer musicalement cet art dangereux de la mise en scène politique ? 


    Avec un morceau qui a un vrai storytelling. Passez-moi l’expression anglaise, mais en français nous n’avons pas vraiment d’équivalent. Un morceau qui manie l’art du récit, de la mise en scène, qui s’écoute et s’entend comme on regarde un film, c’est-à-dire en créant des images et en déroulant un tel scénario qu’on a l’impression de vivre l’histoire et de la revivre chaque fois que résonne la première note. 


    Dans le rap, français, américain, anglais, sud-africain, c’est même une école à part. Certains rappeurs sont réputés justement parce qu’ils savent nous conter des histoires. On pense par exemple à Nas, Eminem, Oxmo Puccino, IAM, Slick Rick, The Notorious B.I.G.


    Et puis à Outkast aussi. Le meilleur groupe d’Atlanta. Allez, je le dis, comme ça, de bon matin. En 1998, ce groupe de rap mythique a tout bonnement sorti le morceau  “Da Art of Storytelling” qui, comme un bon film, se déroule en plusieurs parties. Il y a eu l’épisode 1, le 2, le retour, le remake. Dans la partie 1 il y a l’idée toute simple de raconter deux histoires parallèles, arrivées à chacun des rappeurs. Deux histoires qui n’ont rien à voir, la première, celle de Big Boi, est plutôt triviale et salace, celle d’André 3000 est plus sérieuse et douloureuse. Il n’empêche, les deux conteurs arrivent à créer une morale commune : le rap sert à dire des choses que l’on a sur le cœur, c’est moins cher qu’une consultation chez un psy et ça peut beaucoup aider. Et tant mieux s’il s’agit de se mettre en scène. 


    Vous allez voir c’est étrangement plus digeste que ce qu’on voit en boucle dans les médias ces jours-ci.

  • Podcast du lundi 25 octobre 2021 : Vitamine So : “Si la photo est bonne” de Barbara :

    Sophie, cette saison des meetings politiques qui s’ouvre, ça te donne quelle envie ?


    De proposer à tous les futures candidates et candidats quelques cours d’éloquence et d’interprétation. Parce que pour nous, de l’autre côté du poste, ce sera toujours plus intéressant.


    Comme professeur, je suggère Barbara, parce que quand même, la dame en noir était impeccable et magistrale en la matière. Je trouve que ça s’entend particulièrement sur un morceau qui s’appelle “Si la photo est bonne”, qui en plus a une portée politique. Elle chante et écrit ce titre en 1965 et y parle de pouvoir. Celui d’un président qui peut décider, à l’époque, de la vie ou de la mort d’un condamné, choisissant d’user de son droit de grâce ou non. Ce qui inspirera peut-être quelques-uns de nos candidats. 


    Comme souvent avec Barbara, les pensées franches sont habillées de mots très élégants. Elle chante ce que certains n’osent dire. La voici qui s’imagine femme de président et qui tente de le convaincre, lui, mais qui le fait avec un tel sens de la mise en scène, qu’on n’a d’autre choix, nous, que d’écouter, d’admirer et d’être finalement convaincu.


  • Podcast du vendredi 22 octobre 2021 : Vitamine So : “Fisher Island Sound” de Beirut :

    L’automne n’est pas habituellement la période qu’on associe au renouvellement et au recommencement. Pourtant, ce matin, je vous parle d’un retour qui m’a mis en joie : celui de Beirut, le groupe de Zach Condon, dont vous allez sans doute reconnaître la voix et l’ambiance à la première note. Pour l’histoire, Beirut c’est le projet d’un homme qui a grandi au Nouveau-Mexique et qui après un voyage dans les Balkans est revenu chamboulé et a décidé de faire de la folk inspirée de musiques tziganes, françaises, mexicaines. 


    Comme on suit les routes sinueuses de Beirut depuis longtemps, ça nous rend heureux de savoir qu’en 2022 le groupe revient avec une grande compilation qui veut retracer la vie musicale de Zach depuis son adolescence, de ses premières amours musicales jusqu’à ses dernières créations avec le groupe. Je crois qu’il y aura même des morceaux enregistrés à l’âge de 14 ans.


    Il y a déjà un premier extrait : “Fisher Island Sound”, un morceau qui leur ressemble. Je ne sais pas s’il me surprend, mais il me plait en tout cas. C’est comme renouer avec un vieil ami, ou voir l’automne revenir et se dire que quand même c’est beau ces feuilles mortes.

  • Podcast du jeudi 21 octobre 2021 : Vitamine So : « After Laughter (Comes Tears) » de Wendy Rene :

    Cette question de l’humour à l’extrême droite, Sophie, ça te donne envie de quoi ?


    De pleurer. Parce que si l’humour, le second degré et la satire sont d’indispensables outils pour faire avancer une société, j’avoue que dernièrement je m’y perds un peu sur la ligne de crête de ce qui est marrant ou pas marrant. Il y a plein de choses que je ne trouve plus drôles du tout, par exemple un grand sniper qu’on pointe vers des journalistes et une caméra que je regarde moi de l’autre côté de mon écran, ça ne me fait pas rire. Ce n’était pas drôle quand Trump le faisait, ni quand Bolsonaro mimait la chose et par capillarité, quand Zemmour rejoue cette scène, ça ne me fait toujours aucun effet sur les zygomatiques. 


    Pareil, à partir du moment où l’on entend qu’il faut enlever le pouvoir aux contre-pouvoirs, ce qui désigne indirectement les penseurs, le peuple, les humoristes, les journalistes... j’ai du mal à esquisser un sourire. Je crois que la période est sérieuse et grave et qu’après le rire risquent de venir les larmes. En tout cas, c’est le titre du morceau que je vais vous jouer, un standard signé Wendy Rene en 1964, jeune musicienne qui a commencé sa carrière un an avant sur le label Stax et qui a disparu du milieu en 1967. Avec sa voix bouleversante, elle a chanté ce morceau “After Laughter (Comes Tears)” qui a touché des cœurs dès sa sortie et qui a été ensuite samplé par tant de gens, dont le Wu Tang.

  • Podcast du mercredi 20 octobre 2021 : Vitamine So : “Afraid of Us” de Jonwayne :

    Ce matin Sophie, tu rêves d’honnêteté ? 


    Oui, je me dis que j’aurais aimé que Sandrine Rousseau puisse répondre à Bourdin pourquoi, si c’est bel et bien le cas, elle rechigne un peu à soutenir la candidature de Yannick Jadot. J’aurais aimé qu’elle dise comme ça, en toute franchise, tout ce qui l’oppose à ce candidat, même s’ils sont d’une même famille politique. Non pas pour monter les électeurs contre lui, mais juste pour pouvoir s’affirmer à cœur ouvert et pour que la politique ait aussi le droit à des nuances. 


    J’ai donc choisi de vous passer un artiste qui, lui, a pu se permettre cela. Cet homme s’appelle Jonwayne, c’est un grand bonhomme qui a grandi dans les banlieues de Los Angeles. Au début des années 2010, il se fait repérer par Stones Throw, parce qu’il écrit super bien et rappe avec une nonchalance dingue, se fait valider par Madlib et puis le Wu-Tang, sort des disques acclamés. Et puis un jour, après une série de concerts où le public se comporte de manière idiote et méchante, il plaque tout. Parce que l’art lui ronge le cœur, que l’industrie musicale l'abîme chaque jour un peu plus et que s’il veut survivre, garder un peu confiance en lui, il doit tout abandonner. 


    À l’époque, les gens remarquent son absence et puis passent un peu à autre chose. Mais en 2017, quand Jonwayne revient avec un nouveau disque et qu’on lui demande où il était passé, il a envie de parler. D’expliquer sa dépression, son alcoolisme, son passage à vide, de dire vraiment ce qu’il pense de ce milieu et de ses complexités. Et ça, il l’explique en interview, mais aussi dans son disque, sobrement appelé Rap Album Two, une œuvre hors du commun. 


    En musique, comme en politique, ça fait bizarre les gens qui parlent aussi honnêtement. Mais ça fait aussi beaucoup de bien.


  • Podcast du mardi 19 octobre 2021 : Vitamine So : “Birdland” de Weather Report :

    Cette chasse, Sophie, te donne envie de nous jouer un titre qui s’appelle “Le Pays des Oiseaux” ? 


    Oui et en anglais (étrangement) ça sonne mieux. C’est le morceau “Birdland” de Weather Report, qui est un super groupe de jazz-funk et jazz progressif monté par des musiciens extraordinaires comme Joe Zawinul, Wayne Shorter ou Miroslav Vitouš. J’imagine que pour certaines et certains d’entre vous ces noms sont ceux d’apôtres de la musique. Pour les autres, sachez que ces claviériste, saxophoniste et contrebassiste ont tous joué avec Miles Davis et avec d’autres légendes. 


    Weather Report, c’est un projet qui est né à New York en 1971, mais qui va surtout décoller après 1976, à l’arrivée d'un autre génie de la musique : le bassiste Jaco Pastorius. C’est lui, jeune Jaco, qui va guider la direction de “Birdland”, qu’on va écouter ce matin. Un titre à la fois ambitieux et en même temps d’une telle évidence qu’il va faire un carton, bien au-delà des cercles de jazz. C’est même devenu un standard moderne du genre, de ceux qui sont disséqués, analysés, réinterprétés et diffusés partout. 


    Quel est le rapport avec le pays des oiseaux me direz-vous ? À vrai dire, le Bird en question, c’est Charlie Parker, saxophoniste génial qu’on appelait le Bird. 



    Plutôt que d’entendre les sifflements des balles des chasseurs et autres ronflements de colleurs à la glu, on préfèrera écouter “Birdland”. En version live, avec un jeune Jaco Pastorius torse nu, pattes d'eph et cheveux longs. Et surtout un jeu de basse inoubliable.

  • Podcast du lundi 18 octobre 2021 : Vitamine So : “Sizzling” de Daphni :

    Ces changements de noms de partis, Sophie, ça te donne envie de nous passer un artiste qui change lui aussi d’identité ?


    Oui, mais d’abord je voulais revenir sur le fait que mine de rien quand un parti change de nom, c’est un effort sémantique qui est intéressant à analyser. Pourquoi l’insoumission devient-elle le populaire ? Pourquoi un Parti devient-il un Front, puis une Union ? Et surtout, qu’est-ce que tout cela désigne de la réalité et de l’actualité politique ? 


    Je n’ai pas les réponses à ces questions, mais ce que je sais, c’est qu’en musique quand un artiste change de nom, quand ce n’est pas lié à des questions légales, c’est souvent pour correspondre à une nouvelle direction artistique, à un nouvel ethos de musicien et pour toucher un autre public. 


    On connaît par exemple Caribou en tant que Dan Snaith, Manitoba ou Daphni. Si, de loin, on peut imaginer qu’il se sert de ses alias quand bon lui semble, ce n’est pas exactement ça. Un peu comme Aphex Twin, qui jongle avec les surnoms pour se métamorphoser, Caribou choisit le bon nom d’artiste pour le bon projet. Il est Daphni quand il sample des morceaux du monde entier pour nous faire danser. Il est Caribou quand il préfère se servir de ses machines avec une précision de mathématicien pour nous ambiancer. 


    Alors à nous de comprendre ce que Jean-Luc Mélenchon veut être en tant que Président de l’Union Populaire, à quel passé et à quel futur il veut faire écho. En attendant, on danse sur  Daphni et son titre “Sizzling”.

  • Podcast du vendredi 15 octobre 2021 : Vitamine So : “Funk Aspirin” de Cimafunk :

    Ce matin, j’avais envie de vous jouer un titre tiré d’un disque qui va peut-être donner des couleurs à votre automne. Un album signé Cimafunk, musicien cubain dont le destin est assez passionnant. Il grandit dans une famille de fans de musique, en regardant la télé, puis s’achète un lecteur CD et devient fou de James Brown, Amy Winehouse ou les Bee Gees. Il commence des études de médecine, mais quand il débarque à la Havane, il comprend qu’il a aussi et surtout envie de faire de la musique. Il se trouve qu’en 2017, dès ses débuts, ses morceaux cartonnent. À la radio cubaine, à la télé, chez la communauté cubaine de Miami et puis à travers le monde. Aujourd’hui, Cimafunk est une icône de la funk latine. Le public compare son groove, son originalité et son look à ceux de George Clinton et ses Parliament Funk.


    La semaine dernière, il a sorti un nouveau disque génial, El Alimento, un album à proprement parler afro-cubain, mais aussi gospel, blues et funk. Dessus, on croise Lupe Fiasco, Georges Clinton, Chucho Valdés, preuve de l’extrême talent de cet homme.


    Pour terminer cette longue semaine et en prévision d’un weekend qui peut taper sur le système, écoutons un extrait de la tempête Cimafunk, c’est “Funk Aspirin”.


  • Podcast du jeudi 14 octobre 2021 : Vitamine So : “Gladiator” de Lord Kossity et Jacky Brown :

    Ce clash entre Richard Ferrand & François Bayrou, ça te donne envie de nous replonger dans un grand clash du rap français ? 


    Oui, je vais vous replonger dans une compilation incisive, celle de Première Classe, un label monté par des amis d’enfance de Garges-lès-Gonesse dans les années 90. Ces potes-là sont aussi rappeurs, ils s’appellent Pit Baccardi, Jacky, Ben-J, Patrick, Stéphane et vous les connaissez sans doute. En 1998, sort leur premier maxi, “On fait les choses”, puis la première compilation, Première Classe vol. 1, classique parmi les classiques, avec 51 MC, des producteurs, des DJ. C’est l’âge d’or du rap français des années 90 qu’on y entend, tous ceux que j’ai cités et le Secteur Ä, la Mafia K’1 Fry, la Fonky Family, Time Bomb, etc. 


    Deux ans plus tard, les rappeurs du label se sentent en verve et se disent : allons plus loin, faisons les choses à l’américaine avec une communication inspirée du street marketing, imaginons un volume 2 de cette compilation sur un mode original : celui des faces à faces. Ils proposent à des MC de se rencontrer sur des morceaux, de se clasher, de mettre en scène leur dualité ou leur rivalité. 


    Parce que les clashs, dans le rap comme en politique, ça fait vendre. Sur ce volume 2 il y a notamment le titre “Gladiator” où s’affrontent Lord Kossity et Jacky Brown, deux MC phares du dancehall, qui s’alignent selon les règles classiques du battle de rap ou du dancehall clash. Un duel qui va marquer les esprits et qui va se poursuivre dans les bacs pendant des années à coup de droites de réponses. 


    Pour la nostalgie, pour l’ambiance, pour le jeu d’acteur on réécoute ce petit standard.

  • Podcast du mercredi 13 octobre 2021 : Vitamine So : “J’ai Changé” de Albin de la Simone :

    Ce virement de cap par Xavier Bertrand, ça t’inspire quoi Sophie ? 


    Ça me donne envie d’en appeler à l’honnêteté ! Il a changé d’avis concernant l’organisation de cette primaire, et ce n’est pas grave. Ce qui est grave, c’est de ne jamais reconnaître qu’on s’est trompé ni d’expliquer pourquoi on a revu son jugement. Ça donne l’impression que l’erreur n’est pas humaine et ça ne force pas à la sincérité. 


    Ça m’a donné envie de vous passer un titre qui assume bien plus les changements et qui rappelle à quel point l’homme est toujours en évolution. Il s’appelle “J’ai Changé”, chanté par Albin de la Simone. C’est un petit classique de notre antenne sorti en 2005 et il se trouve qu’en 2017 il était venu chanter en live ce titre dans notre Matinale. Vous allez voir, si les politiques nous parlaient avec autant de poésie et de franchise, on se marrerait bien plus. 


    Voici donc Albin de la Simone qui grandit, grossit, change de voix, change d’avis et qui rappelle que tout ce mouvement fait aussi partie de lui.

  • Podcast du lundi 11 octobre 2021 : Vitamine So : “Rock Your Baby” de Emerson Kitamura :

    Aujourd’hui, Sophie, tu as opté pour un horizon un poil plus enthousiasmant ? 


    C’est le mot ! Même si “apaisant”, “ouvert”, “moderne” marchait aussi. Je vous propose ce matin une reprise d’une grande douceur du morceau “Rock Your Baby” de George McRae qui en 1974 a interprété ce titre de disco, un classique. 


    La version que vous allez entendre est signée par un musicien japonais qui s’appelle Emerson Kitamura qui s’est associé avec la chanteuse MMM (Me My Mo). Ça date de 2018, et c’est ce qu’on appelle de la Balearic. C’est un genre musical électronique qui avec le temps est devenu un peu synonyme de coucher de soleil quand on est bien, vraiment bien. 


    Cette reprise, je trouve qu’elle assez parfaite parce qu’elle ouvre les possibles, elle dégage l’horizon. Ça dissipe aussi les volutes et les migraines qu’on commence à avoir quand on songe à la politique française. Donc voici, pour vous faire planer de bon matin.

  • Podcast du vendredi 08 octobre 2021 : Vitamine So : “Donne Moi” de Kokoko! :

    Comme chaque vendredi, je vous propose d’embarquer pour le weekend avec un morceau qui m’a donné de la force cette semaine. Aujourd’hui c’est une nouveauté, signée du groupe Kokoko!, un collectif de Kinshasa, qui s’est toujours inspiré de sa ville, de ses bruits, de ses folies et de son ambiance indescriptible pour faire de la musique. Leur style de musique, c’est de la tekno kintueni, rencontre entre la musique électronique et la musique traditionnelle de RDC et sur Nova on aime beaucoup leur énergie. 


    Kokoko! a décidé de revenir pile au bon moment : quand on doit s’armer pour l’hiver, pour les élections, pour le weekend aussi. Le morceau s’appelle “Donne Moi” et c’est, je trouve, une joie pure, explosive et instinctive.

  • Podcast du jeudi 07 octobre 2021 : Vitamine So : “The Fool on The Hill” des Beatles :

    Cette égocratie de Cyril Hanouna, ça te donne envie de passer les Beatles ?


    Oui, une chanson qui s’appelle “The Fool on The Hill” (“l’idiot sur la colline” en français) et qui est, je crois, le genre de qualificatif que Cyril Hanouna rêverait d’avoir. Ce morceau-là raconte l’histoire d’un homme que les autres prennent pour un fou, mais qui, perché sur sa colline, voit plus loin et plus clair que les autres. On dit que ce morceau leur a été inspiré en 1967 par plusieurs choses.


    D’abord par une carte du tarot, “Le Fou”, les Beatles aimant à tirer les cartes et ayant une affection particulière pour celle-ci qui désigne l’exalté, qui avance aveuglément vers son destin.


    Et puis par leur rencontre avec un guide de méditation indien, le maître Maharishi Mahesh Yogi, que les gens ne prenaient pas au sérieux car il riait beaucoup et semblait planer un peu, mais qui est tout de même l’homme qui a démocratisé la méditation transcendantale à travers le monde. 


    Dans ce titre, la figure que les Beatles dessinent, c’est celle de l’Idiot, comme chez Dostoïevski, qui est bien plus clairvoyant qu’on ne le pense. Parce qu’il a le recul, la distance pour observer le monde et le comprendre mieux que les autres. Est-ce à dire que Cyril Hanouna se rêve ainsi ? Vous êtes libre d’y répondre et de le définir comme vous voulez.


  • Podcast du mercredi 06 octobre 2021 : Vitamine So : "Malos Tiempos para la Lírica" de Golpes Bajos :

    Ces faux espoirs que nous a presque donnés Eric Ciotti, ça te donne envie de nous emmener en Espagne, Sophie ? 


    Oui, j’ai envie de vous jouer un titre qui s’appelle “Malos Tiempos Para La Lírica”, qui date de 1983. Il a été composé par le groupe Golpes Bajos à une époque où l’Espagne sort de la dictature et d’une période particulièrement sinistre, oppressante et muselée. Les années 80 en Espagne, ça va être notamment la Movida d’Almodovar et une nouvelle époque pour la musique, qui va se faire plus pop. 


    Mais dans l’ombre de cette nouvelle vague colorée et joyeuse, certains se posent encore des questions, sur le passé franquiste qu’on a mal digéré, sur le capitalisme et la modernité qui leur tombe dessus ? C’est un peu ce que dit ce morceau. Quelle place reste-t-il pour la poésie ? 


    D’ailleurs, le titre vient d’un poème encore plus engagé de Bertolt Brecht qui s’appelle “L’Heure n’est pas à la poésie”, écrit dans l’Allemagne nazie de 1939 et qui interroge le rôle des artistes dans des périodes charnières. 


    Je trouve que cette chanson va très bien en cette période d’élections, où l’on se demande ce qu’on est en droit d’exiger. Si l’on peut rêver, si l’on peut faire de la poésie, si l’on peut encore espérer de vrais changements, écologiques notamment, ou si l’on doit déjà accepter, se résigner au fait que l’heure n’est pas à la poésie, mais à la politique.


  • Podcast du mardi 05 octobre 2021 : Vitamine So : “Going Back to My Roots” de Lamont Dozier :

    Montebourg qui promet un accès à la terre, ça t’inspire Sophie ? 


    Oui, surtout que c’est un thème tellement repris dans la littérature, le cinéma ou la musique que je n’ai pas eu de mal à trouver un morceau. Et si j’ai hésité à vous envoyer un petit “L’hymne de nos campagnes” de Tryo au réveil, j’ai finalement opté pour le génial “Going Back to My Roots” de Lamont Dozier. Lamont Dozier, on l’a d’abord connu dans H D H (aka Holland Dozier and Holland), un trio de feu avec Brian et Eddie Holland, producteurs et arrangeurs mythiques de l’époque Motown notamment.


    Plus tard, Lamont Dozier se lance en solo, découvre d’autres sphères musicales et quitte Detroit pour Los Angeles. Mais ce déracinement ne lui va pas, il se sent à l’étroit dans l’immensité de L.A, regrette la richesse musicale et spirituelle de Detroit et compose alors ce titre : “Going Back to My Roots”. Il ne le fait pas seul, puisqu’avec lui on croise l’immense trompettiste sud africain Hugh Masekela et Orlando Julius, génial saxophoniste nigérian. Quand Lamont Dozier parle de ses racines, ses roots, il pense certes à Detroit, mais s’intéresse aussi à l’Afrique, dans la lignée du festival panafricain Zaïre 74 qui a réuni des stars du monde entier au Zaïre pour rappeler les origines des choses. 


    Ce titre va vite devenir un classique de la disco, repris des centaines de fois parce que nombreux seront celles et ceux qui se reconnaîtront dans ce retour aux sources, aux racines, à la terre mère. 


    Et si Montebourg cherche un hymne pour sa campagne, le voici.

  • Podcast du lundi 04 octobre 2021 : Vitamine So : « The Only One » de Yael Naïm et Readymade FC :

    Xavier Bertrand qui se rêve en homme de la situation, ça donne quoi en musique ? 


    Ça me donne envie de vous jouer un joli morceau qui s’appelle “The Only One” - petit classique de notre antenne signé Yael Naïm et Readymade FC. Un titre sorti en 2005, qui a été la première fois que l’on découvrait vraiment la voix de Yael Naïm, même si elle avait déjà fait carrière dans des comédies musicales. 


    Readymade FC, on le connaissait lui en tant que musicien, producteur, arrangeur notamment du côté des musiques électroniques. Il était signé sur le label F Communication de Laurent Garnier. 


    En 2005, ce joyeux duo débarque dans nos oreilles et sur nos ondes avec cette jolie comptine qui rêve d’amour. La chanteuse essaie de convaincre la personne en face d’elle qu’elle est the only one, la seule, l’unique, la femme de sa vie. Seulement, l’autre n’a pas l’air de s’en rendre compte, alors elle se demande comment la personne peut continuer à faire sa vie sans elle, comme si de rien n’était. C’est un titre à la frontière entre la déclaration d’amour et l'érotomanie, cette pathologie qui consiste à être persuadé que l’autre en face nous aime follement. Alors que pas vraiment. 


    Ça rappelle l’attitude de quelques candidats qui ont l’impression d’être nos sauveurs et qu’on a besoin d’eux, mais qui oublient parfois qu’ils ont aussi et surtout besoin de nos votes dans des urnes.

  • Podcast du vendredi 01 octobre 2021 : Vitamine So : “Osundu” de The Cavemen :

    Comme chaque vendredi, je vous propose une découverte, un titre pour vous accompagner tout le week-end. Aujourd’hui, c’est une vraie claque que j’avais envie de vous partager.  


    C’est un groupe qui s’appelle The Cavemen (“Hommes des Cavernes” en français). Ils viennent de Lagos, ville du Nigeria d’où vient tout l’afrobeat actuel : celui de Wizkid, de Tekno ou de Burna Boy. Mais eux ne font pas de l’afrobeat, ils font plutôt de l’igbo highlife, un genre musical à l’origine révolutionnaire qui vient du Ghana, du highlife couplé à du jazz et c’est magnifique. Ça rappelle ce qui se passe du côté du jazz londonien, mais dans une version encore plus originale. 


    Je vous conseille l’intégralité de leur disque Roots (“Racines” en français), que j’ai découvert grâce aux copains de Grünt magazine qui rentrent du Nigeria et qui l’ont ramené dans leurs valises.


    J’en ai choisi un extrait qui s’appelle “Osundu”, qui va sans doute adoucir votre matinée.

  • Podcast du jeudi 30 septembre 2021 : Vitamine So : "Say What You Will" de James Blake :

    On rentre en période électorale, c'est-à-dire qu’on peut sortir les violons pour accompagner les grandes promesses, non ?


    Oui, clairement. Pendant les prochains mois, on va en entendre des belles formules, des engagements révolutionnaires, des serments de quelques femmes et de beaucoup d’hommes politiques qui sont prêts à nous promettre la Lune pourvu que l’on vote pour eux.


    C’est évident, les surenchères électorales, même si ce n’est pas nouveau, ça participe à la désaffection citoyenne pour les élections. À force, on ne sait plus qui croire, on ne sait plus quoi croire. 


    Une fois élu, personne ne nous a jamais dit : “oui, c’est vrai, j’ai promis de changer vos vies, mais finalement je ne le ferai pas, parce que… je n’ai pas le budget, pas le temps, d’autres priorités.” Personne ne nous a jamais présenté ses excuses ni expliqué pourquoi la politique est surtout une affaire banale de pragmatisme. 


    J’ai eu envie d’une vraie promesse musicale ce matin. Elle est signée James Blake, musicien anglais merveilleux, qui depuis quelques années a décidé de chanter à cœur ouvert et qui a sorti un nouveau morceau qui s’appelle “Say What You Will”. On peut l’entendre de plusieurs manières : “assume ce que tu vas faire” ou “dis ce que tu as à dire”. C’est un morceau qui demande des comptes et de l’honnêteté, je crois qu’on est en droit de demander ça.


    Par ailleurs, ce morceau est une des plus belles choses que j’ai entendues depuis des mois.


  • Podcast du mercredi 29 septembre 2021 : Vitamine So : "Did I Come Back Too Soon (Or Stay Away Too Long)" de Swamp Dogg :

    Cette vengeance qui se mange froid, ça te donne envie de fredonner quoi, Sophie ? 


    Un morceau génial de soul, signé Swamp Dogg. C’est un chanteur de R&B dont le vrai nom est Jerry Williams. Un musicien et producteur précoce qui dans les années 60 et 70 a bossé avec les plus grands labels sur de sacrés projets. Mais un jour, à force de pression, il craque, il souffre, il prend peur pour sa santé mentale et il décide de créer un alter égo qui s’appellera Swamp Dogg, pour protéger sa vie privée et son intimité, séparer la pression de l’industrie musicale de son estime personnelle. 


    Ça ne l’a pas empêché de chanter des choses intimes, par exemple ce morceau qui s’appelle : “Did I Come Back Too Soon (Or Stay Away Too Long)” - littéralement “suis-je rentré trop tôt ou suis-je resté dehors trop longtemps ?” C’est un titre qui raconte l’histoire d’un homme qui rentre chez lui un soir et qui retrouve sa femme en train de faire l’amour avec une autre personne. 


    Se sentant trahi, déçu, vexé - comme Ségolène Royal après le maigre soutien du parti socialiste - Swamp Dogg, lui, décide d’en faire une chanson. Une chanson sacrément honnête, qui ne sent absolument pas le ressentiment ou les envies de vengeance, mais qui se demande s’il a fait quelque chose pour mériter ça et pourquoi ça lui fait tant de peine. 


    Et nous, on se dit que si toutes les affaires de revanches, de vengeances ou de catharsis pouvaient être si musicales et positives, la vie serait plus belle.


  • Podcast du mardi 28 septembre 2021 : Vitamine So : "I Will Never Stop Grieving for You My Wife" du Zomba Prison Project :

    En France on construit des prisons, y a-t-il un bon morceau qui parle de ça ? 


    Oui, il y a d’excellents projets musicaux qui parlent bien mieux de la réalité carcérale que de nombreux politiques. C’est le cas du Zomba Prison Project, qui a été monté par un certain Ian Brennan, ethnomusicologue, producteur et collecteur de son du réel. En 2013, Ian et sa femme Marilena Delli, documentariste, se sont rendus dans une prison de haute sécurité au Malawi, un petit pays enclavé au sud-est du continent africain. Et ils y ont tendu leurs micros. Pour enregistrer la voix, les histoires, les messages des prisonniers et notamment celles d’un groupe de musiciens enfermés, dont le leader a été condamné pour avoir tué un homme qui lui avait volé ses instruments. 


    Dans cette prison de Zomba, où la vie est un enfer parce que les détenus sont abandonnés à la violence et à la misère, Ian Brennan a saisi des chants. Ceux de ce groupe de musicien, mais aussi d’amateurs et de prisonnières qui communiquent par le biais de tuyaux de plomberie. Avec ces heures et ces heures d’enregistrement, il a sorti un album où l’on entend des récits de prison, la plupart du temps en langue chichewa. Les morceaux ont des titres particulièrement francs : “Please Don’t Kill My Child” (ne tuez pas mon enfant), “I Am Done With Evil” (j’en ai fini avec le mal), etc.


    Depuis la sortie du disque, en 2015, les sommes récoltées ont servi à la défense de certaines et certains de ces prisonniers qui ont pu être libérés depuis. C’est devenu une œuvre de référence où la réalité carcérale est enfin représentée en première personne. Par celles et ceux qui la vivent. C’est dur, mais c’est très beau.

  • Podcast du lundi 27 septembre 2021 : Vitamine So : "Family Affair" de Sly & The Family Stone :

    Ce congrès par un parti un peu traumatisé ça t’inspire quoi Sophie ? 


    J’ai lu dans Libération que les primaires étaient effectivement un très mauvais souvenir pour les Républicains, qui depuis n’en veulent plus, veulent rester en famille et décider entre eux. Sauf qu’on le sait, c’est parfois en famille que les choses se passent le moins bien. 


    Tout ça, ça m’a donné envie de vous jouer un génial morceau qui s’appelle “Family Affair”, par un groupe qui est une des familles les plus dysfonctionnelles de la musique : Sly & The Family Stone. Ce groupe a été monté dans les années 60 en Californie autour de Sly Stone, musicien, producteur, compositeur et chanteur dingo qui s’est entouré de plein de gens de sa famille pour créer un groupe de soul psyché. Le collectif était musicalement très en avance avec cette pop inattendue, mais socialement aussi parce qu’ils prônaient les métissages.


    Ça a extrêmement bien marché pendant quelques courtes années et puis l’aventure est partie complètement à vau-l’eau. Sly est devenu bien trop stone, sa family s’est déchirée sur l’héritage et le groupe a pris l’eau. Une affaire de famille classique, me direz-vous. Peut-être, et en attendant de savoir si c’est le genre de naufrage qui attend LR, on écoute leur merveilleux morceau “Family Affair” sorti en 1971, qu’Arsenik, Assia et Doc Gynéco ont aussi chanté en 1998 en version française.

  • Podcast du vendredi 24 septembre 2021 : Vitamine So : "Jaywalker" de Andy Shauf :

    Ce vendredi, je vous propose de la nouveauté. Alors que l’automne revient, voici un morceau qui va presque vous donner envie de vous nicher au coin du feu. C’est le tout nouveau titre d’Andy Shauf - chanteur compositeur canadien, un des musiciens les plus timides et brillants de cette génération. Il sait prêter attention aux menus détails du quotidien, les décrit avec poésie et les chante avec élégance. 


    Hier, Andy a sorti un titre et aujourd’hui c’est déjà tout l’album qui est disponible. Vous allez voir, c’est un petit feu de joie à lui seul ce type : voici donc son morceau “Jaywalker” qui lui ressemble parfaitement. En espérant que ça vous donne des envies de weekend orangé, voici Andy Shauf sur Nova.

  • Podcast du jeudi 23 septembre 2021 : Vitamine So : “I’m A Wonderful Thing, Baby” de Kid Creole & The Coconuts :

    Nicolas Sarkozy qui cherche l’attention et adore les micros, ça te donne envie de quoi Sophie ? 


    D’entendre un morceau délicieusement narcissique, tout simplement nommé “I’m A Wonderful Thing, Baby” - je suis une chose magnifique. D'abord parce que je suis assez certaine que Nicolas Sarkozy est un homme qui se baigne chaque matin dans son égotrip et que, rassuré par les élans amoureux de Carla Bruni, il se dit sincèrement : “oui je suis quelqu’un d'extraordinaire”. 


    Ensuite parce que ce morceau, signé de Kid Creole & The Coconuts, est génial. Kid Creole, de son vrai faux nom August Darnell, a commencé la musique dans le groupe de son frère par amour de la disco, des métissages, des excentricités et de la drogue. Un jour, il a monté ce groupe : Kid Creole & The Coconuts, un groupe mixte et de toutes origines, influencé par les musiques caribéennes, le jazz, la disco. Bref, un groupe ultra moderne qui a commencé par être super hype à New York et qui s’est fait connaître du grand public grâce à ce morceau, un tube sophistiqué, malin, pop, évidemment prétentieux, mais tellement 80s.

  • Podcast du mercredi 22 septembre 2021 : Vitamine So : "Drive Slow" de Kanye West :

    Rouler sur une autoroute à 110 plutôt qu’à 130, ça te fait peur Sophie ? 


    Non, pas du tout. Ça me donne envie de vous jouer un morceau bien nommé : le génial “Drive Slow” des débuts de Kanye West. “Conduis doucement”, parce que déjà, 110, c’est pas si lent que ça. Et puis passer de 110 et 130 ça ne change pas grand-chose : 6 minutes à peine tous les 100 kilomètres.


    Drive Slow, c’est un morceau que Kanye West a sorti en 2005 sur son deuxième album Late Registration. Disque fou, qu’il coproduit avec Jay-Z, Just Blaze, Kareem ‘Biggs’ Burk ou Jon Brion. Un an avant, Kanye a sorti son premier album. Le grand public s’est alors familiarisé avec sa mystique, sa passion pour les samples de soul qu’il accélère, sur lequel il chante sa mélancolie. C’est ce qu’on appelle la chipmunk soul, sa manière bancale mais touchante de rapper. 


    Sur Late Registration, Kanye va aller chercher ailleurs, dans d’autres thématiques et dans d’autres répertoires de samples, des choses plus jazz, plus orchestrales, notamment sur ce titre : “Drive Slow”, avec ce sample merveilleux d’Hank Crawford. Ce morceau est une belle réussite et une ode au ralentissement.


  • Podcast du mardi 21 septembre 2021 : Vitamine So : "Blues Chasseur" de Harouna Samake :

    Les chasseurs, ils te donnent envie d’écouter quoi Sophie ? 


    J’ai hésité entre Michel Delpech et Java, qui ont respectivement sorti des morceaux classiques sur le sujet de la chasse et puis je me suis dit : puisse ces polémiques et ces louvoiements politiques nous permettre d’entendre un très beau morceau, que vous ne connaissez peut-être pas. Alors j’ai choisi de vous passer un titre de Harouna Samake, un grand musicien malien, maître du kamale n’goni - une kora de la région de Wassoulou au Mali. 


    Lui qui a accompagné pendant longtemps Salif Keita, a sorti un titre qui s’appelle “Blues Chasseur”. Et donc j’ai saisi l’opportunité. 


    Harouna Samake est un grand fan de jazz et de blues. Dans sa musique, on entend des ponts entre les traditions mandingues et noires américaines. Ce morceau, il le chante avec sa femme, Assetou Diakite. C’est un titre qui, comme son nom l’indique, chasse le blues, même quand on parle de sujets si compliqués.

  • Podcast du lundi 20 septembre 2021 : Vitamine So : "Waterloo Sunset" des Kinks :

    Ce duel au sommet des écologistes, Sophie, ça t’inspire quoi ?


    Ça me donne envie de vous jouer les Kinks. D’abord parce que les Kinks, c’est génial, mais en plus parce que l’histoire de ce groupe est structurée par la rivalité historique entre Ray et Dave Davies - les deux frères ennemis parmi les plus célèbres du rock, bien avant Oasis. Parce que malgré tout, on peut s’imaginer qu’entre Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, il y a un peu d’animosité


    Donc Ray et Dave Davies se sont toujours déchirés, alors même qu’ils sont les deux derniers d’une fratrie de dix et qu’ils ont eu la chance de réaliser leur rêve de gosse : devenir l’un des plus grands groupes de pop et de rock anglais. Ils ont souvent raconté que tout jeunes déjà ils ne pouvaient pas s’empêcher de se battre. Pendant toute l’histoire de leur groupe mythiques ils se sont battus : en studio, sur scène, par interview ou autobiographies interposées, chacun se revendiquant d’être le vrai génie derrière tous leurs morceaux.


    Au-delà du côté légendaire de cette querelle de frères, qui fait penser à Rémus et Romulus ou Abel et Caïn, cette ambiance fratricide a réellement écorché la carrière du groupe. À force de déclencher des bagarres pendant des concerts, les deux frères ont perdu le droit d’entrer sur le territoire américain, même pour y faire des tournées. Résultat : malgré le succès des débuts et malgré le talent, le groupe n’aura jamais le succès des Beatles aux États-Unis. 


    Conclusion, si on dresse un parallèle fort hâtif : espérons que dans ce deuxième tour de la primaire, Jadot et Rousseau ne se tirent pas trop dessus. 


    Et en attendant, matin oblige, écoutons le titre “Waterloo Sunset”, une des merveilles qui rappelle que les Kinks étaient quand même de sacrés génies.

  • Podcast du vendredi 17 septembre 2021 : Vitamine So : "Sanba Yo Pran Pa Lé” de Lakou Mizik & Joseph Ray (DJ Koze remix) :

    Comme chaque vendredi, je vous propose de terminer la semaine avec un morceau qui lance officiellement le week-end. Ce matin, c’est un titre remixé.


    À l’origine, c’est un morceau d’un groupe haïtien, Lakou Mizik, avec un producteur allemand, Joseph Ray. Ensemble, ils ont sorti un disque qui essaie de raconter un peu de l’histoire d’Haïti, de ses cérémonies vaudou à ses chants de révolte, de sa spiritualité à son grand sens du mystère. 


    Leur album commun s'appelle Leave The Bones, et il se trouve qu’un certain DJ Koze, qu’on adore, vient d’en remixer un bout. DJ Koze, qui est allemand lui aussi, s'est amusé avec ce morceau. Il l’a trituré, étendu, et en a gardé la substantifique moelle. 


    Je crois que ça peut préparer à un weekend perché, connecté aux astres, aux ancêtres spirituels et cathartiques : voici donc “Sanba Yo Pran Pa Lé” de Lakou Mizik & Joseph Ray, remixé par DJ Koze. 

  • Podcast du jeudi 16 septembre 2021 : Vitamine So : "Perfect Day" de Lou Reed :

    Ces imperfections, Sophie, ça te donne envie d’un morceau ?


    Oui, d’un morceau parfait. Qui reconnaît que personne ne l’est mais qu’il existe parfois des épiphanies où les planètes s’alignent et où tout se passe bien : ce morceau c’est “Perfect Day” de Lou Reed.


    Il compose ce titre en 1972, alors qu’il ne va pas très bien. Il a quitté le Velvet, quitté la Factory, s’est installé à Long Island chez ses parents et a sorti un album solo qui n’a pas fonctionné comme il le voulait. Dans cette période floue, il croise la route d’un certain David Bowie, immense star à qui tout réussit à l’époque et à qui le label RCA a donné un gros budget pour son 4ème album. Des amis communs se disent : “Bowie & Reed doivent se rencontrer”. Alors ils organisent un dîner et les oiseaux de nuit se croisent, se toisent, et s’apprécient au point de vouloir travailler ensemble. Enfin, c’est surtout Bowie qui veut aider Lou Reed à créer et conclure son nouvel album solo qui s’appellera Transformer.


    Le courant passe. Lou Reed est souvent ivre en studio, il se laisse porter par Bowie et son collaborateur Mick Ronson et c’est avec la nonchalance d’un amoureux blessé, d’un poète abîmé et d’un génie qui s’ignore qu’il crée cet album crucial et ce titre mythique, “Perfect Day”.


    C’est une balade qui parle d’amour peut-être, d'addiction sans doute, et qui rappelle que, certes, les candidats écolos ne sont pas parfaits, mais que peut-être ce grand soir, ce perfect day, leur tombera dessus le jour de l’élection présidentielle.

  • Podcast du mercredi 15 septembre 2021 : Vitamine So : "Pa Qué" d'Ana Tijoux et PJ Sin Suela :

    Alors Sophie, augmenter les effectifs de la police Sophie ça t’inspire quoi ?


    Ça m’a donné envie d’explorer l’histoire du terme “ACAB”, All Cops Are Bastards, qui est une des réponses citoyennes à l’augmentation des effectifs de police, une expression qu’on croise en manif, sur internet, dans des réseaux militants par celles et ceux qui reprochent à la structure du système policier sa violence intrinsèque.


    ACAB, c’est un acronyme qui date de 1920, né chez des délinquants anglais. Après ça, il aurait été repris par des bikers américains. Mais si on cherche la première trace écrite du terme, c’est bien plus tard, dans un journal anglais publié en 1977 qui après la visite d’une prison de Newcastle raconte avoir vu le terme inscrit sur les murs et sur les doigts des prisonniers. Rapidement, les punks anglais se reconnaissent à travers ce mot d’ordre et en 1982 sort un premier morceau de punk et de oi! signé The Good, the Bad & The 4 Skins et qui s’appelle justement A.C.A.B.


    Après ça, ce mot se retrouve un peu partout en Angleterre. Il devient un signe de ralliement pour les punks et les hooligans et comme il n’est pas super bien toléré par la police elle-même, un code secret s’est instauré : au lieu d’écrire ACAB on peut dire 1312, c’est-à-dire remplacer les lettres par leur place dans l’alphabet.


    Depuis ces années-là, le terme s’est développé en France. Grâce au foot notamment, par la culture communicative des hooligans et aussi par des films. C’est un mot qui a servi dans les ZAD, après la mort de Rémi Fraisse, après l’agression de Théo à Aulnay Sous Bois ou la mort d’Adama Traoré à la suite de son arrestation.


    On retrouve ce terme partout dans le monde, surtout quand il s’agit de dénoncer les brutalités policières. Il y a un très chouette morceau qui a été composé par la rappeuse chilienne Ana Tijoux l’an dernier. C'était une année de manifestations populaires réprimées dans la violence absolue. Il s’appelle “Pa Que” et parle des cercles vicieux, des systèmes carcéraux notamment.

  • Podcast du mardi 14 septembre 2021 : Vitamine So : "L'opportuniste" de Jacques Dutronc :

    Aujourd’hui est un jour à marquer d’une pierre blanche : nous sommes à 7 mois des élections présidentielles et ça y est, je peux jouer un morceau que je n’hésiterai pas à ressortir de temps en temps : le fameux “L’opportuniste” par Jacques Dutronc. C’était en 1968 et le chanteur se moquait de la politique qui va avec les sujets dans le vent, les polémiques et qui n’est pas très crédible en termes de conviction.


    Typiquement, entendre Marine Le Pen parler de féminisme, comme ça, sans préciser qu’elle a changé, qu’elle a compris de choses, qu’elle regrette avoir tenu certains propos... ça ressemble à du bon vieux feminism washing. H&M, Mac Do et Amazon font la même et on n’y croit pas non plus.


    Marine Le Pen, qui voulait il y a 10 ans dérembourser l’IVG et mettre au pas le planning familial, qui stigmatise les femmes selon leur tenue vestimentaire, qui est opposée à l’adoption par les couples de femmes, qui a un jour dit tranquillou “la parité est contraire à la méritocratie républicaine”, qui à la commission européenne a voté contre toutes les résolutions qui visaient à améliorer les droits des femmes.


    Alors en ce 14 septembre, elle gagne la médaille de l’opportunisme et remporte le droit d’écouter ce titre de Jacques Dutronc.

  • Podcast du vendredi 10 septembre 2021 : Vitamine So : "I Was Born This Way" de Carl Bean :

    Comme chaque vendredi, je vous propose un morceau destiné à vous armer pour le weekend à venir et pour la semaine qui vient de s’écouler. Le morceau que je vais jouer est génialement joyeux et émancipateur mais je vous en parle aussi parce que son artiste, Carl Bean, vient de mourir. Musicien de gospel né à Baltimore et signé très jeune sur le label Motown, Carl Bean était un homme hyper généreux. Un archevêque, grand défenseur des droits LGBTQI+ qui a chanté, milité et haussé la voix contre le SIDA et pour une église ouverte à toutes et à tous. 


    Cela fait de lui un homme sincèrement bien. J'espère qu'il guidera votre week-end et vous donnera envie de faire de belles choses et de danser, puisque ce tube a accompagné nombres de teuf, de gay prides, et de matinées réussies.


  • Podcast du jeudi 09 septembre 2021 : Vitamine So : “The Comeback” d’Alex Cameron :

    Cette histoire de remontada, Sophie, ça se traduit comment en musique ?


    Par un bon vieux comeback. J’ai hésité à vous jouer des artistes qui sans crier gare ont fait un retour sur scène après des années de silence, je me suis dit que ça ne marchait pas exactement avec le remontada d’Arnaud Montebourg, qu’on pouvait deviner depuis un petit bout de temps. 


    Alors j’ai choisi de vous jouer un morceau qui s’appelle comeback, l’équivalent anglophone de cette remontée spectaculaire. C’est un titre écrit par un musicien que j’adore parce qu’il est très bizarre. Il s’appelle Alex Cameron, c’est un musicien australien qui s’est fait connaître avec son groupe Seekae et qui est resté assez confidentiel.


    Il y a quelques années, Alex Cameron décide de s’envoler pour Los Angeles parce que la vie artistique y est sans doute plus simple. Et c’est effectivement depuis les Etats-Unis qu’il se fait remarquer, avec sa drôle de voix cassée, son rock un peu bancal et sa pop pas si simple que ça. Il décide alors de faire un truc pas banal : ressortir un de ses albums qui en 2013 n’avait eu qu’un petit écho. Il espère qu’en 2016 ce comeback fera parler de lui et c’est le cas. Alex Cameron, en plus de chanter et de composer de chouettes mélodies, adore se déguiser, camper des personnages de vieux crooner ringard, de rock star lascive, d’artiste bordélique. 


    Sur ce disque il y a un morceau qui s’appelle “The Comeback” dans lequel il s’imagine comme une star déchue, en vieux briscard à qui on a tout piqué mais qui malgré tout y croit quand même. Et, franchement, c’est un super morceau.

  • Podcast du mercredi 08 septembre 2021 : Vitamine So : "Sol de España" de Michel Magne :

    La mort de Belmondo, ça a aussi été l’occasion de se souvenir de toutes les bonnes bandes originales qui l’ont accompagné toute sa vie ? 


    Eh oui, il y a eu beaucoup d’articles qui ont remis en avant les compositions de Ennio Morricone, François de Roubaix, Michel Legrand, Philippe Sarde, Georges Delerue qui ont rythmé les cascades, les tirades, les regards caméra, les sourires, les coup de maître de Bébel le magnifique. D’ailleurs, je vous conseille le coffret Écoutez Le Cinéma, qui a été pensé par l’excellent Stéphane Lerouge et qui retrace en 14 morceaux choisis avec précision une histoire musicale de Belmondo au cinéma. C’est franchement culte. 


    J’aurais adoré pouvoir vous jouer un morceau de Belmondo lui-même, malheureusement c’est impossible puisque lui-même ne chantait pas, ou n’aimait pas sa voix. En revanche, en souvenir de Un Singe en Hiver, un de ses plus grands films - un de mes préférés en tout cas -  je voulais exceptionnellement vous jouer un bout des dialogues olympiques écrits par Michel Audiard. 


    Parce que la voix de Belmondo y est follement chantante, et que c’est un film comme on en a rarement fait sur l’ivresse, l’amitié, la France, les rencontres, l’amour, les états que l’on atteint quand on est parfois perdu. 


    Ensuite, on y voit Bébel faire du flamenco avec une grande élégance sur un morceau de Michel Magne. Bien que j’aurais aimé vous diffuser ce film en entier et tant d’autres dialogues de Belmondo, on écoute ce matin ce morceau. À vous d’imaginer Belmondo danser dessus.


  • Podcast du mardi 07 septembre 2021 : Vitamine So : « Got To Be Some Changes Made » de The Staple Singers :

    Les envies de changements radicaux, Sophie, ça t’inspire quoi ?


    Ça me donne envie d’écouter du gospel au réveil, plus précisément les Staple Singers, le groupe dans lequel la fameuse Mavis Staples, que vous entendez sur Nova, a fait ses débuts. À vrai dire ce groupe là c’est une affaire de famille puisque c’est le père de Mavis, Pops Staples, qui l’a monté en 1948 et qui y a fait entrer petit à petit tous ses enfants. Pops, à l’origine, était ouvrier dans des plantations et des aciéries. Jeune homme, il s’est passionné pour le chant, la guitare et le gospel spiritual.


    Il a transmis ça à ses 4 enfants qui ont tous fait partie des Staple Singers. Ils ont eu une sacrée vie musicale : signés sur beaucoup de labels de la Stax à Atlantic, adorés par Bob Dylan, collaborateurs de Curtis Mayfield. 


    Et si je vous en parle ce matin c’est parce qu’ils ont sorti un morceau qui s’appelle “Got To Be Some Changes Made” et qui je trouve colle bien à l’impératif de changement. De fait, en termes de croissance, d’écologie, de consommation, ce serait vraiment bien bien mieux si on améliorait deux trois choses.


  • Podcast du lundi 06 septembre 2021 : Vitamine So : "Tom's Diner" de Suzanne Vega (DNA remix) :

    Sophie, au lieu du Menard’s Diner, tu nous proposes un menu que l’on préfère sur Nova ? 


    Ce sera un Tom’s Diner, du nom d’un morceau génial de la non moins géniale Suzanne Vega, musicienne américaine qui a toujours brillé par la beauté simple de ses morceaux et ses textes qui vont droit au cœur. En 1981, Suzanne Vega compose le morceau “Tom’s Diner”. Elle va tarder à le sortir, peut-être parce qu’elle sait que cette chanson ne correspond pas exactement aux canons du genre des années 80. L’époque est au kitsch et à extravagance, alors que ce titre-là est une balade sans artifice et toute douce. 


    Elle finit par oser sortir ce morceau en 1987. Son titre, “Tom’s Diner”, est le nom d’un restaurant new-yorkais (ce qui en soi nous plaît déjà plus qu’un repas chez Robert Ménard). 


    Mais, en plus de ça, il y a une sacrée anecdote à raconter autour de ce morceau : à l’époque, plusieurs laboratoires à travers le monde s’affrontent pour essayer de créer le meilleur format de compression audio. Une équipe allemande bosse alors sur ce qui va devenir le MP3. Pour tester leur format, ils cherchent un unique morceau qu’ils devront écouter en boucle pendant des semaines. 


    Et ils choisissent ce morceau-là. D’abord parce qu’il est très beau, mais surtout parce que la voix de Suzanne Vega - qui est un a cappella - est tellement nette et chaleureuse qu’ils savent qu’ils entendront tout de suite si leur format de compression dégrade la qualité sonore. On a d’ailleurs par la suite appelé Suzanne Vega la “Mother of the MP3” 


    "Tom’s Diner", sur Nova, on l’a toujours aimée, mais plus particulièrement dans sa version remixée par DNA, duo de producteurs anglais qui ont sorti cette version tripante.

  • Podcast du vendredi 03 septembre 2021 : Vitamine So : « You Can Do It » de Caribou :

    Chaque vendredi, désormais, je vous présenterai un Vitamine So valable pour toute la semaine, une sorte de remède à l’actualité rarement rassurante et une préparation au week-end. 


    Je sais que cette semaine on a commencé avec un petit cumul des mandats, entre la fin officielle des vacances, le retour des polémiques quotidiennes, les dérapages politiques qui sont révoltants et la situation en Afghanistan qui est inhumaine. Alors, face à tout ça, ce que j’ai à vous proposer n’est qu’un divertissement, modeste, mais voilà : c’est un nouveau titre de Caribou - alias Dan Snaith. C'est un producteur canadien, mathématicien des machines, super collectionneur et capable aussi de faire des tubes. Et justement : je trouve que son nouveau titre en est un. 


    Il s’appelle “You Can Do It” et il est du genre à motiver des foules. 


    D’ailleurs c’est son message : tu peux y arriver. En plus vous allez voir, la mélodie va dans ce sens là. Le tout est d’une efficacité folle. 


    Pour un vendredi plus digeste que le reste de la semaine, et pour une matinée qui vous donne envie de déplacer des montagnes : voici Caribou, You Can Do It.


  • Podcast du jeudi 02 septembre 2021 : Vitamine So : "Didn't Cha Know" d'Eryka Badu :

    Arnaud Montebourg qui y va ou qui n’y va pas, ça te donne envie de quoi Sophie ? 


    D’écouter un morceau qui donne ses lettres de noblesse à l’hésitation, un titre de la reine Erykah Badu, le fameux “Didn’t Cha Know”, qu’on pourrait traduire “Tu ne savais donc pas”. C’est un morceau qu’elle sort en l’an 2000, coproduit avec J Dilla - aux mains d’or - et qui est un hymne de la néo-soul de cette période-là.  


    L’anecdote en studio est marrante. À l’époque, Erykah Badu est amie avec Common qui est lui-même ami avec J Dilla. Ils ont l’un comme l’autre envie de faire un morceau ensemble et se retrouvent en studio à Detroit, chez Dilla. Là, le producteur dit à Erykah Badu : “Tiens ! Ma collection de disques. Cherche, fouille, et sors-moi un disque qui t’intrigue.” Elle saisit un album qui l’intrigue parce qu’elle ne le connaît pas, un disque du groupe Tarika Blue. Dilla le prend, y trouve une boucle en deux secondes et hop l’affaire est jouée, même si le sample ne sera jamais officiellement clearé. 


    Pour ce qui est des paroles, dès le début, le message est clair. La chanteuse ne sait pas où aller, quel chemin emprunter. Ce n’est pas grave d’hésiter si ça donne naissance à une si belle chanson. 


    Puissent tous les candidats hésitants à se présenter aux primaires s’en inspirer pour créer de si belles œuvres !

  • Podcast du mercredi 01 septembre 2021 : Vitamine So : « Prix Choc » d’Étienne de Crécy :

    Sophie, ce débat éternel sur la légalisation du cannabis, ça te donne envie de jouer quoi ? 


    Sûrement pas une nouveauté, pas besoin puisqu’effectivement ce débat ne progresse pas. Il agite la société française depuis des décennies, voire des siècles. J’ai découvert hier que la première interdiction du cannabis dans l’histoire de France date du 8 octobre 1800 dans une Égypte que l’on colonise à l’époque. Preuve que la question de la dépénalisation, en plus d’être éternelle, dépasse largement la simple affaire de santé publique.


    Je ne vous joue donc pas une nouveauté mais un titre qui date de 1996 et qui est signé Étienne de Crécy. C’est de la French Touch, mais pas que : à l'époque Étienne de Crécy est allé piocher dans des samples de funk, de soul, mais ce qui a fait le succès de ce morceau et qui en a fait un hymne pour les stoneurs, c’est une fameuse phrase qui se répète et où l’on entend : “sinsemilla, marijuana”.


    Or cette phrase, d’où vient-elle ? D’un tube reggae qui ferait l’apologie du cannabis ? Non. D’un discours politique qui fustigerait les consommateurs ? Non plus. Elle est en fait issue d’un documentaire qui réunit Bob Marley, Peter Tosh et d’autres. C’est un documentaire assez mystérieux puisque quasiment introuvable aujourd’hui, en tout cas moi je n’ai pas réussi à remettre la main dessus. C’est donc cette science du sample, et ce message clair et efficace qui a fait le succès du morceau. 


    On peut réécouter "Prix Choc", d’Étienne de Crécy, en attendant que les politiques se décident à être moins hypocrites.

  • Podcast du mardi 31 ao?t 2021 : Vitamine So : "Enfant" de El Michels Affair :

    Les candidats de droite ont l’air bien sinistres, Sophie quel disque as-tu trouvé pour leur remonter le moral ? 


    Voici un morceau qui marche aussi sur les candidats de gauche, ou sur toute personne qui a l’impression que la grisaille a pris possession de son esprit : c’est une berceuse pour adulte qui a le bon goût de s’appeler “Enfant”. 


    Elle est signée par El Michels Affair - un groupe qu’on adore sur Nova, mené par Leon Michels - un musicien de Brooklyn fan de funk, de hip-hop, de groove, de voyage. C’est un des grands instrumentistes de la soul retro new yorkaise de ces dernières années et l’an dernier, en plein confinement, son groupe et lui ont sorti le disque Adult Themes, littéralement des thèmes pour adultes. C’est un disque pensé comme la bande-son d’un film qui n’existe pas. 


    Chacun est libre de se raconter sa propre histoire, de se faire son propre film. Et ce morceau, “Enfant”, qui ouvre le disque, est chantonné avec une telle douceur qu’il oblige à l’apaisement. Même si je le dis d’une manière un peu légère, on est très nombreux à redouter la période politique qui arrive, à avoir sincèrement peur de ces élections, des débats et du climat qui risquent d’en découler. Alors voilà une bulle de respiration, “El Michels Affair”. 


    Visuel © Adult Themes

  • Podcast du lundi 30 ao?t 2021 : Vitamine So : "Chase the Devil" de Lee Scratch Perry :

    Ce matin Sophie, le Vitamine So est un hommage à un artiste qui nous a quittés hier ?


    Oui parce que l’actualité de la musique en cette rentrée, c’est beaucoup de disparitions d’artistes majeurs - et hier c’est Lee Scratch Perry qui nous a quittés. Un sorcier des machines, un producteur possédé qui a révolutionné le reggae, façonné le dub, et tracé son chemin dans la musique grâce à ses visions et à ses excentricités.


    Lee Scratch est un producteur né en Jamaïque en 1936, dans une paroisse, qui va se faire un trou dans la musique à l’époque en devenant le bras droit de Sir Coxsone, dans les mythiques Studio One. Là, il est chargé de dénicher des talents du reggae. Il va se charger des enregistrements, et puis il va se mettre à produire pour lui-même - avec son groupe les Upsetters.


    Après ça Lee Scratch va toujours jongler entre ses deux casquettes d’artiste et de producteur pour les Wailers, avec Bob Marley, puis Max Romeo, Peter Tosh, U Roy, les Viceroys, les Congos, King Tubby etc etc. La liste est longue de ceux qui sont passés ensuite dans son studio mythique, le Black Ark, où il va affiner son son. Sur un magnéto 4 pistes, il sample des bruits d’animaux, il boucle, il filtre, il mixe et c’est en parlant aux esprits qu’il va développer cette créativité, cette audace qui vont changer la musique.


    On va lui rendre hommage toute la journée sur Nova, en vous racontant des histoires qui lient la radio à Lee Perry - comme la fois où il est passé bénir nos consoles en studio à Paris avec de l’ail et du citron pour purifier notre atmosphère et appeler les bonnes ondes. Forcément, il sera question de feu - puisque souvent les studios de Lee Scratch ont été détruits, volontairement ou accidentellement par les flammes. On vous diffusera aussi certains de ses mixes où vous entendrez l’étendue de son talent, de ses métamorphoses, de sa technique autant que de son bon goût.


    Mais pour commencer, voici son Chase The Devil plus que classique. Composé en 1976 avec Max Romeo, enregistré dans ce studio le Black Ark, avec les Upsetters. Plus tard, il va être samplé par Prodigy.

  • Podcast du jeudi 01 juillet 2021 : Vitamine So : "When You Gonna Learn" de Jamiroquai :

    Face à l’actualité climatique particulièrement inquiétante, ta chronique Sophie elle commence par une question ?


    Oui et c'est le titre d’une chanson qui a près de 30 ans, c’est "When You Gonna Learn" de Jamiroquai. Ce qui veut dire : mais quand va-t-on apprendre ? 


    En 1993 ce que Jay Kay et sa bande veulent nous dire avec l’album Emergency on Planet Earth - c’est très clair. La situation climatique est urgente, et déjà catastrophique. Il essaie de sensibiliser à des questions essentielles de préservation des ressources, de respect des peuples autochtones, de décroissance. Mais à l’époque, si le public adore danser sur ces morceaux, les gens vont se contenter de trouver l’écologie de Jamiroquai divertissante. Personne ne le prend au pied de la lettre. Il est rigolo avec ses grands chapeaux et ses phrases chocs. 


    Et 30 ans plus tard, alors qu’on n'a rien fait, qu’il est l’heure de constater que c’est déjà foutu pour nous, on a envie de répondre à Jamiroquai : tu le savais qu’on n’allait jamais rien apprendre. Parce que visiblement l’humanité n’est pas assez évoluée pour ça. 


    Je sais que la réponse n’est pas très joyeuse, mais bon. Voici Jamiroquai sur Nova.


    Visuel © Emergency on Planet Earth

  • Podcast du mercredi 30 juin 2021 : Vitamine So : "Poutou" de Dombrance :

    Le retour de Philippe Poutou à la présidentielle, ça te donne envie de jouer le morceau le plus évident de la terre ? 


    Un morceau qui s’appelle "Poutou" et qui a été écrit pour lui, avec sa photo en tant que jaquette. Et qui est génial, puisque c’est notre Dombrance national qui l’a composé. Vous l’avez sûrement remarqué, Dombrance, ce musicien qu’on a connu rockeur sur Nova est depuis quelques années devenu un professionnel du morceau politique. Enfin, du morceau qui porte le nom de personnalités politiques : Obama, Raffarin, Alexandria Ocasio Cortez, Dati, etc. 


    Le fond pour le coup est rarement engagé. Mais dans ce cas précis, on ne peut pas s’empêcher de voir dans l’esthétique de ce morceau dédié au candidat du NPA une envie de rappeler à quel point Philippe Poutou est proche de nous, de ce que traversent les Français en général. 


    Poutou qui n’est pas un professionnel de la politique, qui vient d’être licencié parce que son usine Ford de Blanquefort a été fermée, et qui est donc un candidat nécessaire à cette élection, si l’on pense encore que la politique est une chose commune et collective. 


    Voici donc "Poutou", de Dombrance sur Nova.


    Visuel © Poutou

  • Podcast du mardi 29 juin 2021 : Vitamine So : "Lying Has to Stop" de Soft Hair :

    Ce petit côté "c’est pas ma faute à moi’"du LREM qui a du mal à se remettre en question après leurs échecs aux élections régionales, ça te donne envie d’écouter quoi ? 


    Pas "Lolita" d’Alizée, même si ça aurait été surprenant sur Nova, mais plutôt "Lying Has to Stop" : le mensonge doit s’arrêter, un titre génial, lascif, gluant de Soft Hair - ce duo monté par Sam Dust & Connan Mockasin à l’occasion d’un unique album sorti en 2016, mais dont l’histoire est au long cours. 


    Les deux compères, qui représentent deux manières d’être excentriques et d’envisager la pop et le rock, se sont souvent croisés sur scène, en festival, ont longtemps eu envie de collaborer, mais étaient chacun occupé à leurs propres affaires. Et puis petit à petit, ils ont trouvé des moments en studio et se sont mis à bâtir cet album, comme un château de sable futuriste, avec de drôles de formes, des nappes et de sacrées mélodies. Dont ce "Lying Has To Stop" - un morceau que je trouve génial, parce qu’il met dans un drôle d’état quand on l’écoute. 


    En plus son message a le mérite d’être clair : le mensonge, c'est mal. Le titre parle d’un couple qui s’éloigne à cause d’une jeune femme qui ne peut pas s’empêcher de mentir. Et c’est vrai qu’à force d’être déçu par celles et ceux qui n’honorent pas leur parole, on se détourne d’eux. Dans la vie comme dans les urnes. 


    Voici Soft Hair sur Nova.


    Visuel © Soft Hair

  • Podcast du lundi 28 juin 2021 : Vitamine So : "Song from the Kingdom" de B77 :

    Ce matin Sophie tu as envie de la jouer fairplay ?


    Oui parce que ce soir il y a match, de l’Euro, entre la France et la Suisse et je me suis dit que c’était l’occasion de vous parler d’un de mes groupes suisses préférés : les B77. 


    Si vous écoutez Radio Nova depuis quelques années, vous avez entendu qu’on avait les oreilles tournées vers la Suisse, vers Genève, Zurich, Bâle, Lausanne - où y a toute une scène rap ultra dynamique - notamment incarnée par Slimka, Makala, Varnish la Piscine. Côté pop aussi c’est la grande joie - Muddy Monk est un de nos chouchous, et autour de tout ce beau monde gravitent aussi les B77.


    Un duo qui vit à Berne, Luca & Leopold, l’un est postier au civil, l’autre travaille dans les réseaux sociaux - et le soir, et pendant leur temps libre, ils créent des morceaux perchés, labyrinthes, psychédéliques, inspiré de pop contemplative, de rock’n’roll énigmatique, de peinture classique, d’art contemporain, etc. Que vous entendez parfois sur Nova, comme des petites cartes postales trippées. 


    C’est diablement beau, c’est inspiré, ça part de Suisse pour nous ouvrir sur tout un monde parallèle - et c’est aussi à ça que servent les grands évènements sportifs - à nous familiariser avec d’autres univers. Donc voici les B77 avec le morceau "Song for the Kingdom".


    Visuel © Fleur de B77

  • Podcast du vendredi 25 juin 2021 : Vitamine So : « Summer Is Coming » de Labi Siffre :

    Aujourd’hui dans Vitamine So, on se rappelle que l''été arrive, avec un morceau signé Labi Siffre, "Summer is Coming".


    Alors qu’on vient de passer une semaine, une année, une période éprouvante - je me dis qu’on a oublié un petit truc. C’est que l’été est quand même en train d’arriver. Alors certes, c’est plus comme quand on était enfant, y a plus vraiment de goûters en cours, de kermesse, et ce mois de juin est même pas particulièrement chaud - mais quand même, cherchons de la joie dans ce sentiment de légèreté que personne n’a oublié.


    Et donc je vous ai choisi un titre que j’adore de Labi Siffre - qui s’appelle ‘Summer is coming’ - l’été s’en vient. Labi Siffre c’est un poète, musicien anglais qui n’a fait de la musique que pendant 15 ans de sa vie - mais qui a eu le temps de marquer énormément de gens. Parce que ses titres sont des sources inépuisables de sample - du Wu Tang, à Eminem en passant par Fatboy Slim ou Fabe - il y a tant de gens qui ont trouvé dans ses mélodies, dans son groove l’inspiration.


    Mais le morceau que je veux vous jouer - je crois qu’il a pas été samplé du tout. Parce qu’il n’est pas si connu. Alors que c’est un chouette titre qui respire l’été, la chaleur qui grimpe, l’insouciance qui nous prend aux tripes. 

  • Podcast du jeudi 24 juin 2021 : Vitamine So : Loungin (Who Do U Luv) de LL Cool J :

    Alors cet argument du PS qui veut séparer l’homme Mélenchon de son parti, ça t’inspire quoi ? 


    Je me dis que ça sent l’emboucannerie à J -4 du deuxième tour des élections régionales, je trouve l’argument séparer l’homme politique de son parti un poil retors. Et ça me fait penser à une chanson d’un certain LL Cool J où il essaie de convaincre, par tous les arguments possibles, une jeune femme de quitter son homme : le génial Loungin, aka Who Do U Luv - un titre qui est mythique par sa force argumentative, par le flow de LL Cool J et aussi pour son sample. 


    En termes de parole, c’est osé : le MC du Queens y va de son “ton mec s’endort quand il te fait l’amour”, il n’a pas conscience du trésor que tu es et puis en plus même s’il te couvre de cadeau l’amour ne s’achète pas, etc. Et il va dans le refrain jusqu’à répéter la question "mais de qui es-tu vraiment amoureuse ? Est-ce que t’es sûre ?"


    Et résultat, ça marche. La jeune femme n’est pas sûre. 


    Ce titre est génial parce qu’il sent bon le hip hop des années 80, que le sample nous renvoie vers le classique "Who Do You Love" de Bernard Write, qui tentait déjà une opération séduction en 1985 avec ce titre qui jouait la carte de l’honnêteté. 


    Et qui sait, cette technique digne d’un renard rusé pourrait inspirer nos politiciens, alors on l’écoute.


    Visuel © All World

  • Podcast du mercredi 23 juin 2021 : Vitamine So : "I Believe In Miracles" de Jackson Sisters :

    Alors Olivier Faure qui n'est pas loin de se lancer dans la conquête de l’espace, Sophie ça sonne comment pour toi ?


    Comme un titre qu’on adore sur Nova qui s’appelle "I Believe In Miracles" - je crois aux Miracles, un morceau signé des Jackson Sisters qui n’ont rien à voir avec la famille de Michael. Elles sont 5 aussi, comme les Jackson 5, mais elles ont grandi en Californie, ont déménagé à Detroit pour la musique, et ont une carrière un peu moins simple. 


    Dans les années 70 elles enregistrent quelques titres, de la disco, de la soul qui font leur petit effet, et ce “I Believe in Miracles” qui est une reprise, ne va pas connaître le succès immédiat. Ça va prendre quelques décennies précisément, et par un heureux hasard, dans les années 90 le titre devient un petit tube de l’autre côté de l’Atlantique, en Angleterre. On sait que les anglais sont les pros pour déterrer des singles de soul et en faire des hits.


    Depuis il a été réédité par Mr Bongo, et puisque le PS se permet d’espérer un miracle dans les urnes, on a envie de leur jouer ce morceau. 


    Visuel © I Believe In Miracles

  • Podcast du mardi 22 juin 2021 : Vitamine So : "The Sound Of Violence" de Cassius :

    Sophie, ce matin ces pensées philosophiques de Darmanin sur le silence t’ont inspiré non pas un morceau, mais deux ?


    Quand Darmanin nous conseille d’écouter le silence, forcément je pense à "The Sound Of Silence" de Simon and Garfunkel - un classique qui a été composé dans la solitude de la jeunesse, puisqu’on le doit à Paul Simon, qui une nuit d’insomnie s’est assis sur le carrelage sa salle de bain, guitare à la main, toute lumière éteinte. C’est là, avec un léger ruissellement de robinet en fond apaisant, qu’il trouve l’inspiration pour écrire ce morceau qui parle de la communication entre les hommes et des jours où l’on parle pour ne rien dire, et où l’on entend des mots sans les écouter. Un titre qui capture le son du silence. 


    Mais finalement, j’ai choisi un autre titre. Parce que Darmanin qui se révèle philosophe d’un coup, du jour au lendemain, ça ne me convainc pas. Lui qui n’a pas écouté les inquiétudes du peuple face à la loi sécurité globale, lui qui n’écoute pas les hommes et les femmes scandalisées par ses arguments pour se justifier des agressions sexuelles qu’il a commises, lui qui n’écoute pas les victimes de violences policières qui veulent déstructurer le racisme systémique, lui qui n’écoute pas la magistrature quand elle lui rappelle à son devoir de neutralité en tant que premier ministre, lui qui n’écoute pas la France quand elle lui demande de prendre un tout petit peu soin de sa jeunesse, de ses fêtards, de ses manifestants. 


    Alors plutôt que "The Sound Of Silence", écoutons le "The Sound Of Violence" de Cassius - un classique des années 2002, remixé ici par Cosmo Vitelli - qui rappelle que le premier silence vient du gouvernement et des absences de réponses à nos préoccupations. Et que ça, c'est une violence.


    Visuel © Au Rêve

  • Podcast du lundi 21 juin 2021 : Vitamine So : "Losing My Taste for the Nightlife" de Peter Broderick :

    Alors Sophie, cette fête à laquelle personne ne se pointe, ça te rappelle quelque chose ? 


    En tout cas ça me donne envie de jouer un morceau que j’aime beaucoup, mais qui en plus a le mérite de voir les choses autrement. Cette chanson, elle a été composée par Arthur Russell - et elle s’appelle "Losing My Taste for The Nightlife" - "Je perds mon goût pour la vie nocturne", pourrait-on (mal) traduire. 


    Arthur Russell, c’était un compositeur de génie, un homme qui est l’artiste préféré de vos artistes préférés, de Sufjan Stevens, à Chez Damier, en passant par Devendra Banhart, Jose Gonzales, Robyn, les Arcade Fire : tous sont fans de lui. 


    Lui qui est mort jeune, du Sida, en 1992. Mais qui en quelques années de vie, a réussi à composer des centaines de morceaux qui sont devenus cultes, après sa mort. Il a grandi dans l’Iowa, il y a appris le violoncelle, mais très jeune il a voulu découvrir autre chose - et s’est installé à San Francisco. C’est là qu’il a rencontré Allen Ginsberg, et la beat generation, là qu’il a commencé à travailler sa propre discipline musicale, très libre, très instinctive et extrêmement riche. Et puis il fricote avec les Talking Heads, Bob Dylan, Larry Levan - toute une avant-garde musicale, mais qui va de musiciens de pop, de folk, ou des DJ et producteurs de house et de disco. 


    Une des forces de Arthur Russell, c’est qu’il n’a lui même jamais choisi sa chapelle musicale, capable de composer des symphonies au violoncelle autant que des hymnes de la teuf. 


    Parce qu’il était aussi un grand fêtard - adepte du Loft, du Paradise Garage qu’il fréquentait. Sauf qu’un de ses plus beaux morceaux - posthumes - s’appelle "Losing My Taste for the Night Life" - et il raconte que même lui s’est lassé. Il parle de l’errance aussi de celui qui comble quelque chose par la fête, qui ne sait même plus pourquoi il fait la fête. 


    Mine de rien, quand on poursuit l’analogie entre ces élections boudées qui seraient comme une fête ratée, on peut se demander pourquoi personne n’est venu. Pourquoi tant de gens n’ont pas fait le déplacement. Est-ce que c’est le line up qui ne convainquait pas ? La formule ? La communication en amont qui a échoué ? Est-ce que c’est parce que les gens ont envie d’autre chose ?


    Ça vaut le coup de se le demander et d’écouter ce morceau qui dans sa version originale est très poétique mais peut-être trop douce. Voici une reprise, toute aussi belle, signée par Peter Broderick. 


    Visuel © Peter Broderick & Friends Play Arthur Russell

  • Podcast du jeudi 17 juin 2021 : Vitamine So : "Mask Off" de Future :

    Sophie quand tu as dû choisir un morceau pour illustrer notre chronique sur la fin du port du masque en extérieur, tu n’as pas beaucoup hésité. 


    Non j’ai un peu choisi l’évidence, et en même temps quand il y a un morceau qui s’appelle "Mask Off" - littéralement "Bas les Masques", c’est du pain béni. 

    Ce morceau de 2017, avec cette flûte entêtante il est signé Future, un des immenses nom d’Atlanta, produit par le génie Metro Boomin avec un sample tiré de la bande-originale du film Selma, de 1972.

    Dans son refrain, il parle en plus des paradis artificiels - un peu chimiques - ce qui va assez bien avec le summer of love que l’on s’apprête à vivre. 


    Et même s’il ne s’agirait pas d’oublier les autres gestes barrières, voici donc "Mask Off" de Future sur Nova. 


    Visuel © Mask Off

  • Podcast du mercredi 16 juin 2021 : Vitamine So : "Compulsion" de Martin L.Gore :

    Face à tant de lapsus Sophie, quel est le diagnostic ?


    Je ne suis pas psychiatre, alors je peux 100 fois me tromper mais on peut suspecter une compulsion - cette force intérieure qui nous pousse à dire des choses, et à en faire d’autres, sans pouvoir se maîtriser. C’est angoissant, souvent, par distinction avec l’impulsion - et c’est aussi le nom d’un morceau que j’adore de Martin L.Gore, qui est le leader de Depeche Mode. 


    Ce titre-là pour tout vous dire c’est une reprise d’un musicien post-punk qui s’appelle Joe Crow, qui en 1982 a composé cet ovni de la musique électronique qui évoque les mots qu’on a parfois du mal à trouver et comment on peut se sortir d’un certain état répétitif. Et quand en 1989 Martin L.Gore décide de le reprendre, pour son premier album en solo, il en fait un ovni tout aussi charmant. Presque plus énigmatique encore. 


    Et puisqu’on parle de mots qui sont inconscients, c’est touchant de constater que Martin L.Gore se trouve dans des paroles qui n’ont pas été écrite par lui. 


    Peut-être que Thierry Mariani devrait faire pareil : laisser d’autres personnes plus habiles parler pour lui ! 


    En tout cas nous on écoute ce drôle de titre.


    Visuel © Counterfeit e.p

  • Podcast du mardi 15 juin 2021 : Vitamine So : "Saucisse Saucisson" des Léopards de Saint-Pierre :

    Cette "guerre de la saucisse" inattendue entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, Sophie ça te donne envie de quoi ? 


    Ça me donne envie de ne pas jouer un morceau trop potache, et vous vous en doutez quand le thème de la recherche est "saucisse", il n'y a pas grand chose de très raffiné. Pas grand chose, mais quand même un titre très cool - signé des Léopards de St Pierre un groupe martiniquais phare des années 70/80 - orchestre de cadence, de calypso et de ce qu’on appellera bientôt le zouk.


    C’est d’ailleurs le premier groupe des Antilles-Guyane à recevoir un disque d’or en 1976. 


    Ils ont composé un morceau qui s’appelle "Saucisse-Saucisson". Un titre qui est coquin certes, mais dont la mélodie, la section rythmique, la cadence sont vraiment de qualité. En plus qui sait ? Si ça se trouve seul un petit zouk peut réconcilier les Anglais et les Français, alors essayons. 


    Les léopards de Martinique avec "Saucisse, Saucisson".


    Visuel © Les Léopards de St Pierre

  • Podcast du lundi 14 juin 2021 : Vitamine So : "Smiley Faces" de Gnarls Barkley :

    Alors cette injonction à la bonne humeur et cette idée de la politique bienveillante, Sophie ça te rappelle un morceau ? 


    Oui et même un groupe avec lequel j’ai eu envie de commencer la semaine : Gnarls Barkley, que vous connaissez pour le super tube "Crazy" mais dont l’histoire est franchement plus complexe qu’on a pu le croire. D’abord, à la base Gnarls Barkley c’est un groupe - c’est même ce qu’on appelle un super groupe, c’est-à-dire la fusion de deux artistes déjà réputés chacun de leur côté. 


    A ma gauche, le discret, Danger Mouse - le producteur, remixeur, connu pour son boulot avec Gorillaz notamment, ou son sens des collages. Et à ma droite, le charismatique Cee Lo Green - rappeur d’Atlanta, ami d’Outkast, et membre aussi de ce gros collectif la Dungeon Family qui a imposé le rap sudiste sur la scène du hip hop US en 1991. 


    Et c’est grâce à leur deux talents conjugués qu’est né Gnarls Barkley qui dès le premier album a été un immense succès. Et sur ce disque-là il y a un titre qui s’appelle "Smiley Faces" - qui parle de ce que les sourires peuvent cacher, du fait que le bonheur c’est pas si évident que ça et que la mélancolie aussi a le droit de cité. 


    C’est un joli titre parce que le corps du texte s’incarne bien dans la ligne mélodique, un peu psyché, un peu mélancolique. 


    C’est "Smiley Faces" sur Nova.


    Visuel © Smiley Faces

  • Podcast du vendredi 11 juin 2021 : Vitamine So : "Circle Song" de Bobby McFerrin :

    Nadine Morano en roue libre, Sophie ça te donne envie de d'écouter un morceau ?


    Oui ça me donne envie d’écouter un morceau qui rappelle que la liberté, l’improvisation, la créativité débridée ça peut être autre chose qu’un gloubigoulba. Et cette preuve je l’ai trouvé en Bobby McFerrin, le musicien qui s’est fait connaître avec "Don’t Worry Be Happy", certes, mais qui est surtout un extraordinaire chanteur, improvisateur, qui sollicite tout son corps pour jouer, qui sait se servir de quatre octaves - sachant qu’en plus il maîtrise le chant polyphonique, qu’il sait faire plusieurs voix à la fois. 


    Comme si ça ne suffisait pas, en plus de ça, c’est un grand freestyleur. Une de ses techniques de chanson s’appelle le circle singing - ça désigne le fait de chanter en cercle, avec une voix principale au chœur du cercle, qui guide les sous groupes. Tout est improvisé, et repose sur l’écoute entre les chanteurs, et la magie de l’instant. 


    Vous allez voir c’est d’autant plus impressionnant une fois qu’on sait que tout ce qu’on entend n’est pas imaginé à l’avance. C’est "Circle Song" de Bobby McFerrin.


    Visuel © Circle Songs

  • Podcast du jeudi 10 juin 2021 : Vitamine So : "Everything In Its Right Place" de Radiohead :

    Cette méthode d'auto-conviction du gouvernement, Sophie ça te donne envie de jouer quoi ? 


    Un titre de Radiohead et pas n’importe lequel : le fameux "Everything In Its Right Place" - tout est exactement comme il devrait l’être, ou tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles pour plagier un peu Voltaire, et Candide plus spécifiquement. Un morceau composé par le groupe en 2000, c’est d’ailleurs la première piste de l’album Kid A - qui est une révolution pour le groupe, et puis aussi pour beaucoup de ses fans. Un titre composé par Thom Yorke sur un piano dont il ne savait pas vraiment jouer - pour exorciser quelques-uns de ses traumatismes, et plus précisément l’angoisse de la page blanche après la tournée monstrueuse que le groupe venait de faire. 


    Depuis le titre a beaucoup changé, dans son instrumentum puisque le morceau final est joué sur un synthé. Mais il a gardé la trace de son créateur, avec sa structure spécifique, répétitive, entêtante - qui a d’ailleurs inspiré le maître du minimalisme Steve Reich qui l’a réinterprétée plus tard. Les paroles semblent inspirer d’une écriture un peu automatique et le résultat il est assez parfait parce que, un peu comme le titre de Joy Division hier, il est performatif. À force de l’écouter, on entre dans une sorte de transe convaincante. Oui ça va aller, oui ça va le faire. 


    Je trouve ça plus efficace que toutes les communications de crise politique - c’est Radiohead sur Nova. 


    Visuel © Kid A

  • Podcast du mercredi 09 juin 2021 : Vitamine So : "Disorder" de Joy Division :

    Sophie, la France a parfois des airs chaotiques et toi ça te donne envie d’écouter Joy Division ? 


    Oui parce que Joy Division c’est le genre de groupes qui éclaire un peu le brouillard, et qui donne envie d’être combattant, surtout quand on a l’impression que le monde autour de nous part à vau-l’eau et qu’on ne sait plus par quel biais, par quelles armes pacifiques, se battre. 


    Joy Division c’est un groupe de post punk monté à Manchester à la fin des années 70 qui était mené par Ian Curtis, - un jeune homme qui était épileptique, qui était dépressif, et qui se servait de la musique pour exprimer toute son anxiété existentielle, son sentiment indéboulonnable de solitude. Et étrangement, si ça a été cathartique pour lui pendant un temps au moins, il a réussi à transmettre ce surcroît d’énergie que donne parfois la musique. Peut-être que pour certains, Joy Division est assez mélancolique, mais je trouve que la plupart de leurs morceaux ont cette fougue post punk qui donne envie de se battre pour les choses auxquelles on croit : que ce soit l’amour, la politique ou des choses plus intimes. 


    En plus, ils ont souvent trouvé les mots pour parler de la confusion qui peut nous saisir face au chaos, avec poésie et une sacrée ligne de basse et notamment dans le morceau "Disorder". Ça veut dire "Désordre" comme l’état du monde que Ian Curtis observait déjà en 1979. Comme ce qui nous arrive aujourd’hui. 


    Bon réveil en terre confuse, c’est Joy Division qui vous aide à y voir plus clair.


    Visuel © Unknown Pleasures

  • Podcast du mardi 08 juin 2021 : Vitamine So : "Grandiose" de Pomme :

    Alors Sophie ce débat PMA à l’Assemblée Sophie ça te donne envie de jouer quoi ?


    Ça me donne envie de tendre le micro aux premières concernées : les femmes lesbiennes et/ou célibataires. Parce que mine de rien dans ces débats à rallonge, ces pings pongs à l’Assemblée, ces éditos qui donnent l’avis qu’on ne leur a pas demandé - c’est de leurs vies, de leurs futurs, de leurs corps, de leurs intimités que l’on parle derrière le terme de "bioéthique". 


    Surtout que ces atermoiements parlementaires ont relancé, par capillarité, la machine homophobe de la Manif Pour Tous, qui, ont eu le droit de défiler, alors que les marches des fiertés elles ont été interdites - crise sanitaire oblige. 


    Dans ce contexte, qui peut secouer, je voulais écouter un morceau de Pomme qui s’appelle "Grandiose" et qui raconte la vie qu’elle rêve d’avoir, les enfants qu’elle espère porter. À l’origine, cette chanson qui est une déclaration d’amour à l’amour qui interroge le cadre du couple ne parle pas précisément de la PMA, mais la jeune musicienne a fini par lui donner, par le clip, un nouveau sens pour soutenir cette loi - dont on rêverait qu’elle soit encore plus inclusive, et moins discriminante. 


    Pour la PMA ouverte à toutes, c’est Pomme sur Nova.


    Visuel © Les Failles

  • Podcast du lundi 07 juin 2021 : Vitamine So : "Paraponera" de Lucio Bukowski, Oster Lapwass et Eddy Woogy : Mélenchon qui se pose en terrasse avec un petit lait-fraise, ça me donne envie de dire à Mélenchon que déjà c’est un choix surprenant, mais qu’en plus il n’est pas le seul à aimer ça. Un certain Lucio Bukowski est un grand amateur de lait-fraise. Lucio Bukowski c’est musicien, poète, rappeur, producteur lyonnais membre du collectif l’Animalerie qui est un des crews les plus créatifs et inspirés du rap français indépendant.
  • Podcast du jeudi 03 juin 2021 : Vitamine So : "Voices" de Blundetto et Hindi Zahra :

    Des voix dans la tête du PS, Sophie ça te donne envie de jouer un petit standard de notre antenne ?


    Oui parce qu’il tombe à pic. Ce morceau est signé de Blundetto - qui a été pendant des années notre programmateur ici, et Hindi Zahra. Il s’appelle "Voices" et il convoque les voix que le musicien producteur a toujours aimées, des directions mystiques, du jazz, du blues, du dub. Et il laisse libre champs à la voix magnifique de l’artiste franco-marocaine. 


    Pour l’histoire, le texte - qui raconte les conflits entre le cœur et la raison, et les multiples voix qui peuvent parfois nous parlera été improvisé par la musicienne, pendant l’enregistrement du titre qui s’est fait comme dans les meilleurs studios des années 70, de manière analogique.


    Bref, c’est un standard de notre époque, de ceux auxquels il fait bon se raccrocher quand on a l’impression que l’actualité part un peu à vau-l’eau. C’est Hindi Zahra et Blundetto sur Nova, qui va vous faire un peu flotter.


    Visuel © Bad Bad Things

  • Podcast du mercredi 02 juin 2021 : Vitamine So : "Clap Hands" de Tom Waits :

    Sophie, la droite cherche sa voix, et toi laquelle as-tu choisi ce matin ? 


    Une voix profonde, sourde et tellement puissante : celle de Tom Waits, musicien californien qu’on a trop rarement joué sur Radio Nova. Tom Waits, c’est un pilier d’une certaine scène américaine. Il a grandi très influencé par les grands artistes de jazz, de funk, s’est acoquiné avec les icônes du rock’n’roll mais il a choisi une voie spécifique. A mi-chemin entre le jazz, le blues et la tradition orale. En plus, il a été acteur, et a notamment joué dans l’excellent Dawn By Law de Jim Jarmusch. Que je vous conseille fortement. 


    Parmi les plus beaux morceaux du musicien, il y a un titre qui s’appelle "Clap Hands". Sorti en 1985 sur l’album Rain Dogs, qu’il enregistre notamment avec un certain Keith Richards à la guitare. Un disque profondément américain - au sens où il sent le bayou, les jours de pluie sur New York, la folk des routes sans fin. On sent que Tom Waits est une vieille âme, et qu’il invoque les esprits qui l’ont précédés avec toute sa gorge et toute son âme. 


    Une technique dont devrait peut-être s’inspirer la droite française pour espérer se retrouver. Et en attendant ce jour, on écoute Tom Waits qui se met dans la peau de celles et ceux qui ont chanté avant lui et c’est magnifique.


    Visuel © Rain Dogs

  • Podcast du mardi 01 juin 2021 : Vitamine So : "Europe Is Lost" de Kae Tempest :

    Sophie, cette chronique qui donne plus envie de pleurer que de rire, ça te donne envie de convier une pensée radicale ? 


    Oui une pensée franche, qui sait nommer les choses, faire advenir les luttes et qui, en plus est poétique. C’est celle de Kae Tempest, dont on aime les mots depuis très longtemps sur Nova. Je dis les mots parce qu’on aimait ses chansons, on aime aussi ses livres et on aime tout ce qu’iel arrive à saisir du monde qui nous entoure. 


    Kae Tempest est artiste non binaire, iel vient de Londres et en 2016 a sorti le disque Let Them Eat Chaos, un album complètement explosif, dont on a eu du mal à savoir s’il était du rap, du slam, de la poésie… En tout cas, c'était un cri urgent incarné notamment par le texte "Europe Is Lost" écrit à l’époque du Brexit et symbole de l’inquiétude d’une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans les dérives ultra conservatrices, xénophobes, rétrogrades de nos pays. 


    À un moment, iel dit que nous n’avons rien appris de l’histoire et c’est la terrible impression que l’on peut avoir en ce moment, c’est que l’histoire se répète désormais, pour le pire. Elle y incarne l’anxiété que génère le retour du patriotisme, la course inarrêtable du capitalisme, l’individualisme poussé à l’extrême. Et cette question qui résonne : "What Am I Gonna Do To Wake Up" (comment vais-je faire pour me réveiller ?)


    Honnêtement parfois je rêve qu’à la télévision on entende des contradicteurs à cette hauteur, et en attendant écoutons les prophéties de Kae Tempest - plus juste et plus performante que beaucoup d’orateurs et de politiciens.


    Visuel © Let Them Eat Chaos

  • Podcast du lundi 31 mai 2021 : Vitamine So : "Démission (Pour Claire)" des Vilars :

    Alors Gabriel Attal qui nous vend tout, sauf du rêve, Sophie ça te met de quelle humeur ce matin ? 


    Ça me donne très envie d’écouter les Vilars - un groupe qu’on a adoré à l’époque quand on les a découverts grâce à l’excellent site, label, curateur, défricheur qu’est La Souterraine. Quand on entend parler des Vilars on ne sait pas qui ils sont, on tombe juste sur leur titre "Démission", que je vais vous jouer, on se dit qu’ils ont un ton et une écriture particulièrement originale. 


    Ce qu’on a appris après, c’est que ce sont deux frères qui se sont retrouvés un peu par hasard à enregistrer un album, et qui ont toujours joué un peu de musique par pur plaisir, sans aucune ambition capitalistique. 


    Et c’est drôle parce que leur plus grand morceau - "Démission" - va extrêmement bien avec la période, où l’on essaie de nous refiler des rêves de croissance économique et de relance, alors qu’en vérité tout le monde est un peu perdu et rêve plutôt de changer de vie, sans savoir exactement par où commencer. 


    C’est cynique, c’est pour la République en marge plutôt que celle qui est en marche, c’est Les Vilars sur Nova pour vous donner bien envie de retourner au boulot ce matin.


    Visuel © Le Bel Avenir

  • Podcast du vendredi 28 mai 2021 : Vitamine So : "Sunshine" de Twista :

    Ce vendredi matin, l'annonce d’un weekend lumineux me donne envie de ressortir un gros titre des années 2000, qui intègre par ailleurs un sample de 1977 : c’est Twista avec "Sunshine "- reprise du "Lovely Day" de Bill Withers. Le genre de connexion qui a permis, par le sample à toute une génération de se familiariser avec des classiques du répertoire de la soul et du rnb américain. 


    Twista vient de Chicago, et sa vie n’a pas été simple. S’il a toujours rappé, avec un flow particulièrement rapide, il a mis très longtemps à vivre de sa musique. Les années 90 pour lui sont assez complexes, de petites mixtapes qui ne percent pas en petit boulot - il met du temps à s’imposer, alors que son flow est vraiment spécial. Jusqu’à l’année 1997 où il décolle et commence à collaborer avec les grands noms. Et notamment un certain Kanye West qui devient un de ses producteurs. 


    Ensemble ils signent l’album Kamikaze, qui sort en 2004 avec ce titre-là : ce "Sunshine" en collaboration avec Anthony Hamilton, qui vient du gospel à la base. 


    C’est toute une époque ce titre. Et puis Twista aussi. Bref, que votre vendredi soit solaire et ressemble à ceux du monde d’avant.


    Visuel © Sunshine

  • Podcast du jeudi 27 mai 2021 : Vitamine So : "Bleu de Marseille" de Rachid Taha et Carte de Séjour :

    Ce matin Sophie, on écoute un morceau qui nous emmène ailleurs qu’à Paris ? 


    Certes Paris a inspiré quelques géniaux morceaux - dont le titre de Paris de Taxi Girl avec un Daniel Darc particulièrement cinglant qui crache à sa manière sur notre capitale tout grise. Mais je me suis dit qu’on avait aussi envie d’entendre chanter d’autres villes de France. Et j’ai eu l’embarras du choix, entre Nantes, Sète, Biarritz, Brest, Lille qui ont chacune inspiré de nombreuses œuvres et finalement j’ai pris la direction des Calanques.  


    Avec Carte De Séjour, le groupe de Rachid Taha qui en 1984 compose le morceau "Bleu de Marseille". À l’époque, il vient de participer à la Marche pour l’Egalité et contre le racisme, qui allait de Paris à Marseille, lui qui est né en Algérie, qui est arrivé en France à 10 ans et qui s’est toujours engagé contre le racisme. Avec son corps, son esprit punk, sa gouaille et ses morceaux. 


    Par exemple, avec ce morceau "Bleu de Marseille" qui raconte plein de choses. D’abord il évoque une mode vestimentaire, celle du Bleu de Chine, une veste que beaucoup de travailleurs portent à Marseille et qui a eu son petit succès aussi dans les villes et villages d’Algérie. Ensuite, il y parle d’exil, des espoirs qu'incarnent les grandes villes françaises que sont Lyon, Paris et Marseille. Il évoque aussi les désillusions. 


    Et puis, il parait aussi que ce morceau aurait été discrètement adressé à la municipalité, et à Gaston Defferre, le maire avec qui le musicien aurait été en conflit à propos d’une représentation censurée. 


    Bref, comme souvent avec Rachid Taha c’est un morceau qui communique beaucoup d’émotions, qu’elles soient joyeuses ou combatives.


    Visuel © Carte Blanche

  • Podcast du mercredi 26 mai 2021 : Vitamine So : "La Piscine" de Hypnolove :

    Sophie, tout ce programme sportif de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, t’a donné envie de nous emmener à la pistoche ? 


    Même quand on est pas les premiers à pousser de la fonte, ça reste un endroit chouette la piscine, symbolique de l’été qui va bien finir par arriver et de la liberté en slip de bain. C’est pas pour rien qu’il y a tout un tas d’oeuvres d’art, de films, de tableaux qui ont pour cadre ces grands rectangles bleus. 


    Alors autant je n’ai aucune idée de la transmission du covid en milieu aquatique, autant je sais que sur ce sujet il y a aussi un morceau tout particulièrement adapté : il s’appelle "La Piscine". C’est un titre du trio toulousain Hypnolove qu’on adore sur Nova parce qu’ils ont l’art de faire de la pop solaire et contrastée. Et notamment avec ce morceau sur lequel chante une certaine Flore Benguigui, chanteuse du groupe l’Impératrice. 


    C’est sautillant, mais comme souvent avec Hypnolove ça cache aussi des paroles plus nuancées qu’il n’y parait. Ça parle de chagrin, et étrangement ça fait aussi beaucoup de bien. 


    Avec Hypnolove, et Flore Benguigui donc, on saute dans la piscine.


    Visuel © La Piscine

  • Podcast du mardi 25 mai 2021 : Vitamine So : "What You Don’t Do" de Lianne La Havas :

    Alors la gauche qui a un peu de mal à se définir en positif Sophie ça te donne envie de jouer une chanson d’amour qui parle de tout ce qui ne se dit pas. 


    Oui, une chanson signée de Lianne La Havas, cette merveilleuse musicienne anglo-jamaïcaine qui est une des artistes les plus solaires que je connaisse. En 2015, elle a composé et chanté le morceau "What You Don’t Do", qui est surprenant parce qu’elle y décrit tout ce que la personne qu’elle aime peut ne pas faire et ne pas dire pour lui prouver son amour. 


    Elle ce qu’elle veut c’est une âme-sœur qui ne joue pas avec ses sentiments, mais surtout ce qu’elle espère ce sont tous les silences qui en disent beaucoup plus long que des formules attendues. Lianne La Havas rappelle au passage qu’on peut mentir en disant je t’aime, et que ces trois mots sont sans doute les plus utilisés du monde. 


    Ce morceau est beau parce qu’il entretient l’idée du mystère, de tout ce qui se joue dans les non-dits, dans les sous-entendus complices et amoureux. Et même si dans le cas de la gauche, ça peut tout simplement ressembler à une absence de programme et une incapacité à formuler clairement un projet politique, il n’empêche qu’on va écouter Lianne la Havas. 


    Dans une version live qui plus est, parce qu’elle est dingue - c’est pour son Tiny Desk. Voici son morceau "What You Don’t Do" sur Nova.


    Visuel © Blood de Lianne La Havas

  • Podcast du lundi 24 mai 2021 : Vitamine So : "2000 Blacks Got To Be Free" de Fela Kuti et Roy Ayers :

    Sophie, Emmanuel Macron qui parle de Fela Kuti, du Shrine, de l’afrobeat, ça te fait un peu tomber des nues ? 


    Oui, comme nous tous ici ! Même si toute cette vidéo est une affaire de communication rondement menée, ça reste surprenant d’entendre un président de la République parler d’un haut lieu de la culture populaire, contestataire qui plus est. Avec plutôt les bons mots en plus. 


    Mais si on veut être précis, ce que Emmanuel Macron a un peu omis c’est le versant très politique de tout ça. Parce que Le Shrine, la discothèque créée par Fela Kuti comme laboratoire de l’afrobeat - ce style de musique entre la funk et le jazz, scandé par des percussions yorouba et chanté dans un pidgin des rues - le Shrine donc était un lieu de révoltes et d’engagements. Pas qu’un espace de fêtes enfumées et musicales. 


    D’ailleurs la République qu’évoque Macron, c’est la République de Kalakuta, provenant du nom d’un immeuble juste à côté du Shrine dans lequel la mère de Fela, qui était une femme politique, féministe, engagée, l’installe en 1970. Fela va y emménager avec ses idéaux et sa tribu : faites de musiciens comme Tony Allen, de voyous, de marginaux, d’artistes, de militants. Autour de l’immeuble, poussent des centaines de baraquements et dans la maison, il y a du monde, une clinique gratuite, des fêtes sans fin, du sexe, des controverses. Fela est le roi de sa République, avec tout ce que cela implique d’excès et de folie. Musicalement ce sont des années fastes, entre 1975 et 1977, Fela et son groupe sortent 23 albums.


    Et politiquement ça donne quoi ? 


    Ce sont aussi et surtout des années radicales : Fela se sert de sa voix et de ses succès pour dénoncer clairement la corruption, le post colonialisme, la violence militaire et il devient l’ennemi du pouvoir. En 1977, Kalakuta est attaqué par l’armée nigériane. Les portes sont enfoncées, les hommes battus, les femmes violées, la mère de Fela jetée d’une fenêtre, et la maison brûlée. 


    Plus rien ne sera vraiment comme avant et l’engagement de Fela, lui, restera intact. Le Shrine lui vivra d’autres vies et finira par accueillir Macron des décennies plus tard. 


    Et tout ça m’a donné envie de jouer un titre que Fela Kuti compose avec Roy Ayers. Un morceau qui prospecte sur le futur et s’imagine qu'en l’an 2000 les hommes et les femmes noires seront libres. 


    C’est "2000 Blacks Got to Be Free" qu’on écoute sur Nova.

  • Podcast du vendredi 21 mai 2021 : Vitamine So : "Les Jaloux Saboteurs" de Maître Gazonga :

    Je crois que cette semaine a été longue pour tout le monde et qu’il est l’heure de se désenvoûter avec un classique de notre antenne : "Les Jaloux Saboteurs" de Maître Gazonga, enregistré en 1984 à Abidjan par ce musicien originaire du Tchad qui avant de chanter a été sportif de haut niveau, footballeur et même plus précisément gardien de but. 


    Et puis, une blessure, et il faut s’adapter : il devient donc musicien, monte l’orchestre l’International Challal, et commence à parcourir le Tchad pour jouer sa musique. À l’époque, les bons studios d’enregistrement se trouvent du côté d’Abidjan - en Côte d’Ivoire - et c’est là-bas qu’il enregistre ce titre sur lequel toute l’Afrique francophone va flasher dans les années 80. 


    C’est l’époque de la sono mondiale, Radio Nova aussi tombe en amour de ce titre qui raconte le périple d’un jeune homme victime de la jalousie des autres, qui l’ensorcellent et qui va de Ndjamena, à Libreville, en passant par Bangui pour raconter ses malheurs et conjurer le sort. 


    C’est aussi, un titre sur lequel la rédaction de Nova a beaucoup dansé, hors antenne, et comme ce soir, c'est le premier vendredi qui va pouvoir se jouer dans des bars ou dans des restaurants, ça vaut le coup de commencer à danser avant 9h du matin pour ne pas perdre la main. 


    Visuel © "Les Jaloux Saboteurs"

  • Podcast du jeudi 20 mai 2021 : Vitamine So : "The Magic" de Joan As Police Woman :

    Darmanin qui se la joue premier flic de France, Sophie ça t’inspire quoi ?


    Deux choses, d’abord je vous invite à lire un court texte qui a été publié hier par le Syndicat de la Magistrature, parce qu’ils ont les mots que je n’ai pas et une connaissance de la loi qui semble échapper à beaucoup en ce moment. Ils réagissent sur la période actuelle, la manifestation d’hier, rappelant qu’avec l’attitude de ces personnalités politiques, la police risque de devenir une puissance autonome qui dicterait ses lois à l’exécutif, et ils terminent avec une question - qui fait trembler - quel est le nom d’un tel régime ? 


    La deuxième chose que ça m’inspire c’est un poil plus joyeux et c’est un groupe : Joan As Police Woman, qui n’a rien demandé mais qui en ce jour où Darmanin et consort se la jouent, As Police Men tombe à pic. Joan As Police Woman c’est le groupe que la chanteuse Joan Wasser, qui a bossé avec Jeff Buckley ou Anthony & The Johnsons, a monté en 2002 - pour s’exprimer enfin en première personne. 


    Elle qui était violoniste, autrice, compositrice devient chanteuse pour l’occasion et s’est très vite fait une place dans la scène indie rock américaine, dans la folk. Et un des morceaux les plus chouettes de Joan As Police Woman s’appelle "The Magic". Comme à ce stade on commence à croire que seule la magie, ou une petite révolte populaire, pourra nous sauver de ce qui est en train d’arriver, on l’écoute sur Nova.


    Visuel © The Deep Field

  • Podcast du mardi 18 mai 2021 : Vitamine Liot : "Langue de bois" de Claude Nougaro :

    Michael, tous ces débats politiques ça te donne envie de parler de la langue de bois ?

     

    Ces louvoiements des Républicains, ces vas-et-viens pour éviter de donner ou pas le soutien de l’un à l’autre, c’est ce que l'on fait quand on n’a envie de dire ni oui ni non. C'est ce que font les politiciens et c’est ce qu'on appelle faire de la langue de bois.

     

    Déjà, je me suis intéressé à l’origine de cette expression française.

    C’est une expression que l’on définirait par : “cet ensemble de manœuvres rhétoriques pour détourner la conversation, pour cacher l’intention réelle”

    Il semblerait qu'elle vienne du russe et plus précisément de l’expression la “langue de chêne”. C’est comme ça que les Russes se moquaient du vocabulaire bureaucratique de l’État du tsar avant la révolution.

    Par translation, c'est comme ça qu’en France on a commencé à désigner en se moquant du langage stéréotypé de la Russie soviétique.

     

    On utilise le mot “bois” pour suggérer ici le côté rigide, un peu mort, de cette langue, de ce vocabulaire. Et ce matin, je voulais réparer cette injustice faite au bois dans cette comparaison malheureuse, en jouant ce morceau de Claude Nougaro, “Langue de bois”. Il choisit de se saisir de l’expression en l’extirpant de sa connotation politique, rhétorique et en choisissant une vision littérale et poétique du mot. Contre la parole des politiciens, il oppose donc celle du bois, celle des arbres. 


    C’est un très beau morceau issu de son tout dernier album paru en l’an 2000, Embarquement immédiat. Nougaro s’adresse sur ce morceau aux politiciens avec cette jolie punchline : “Jactez, beaux messieurs sans remords, vous ne valez pas un sycomore”.


    Écoutons Claude Nougaro qui s’y connaissait pas mal en langue et qui nous parle ce matin de langue de bois.


    Visuel © Embarquement Immédiat

  • Podcast du lundi 17 mai 2021 : Vitamine Liot : "Soul Vaccination" de Tower Of Power :

    20 millions de vaccinés c’est bien c’est encourageant mais ce n'est pas assez. On aurait bien besoin d’un petit coup de pouce, alors je vous propose de parler d’un morceau plein de vitamine F comme FUNK, un morceau culte qui parle de vaccination à la soul.


    Le groupe c’est Tower of Power, un orchestre de cuivres de neuf musiciens issus de la Bay Area, près de San Francisco en Californie. Ils sont toujours actifs mais ils étaient surtout connus dans les années 70. En tant que groupe mais aussi comme backing band, notamment pour plein d’artistes très connus comme Otis Redding, Eric Clapton, Santana et même Elton John. Dans le groupe, on trouve le saxophoniste Lenny Pickett, qui est le chef d’orchestre du groupe de l’émission "Saturday Night Live". 


    En 1973, les Tower of Power sortaient leur troisième album sur lequel on trouve ce "Soul Vaccination", qui propose une sorte de remède médical à base de funk et de soul.

    En les citant : « Préparez vous à l’injection, pour enrayer l’infection, le sérum qu’on propose c’est de la soul à la perfection » 


    Si vous ne vous êtes pas encore fait vacciner, si les mots Astra Zeneca et Pfizer ne vous donnent pas confiance, on a un vaccin qui mettra tout le monde d’accord, qui est déjà prouvé et validé, c’est les cuivres et le funk de Tower Of Power avec « Soul Vaccination ».


    Visuel © Pochette "Soul Vacination"

  • Podcast du vendredi 14 mai 2021 : Vitamine So : " Ithaca" de Beatenberg :

    Il paraît que le mot d’ordre c’est la décontraction, le calme, l’apaisement - même si je pense qu’il y a certains raisins légitimes de la colère, ça me convient. Et ça me donne envie ce matin de vous jouer un titre qui s’appelle "Ithaca", du groupe Beatenberg qui est un groupe de Cape Town en Afrique du Sud. 


    Peut-être parce que ce titre rappelle une certaine époque de la pop, des années 2000, qu’il fleure bon une innocence qu’on a un peu perdue de vue dernièrement, et parce qu’il parle des grands voyages qui chamboulent la vie. 


    Vous allez voir ça fait penser à du Vampire Weekend, et c’est un bon moyen d’oublier les embrouilles politiques et le monde qui part à vau-l’eau : c’est "Ithaca" de Beatenberg, au service de la joie.


    Visuel © Pochette The Hanging Gardens Beatenberg

  • Podcast du mercredi 12 mai 2021 : Vitamine So : "I'm Satisfied" des Bee Gees :

    Fabien Roussel qui parle de sécurité, Sophie, ça te donne envie de jouer un morceau surprenant ? 


    Oui, en tout cas un titre d’un groupe qui est réputé pour avoir souvent changé de style musical, et s’être adapté aux tendances : les Bee Gees. Groupe constitué des trois frères anglais, mais installés en Australie : Barry, Robin et Maurice Gibb, notamment. Qui ont une carrière sacrément longue, et qui en ont profité pour faire évoluer leur style musical à travers le temps. 


    Les Bee Gees on les connait surtout pour leur participation à la vague disco, dans laquelle la voix du chanteur, ce falsetto si aigu et ambigu, se fondait particulièrement bien. Mais à leur début les Bee Gees ont adoré la pop, à l’anglaise, et ils ont fini sur le tard par s’intéresser au rock’n’roll. Preuve de deux choses : c’est qu’ils avaient du flair en termes d’industrie musicale, et de la créativité à en revendre. Même si certains pourraient dire que c’était de l’opportunisme, il n’empêche : c’est comme ça qu’ils sont devenus un des groupes les plus vendeurs de l’histoire. 


    Et alors d’eux je ne vais pas vous jouer les standards qui s’écoutent plutôt le samedi soir, mais un titre assez méconnu, en tout cas dans la version que vous allez entendre. Il s’appelle "I’m Satisfied", il a été composé en 1979, et il en existe une version démo qui donne une idée du talent du groupe. Cette version, qui finalement n’a pas été retenue pour le disque, est pure et simple. Il y a certes cette voix si reconnaissable, haut perchée et touchante et en même temps, les arrangements sont simplement pop et réussis. On sent que le groupe, qui à l'époque a pourtant sorti ses grands tubes disco, n’a pour autant totalement renoncé à ses premières amours : la pop. 


    Et c’est d’autant plus beau. Comme quoi parfois, changer son discours pour s’adapter au goût du public, ce n’est pas toujours une bonne idée. Voici "I’m Satisfied", en demo sur Nova.


    Visuel © Spirits Having Flown

  • Podcast du mardi 11 mai 2021 : Vitamine So : "Je Fume Pu d’Shit" de Stupeflip :

    Sophie, ce rapport et la vulgarité de Darmanin te donne des idées musicales ? 


    Ça me donne envie d’écouter un des grands morceaux de Stupeflip : le classique "Je Fume Pu d’Shit" sorti en 2002. Petit tube où le chanteur se met dans la peau d’un type qui a arrêté de fumer des gros pétards et pour qui tout va mieux depuis. 


    C’est bien simple : il se lève tôt, se sent bien, se trouve beau et est tellement efficace qu’il fait des hits. Le titre est sautillant et plein de bonnes énergies. Pour l’anecdote, et parce que c’est quand même sacrément cool, est crédité en featuring un certain Jacno - du duo Elli & Jacno - qui ne joue pas du clavier comme il le faisait si bien d’habitude, il se contente de faire des petits chœurs un peu niais, mais tellement sympa. 


    "Je Fume Pu d’Shit" c’est le genre de morceau qui ferait sans doute plaisir à Darmanin, surtout si on doit lui avouer qu’en même temps est sortie la face B de ce titre, le revers de la médaille, tout bêtement appelée “J’Refume du Shit” - qui décrit sur un mode mineur tous les échecs de celui qui retombe dedans. 


    Évidemment, tout ça est à prendre au second degré même si je pense que Stupeflip et Darmanin n’existent pas dans le même monde. En attendant, fumez ce que vous voulez, mais en écoutant Nova. 


    C’est Stupeflip.


    Visuel © "Je Fume Pu D'Shit" de Stupeflip

  • Podcast du vendredi 07 mai 2021 : Vitamine So : "I'm Not Dancing" de Tirzah :

    Ce vendredi, j’ai choisi un morceau de remise en forme parce que mine de rien, il va commencer à être l’heure de réapprendre à danser, si les pistes de danse - en plein air et avec 4 m2 par personne - rouvrent. 


    Alors j’ai choisi un morceau d’une femme géniale qui s’appelle Tirzah, qui est anglaise, timide, brillant et atypique. Et il se trouve que le premier titre avec lequel on la connut s’appelle "I’m Not Dancing". Un morceau qu’elle avait coproduit avec une autre femme brillante - sans doute la plus grande productrice contemporaine - Micachu avec qui elle est copine depuis l’école de musique. 


    Et les deux ont toujours adoré composer des mélodies, aller dans des clubs anglais et bidouiller de la musique à deux.


    On l'entend dès leur tout premier titre sorti en 2013 - le minimal et brutal et follement addictif "I’m Not Dancing". Dans ce titre ce que dit Tirzah c’est globalement “je ne danse pas, je suis en train de me battre. Je ne brille pas, je suis en feu”. Quand on l’écoute, on se souvient de la maladresse qu’on ressent dans les clubs, et ce titre-là qui est nonchalant, qui danse sans le vouloir, je le trouve parfait pour une remise en forme progressive. 


    En piste, c’est donc Tirzah, avec Micachu à la prod, "I’m Not Dancing".


    Visuel © "I'm Not Dancing" de Tirzah

  • Podcast du jeudi 06 mai 2021 : Vitamine So : "We Used To Be Friends" de The Dandy Warhols :

    Ces amitiés sanguines Sophie, ça te donne envie de jouer un classique du rock américain des années 2000 ? 


    Oui, un morceau qui je crois te fait plaisir, et qui a le mérite de nommer les choses. Ce sont les Dandy Warhols et un de leur morceau les plus classiques, "We Used To Be Friends" - sorti en 2003. Les Dandy Warhols c’est un groupe de Portland, qui a commencé dans les années 90 et qui d’abord donné dans le psyché, le rock alternatif, garage avant de tester, aussi d’autres choses, et s’est par exemple amusé à faire de la pop plus synthétique.


    J’ai eu envie de vous jouer ce morceau qui a l’air sautillant, et qui rappelle de bons souvenirs, mais qui se met en fait dans la peau d’un type qui a clairement tiré un trait sur une amitié et qui le prend plutôt bien. D’ailleurs c’est une chanson qui a été inspirée au guitariste Courtney Taylor Taylor par une amitié déçue avec un certain Marc. 


    Si je joue ça c’est parce qu’un peu d’honnêteté ne fait jamais de mal, et malgré la soupe que monsieur Larcher essaie de nous servir, je crois qu’il serait temps d’assumer qu’en politique, à peu près tout le monde se déteste. Même au sein des partis.


    C’est comme ça, les affinités politiques ne suffisent pas toujours à empêcher les inimitiés. 


    Mais c’est plus marrant quand ce sont les Dandy Warhols qui le disent. Donc on les écoute.


    Visuel © "We Used To Be Friends", The Dandy Warhols

  • Podcast du mercredi 05 mai 2021 : Vitamine So : "Where Do You Go To My Lovely" de Peter Sarstedt :

    Sophie, la gauche française qui a disparu dans le triangle des Bermudes médiatique, ça te donne envie de jouer une petite chanson légère ? 


    Une chanson légère mais parlante - en tout cas que chacun est libre d’interpréter à sa manière. C’est un titre des 60s qui s’appelle "Where Do You Go To My Lovely" et qui est signé Peter Sarstedt. Ce morceau certain.es d’entre vous l’ont peut-être découvert à la bande-originale d’un film de Wes Anderson, plus précisément du court-métrage qui précède le Darjeeling Limited et qui s’appelait "Hotel Chevalier".


    C’est un morceau anglais, " Where Do You Go To My Lovely" parle d’une certaine Marie Claire, qui a grandi dans les faubourgs de Naples, et qui a tout quitté pour visiter Paris, le boulevard St Michel, La Sorbonne, Juan-les-Pins ou Saint Moritz. Elle qui admire Zizi Jeanmaire et Pierre Balmain. Marie Claire voulait vivre la vie de rêve, à la française, comme dans les cartes postales et comme le réalisateur Wes Anderson d’ailleurs sait lui-même la caricaturer dans ses films. 


    Sauf que ce que le chanteur raconte c’est que dans cette quête Marie Claire s’est un peu perdue, en tout cas elle n’a pas trouvé le bonheur et lui ne sait pas où est passée son amie d’enfance. Alors mine de rien, sous ses airs légers, cette chanson raconte aussi comment on peut passer à côté de sa vie à force de la fantasmer. Et évoque une forme de déconnexion qu’on pourrait aussi imputer à une certaine gauche française. Qui s’est un peu coupé du peuple, et qui en paie aujourd’hui les frais. 


    A chacun sa lecture, en attendant, c’est Peter Sarstedt sur Radio Nova.


    Visuel © "Where Do You Go To My Lovely" Peter Sarstedt

  • Podcast du mardi 04 mai 2021 : Vitamine So : "Just The Two Of Us" de Grover Washington Jr et Bill Withers :

    Sophie, cette stratégie d’Emmanuel Macron te donne des envies musicales un poil cyniques ce matin ? 


    Cette manœuvre politique me donne envie d’écouter un standard du rhythm & blues. Le fameux "Just The Two Of Us" de Grover Washington Jr et Bill Withers sorti en 1980. Un morceau qui parle d’une envie de solitude à deux et qui est une chanson sur laquelle des millions de couples ont sans doute dansé à leur mariage. Mais qui étrangement s’applique bien à la parade amoureuse à laquelle se livre Emmanuel Macron, et consort, avec l’extrême droite. 


    Pour l’histoire, c’est un titre dont la mélodie a été composée par Grover Washington Jr et qui a été proposée, sur le tard, à Bill Withers. Il a accepté à condition de pouvoir y ajouter son grain de sel, et de remodeler un peu les paroles. Avant l’enregistrement de la chanson, les deux bonhommes ne s’étaient jamais vus, mais s’étaient envoyés plein de clins d'œil et de flatteries musicales avec le temps. Grover est d’ailleurs un des premiers à avoir repris le classique de Bill, "Lean On Me". 


    Entre eux la connexion a été si évidente que dès sa sortie, le morceau a chamboulé les cœurs de millions d’auditeurs. Ce qu’il raconte, c'est la vie d’un couple qui se bat pour y arriver, qui refuse de se faire du mal. Ce que l’histoire ne dit pas, c'est s’ils y arrivent. 


    Et quand je me dis qu’il illustre les rêves de face à face politique, je crois que ça peut aider de se souvenir que 45% des mariages en France finissent en divorce.


    On écoute ce classique et on pense à autre chose.


    Visuel © "Just The Two Of Us" de Grover Washington Jr et Bill Withers

  • Podcast du lundi 03 mai 2021 : Vitamine So : "Aht Uh Mi Hed" de Shuggie Otis :

    Ces petites bafouilles d’Olivier Faure, Sophie, ça t’inspire quoi ?


    Ça me donne envie de vous parler de Shuggie Otis et de vous prouver qu’on peut faire des choses brillantes même quand on marmonne un peu. Shuggie Otis c’est un musicien, un guitariste qui est né dans un monde de musique, puisque son père - Johnny Otis - était un compositeur et chef d’orchestre ultra réputé, un des parrains du rhythm & blues, qui recevait chez lui des pointures de la musique.


    Alors Shuggie tout jeune veut imiter son père. À 2 ans, il se saisit d’une guitare, quelques années plus tard, il se met à composer, atterrit sur les disques du paternel et à même pas 18 ans sort un premier album de soul psyché. 


    Shuggie a vraiment un monde à lui, un langage et un phrasé qui ne ressemblent à ceux de personnes d’autres, et puis un goût pour les expérimentations sonores perchées et originales. Alors il se fait remarquer - par d’autres grands musiciens, des Frank Zappa, des David Bowie, des Rolling Stones qui veulent travailler avec lui. Notamment après la sortie en 1973 de l’album "Inspiration Information", son chef-d'œuvre, pour lequel il s’émancipe de ce que son père lui a appris et va loin, dans l’introspection, le psychédélisme, l’utilisation de boite à rythme. 


    Ce disque est vraiment génial mais il ne marche pas. Sans doute que le public n’est pas prêt. Et petit à petit, Shuggie Otis commence à perdre confiance en lui. Peut-être parce que la figure paternelle au-dessus de lui est pesante, ou parce que souvent l’estime de soi n’est pas corrélée avec le talent. Alors ce disque sera son dernier. 


    Après ça, à partir de 21 ans, il quitte progressivement la scène. Il s’efface, ne sort plus de disque, collabore sur quelques projets et finalement pendant des décennies ne chantera plus jamais rien. Mais comme la vie est parfois douce, même avec un peu de retard, Shuggie Otis a fini par être redécouvert, réédité, célébré comme il aurait dû l’être. 


    Et parmi les morceaux génial de ce disque, il y a un titre qu’on vous joue parfois sur Nova qui s’appelle "Aht Uh Mi Hed", ce qui veut dire “Out Of My Head” mais écrit en phonétique anglais. Un morceau qu’il a composé en pleine nuit, touché par la grâce. Et qui justement, dans ses paroles, essaie de mimer les phrases d’une personne qui parle dans son sommeil, qui marmonne des petites choses. Et c’est magnifique.


    Visuel © Pochette "Aht Uh Mi Hed"

  • Podcast du vendredi 30 avril 2021 : Vitamine Mo : “Water No Get Enemy” de Fela Kuti :

    Morane tu as trouvé un musicien qui comme Rachida Dati a décidé de créer son propre petit royaume pour y imposer ses propres petites règles…


    Oui et il s’agit de Fela Kuti, père de l’afrobeat, héros musical et politique nigérian. Au début des années 70 alors qu’il vient de rentrer des États-Unis, il décide de transformer sa grande demeure - située en banlieue de Lagos - en communauté dont il déclare l’indépendance vis-à-vis du gouvernement nigérian.

    Cette communauté, il la surnomme : “La République de Kalakuta”. Clin d'œil cynique au nom qu’on avait donné à sa cellule alors qu’il était emprisonné pour soupçon de détention d’herbe : Calcutta, ça veut dire “vaurien” en Yoruba.


    Dans cette République fondée par Fela Kuti, il y a des dizaines de personnes qui vivent autour du musicien. Beko son frère notamment, qui monte une clinique pour soigner les gens gratuitement. “Fela reçoit ses visiteurs assis sur l’un ou l’autre de ses deux trônes, son saxo toujours à portée de main”, c’est ce qu’explique Le Parisien. Dans le Royaume de Fela, on fume pas mal de marijuana, si on se dispute, c’est lui qui juge. Le condamné est invité à se repentir sur la terrasse qui fait office de prison.


    Il y a beaucoup de musique évidemment, Fela Kuti y fait répéter son groupe Afrika 70. Il aime tellement être à la tête d’un royaume qu’il va jusqu’à faire financer un film à sa gloire : The Black President.

    Problème, l’engagement de Fela Kuti, qui dénonce la corruption, et se place du côté du peuple, irrite le gouvernement. 


    En 1977, un millier de soldats débarque à Kalakuta. Ils brûlent sa maison. C’est la fin de son règne. Il s’exile au Ghana, mais cette période, celle de Kalakuta, a été très productive

    pour Fela, sur le plan musical.


    Il sort notamment l’album Expensive Shit en 1975 sur lequel on retrouve ce morceau, classique, “Water No Get Enemy”.


    Visuel © "Expensive Shit" de Fela Kuti

  • Podcast du jeudi 29 avril 2021 : Vitamine So : "I Love Vidéo" de New Paradise :

    Gérard Darmanin qui se transforme en conseiller web, ça t'évoque quoi Sophie ?


    Darmanin en vendeur d’internet, ça me donne envie de vous jouer un morceau avec une ambiance minitel, peut-être parce que toute cette période politique m’inspire un goût de "c’était mieux avant". 


    En tout cas le titre vitaminé de ce matin s’appelle "I Love Vidéo", il est sorti en 1981 par un groupe un peu mystérieux : les New Paradise, monté par un certain Gilbert Di Nino et Leo Carrier.


    D’eux on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’ils sonnent comme de l’italo disco, qu’ils ont produit ce disque en Grèce et surtout qu’on est beaucoup à l’avoir découvert bien plus tard, en 2014 grâce à une compilation faite par Gilbert Cohen - boss du label Versatile et ancien de Radio Nova - et Vidal Benjamin. 


    Vous allez voir c’est plein de petits bip bip et de déclarations d’amour à la vidéo. Pour info, 1981 c’est l’année de lancement des minitels en Ille-et-Vilaine, à l’époque tout ça n’est qu’un test. On ne pense pas encore à tout ce qui va en découler. D’où la naïveté bienvenue de ce morceau. 


    C’est les New Paradise mais dans la version originale, qui est très chouette pour le matin. 


    Visuel © "I Love Vidéo" de New Paradise

  • Podcast du mercredi 28 avril 2021 : Vitamine So : "Power On" de James Blake :

    Ce matin Sophie tu as envie de nous présenter un disque qui fait du bien ? 


    Oui mais pas forcément parce qu’il déborde d’énergie et de joie, mais plutôt parce qu’il a le mérite d’être sacrément honnête. C’est un album de James Blake, un artiste qui ne s’est jamais caché de ses failles. Il a d’ailleurs contribué à un bouquin qui s’appelle It’s Not Ok To Feel Blue, & Other Lies - ce qui veut dire “Ce n’est pas normal d’être triste et autres mensonges”. 


    Et sur son dernier album, Assume Form, James Blake a donc décidé de se livrer encore plus que jamais. À l’époque de la création du disque il vient de rencontrer son amoureuse, l’actrice Jameela Jamil qui est un super comédienne, et qui par ailleurs milite depuis des années pour ce qu’on appelle le body positivism - le fait de représenter, valoriser, tous les corps. 


    Et elle va avoir sur James Blake une influence majeure dans la composition de l’album puisqu’elle le pousse, jusqu’au vertige presque, à l’introspection. Et James Blake dans ce disque le fait - il va observer son passé, parler de ses vulnérabilités, évoquer sa dépression. Jusqu’au vertige, et avant d’en sortir grandi. 


    Et même si on a l’habitude de voir les artistes être transparents sur ces questions là depuis quelques années, s’ouvrir sur les réseaux sociaux, là James Blake va encore plus loin. Il se montre, dans son art, à nu, et c’est un geste fort quand on est une pop star rongée par la timidité. Ça le rend encore plus touchant et puissant. 


    Par exemple sur ce morceau qui s’appelle "Power On" qui parle de force, de virilité et de déconstruction. Il liste toutes les erreurs qu’il reconnaît avoir commises et tout ce qu’il espère améliorer. 


    Visuel © "Assume Form" de James Blake

  • Podcast du mardi 27 avril 2021 : Vitamine So : "Solo Piano" de Chilly Gonzales :

    Ce jeune homme, Fabien Roussel, qui n’est pas l’astronaute Thomas Pesquet mais qui part en orbite seul, Sophie ça te donne envie de jouer quoi ? 


    Une autre oeuvre solitaire qui s’appelle d’ailleurs "Solo Piano", signé du merveilleux Chilly Gonzales qui fait cent choses, il est notamment pianiste, compositeur, théoricien de la musique, pantouflard en chemise de nuit et charentaise, mais surtout musicien fort brillant. 


    "Solo Piano" c’est un de ses plus bel album sorti en 2004, un disque qu’il a composé comme ça, sans le vouloir, presque par accident raconte-t-il. A l’époque il est affairé à Paris, et travaille comme souvent sur d’autres projets, plus pop, ou pour d’autres gens. Mais il trouve que le studio où il doit travailler est trop peuplé, trop bruyant. Alors il s'isole dans un autre studio où il fait face à un piano. Et il commence à improviser, à jouer, et à tester des trucs. 


    C’est une riche idée puisqu’il donne naissance à une œuvre spontanément magnifique, on pourrait croire qu’il y a travaillé des années tant ses morceaux sont simplement beaux. Instrumental, ce disque ce n’est que Gonzales et son piano et c’est parfait comme ça.


    On y entend, si on a envie, des échos de Ravel, Debussy ou Satie, et l’album va avoir un succès faramineux, bien au-delà du public familier de la musique instrumentale, ou néo-classique. Des années plus tard, il est toujours aussi doux. 


    C’est comme voir un film défiler quand on fixe les fenêtres d’un train ou d’une voiture, c’est très émouvant. Comme quoi, parfois, s’isoler et prendre des décisions inattendues, ça a du bon. 


    On écoute le morceau "Dot" de ce superbe album. 


    Visuel © Pochette "Solo Piano"

  • Podcast du lundi 26 avril 2021 : Vitamine So : "Crystal Ball" de Peter Tosh :

    Sophie ce matin as-tu trouvé une boule de cristal pour éclairer nos politiques sur ce qui nous attend ? 


    Non mais j’en ai emprunté une à Peter Tosh, et je me dis que peu importe la véracité de ce qu’elle annonce elle a le mérite d’adoucir le réveil. Peter Tosh le légendaire musicien jamaïcain, double spirituel de Bob Marley qui a commencé dans les années 1960 dans le mythique Studio One. Et qui a été un pionnier du reggae, du rocksteady, un homme très ouvert sur la pop mondiale des années 1970/1980 et qui est mort assassiné dans des circonstances mystérieuses.


    Un de ses morceaux s’appelle Crystal Ball - boule de cristal - sorti en 1979 sur l’album Mystic Man, parce que Peter Tosh était très spirituel aussi. Pour info ce disque est sorti sur le label des Rolling Stones - preuve des connexions entre des grandes âmes musicales. 


    Et dans cette chanson qui se veut prophétique, il parle de hausse des prix, de crise économique, de peuples oppressés, de compromissions politiques. Et on a envie de dire qu’il n’avait pas tort. L’année 1979 est celle d’un choc pétrolier et de révolutions à travers le monde. 


    Ça nous rappelle au passage comment la culture éclaire la société. Ce qui redouble notre envie de la voir sortir, cette fameuse culture, de son long sommeil covidé.


    Visuel © Pochette "Mystic Man"

  • Podcast du vendredi 16 avril 2021 : Vitamine So : "Stand On The Word" de Joubert Singers :

    Ce mauvais esprit de la part de Jean-Michel Apathie et consort, Sophie ça te donne envie de prendre les choses dans l’autre sens ? 


    Imaginez que ce soit un succès. Imaginez qu’après ce weekend, il y ait un programme commun et que la gauche réussisse à se réunir. Je sais que ça fait des décennies que ça n’est pas arrivé mais qui sait. 


    Et afin d'y croire encore plus, j’ai décidé de faire appel à un morceau de Gospel, qui est un morceau culte, qui respire la communion collective et qui a une histoire particulière. C’est "Stand On The Word" que vous connaissez sans doute. En 1982 ce morceau est chanté et créé à New York dans une église Baptiste de Crown Heights. Il y a une musicienne : Phyliss Joubert et un chœur, le Celestial Choir. Ensemble ils enregistrent une version assez parfaite de ce titre qui va devenir un tube … des clubs new yorkais ! 


    Parce qu’il a une énergie dingue qu’il donne envie de communier avec son prochain. Deux préceptes qui fonctionnent autant dans des lieux de cultes que des lieux de teuf. Et donc il y a des DJ qui vont tomber sur ce titre et qui vont avoir la bonne idée de faire danser les foules dessus. 


    Je voulais aussi revenir sur une petite légende qui entoure ce titre. Partout sur internet on voit des versions remixées par Larry Levan, qui était le meilleur DJ du Paradise Garage. On raconte que sa grand-mère aurait fréquenté cette église. Sauf que personne ne peut certifier que c’est bien lui l’auteur de ces édits. Personne. Certes, comme tout New Yorkais qui fréquentait les bons clubs dans les années 80, Larry Levan a entendu ce morceau, mais il n’y aucune preuve qu’il ait sorti sa propre version remixée du morceau. 


    Alors écoutons plutôt l’originale - celle de 1982. Par les Joubert Singers. Et imaginons toutes les personnalités politiques de gauche danser dessus, une fois qu’ils auront établi leur programme commun.


    Visuel © Pochette "Stand On the Word"

  • Podcast du jeudi 15 avril 2021 : Vitamine So : "Panis et Circenses" d'Os Mutantes :

    Ces connexions entre le Brésil et la France, Sophie ça te donne envie de nous parler d’un groupe brésilien génial qui a eu ses moments de gloire ici aussi ?


    C’est un groupe qui s’appelle les Os Mutantes. Les Mutants, qui ont marqué les années 60 et 70 au Brésil à grands coups d’expérimentations artistiques, musicales et politiques. Ça a été un des groupes piliers du mouvement Tropicaliste, où l’art servait à contester la dictature. Dans ce groupe on a croisé notamment deux frères - Arnaldo et Sergio Baptista, et la géniale Rita Lee, et puis Caetano Veloso, Gilberto Gil, Gal Costa, Tom Zé ont collaboré sur certains morceaux avec eux. 


    Et il se trouve que ce groupe - comme beaucoup de musiciens brésiliens de cette mouvance-là - a lié une grande histoire d’amour avec la France, politique et esthétique. D’ailleurs sur leur premier album ils chantent une version charmante du Premier Bonheur du Jour, de Françoise Hardy. En 1968, ils sont invités en France et passent plus tard à la télévision française dans l’émission Forum Musique. Ils y font un petit live de deux morceaux qui est génial - il est détonnant, psychédélique, perché. Exactement à leur image.


    Ce live - que l'on trouve facilement sur internet - est mythique pour de nombreux Brésiliens fascinés notamment par la chanteuse et musicienne Rita Lee qui est captivante. Après ça, le groupe a vécu plein d’aventures au Brésil et en Europe. L'un des membres, Sergio le guitariste, a fini par s’installer dans la Nièvre. 


    Finalement cette connexion ininterrompue entre la France et le Brésil c’est aussi une excellente excuse pour vous jouer un de leur meilleur morceau - le fameux "Panis et Circenses", écrit et interprété par Caetano Veloso et Gilberto Gil.


    Visuel © Pochette "Tropicália Ou Panis Et Circencis"

  • Podcast du mercredi 14 avril 2021 : Vitamine So : "Prisencolinensinainciusol" d'Adriano Celentano :

    Tous ces mots, ces concepts qui veulent tout et rien dire, Sophie ça te donne envie de jouer un titre italien ?


    Italien par son auteur oui, mais pas dans sa langue puisque le morceau que je veux vous jouer ne veut rien dire du tout. Il s’appelle "Prisencolinensinainciusol", on dirait de l’anglais, mais ce n'est pas le cas. Et c’est justement tout le propos de ce titre sorti en 1972 - par le mythique Adriano Celentano, un musicien capable de passer d’un petit air d’opéra à un refrain super rock. 


    Un musicien érudit et virtuose mais qui n’a jamais tenu à passer pour quelqu’un sérieux. Alors qu’il était ultra populaire dans les années 60 à 90 il a toujours regardé la grande culture italienne, de loin, avec son immense sourire charmeur. Il s’est moqué de l’amour, de ses succès et des tendances. 


    C’est d’ailleurs pour ça qu’il sort en 1972 le titre "Prisencolinensinainciusol" - une chanson en yaourt absolu, dans une langue inventée, mais qui est censée sonner comme de l’anglais. C’est pour se moquer du pop rock italien qui imite les anglo-saxons, parce que c’est la mode et que tout le monde rêve de faire des tubes comme les Beatles. Ce qui est cool, c’est qu’il se moque aussi de lui-même qui est un rockeur italien qui rêve de faire des tubes. 


    En attendant que sorte une chanson qui se moque de ceux qui théorisent sur l’islamogauchismindigénismeantispécistoracialiste. Voici un vrai bon titre : Adriano Celentano et son Prisencolinensinainciusol.


    Visuel © Pochette "Prisencolinensinainciusol" d'Adriano Celentano

  • Podcast du mardi 13 avril 2021 : Vitamine So : "Where Did Our Love Go" de Soft Cell :

    Ce matin ces échos de sarkozysme chez Xavier Bertrand ça te donne envie de jouer une reprise inattendue Sophie ?


    Oui, en tout cas plus surprenante que deux candidats de droite qui se plagient dans les discours ! Et cette reprise est signée de Soft Cell, groupe de synthpop anglais que vous connaissez sans doute pour leur morceau "Tainted Love". Un gros tube, classique des années 80. Même si à vrai dire ce titre-là, déjà, n’est pas d’eux mais de la glorieuse Gloria Jones. 


    Mais c’est une autre de leur reprise que je voulais vous jouer ce matin, plus confidentielle et encore plus inattendue. C’est une reprise de Diana Ross et des Supremes, du titre "Where Did Our Love Go". Un classique de la Motown, de la soul, qui 20 ans après l’originale est transformée par Marc Almond et sa bande en espèce de tube rétro futuriste. 


    C’est tout ce que j’aime dans une reprise, c’est une autre manière de faire sonner le morceau, ce n'est pas une pâle copie - contrairement à Xavier Bertrand qui fait du doublage de Nicolas Sarkozy sans s’en rendre compte. 


    Vous allez voir le début ressemble à "Tainted Love" mais c’est parce qu'à la base, c'était un medley ou la face B du titre. 


    Voilà donc un morceau de Diana Ross transformé par Soft Cell.


    Visuel © Pochette "Tainted Love" de Soft Cell

  • Podcast du lundi 12 avril 2021 : Vitamine So : "Space Talk" d'Asha Puthli :

    Toutes ces théories perchées de Philippe de Villiers, Sophie je crois que ça te donne envie de nous emmener dans l’espace de bon matin ?


    Tant qu’à faire, si l’idée est de se connecter à une autre réalité autant aller le plus loin possible là-dedans, pour planer mieux avec en plus comme guide extraterrestre une géniale musicienne qui mérite d’être davantage connue.


    Elle s’appelle Asha Puthli, c’est une chanteuse, productrice, actrice indienne qui a grandi dans les années 50/60 en pratiquant la musique classique indienne et en captant des ondes de jazz et de pop à la radio, qui lui ont ouvert l’esprit. Alors elle est devenue une musicienne des rencontres, des fusions musicales, elle a bossé avec Ornette Coleman, le saint patron du free jazz et elle a sorti quelques projets de disco bien barrée. 


    Et notamment un album qui s’appelle The Devil Is Loose, sur lequel il y a un morceau de disco cosmique qui s’appelle "Space Talk". Avec une voix qui fait penser à celle de Minnie Riperton, Asha Puthli entame une discussion avec l’espace. Elle s’adresse à Vénus, à l’Univers, elle parle de ses besoins et de ses doutes. 


    C’est perché mais super réussi et hypnotique. Parce que quitte à être dans le cosmos, autant le faire avec une bande-son qui va bien. 


    Voilà donc Asha Puthli qui discute avec les étoiles et les planètes - c’est Space Talk sur Nova. 


    Visuel © Pochette "The Devil Is Loose" d'Asha Puthli

  • Podcast du vendredi 09 avril 2021 : Vitamine So : "Hello Hammerheads" de Caribou :

    Écouter votre chronique ce matin m’a donné envie de vous parler d’un musicien qui a, lui aussi, fait de grandes études. Genre de très très grandes.


    C'est Caribou - producteur, DJ, musicien qu’on aime depuis très longtemps sur Nova - et qui a longtemps hésité entre deux carrières : celle d'artiste et celle de mathématicien. À vrai dire il n'a pas vraiment choisi puisqu’il est allé jusqu’à la thèse de mathématiques, lui qui a grandi dans une famille de scientifique - et il a validé un très sérieux doctorat sur la surconvergence des formes modulaires de Siegel passé en 2005. À l’époque, il est déjà identifié en tant que DJ et producteur, sous l’alias Manitoba et cette même année là - en 2005, pendant qu’il boucle sa thèse, il sort aussi un génial album - premier sous le nom de Caribou. 


    Ce qui est fort avec lui, c’est qu’il voit ses deux spécialités comme le recto et le verso d’une même pièce, mais il trouve que les mathématiques à un certain niveau sont aussi du grand art et que dans la musique il peut y avoir un sacré niveau de précision. 


    Comme je n’ai pas trouvé de musiciens qui aient aussi fait l’E.N.A je me suis dit qu’un PHD en maths ça ferait l’affaire ! Surtout si ça donne une excuse pour réécouter un bout de ce premier album en tant que Caribou. Le génial The Milk Of Human Kindness - où l’on entend le non moins génial "Hello Hammerheads". 


    Petite mélodie pour se réveiller comme il faut. 


    Visuel © Pochette "The Milk Of Human Kindness" de Caribou

  • Podcast du jeudi 08 avril 2021 : Vitamine So : « Mais où sont passées les gazelles » de Lizzie Mercier Descloux :

    Ces politiques qui ont envie de voir la vie fleurir à nouveau Sophie, ça t’inspire un morceau ensoleillé ?


    Oui et me donne envie de vous jouer une artiste géniale et punk : Lizzy Mercier une égérie de la new wave, no wave française. Une femme qui a une vie assez dure, mais qui a eu le temps de marquer l’histoire avec quelques albums assez fous et des morceaux qui à leur manière respirent la vie. Surtout qu’elle-même vivait les choses intensément. 


    Dans les années 80, Lizzy Mercier Descloux tombe sur une cassette audio de musique sud-africaine, et elle tombe amoureuse des sons qu’elle découvre. Alors elle décide d’aller voir sur place, d’aller écouter les musiciens de Johannesburg et du township de Soweto, qui est un des foyers de la contestation politique. On est en plein apartheid, les voyages en Afrique du Sud ne sont pas si courant - mais elle veut être au cœur de cette création artistique alors elle s’y installe un temps. 


    Et ce qu’elle entend lui plaît tellement que ça lui inspire un album entier : Zulu Rock, qu’elle enregistre sur place avec des musiciens sud-africains. Un disque qui ne va pas être un carton commercial. C’est les débuts de la sono mondial, et elle a en plus oublié de créditer les musiciens sud-africains avec qui elle a bossé, mais qui malgré tout contient quelques ovnis inoubliables.


    Et notamment le titre "Mais Où Sont Passées Les Gazelles” - un tube qui sonne ni comme de la variété française, ni de la musique sud africaine. Mais comme un mélange des deux. 


    En fait elle adapte phonétiquement un morceau des Mahotella Queens qui s’appelle "Kazet". Le Kazet devient Gazelle, et le titre que Lizzy Mercier Descloux crée comme ça, je trouve que c’est le genre d’air qui te fait te sentir vivant. 


    Ça sent la liberté, le printemps revenu, le soleil qui rassure, les fleurs qui poussent, les gazelles qui gambadent. 


    Visuel © Pochette "Mais où sont passées les gazelles" de Lizzie Mercier Descloux

  • Podcast du mercredi 07 avril 2021 : Vitamine So : « Dixie Drug Store » de Grant Lee Buffalo :

    Ce matin Sophie, tu nous emmènes dans un lieu secret du Bayou où l’on sert des haricots et du whisky à tous les repas ? 


    Oui d’abord, parce que c’est le genre de nourriture qui fait davantage rêver que les macaronis aux fruits de mer de ce chef hors de prix et hors la loi. En plus, ce menu simple et efficace on le trouve dans une chanson que j’adore qui s’appelle “Dixie Drug Store” par Grant Lee Buffalo. 


    Alors Grant Lee Buffalo c’est un groupe de rock très californien, assez culte, mais qui est resté relativement en dessous des radars, parce qu’ils se sont séparés au bout de 10 ans de vie commune dans les années 90. Même s’ils ont tourné avec des R.E.M, des Smashing Pumpkins, etc - ils étaient peut-être un peu trop cryptiques pour avoir leurs succès. 


    Ce morceau là "Dixie Drug Store" il incarne bien tout ça en tout cas - avec un supplément d’ambiance surnaturelle. Le titre nous emmène à la Nouvelle-Orléans, on suit un bonhomme qui a faim et qui a envie de manger des haricots. Alors il pousse la porte d’un dinner, d’une épicerie, d’un bar - qui s’appelle le Dixie Drug Store - et là d’aventures en aventures il tombe sous le charme d’une femme avec qui il va passer une drôle de nuit. 


    Et le lendemain... elle a disparu. Les traces de son passage, de leur nuit d’amour aussi. Le chanteur se retrouve seul, avec ses souvenirs de bourbon et la certitude d’avoir été envoûtée la Queen of New Orleans. 


    Voilà - ce lieu existe-t-il ? Je ne sais pas. Cet homme a-t-il vraiment été ensorcelé ? Aucune idée. Mais je sais que ce morceau est génial. Donc passons les portes du Dixie Drug Store avec Grant Lee Buffalo. 


    Visuel © Pochette "Fuzzy" de Grant Lee Buffalo

  • Podcast du mardi 06 avril 2021 : Vitamine So : « Mr President » de Delgres :

    Alors Sophie ça t’inspire quoi cette annonce pas très assumée d’Edouard Philippe ? 


    Ça me donne l'impression que la saison des candidatures à la présidentielle est quasi officiellement ouverte - et ça me donne envie au passage d’écouter un morceau de Delgrès. Qui est un super groupe qui fait du blues, du rock créole notamment - et qui s’appelle comme ça en hommage à un homme - Louis Delgrès - qui lui faisait de la politique comme on l’aime - un militant abolitionniste, résistant guadeloupéen contre Bonaparte et l’esclavage. 


    Cet homme là était un homme de valeurs et d’engagement et je crois que c’est un peu ce qui manque dans la course à la présidentielle actuelle. Trop souvent les candidates et les candidats pensent à se signaler avant même d’avoir un programme - ou en tout cas de nous en parler. C’est aussi symptomatique de la politique actuelle aussi qui parfois nous donne l’impression d’être une évolution de carrière plus qu’un sacerdoce. 


    Et comme le hasard fait bien les choses, Delgrès eux-mêmes ont composé un morceau qui parle de ça : il s’appelle “Mr President”, en créole il dit : “M le Président, j’ai voté pour vous, j’ai placé ma confiance entre vos mains, maintenant pouvez-vous m’expliquer ce que vous allez faire pour moi ?”


    Voilà le genre de messages qu’on aimerait adresser à Edouard Philippe et à tous les autres qui visiblement rêvent de devenir Mrs ou Mister President. 


    De bon matin, c’est Delgrès sur Nova. 


    Visuel © Pochette "Mo Jodi" de Delgres

  • Podcast du jeudi 01 avril 2021 : Vitamine So : « Neighbourhood » de Zed Bias :

    Ce matin Sophie tu as juste choisi un morceau pour nous remonter le moral ? 


    Oui, c’est aussi l’idée de Vitamine So, de vous donner une dose d’énergie le matin, surtout quand le monde autour de nous ne pas très bien. Donc voici un morceau qui m’a procuré beaucoup de joie ces derniers temps et qui vous fera peut-être le même effet. 


    C’est un titre de l’an 2000, un classique du 2 step - ce genre musical de la grande famille du UK garage - de la dance anglaise nerveuse, qui donne envie de sauter d’un pied sur l’autre. Il s’appelle en plus "I feel Good In My Neighbourhood" - je me sens bien dans mon voisinage, dans mon quartier - c’est qui a du sens en ces temps de confinement à domicile. Son auteur s’appelle Zed Bias - un DJ producteur de Manchester, qui a passé sa vie à faire danser les gens. À la voix et au chant très vintage Nicky Prince. 


    Bref - je crois que c’est un vrai shot vitaminé pour éclairer les matins chagrins. En tout cas, c’est une méthode Coué pour se convaincre que ça va le faire. Ça va aller.


    Visuel © Pochette "Neighbourhood" de Zed Bias

  • Podcast du mercredi 31 mars 2021 : Vitamine So : « Things I’ve Seen » de The Spooks :

    Alors ce matin Sophie ce débat sur la non-mixité ça t’inspire quoi ? 


    Ça me donne envie d’écouter un vieux morceau des années 2000 - génial morceau de hip hop à l’ancienne qui s’appelle "Things I’ve Seen", de The Spooks. Ça va peut-être vous rappeler quelques souvenirs, et j’ai trouvé que ce titre là il saisissait bien ce que veut dire la libération de la parole. Car c’est quand même tout le propos de ces réunions-là : de permettre à des victimes, à des populations oppressées de s’exprimer librement sur des sujets sur lesquels on ne les laisse jamais parler. Où on ne les écoute que très rarement. 


    Dans ce morceau, le groupe rebondit sur la mort d’Amadou Diallo, un jeune homme guinéen, informaticien, qui faisait des petits boulots et qui a été assassiné en 1999 par des policiers new-yorkais. Et sans parler frontalement de cette bavure qui a bouleversé les États-Unis, ce titre se met dans la peau d’une personne qui a expérimenté des choses qu’on ne connaît pas. Qui a vécu l’indicible, les tabous, un type qu’on refuse de croire parce qu’autrement il faut faire une révolution tellement ce qu’on lui fait vivre est révoltant. 


    C’est hyper bien écrit comme texte, interprété de manière théâtrale, y a un choeur r’n’bisant typique des années 2000 - et franchement, c'est très fort. 


    Et ça nous rappelle qu’il est parfois temps de se taire un peu pour écouter, voici The Spooks sur Nova.


    Visuel © Pochette "Things I've Seen" de The Spooks


  • Podcast du mardi 30 mars 2021 : Vitamine So : « Douce France » de Carte de Séjour :

    Ce matin, entendre des déclarations mielleuses de Manuel Valls à propos de son amour de la France te donne envie de jouer le fameux "Douce France".


    Oui, mais pas la version Charles Trenet, plutôt celle enregistrée 40 ans plus tard par Rachid Taha et son groupe Carte de Séjour. Parce qu'autant chez Trenet il y avait un petit côté la France des cartes postales et du formol, autant chez Taha on est là pour questionner l’identité française - même si ça chamboule certains. 


    On est en 1987, et la version du musicien va en effet faire débat et susciter controverse auprès d’un certain public pour qui le détournement du patrimoine français dans une version orientale n’est pas acceptable. Et c’est tant mieux - c’est exactement l’effet que veut produire Rachid Taha ; interroger sur la place des enfants d’immigrés dans la société française. Sur les droits de ces descendants de la colonisation française, leur légitimité politique, sociale et culturelle aussi. Ont-ils le droit de chanter Trenet, eux qui ont aussi des souvenirs d’enfance en France ? 


    La force de ce titre, c’est aussi de ne rien changer aux paroles de Trenet - seule l’instrumentation change. Il y a du oud, du derbouka et puis c’est tout. 


    C’est tout mais c’est énorme. C’est en tout cas un pied de nez à l’époque à l’extrême-droite et aujourd’hui qui pourrait tout à fait s’adresser à Manuel Valls - qui semble n’aimer la France éternelle et figée que quand il sent que Barcelone lui tourne le dos, et qui a été - rappelons-le, Monsieur déchéance de nationalité. 


    En plus, se réveiller avec la voix éraillée et punk de Rachid Taha ça fait toujours du bien. Donc voici Carte de Séjour - et Douce France sur Nova.


    Visuel © Pochette "2 1/2" de Carte de séjour

  • Podcast du lundi 29 mars 2021 : Vitamine So : « Rebellion (lies) » d’Arcade Fire :

    Sophie ce matin, tu avais envie de revenir sur cette faculté qu’a Macron de ne jamais reconnaître ses erreurs. 


    Ouais alors qu’il commence à en accumuler quelques-unes ; même si à sa décharge, c'est pas tous les jours qu’un président doit gérer une pandémie inattendue. Il n’empêche qu’il y a quelques petits soucis de communication en ce moment, et j’ai l’impression que du côté des citoyennes et des citoyens il y a un léger ras le bol. 


    Par exemple, beaucoup ont été fort surpris de l’allocution présidentielle surprise de jeudi soir, qui nous est tombée dessus à 22 h sans crier gare. Il y a des internautes très rigolo qui ont comparé ça au genre de texto d’un ex ou d’une ancienne aventure qui revient à la charge après des mois de silence. Souvent ça sort de nulle part et c’est rarement signe de respect que de se faire réveiller en pleine nuit par quelqu’un qui ne s’est pas vraiment montré à l’écoute. 


    Et puis, plus précisément sur le contenu de ce qu’il a dit : son fameux, “je n’ai pas de mea culpa à faire”, sa manipulation des chiffres - que beaucoup trouvent un poil gonflée quand on sait qu’il y a des vrais épidémiologistes, des soignants, des directeurs et directrices d'hôpitaux qui préviennent depuis des semaines de la vague qui nous attendait. 


    Alors voilà face au mensonge et à l’envie de rébellion qu’on sent poindre à plusieurs endroits de la société française - j’ai eu envie de jouer un morceau qui s’appelle justement comme ça et qui est un appel au soulèvement. "Rebellion (lies)" - grand classique du groupe canadien Arcade Fire. Tiré de leur premier album - Funeral, un des plus grands disques des années 2000. 


    Ce n'est pas un appel à la sédition, c’est du rock qui s’insurge, doucement, mais sûrement. Ça ressemble à ce petit quelque chose qui monte du côté du peuple français. 



  • Podcast du vendredi 26 mars 2021 : Vitamine Mo : « Mercy Mercy Me (The Ecology) » de Marvin Gaye :

    Aujourd’hui sur Nova, c’est une journée spéciale “climat”. Et justement Morane, tu nous parles de l’un des premiers morceaux qui a dénoncé les effets de l’activité humaine sur l’environnement.


    On est au début des années 70, à l’époque le réchauffement climatique n’est qu’une vague rumeur et la notion de “développement durable” se répand, très lentement. On est peu habitués à l’expression “marée noire” et pourtant Marvin Gaye, le prince de la Motown, va sortir un morceau qui parle très frontalement d’écologie et qui veut alerter les esprits.

    En 1971, le chanteur américain sort son onzième album studio, What’s Going On. Un projet culte aujourd’hui qui a la particularité d’évoquer des sujets durs : la drogue, la pauvreté, la guerre du Viet Nam, et donc d’écologie avec un morceau qui s’appelle “Mercy Mercy Me (The Ecology)”.


    Si on ne se penche pas sur les paroles, c’est une ballade très agréable, comme Marvin Gaye sait les faire. Sauf que le message derrière ne l’est pas du tout, il dit par exemple : “Le pétrole a saccagé l’océan, dans nos mers des poissons sont plein de mercure”.

    La chanson a été un énorme succès, elle a été beaucoup reprise par Alicia Keys, John Legend, les Boyz II Men ou encore Les Strokes. 


    Marvin Gaye a été assez visionnaire quand déjà en 1971 il dit : “Qu’en est-il de cette terre surpeuplée, combien d’agressions de l’homme peut-elle encore supporter ?” Des paroles qui résonnent d’autant plus fort aujourd’hui.


    Visuel © Pochette “What’s Going On” de Marvin Gaye

  • Podcast du jeudi 25 mars 2021 : Vitamine Mo : « Cel U Lar Device » d'Erykah Badu :

    Alors que Jean-Luc Mélenchon attend un coup de fil des verts, Morane tu t’es penché sur le thème du téléphone dans la musique, thème particulièrement inspirant pour les musiciens.


    Oui apparemment il y en a beaucoup qui se sont retrouvés dans la situation de Jean-Luc Mélenchon. Moi, j’ai tout de suite pensé à ce morceau “Hotline Bling” de Drake où l’artiste canadien regrette ce temps où lui et un être cher passait leur nuit au téléphone… Un morceau avec lequel Drake a explosé tous les records de streams notamment avec son clip sur Youtube. Sans oublier de souligner que le morceau sample un titre qui date du début des années 70 du chanteur américain Timmy Thomas.


    Mais encore mieux que la version de Drake, il y a celle d’Erykah Badu, qui a fait une reprise d’”Hotline Bling”, dans une mixtape sortie en 2015.

    Un projet en 11 titres qui est totalement inspiré du morceau de l’artiste canadien et totalement dédié à la téléphonie. La mixtape s’appelle : But You Can’t Use My Phone. On peut retrouver des morceaux comme, “Phone Down, I’ll Call You Back”, “Phone Down”, ou encore “Hello” où Andre 3000 d’Outkast met au défi Erykah Badu de lâcher son mobile

    pendant quelques heures. La musicienne a poussé le projet jusqu’à embaucher un imitateur de Drake pour feindre sa voix sur deux morceaux. Selon Erykah Badu, Drake l’a plutôt bien pris.

    La chanteuse explique que : “Hotline Bling est le morceau qui m’a permis de réinitialiser mon disque dur musical interne”. Reprendre ce morceau, c’était aussi un moyen pour elle d’essayer de rentrer en communication avec la génération de son fils adolescent.


    Je vous propose de l’écouter, il ne s’appelle pas “Hotline Bling” mais “Cel U Lar Device”.


    Visuel © Pochette “But You Can’t Use My Phone” d’Erykah Badu



  • Podcast du mercredi 24 mars 2021 : Vitamine Mo : « High Lights » de Charlotte Adigéry :

    On parle de la décision de garder les coiffeurs ouverts, Morane aujourd’hui tu prévois le coup et tu nous proposes une solution, au cas où le gouvernement refermerait les salons de coiffure : cette solution c’est la perruque...


    Une solution si Bruno Lemaire revient sur sa décision et celle qui rend le meilleur hommage à ces cheveux synthétiques, c’est l’artiste belge d’origine martiniquaise Charlotte Adigéry avec le morceau “High Lights”, un titre sorti début 2019. Une véritable déclaration d’amour aux perruques et à leur pouvoir de transformation.


    Charlotte Adigéry, c’est une artiste que l’on suit depuis ses débuts à Nova, depuis la sortie de son premier EP en 2017. Elle est signée sur le label du super groupe électro belge Soulwax : Deewee. On a eu la chance à Nova de la voir en live plusieurs fois dans nos studios, en nuit zébrée.

    Le morceau “High Lights” est extrait de son dernier EP Zandoli, qui sortait il y a deux ans.

    Dans le clip d’ailleurs on la voit essayer plein de perruques dans un salon de coiffure.

    Dans ses paroles, elle énumère toutes les possibilités qu’elles offrent : bouclée, soyeuse, lisse, grise, ombrée… De quoi ravir tout le monde ! 


    Voici Charlotte Adigéry avec “High Lights” 


    Visuel © Pochette de l’album “Zandoli” de Charlotte Adigéry

  • Podcast du mardi 23 mars 2021 : Vitamine Mo : « College Dropout » de Kanye West :

    Pendant qu’on se demande s’il faut ou non fermer les écoles, il y a une autre question que se pose peut être certains étudiants, plus simple : faut-il aller à l’école ? Il y a beaucoup de musiciens qui ont abandonné les cours pour lancer leur carrière.


    Oui et l’exemple le plus emblématique, c’est sûrement celui de Kanye West avec son premier album College Dropout, sorti en 2004.

    “College Dropout” ça veut dire “abandonner la fac” grosso modo et c’est ce que le rappeur américain a fait. Après avoir reçu son diplôme au lycée, il avait une bourse pour étudier à la prestigieuse Académie des arts de Chicago. Kanye West y passe six mois et décide de tout arrêter pour se consacrer à sa carrière musicale. Décision pas forcément comprise par sa mère au début.

    Dr Don da West, la maman de Kanye, qui, c’est un peu ironique, était elle-même prof d’anglais disait : “Dans ma tête j’ai toujours pensé que la fac était le billet naturel pour une belle vie. (...) Mais il est vrai que certains objectifs de carrière ne nécessitent pas d’aller à la fac”. 


    Bon c’est vrai que pour Kanye West le risque valait clairement la chandelle The College Dropout est aujourd’hui considéré comme un album de référence dans le rap. Il a reçu des dizaines de récompenses prestigieuses pour ce disque qui s’est vendu à plus de 135 millions d’exemplaires… Et le plus drôle, c’est que Kanye West a quand même fini par avoir son diplôme de la part de l’académie des arts de Chicago. C’était en 2015, l’école a décidé de lui remettre un doctorat honorifique

    pour sa carrière ! Désormais il faut d’ailleurs l’appeler “docteur”.


    On écoute donc Dr Kanye West sur Nova avec ce morceau extrait de College Dropout, ode à l’école buissonnière, “We Don’t Care”.


    Visuel © Pochette de l’album “Dropout College” de Kanye West

  • Podcast du lundi 22 mars 2021 : Vitamine Mo : « What’D I Say » de Ray Charles :

    Un Vitamine So qui se transforme en Vitamine Mo toute cette semaine avec Morane Aubert.


    On parlait de la confusion autour des récentes annonces gouvernementales concernant le confinement, des annonces dignes des plus grandes improvisations musicales. Et improviser ça a parfois du bon… 


    Oui il y a plein de titres qui ont été fait dans la hâte, sans trop réfléchir, sans trop penser aux conséquences… et qui sont finalement devenus des énormes succès. Comme les Beastie Boys, à l’été 86, qui se retrouvent à boire de la vodka et du jus de raisin dans un club avec leur copain producteur Rick Rubin. À l’époque le groupe se met à griffonner les paroles d’un morceau sur une serviette en papier. Le morceau en question écrit en 5 minutes, c'est You Gotta Fight For Your Right, un de leurs hits aujourd’hui. 

    On a l’exemple de Blur aussi, pour Song II, l’une des chansons les plus connues du groupe britannique, belle impro là aussi, puisque le fameux “whoo hoooo”... Et ben le producteur du morceau explique que Damon Albarn, chanteur de Blur, a sorti ce “whoo hooo” sans réfléchir, juste parce qu’il n’avait rien préparé d’autre.


    Mais moi, mon histoire d’impro réussie préférée, c’est celle de Ray Charles avec le titre What’D I Say, composé en 15 minutes, en pleine improvisation face à son public. En 1958, il donne un concert avec son groupe à Pittsburgh, aux États-Unis, 

    Le show est censé duré 4 heures, mais à 15 min de la fin, il se rend compte qu’il n’y a plus de morceaux à jouer. Derrière lui, le groupe est lessivé, mais Ray Charles veut absolument finir le concert. Il dit à ses musiciens de le suivre et il se lance pendant 15 min dans une impro et construit un morceau, What’d I Say, qu’il enregistrera dans la foulée pour le sortir en version studio en 1958.


    Comme quoi l’impro, ça a parfois du bon !


    Visuel © Pochette de "What'd I Say" de Ray Charles

  • Podcast du mercredi 17 mars 2021 : Vitamine So : « Oblivion » de Grimes :

    Plutôt que de fêter l’anniversaire du confinement, on célèbre celui de Grimes. Elle aussi née un 17 mars. 


    Oui même si je crois qu’elle habite une galaxie où ce genre de contraintes d’anniversaire terrestre n’existent pas vraiment - puisque je vous parle de Grimes, née un 17 mars 1988. C’est une musicienne, autrice, vidéaste, artiste pluridisciplinaire barrée et douée - qui est canadienne - et qui s’est faite remarquer parce qu’elle dénote. 


    Elle n’est jamais exactement là où on l’attend, et si elle aime le rock, la pop ou les sonorités électroniques - c’est aussi une grande spirituelle, une sorcière branchée sur les musiques médiévales et sur le futur - et par ailleurs mère d’un enfant qui s’appelle X Æ A-12 Musk - qu’elle a eu avec un certain Elon Musk. 


    Elle non plus n’a pas eu d’anniversaire l’an dernier. Je ne sais pas si je la plains tant que ça, j’imagine qu’elle a trouvé un moyen de fêter ça sur mars ou je ne sais où. Je me suis dit qu’il y avait un de ses titres sorti y a des années qui était vraiment chouette. Surtout pour le matin, c’est le morceau "Oblivion" - en plus le clip se passe dans un stade blindé d’athlètes à moitié nus, avec des milliers de spectateurs, de la teuf, des gens tout nus qui se collent les uns aux autres.


    Visuel © Pochette de l'album "Visions" de Grimes

  • Podcast du mardi 16 mars 2021 : Vitamine So : « Atomic Nightmare » des Talbot Brothers of Bermuda :

    Alors cet appel à la sortie du nucléaire Sophie te donne envie de jouer du calypso ? 


    Et oui parce que mine de rien, quand Jean-Luc Mélenchon en appelle à la sortie du nucléaire il se fonde sur toute une série d’arguments, dont certains sont écologiques, rationnels, méthodiquement étudiés. Et il y en a d’autres qui sont aussi très sensibles, et rappellent en tout cas la peur du nucléaire qui a régné pendant la guerre froide. C’est une période où énormément de morceaux de pop, de new wave, de rock anglo-saxons, européens vont évoquer cette angoisse atomique là. 


    Et alors le titre que je vais vous jouer pour le coup - il prouve que jusqu’aux Bermudes cette peur s’est diffusée. Puisque le groupe s’appelle les Talbot Brothers of Bermuda, groupe de calypso de cet archipel caribéen - qui a joué en famille entre les années 40 et les années 80. Et qui se sont fait connaître à l’époque de la Prohibition, puisque dans les Bermudes à l’époque où pouvait consommer librement de l’album au soleil - ce qui n’est pas sans rappeler notre époque où les gens s’envolent vers les Canaries pour y trouver des restaurants ouverts. Parmi les différents chouettes morceaux qu’ils ont sortis il y a le titre Atomic Nightmare - cauchemar de l’atome qui raconte, de manière sautillante, ce qu’il faut faire en cas d’attaque nucléaire, ou juste de fuite de centrale. 


    Et bien il faut courir. 


    Voilà un conseil de bon sens - c’est les Talbot Brothers of Bermuda donc avec Atomic Nightmare sorti en 1956 et toujours de bon goût en 2021. 



  • Podcast du lundi 15 mars 2021 : Vitamine So : « Milionaria » de Rosalia :

    Ce matin ces histoires qui se chiffrent en millions te donnent envie de jouer Rosalia ? 


    Oui, parce que la Rosalia a sorti un génial morceau qui s’appelle justement Milionaria. Un titre qui n’a rien à voir avec un quelconque détournement de fonds, mais qui a le bon goût d’être une pilule d’énergie pour le matin et d’en plus imaginer la vie de rêve des gens richissimes, pour celles et ceux que ça fait rêver en tout cas. 


    Alors Rosalia c’est cette chanteuse, à l’origine de flamenco, mais qui est devenue très rapidement et récemment une des plus grandes chanteuses de pop en langue espagnole - parce que son truc à elle, c’est justement de mélanger les époques et les traditions musicales. Et si elle a grandi à Barcelone, aujourd’hui elle est écoutée absolument partout dans le monde et notamment en Amérique Latine. Ce qui la rapproche sans doute de la vie de millionnaire - mais le tout bien plus légalement que dans l’affaire Bygmalion. 


    Et cerise sur le gâteau, ce titre-là il est chanté en catalan. En 2019, c’est la première fois qu’elle compose une musique dans cette langue, et qu’un titre catalan vend autant au passage. Donc voilà, avec la Rosalia, imaginons partir un jour à Bali le lendemain à Malte, avoir une Bentley, le tout grâce à la force du travail et de la reconnaissance et en disant "FUCK" aux "Money Men". 


    C’est Milionaria sur Nova 


    Visuel © Pochette "Fucking Money Man" de Rosalia

  • Podcast du vendredi 12 mars 2021 : Vitamine So : « Gravité » de Flavien Berger :

    Vous entendre parler de la sélection des courts métrages aux Césars m’a rappelé plusieurs choses. D’abord j’adore le court métrage, et cette sélection de 2021 est vraiment bien ! On y croise pas mal de films qu’on a vus l’an dernier au Festival de Clermont Ferrand et qui nous avaient beaucoup plu : je pense par exemple au très rock Jusqu’à l’Os, au loufoque Mars Colony, à Massacre génial vengeance contre les touristes ou à Olla - ultra émancipatoire, en plus bien sûr du film de Sofia Alaoui dont vous avez parlé. 


    Autant de films que je vous conseille et qui sont assez simples à trouver en ligne. 


    Ca m’a rappelé aussi que j’aime quand les artistes du court métrages croisent des musiciens, des clippeurs, tout ça. Et à ce titre, il y une collaboration dont j’avais envie de vous parler ce matin : celle de Flavien Berger et Céline Devaux, géniale dessinatrice et réalisatrice qui a gagné le César du court d’animation en 2016. 


    Pour son film Le Repas Dominical, dont la bande originale était signée de Flavien Berger, avec Vincent Macaigne à la voix off. Et il se trouve que la paire avait déjà collaboré sur des clips - notamment du morceau ‘Gravité’ - cette fois du musicien Flavien Berger, mais illustré par Céline Devaux. 


    Et je me suis dit que c’était une excellente excuse pour rejouer ce morceau là de Flavien Berger, c’était il y a déjà 6 ans. Allez regarder le clip en même temps, il est hyper réussi.


    C’est Gravité sur Nova. 


    Visuels © Julien Bourgeois

  • Podcast du jeudi 11 mars 2021 : Vitamine So : « Et Dieu Créa La Flemme » de Java :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.


    Sophie cette nonchalance du président te donne envie de ressortir un classique de Nova ? 


    Et oui, j’espère au passage vous rappeler quelques souvenirs puisque ce matin je veux jouer Java. Le groupe notamment de R-Wan, qui se marrait à l’époque en édifiant leur devise : sexe, accordéon et alcool. Ce qui explique qu’on leur a collé l’étiquette de rap musette. 


    Java c’est surtout des textes ficelés comme des nouvelles, une gouaille de titi parisien qui rappelle que le rap c’est de la poésie orale, juste une manière de peindre le réel qui nous a toujours bien plu. Le titre bien connu de leur tout premier projet sorti à la fin des années 90 qui s’appelle ‘Et Dieu Créa La Flemme’, nous plonge 24h dans la vie d’un type qui se réveille le matin vers 17h. C'est un feignant affalé et fier, qui décide de faire découvrir à Dieu le quotidien d’un indolent rigolo pour qui l’épicurisme est surtout un art de vivre. Une sorte de court métrage audio qui débouche sur l’invention de la flemme. 


    Et ce morceau, qui est super bien écrit, fait du bien parce qu’il est une nonchalance assumée, un anti esprit start-up comme on les aime, pas un mauvais esprit qui rechigne et surtout ça nous rappelle des souvenirs d’une autre époque. 


    Crédit © Pochette de l'album Hawai de Java

  • Podcast du mercredi 10 mars 2021 : Vitamine So : « No Room for Doubt » de Lianne La Havas et Willy Mason :

    Nous avons vu François Hollande jouer la carte de l’honnêteté sur Twitch.


    Cette intervention nous a rappelé un magnifique morceau qui nomme les erreurs que l’on commet - pas forcément politiques - mais plutôt amoureuses. C’est un duo signé de Lianne La Havas et Willy Mason. Un morceau qui s’appelle “No Room For Doubt” - et qui se demande combien de faux pas on peut commettre quand on est amoureux. Et pourquoi parfois, il faut avoir le courage de ne plus laisser le doute planer.


    Ce titre est magnifique - c’est un duo parfait, comme quand deux voix s’accordent, se complètent et se subliment l’une l’autre. Lianne La Havas, qui est une musicienne anglaise et jamaïcaine, l’a composé quand elle avait à peine 23 ans, il y a quasiment dix ans déjà. 


    Dans ce morceau elle prononce cette phrase :“We All Make Mistakes, we do. I learn From You”. Ce qui veut dire “On fait tous des erreurs, je l’ai appris en t’observant”. Une phrase à double tranchant - elle accuse l’autre d’avoir fauté, et en même temps, c’est un appel au pardon.


    Et je sais qu’en politique la mode n’est pas aux mea culpa ni aux tables rases - qu’on reconnaît volontiers des erreurs tactiques, des fautes de communication, mais plus rarement d’avoir trahi ou déçu des électeurs, mais je me dis qu’un peu de clarté - comme ce titre de Lianne La Havas le formule - ne ferait pas de mal.


    Voici la voix solaire et lumineuse de Lianne La Havas et Willy Mason !


    Visuel © Flickr - Lianne La Havas Live Concert @ Les Nuits Botanique de Bruxelles - by Kemron

  • Podcast du mardi 09 mars 2021 : Vitamine So : « 9 to 5 » de Dolly Parton :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin Sophie tu nous parles d’une chanson qui rentre pile dans les horaires de couvre feu ? 


    Oui je voulais rebondir sur la petite phrase d’Anne Hidalgo à propos de Paris, une ville où à 18h on est au milieu de l’après-midi. À vrai dire, je crois qu’elle aurait pu généraliser : en France, à 18h c’est le milieu d’après-midi, alors qu’aux Etats-Unis, c’est la fin de journée. 

     

    Il y a une chanson qui parle de ça, qui s’appelle "9 to 5", et qui est un grand classique de Dolly Parton. Une femme qui a une vie assez dingue : elle a grandi dans une famille super modeste américaine, sans eau ni électricité. Elle a appris à jouer de la guitare et à chanter à l'Église et s’est faite remarquer assez jeune pour son talent et son aplomb (car elle en a énormément). C’est aussi grâce à son audace, son féminisme et son humour qu’elle a fait entendre sa voix dans toute l’Amérique et bien au-delà.  


    Elle a un look incroyable : elle s’amuse à passer pour une hillbilly tramp, ce qui pourrait se traduire comme une white trash à la petite vertue. Toujours perchée sur des talons, elle a longtemps mis de sacrées perruques et porte des costumes de toutes les couleurs. Elle plait parce qu’elle a un ton qui dénote dans le monde de la folk et de la country. C'est une femme multiple : une artiste authentique, brillante, cultivée, une business woman, qui plait à un public queer, catholique, country et féminin. 


    Et un de ses classiques s’appelle "9 to 5", de 9 à 5h comme les horaires de travail que font la plupart des américains comme un automatisme. Et plus précisément, elle parle des américaines qui sont tous les jours au poste, et qui n’auront jamais le crédit équivalent à leurs collègues masculins. Quelle vie que de bosser chaque jour sans reconnaissance. 


    Pour l’histoire sachez que le rythme de cette chanson lui a été inspiré par le bruit que faisaient ses faux ongles quand elle les frottait les uns aux autres. Alors voilà, sans doute qu’en France on ne fait pas de "9 to 5", mais on sait apprécier aussi cette chanson.


    Crédit © Getty Image / Richard E.Aaron

  • Podcast du lundi 08 mars 2021 : Vitamine So : « Everyday » d’Aaron Neville :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie, ce matin tu aurais pu nous jouer Claude François “C’est la même chanson” 


    Oui, mais non. Et en même temps je comprends, je suis d’accord avec toi, en ce moment on a un peu l’impression de vivre un jour sans fin. Non seulement parce qu’on est condamné à vivre à peu près les mêmes choses chaque jour, certes il reste le bouquins, les films à la maison et la nourriture, mais quand même, on commence à être un peu à sec en terme de nourriture sociale et culturelle. 


    Et puis le fait est qu’entendre chaque semaine les mêmes messages assez anxiogènes, sans même se rendre compte qu’on nous répète en boucle les mêmes choses, ça a de quoi faire tourner en rond. Surtout qu’on nous promet que les jours à venir seront difficiles - comme si ceux d’avant ne l’étaient pas, et que ceux d’après seraient une libération qui en fait n’arrive jamais. 


    J’aurais donc pu vous jouer Claude François , mais j’ai préféré la merveilleuse voix d’Aaron Neville, un chanteur de soul de la Nouvelle Orléans qui est encore en vie, et qui est un type brillant. Il a commencé sa carrière en 1965, dans le rhythm’n’blues assez traditionnel, puis il s’est mis à aimer la country, et il a continué aussi à chanter de la soul avec son groupe les Neville Brothers. C’est un homme qui a traversé les époques, le vingtième siècle, et qui a su s’adapter aux vagues musicales. Sachant que sa voix époustouflante est comme un repère. Une fois qu’on l’a identifiée, on la reconnaît comme un phare dans la nuit. 


    Et en plus Aaron Neville a chanté un morceau qui s’appelle "Everyday", et qui raconte comment il se sent prisonnier d’un cycle, d’un cercle qui n’est pas vertueux. Bon c’est un titre qui parle de rupture et de comment chaque jour charrie sa peine quand on se sent seul mais quand même, on sent la force du répétitif, et dans la structure et dans les paroles.


    Et la voix de Aaron Neville apaise beaucoup. 


    Crédit © Vignette d'"Everyday", par Aaron Neville

  • Podcast du vendredi 05 mars 2021 : Vitamine So : « La cour d’école » de Voyou :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin, écouter les cancres du gouvernement nous donner des leçons et récolter un 2,5/10 sur leur projet de loi climat m’a rappelé un type d’élèves qu’on croisait dans la cour d’école. Ceux qui faisaient semblant de tout suivre, d’être assidus, mais qui en fait n’en foutaient pas une. Et ça m’a rendue presque nostalgique de cette époque là où on découvrait les caractères des gens comme ça, dans une salle de cour et ou une cour de récré. 


    Et à vrai dire ça tombe bien car qu’il y a une super chanson de Voyou qui parle de ça avec beaucoup de poésie. Voyou c’est ce chanteur compositeur, qui a grandi avec une trompette entre les mains, qui a commencé par faire du rock avant de se recentrer vers ce qui le touche le plus : la plume et les mélodies. 


    C’est un peu un poète. En tout cas, il arrive à faire de ses chansons des tableaux, ou même des miroirs puisque souvent on s’y reconnaît. Et il a justement écrit un morceau qui s’appelle "La cour d’école "qui dessine les crâneurs, les fraudeurs, les bosseurs, les timides ou les rebelles à merveille. 


    Je vous laisse réfléchir à la catégorie dans laquelle vous voulez classer le gouvernement et en attendant on l’écoute.


    Crédit © Pochette de Les bruits de la ville, de Voyou.

  • Podcast du jeudi 04 mars 2021 : Vitamine So : « Saùde » de Pupkulies & Rebecca feat Tibau :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Cette débauche d’optimisme Sophie te donne envie de parler de morceaux qui rendent heureux ? 


    Et bien oui, je ne vais pas être un esprit chagrin et vous plomber dès le matin, non, gardons les bonnes vibes. Et si nous en sommes à accepter un bonheur un peu artificiel, je voulais vous parler d’un classement qui est un peu de ce goût là. C’est un marronnier de la presse qui ressort régulièrement depuis plusieurs années, une étude soit disant scientifique comme internet sait en pondre, et qui classe les 10 morceaux qui rendent le plus heureux, selon la science évidemment. 


    À la base de tout ça, il y a un groupe anglais qui a fait un sondage auprès de leurs auditeurs anglais et irlandai- en leur demandant de sélectionner des chansons qui les mettaient en joie. À partir de ça, un scientifique néerlandais en a déduit une série de critères qui sont communs à ces chansons : elles sont censées être sur un mode majeur, avoir des paroles positives et pas très concrètes, et un tempo de minimum 150 battements par minute.


    Et il en a tiré une liste des morceaux les plus célèbres qui répondaient à tout ça : à savoir "Don’t Stop Me Now" de Queen, Abba, les Beach Boys, Cyndi Lauper... Et en soi, je suis d’accord que ces chansons rendent heureux. 


    Mais je trouve problématique que ce soit que des chansons anglo-saxonnes, que l'on connaît déjà. Je trouve que c’est une approche un peu capitaliste du bonheur voyez-vous. 


    Alors j’ai plutôt choisi un morceau qui colle à peu près à cette formule scientifique mais qui n’est pas dans la liste : il est produit par des danois-allemands qui s’appellent Pupkulies & Rebecca, et il est chanté en portugais par un chanteur cap-verdien qui s’appelle Tibau. Il va plus ou moins vite, à 123 bpm, et il est en mode majeur. 


    Comme quoi tout ça, la musique, les goûts, ça n’est pas de la science exacte. Mais je pense que ce titre fait son petit effet.


    Crédit © Pochette de Tibau, par Pupkulies & Rebecca.

  • Podcast du mercredi 03 mars 2021 : Vitamine So : « Tu Mens Devant Moi » de Voilaaa :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie a quoi te fait penser tout cette affaire si sarkozienne ? 


    Franchement Armel, ce freestyle de tout et de n’importe quoi en matière de droit ça m’a donné envie, sinon de vous le jouer en entier, de vous rappeler l’existence d’un morceau qui est un monument du rap français et qui s’appelle tout simplement "Le Jugement". Je dis que c’est un monument parce qu’il réunit des piliers du rap des années 90/2000 : Kery James, Diams, Tandem, Faf Larage autour d’une série de plaidoiries que le rap français n’oublie pas. 


    En fait, le concept de ce morceau c'est que que Mac Tyer est accusé de tentative d’assassinat sur Mac Kregor. Diams elle, joue la juge, Lino est témoin, Kery James avocat, Faf Larage procureur. Et ce morceau là, il est plus calé en justice que tout ce qu’on a entendu du côté du RPR ou encore de l'UMP...


    Franchement, ce titre qui dure quand même 7 minutes, est peut-être qu'une parodie de la justice mais il est tellement bien fait que je vous conseille, si vous ne le connaissez pas, d’aller voir aussi son clip : c’est littéralement une pièce de théâtre où chaque rappeuse, chaque rappeur joue son rôle avec tout son coeur et ça ça n’a pas de prix. Surtout qu’ils abordent de vraies questions de justices sociales, de stigmatisation, de droit à la seconde chance, etc. 


    Mais bon à 08h45 du matin, se prendre Faf Larage, Tandem et Diam’s je sais que ça peut brusquer un peu donc un titre un choisi un titre poil moins révolté. Mais quand même adapté à la situation puisqu’il s’appelle ‘"Tu Mens Devant Moi", comprenne qui voudra. C’est un titre signé de Voilaaa le producteur lyonnais, et de la chanteuse Rama Traoré qui rappelle que le meilleur moyen de gagner sa vie, c’est encore de travailler. Plutôt que de voler. 


    Voici Voilaaa sur Nova.


    Crédit © Pochette de Voiciii, de Voilaaa.

  • Podcast du mardi 02 mars 2021 : Vitamine So : « Suspicious » de Larry Lovestein & The Revival :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie, je crois que le pseudonyme Paul Bismuth t’a donné des idées ? 


    Ah bien oui parce que Nicolas Sarkozy n’est pas le premier joueur de pipeau à avoir eu l’idée de se cacher derrière des pseudo, il y a plein de vrais musiciens qui avant lui ont déjà eu cette idée là et ont parfois trouvé des noms improbables. 


    Prenez Aphex Twin par exemple : son vrai nom c’est Richard D. James avec lequel il a sorti quelques projets. Mais rapidement, le mystérieux producteur britannique va se trouver d’autres noms pour le plaisir et pour le goût des énigmes. On l’a connu en tant que Bradley Strider à ses débuts, après il s’est aussi fait appeler Polygon Window, Gak, efficace, user18081971 ou The Tuss. Typiquement il a varié les plaisirs pour les occasions. 


    Parmi les autres surnoms que j’aime bien, il y a aussi George Harrison qui a changé de langue en 1969 pour un titre avec Eric Clapton et qui se fait appeler l’Angelo Misterioso (l’Ange Mystérieux), là aussi ça claque. Un peu comme Alexander Nevermind, un nom caché que Prince a utilisé à la fin des années 80 quand il voulait faire des petits concerts discrets dans le Minnesota. 


    Mais aujourd'hui, j’ai choisi Easy Mac. Aka Larry Lovestein. Aka Larry Fisherman. Aka Mac Miller, le musicien américain qui a toujours su choisir les bons pseudos pour les bons projets. À vrai dire ses différents alias, Mac Miller s’en servait avec intelligence pour essayer d’autres choses. Sous ses autres noms, il s’essayait à la pop, au jazz, à la soul. Et c’était vraiment cool. 


    Ça rappelle ce que Romain Gary pouvait faire sous le nom Emil Ajar, varier les plaisirs, et rappeler que parfois un seul nom d’artiste ne suffit pas à résumer tout ce que l’on est. Donc voici Mac Miller masqué, sous le nom Larry Lovestein & The Velvet Revival. 


    C’était en 2012, le morceau "Suspicions".


  • Podcast du lundi 01 mars 2021 : Vitamine So : « Feels Like We Only Go Backwards » de Tame Impala :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Cet annonce de confinement potentiel le weekend Sophie, ça te donne comme un sentiment de déjà-vu 


    Oui, et tout ça me donne envie de commencer à faire chauffer les bougies pour fêter les anniversaires. Anniversaire des premières interdictions de rassemblements de plus de 5000 personnes, annulation des festivals, des concerts, fermeture des clubs, des théâtres, des cinémas. Mine de rien, ça va faire un an, jour pour jour que l’on tient et avant d’aller plus loin dans cette chronique, je voulais nous dire bravo. C’est insensé ce qu’on vit, et assez fou que l’on tienne. 


    Ensuite pour ce qui est du sentiment de déjà-vu, et bien oui forcément avec les annonces qui flottent dans l’air, j’ai l’impression de revivre ce qui nous est arrivé il y a un an. Les mêmes hésitations, les mêmes rumeurs, les mêmes indécisions. La seule différence, c’est que cette fois-ci on sait à quoi ça ressemble. Et on a presque l’impression de faire marche arrière. 


    Et c’est justement ce que raconte le morceau de Tame Impala : "Feels Like We Only Go Backwards", ce qui signifie "comme l’impression de ne faire que reculer". Bon Kevin Parker dans ce titre parle d’amour et d’une relation qui n’avance plus mais quand même, ça a quelques similitudes avec ce que l'on vit en ce moment. Il y parle d’espoirs qui renaissent, d’indécisions et de fatalité. 


    En plus c’est une très belle chanson. Alors on a qu’à dire que c’est le cadeau qu’on s’offre pour les un an de toute cette affaire qui commence sacrément à tourner en rond, ok ? 


    Voici Tame Impala, pris comme nous dans une boucle temporelle, "Feels Like We Only Go Backwards" sur Nova. 


    Crédit © Pochette de Feels Like We Only Go Backwards, de Tame Impala.

  • Podcast du vendredi 26 f?vrier 2021 : Vitamine So : « La Nuit d’Octobre » de Serge Gainsbourg :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sarah Lou et Marie coucou, écoutez ce matin pour la journée spéciale Serge Gainsbourg, j’ai eu envie de vous jouer un Serge poétique, inspiré de la grande littérature, encore jeune, et fougueux. 


    C’est connu mais Gainsbourg a toujours beaucoup lu la poésie et la littérature du 19ème siècle : il a chéri Huysmans, Baudelaire, Flaubert, il a repris et adapté à son verbe Verlaine ou Rimbaud. Et il s’est fait une place parmi les poètes comme ça, en tissant son romantisme et ses excès parmi ceux de ses idoles. 


    Pour moi ce Gainsbourg là, le littéraire timide et méticuleux, c’est aussi celui que je préfère, parce que je le trouve plus aimable que le Serge provocateur, dont on découvre les facéties, les roublardises et les dérapages avec les années et à propos de qui on n’a pas encore trouvé les mots justes. 


    Bref, le morceau de Gainsbourg que je veux vous jouer date de 1959. Le musicien a alors 31 ans, il est encore un jeune homme tendre et lyrique, mais résolument moderne. Il aime le jazz, les percussions, les réinterprétations. 


    Et donc - pour conjuguer ses passions - il décide de reprendre "La nuit d’octobre" - un poème d’Alfred de Musset. À l’origine, "La nuit d’octobre" est un long échange entre un poète et sa muse, inspiré de la vie réelle de l’auteur. Musset qui vient d’apprendre les infidélités de sa femme George Sand, y crache son fiel et sa rancoeur. Mais il écrit aussi à la place de la muse, elle qui tente de le raisonner et de lui faire admettre que la douleur est parfois nécessaire - mais qu’il faut savoir l’accueillir sans colère. 


    Ce qui est rigolo c’est que Gainsbourg ne va choisir qu’un seul passage de ce long échange - et ne garder que la strophe sur la frustration, ce qui donne finalement une chanson magnifique mais bourrée de ressentiment. 


    Et l’on sent que pour Gainsbourg l’amour a toujours été une ambivalence - une source d’inspiration, de joie mais aussi de désespoir et peut-être de hargne.


    En tout cas voici son magnifique morceau - "La nuit d’octobre".


    Crédit © Pochette de La nuit d'octobre, de Serge Gainsbourg.

  • Podcast du jeudi 25 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Nightmares » de Easy Life :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce toast de Gystère à base de cauchemar, Sophie ça te donne envie de jouer un morceau tout bêtement nommé Nightmares.


    Et bien, oui pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? 


    Bon, histoire de vous surprendre quand même un tout petit peu, je suis allée chercher un groupe dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. Ils s'appellent Easy Life. Ils ont grandi à Leicester, dans le cœur de l’Angleterre, n’ont sorti qu’une mixtape avant d’être repérés par le label Island Records - et dès 2018, on a dit qu'ils allaient percer. Et puis finalement ça a pris un peu plus de temps que prévu, mais ce n’est pas grave ils le prennent à la cool, collaborent avec Arlo Parks, et continuent de distiller leurs bonnes ondes.  


    Moi je pensais que le succès serait venu avec le titre "Nightmares" justement, que je veux vous jouer, un titre qui date de 2018, et qui parle de cauchemars donc, dont on peine à savoir s’ils sont vrais ou non, mais dont il ne faut pas s’inquiéter. C’est ce qui est chouette avec ce morceau et ce groupe, c’est leur légèreté. On a l’impression avec eux que rien n’est grave, d’ailleurs Easy Life (La Vie Facile) est le nom de leur groupe. 


    Bref, après avoir entendu ce morceau, on relativise et on se dit qu’après tout un cauchemar ce n’est qu’un cauchemar, alors autant le chantonner sans trop sans préoccuper. Voici Easy Life - avec Nightmares sur Nova.


    Crédit © Pochette de Nightmares, d'Easy Life

  • Podcast du mercredi 24 f?vrier 2021 : Vitamine So : « I’m Going to Stop Pretending That I Didn’t Break Your Heart » de Eels :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Frédérique Vidal qui ne parvient pas à revenir totalement sur ses propos, Sophie, ça te donne envie de parler d’excuses. 


    Oui d’excuses sincères, signée par le groupe Eels avec leur morceau I’m Going to Stop Pretending That I didn’t Break Your Heart - littéralement je vais arrêter de faire semblant de ne pas t’avoir brisé le cœur. 


    Ce que le chanteur emblématique de ce groupe californien dit : c’est qu’on peut se chercher à soi-même toutes les excuses du monde, on peut dire que l’on a été lâche, égoïste, inconscient parce que ceci parce que cela - dans le fond le résultat est le même. Parfois, même quand on n’avait pas l’intention de blesser, les cœurs sont brisés.  


    Et c’est ça tout le propos de formuler de vraies excuses - c’est de regarder l’autre, de regarder le mal qu’on lui a fait, et de lui demander pardon. Sans penser à soi. Et en espérant que ça l’aide à se relever. 

    En l'occurrence cette idée du mea culpa - qui en latin veut bien dire que l’on reconnaît l’entièreté de la faute - fonctionne avec les blessures infligées à toute une communauté stigmatisée, à une société que l’on déchire, à des individus que l’on fait bouc-émissaires par pure ambition électorale. Ou quand on tente de forger des concepts dans le dos des sociologues, des chercheurs, des politologues - au mépris de leur science et de leur connaissance. 


    Bref, je pense qu’on peut rêver avant d’avoir des sincères excuses de Frédérique Vidal ou Jean Michel Blanquer. Mais bon, quitte à leur montrer comment on fait, voici le titre des Eels sortis en 2005, toujours aussi joli et simple.


    Crédit © Pochette de Blinking Lights and Other Revelations, de Eels.

  • Podcast du mardi 23 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Human After All » des Daft Punk :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Alors ce matin Sophie tu as voulu analyser les mots qui servaient à parler dans les médias de la séparation des Daft Punk ?


    Oui parce que je crois n’avoir jamais vécu ça, n’avoir jamais vu une telle onde de choc pas uniquement dans la presse musicale mais aussi dans la presse généraliste ou sur les réseaux sociaux. Tout le monde y va de sa tribune, de ses hommages et de ses souvenirs. 


    Il y a ceux qui étaient là aux premières soirées Respect de David Blot quand en 1996, les Daft partageaient l’affiche avec Cassius au Queen, et que la soirée était gratuite, en open bar. Il y a ceux qui rêvaient du prochain concert XXL pour y emmener leur enfant et leur transmettre quelque chose. Il y a ceux qui s’en doutaient, parce que tout était écrit dans le film Electroma, duquel est tirée la scène de leur film de divorce. Il y a ceux qui tombent des nues, qui croient dur comme fer au coup de communication et qui cherchent ce qu’il y a après l’épilogue.


    Après tout les Daft nous ont habitués à ce genre de surprises. Il y a les collectionneurs, qui ont tous les vinyles, les T Shirt, les tickets de concert, ou ceux qui ont cessé d’être convaincus avec Random Access Memory


    Bref il y a de tout. Et ce qui est fou surtout c’est de voir que l’émotion traverse les générations, les pays et les genres musicaux. Comme si la force des Daft avait été, progressivement, en 28 ans de carrière, de conquérir des planètes petit à petit. Passant des petits clubs piliers de la french touch aux immenses scènes de festival, des premiers clips déjà pensés comme des œuvres d’art aux films arty longs formats. Du sample réalisé patiemment dans une chambre d’ado, aux collaborations avec les auteurs mêmes de ces samples. 


    Et pour la première fois, la temporalité des Daft Punk qu’on a toujours crus robotiquement éternels, dont on ne savait jamais où ils étaient ni ce qu’ils faisaient, rejoint celle des êtres humains. On sait désormais que eux aussi ont une fin, comme notre jeunesse, comme nos premières histoires d’amour, comme les humains après tout. 


    Et en attendant de savoir s’il y a de la vie après la mort, écoutons leur titre "Human After All". 

  • Podcast du lundi 22 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Sober » de Childish Gambino :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Alors Carlito, Mc Fly et Emmanuel Macron sont dans un bateau et Sophie, quelle en est la b-o ? 


    Et bien ce matin j’ai eu envie de vous parler d’un humoriste musicien que l’on joue pour de vrai sur Nova, parce que Carlito et Mc Fly ne sont pas encore en playlist chez nous. Alors que Childish Gambino oui. 


    D’ailleurs, son nom d’acteur est Donald Glover, et c’est comme ça qu’il sefait un nom avant de chanter. Sans doute que pas mal d’entre vous l'ont découvert à l’époque de la série Community, c’était lui un des meilleurs perso : Troy, le grand copain de Abed, l’autre meilleur personnage. On est dans les années 2000, Donald devient un acteur, comédien comique à succès et est aussi, parce qu’il est brillant, scénariste de séries. 


    Mais l’histoire cachée, c’est que Donald rêve aussi de chanter. À peu près à cette même époque il s'entraîne dans sa chambre, produit des instrus, écrit du rap, sort des mixtapes pour ses proches, compose des remixes de Sufjan Stevens, et à vrai dire il fait tout ça très bien. 


    Petit à petit, alors que Hollywood commence à reconnaître ses talents d’humoriste, il commence à glisser au monde entier qu’il rappe et qu’il chante aussi. Dans la série Community, souvent on le voit pousser la chansonnette. Et à partir de 2013, il se fait connaître pour de bon. 


    Depuis il est devenu officiellement Childish Gambino, son nom de scène, et a sorti des albums géniaux. Il a surtout signé de A à Z la série Atlanta, qui est un aboutissement de toutes ses passions puisqu’il y joue un jeune homme d’Atlanta, qui veut devenir le manager de son cousin le rappeur et se met à traîner dans le milieu du rap. 


    Je sais pas s’il aurait fait une vidéo avec le président de la République, d’ailleurs je peux imaginer que oui, mais on l’écoute sur Nova.


    Voici "Sober".


    Crédit © Pochette de Sober, de Childish Gambino.

  • Podcast du vendredi 19 f?vrier 2021 : L'anniversaire du jour : « Qu'est ce qui fait marcher les sages ? » des Sages Poètes de la rue :

    Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-13h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.


    Aujourd'hui dans Alpha Beta Nova, on célèbr un anniversaire un peu spécial... Le mythique "Qu'est ce qui fait marcher les sages ?" des Sages Poètes de la rue, fête ses 26 ans et pour l'occasion, Zoxea, Dany Dan et Melopheelo des Sages Po' en personne, nous offrent des témoignages et anecdotes exclusives sur l'histoire et la création de ce bijou.


    Crédit © Pochette de Qu'est ce qui fait marcher les sages ?, des Sages Poètes de la rue.

  • Podcast du vendredi 19 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Déjà Vu » de Wax Tailor et Adeline :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Armel Sarah Lou, cette période que l'on vit en France, où l'on forge des mots pour mettre aux bans de la société, où l'on conduit des enquêtes dans les grandes universités, et bien ça m'inquiète.


    Ça m'inquiète parce que l'histoire est mal faite, qu'elle se répète, et que tout ce que l'on vit en ce moment on l'a déjà vécu. Dans les années 30, puis dans les années 40, puis dans les années 50. En France, aux Etats-Unis, bref dans tous les pays qui ont vécu des heures sombres et qui ont duré des années. 


    Alors on ne sait pas encore jusqu'où ça ira, et à vrai dire c'est la seule chose qui me rassure, c'est l'idée que ce sentiment de déjà vu rappellera à Frédérique Vidal que ce n'est pas le rôle de son ministère. Qu'en revanche, elle est payée pour s'occuper des millions d'étudiantes et d'étudiants qui ont besoin d'elle et de décisions fortes. Et puis si l'idée du gouvernement est de chercher des votes pour l'an prochain, je crois que c'est toujours utile de se rappeler que les étudiants, eux aussi, votent. 


    Tout ça m'a tristement donné envie de jouer un morceau qui s'appelle "Déjà Vu", pas la version de Beyonce, mais celle de Wax Tailor et Adeline, sur le dernier album du producteur français. On l'écoute.


    Crédit © Pochette de The Shadow of Their Suns, de Wax Tailor.

  • Podcast du jeudi 18 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Soleil au Réveil » de Djeuhdjoah et Lieutenant Nicholson :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Alors Sophie, comment sortir en musique de ce petit medley d’info ? 


    Cette histoire de panne de réveil et ces infos pas maxi rassurantes me donnent envie de jouer le morceau "Soleil au Réveil" d’un duo qu’on adore sur Nova : Djeuhdjoah et Lieutenant Nicholson, deux amis solaires. 

    Solaire, déjà parce que c’est un peu leur crédo, d’être sincèrement joyeux et de communiquer ces bonnes vibes à leur public. Ensuite parce ce sont aussi des poètes qui s’amusent à faire rebondir les mots, et créer des images dans nos têtes, à l'image de leur dernier album, Aimez Ces Airs, comme un appel à l’amour du grand large, et au poète aussi.


    Ils ont grandi en écoutant Fela Kuti, Francis Bebey, Ravel, Outkast, de la bonne variété française, le Lieutenant Nicholson est d’ailleurs le fils de Laurent Voulzy... Ils se sont croisés sans se voir sur un terrain de basket quand ils étaient enfants, sous les rails du métro à Glacière. Et ils ont commencé à composer ensemble, dans la joie et la bonne humeur avec comme idée de trouver leur groove en français, et d’explorer la langue, les rimes, les images. Ils chantent aussi en créole, parce que la créolité, le métissage des cultures c’est aussi ce qui les définit. 


    Bref, une des meilleures preuves de toutes ces bonnes ondes, c’est leur morceau "Soleil au Réveil", qui est assez blindé en termes de Vitamine D, et qui remplacera aisément le réveil cassé d'Alexis Corbière. En plus il prouve effectivement qu’aucune langue n’est un obstacle au groove. 

  • Podcast du mercredi 17 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Play With Fire » des Rolling Stones :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Pas évident de trouver un morceau pour illustrer tout ça Sophie...


    Ce débat qui me donne envie de changer de sujet immédiatement, à défaut de pouvoir trouver les mots justes, m’inspire quand même une chanson. "Play With Fire" des Rolling Stones, sorti en 1965. Parce que ça veut dire jouer avec le feu en anglais et puis que c’est quand même un super morceau. 


    Un titre signé par un certain Nanker Phelge, qui est en fait un pseudonyme que les Stones vont utiliser au début de leur carrière, pendant 2 ans à peine, pour créditer les chansons qu’ils ont tous coécrits. C’est plus pratique que de citer tout le monde et c’est cryptorigolo.

    Et donc au milieu des années 60 sort ce morceau "Play With Fire", qui ne parle pas du tout de la politique extrême-droitisante française, mais bien d’amour. D’une histoire d’amour à haut risque entre Mick Jagger et une jeune fille de la haute anglaise. Un titre que j’ai personnellement découvert grâce à la super B-O du film Darjeeling Limited de Wes Anderson, et qui dit : qui joue avec le feu finit pas se brûler. 


    Et ce qui est fou c’est que cet adage est tellement populaire que l'on est incapable de retracer son origine. Et ce proverbe qui est traduit dans toutes les langues du monde, même non humaine, et bien notre gouvernement refuse d’y croire. 


    Alors voilà invoquons les Rolling Stones comme un sortilège. Qui sait ce qui peut encore marcher de nos jours ! 


    Crédit © Pochette de Play With Fire des Rolling Stones, © Getty Image / Hulton Deutsch

  • Podcast du mardi 16 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Rider c’est pas facile » d’Aelpéacha :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Cette ambiance 4L Sophie te donne envie de parler de la ride ? 


    Oui et du roi de la ride, j’ai nommé Aelpéacha. Et même si je suis certaine que parmi vous il y a des rideuses et des rideurs convaincus, je vais rappeler en deux mots ce que c’est que la ride. La Ride est un concept très précis, et en même temps très simple : c’est le fait de se sentir libre dans le déplacement, dans le mouvement. Ça peut être une ride en vélo, en RER, ou à pieds même : ce qui importe c’est que le paysage défile et que de ce mouvement naisse un apaisement. À vrai dire, la ride est surtout très associée à la voiture. D’ailleurs le mot ride en anglais veut dire conduire, (on se souvient de Pimp My Ride). 


    Et donc Aélpacha est le roi de toute cette affaire en France, lui qui a grandi dans le 94. C’est important et revendiqué : il vient de Joinville-le-Pont, une ville qu’il a arpentée et quittée grâce à ses voitures. Parce que pour lui, la ride ultime se fait en voiture, avec des copains, et surtout du gros son. Peu importe le modèle, une 4L ou un bon gros lowrider, puisque la ride, dit-il, n'est pas avoir, mais être. 


    Un de ses albums, qui est sorti en 2009 et qui s’appelle Val II Marne Rider, est pensé comme la bande-son parfaite d’une ride idéale, au départ de Spliffton, le surnom qu’il donne à Joinville. C’est de la g-funk à la française, ça plaira à ceux qui ont l’habitude d’écouter Snoop ou Dr Dre sur la route. Et rien que d’imaginer Gérard Larcher en 4L en train d’écouter Aélpéacha, je me dis Kamoulox, je vais passer une bonne journée. 


    On écoute donc le titre "Rider c’est pas facile", la version avec le géant, et bien nommé pour l’occasion, Driver et Taro O.G. Si vous êtes dans votre voiture, montez le son bien fort, et bonne ride à vous.

  • Podcast du lundi 15 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Traffic In The Sky » de Jack Johnson :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin Sophie tu as trouvé une chanson douce qui parle d’avion ? 


    Oui et d’ailleurs je voulais commencer cette semaine avec un petit avertissement. J’ai réalisé que depuis quelques semaines la pandémie avait eu un drôle d’effet sur moi, je constate que je n’ai quasiment que envie d’écouter des chansons paisibles, agréables et réconfortantes. Et je suis pas la seule, on en discutait avec Guillaume Girault un des programmateurs de Nova qui est du même avis. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais c’est vrai que j’ai une petite tendance à la douceur ces jours-ci. 


    Le morceau d'aujourd'hui est un morceau sorti il y a 18 ans de cela, en 2003, et il s’appelle "Traffic In the Sky", un titre où Jack Johnson évoque déjà des bouchons dans le ciel et des embouteillages d’avions. Corollaires d’un monde où tout va trop vite, où l’on s’est habitué à vivre à toute vitesse et à passer finalement à côté de l’essentiel. 


    Alors si vous ne connaissez pas Jack Johnson, il faut que vous imaginiez que cet homme est un surfeur né à Honolulu, qui a été un champion de surf jusqu’à se cogner la tête contre un récif de corail et décider de changer de vie, pour apprendre notamment à jouer de la guitare. Il va rapidement être validé par Ben Harper, et dans les années 2000 il va sortir, les uns après les autres, des albums qui vont être des grands succès. Parce que Jack Johnson a un grand sens de la mélodie toute simple, qu’il a une voix chaleureuse, qu’il est je crois un type sincèrement bien et que sa musique est à son image. 


    Donc voilà, vous voyez quand Barbara Pompili parle d’un futur proche où il faudrait songer à une régulation du trafic aérien, on a envie de dire que ce n’est pas trop tôt. Vous auriez peut-être dû, madame la ministre, écouter Jack Johnson, sur une plage, autour d’un feu, en rêvant d’un futur meilleur. 

    Et en attendant donc ce fameux changement, on a le temps de réécouter tous les albums de Jack Johnson qui font quand même pas mal de bien.


    C’est "Traffic In the Sky", sur Nova. 


    Pochette de On And On, de Jack Johnson

  • Podcast du vendredi 12 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Prickly Pear » de Portico Quartet :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Parmi toutes les options qui nous font face, aucune n’est très joyeuse : que ce soit un confinement express ou entre-deux insatisfaisant. Alors je me suis dit que j’allais vous jouer un morceau qui est, je crois, déstréssant.


    Ce morceau est signé par le Portico Quartet, un groupe de jazz anglais dont le secret repose dans un hang. Le hang c’est un instrument acoustique qui ressemble à une grosse soucoupe en métal, qui fait penser au steeldrum caribéen, mais qui pour le coup, est un instrument suisse. Un instrument dont on a beaucoup parlé dans les années 2000 au moment de sa création, beaucoup de musiciens s’y sont mis, et ont essayé d’en tirer le meilleur. 


    Ils se démarquent dès leur premier album en 2008, bien avant que la scène jazz londonienne ne fasse reparler d’elle. Et ce sans doute grâce à leur douceur. Franchement, Portico Quartet c’est assez impeccablement doux et le hang un instrument merveilleusement détendant. Alors voilà, comme un remède à l’angoisse ambiante, je me suis dit que j’allais vous jouer un de leur morceau.


    Voici le titre "Prickly Pear" du Portico Quartet.


    Crédit © Pochette de Knee-Deep in The North See, de Portico Quartet

  • Podcast du jeudi 11 f?vrier 2021 : Vitamine So : "Les Métamorphoses du Vide" de Chapelier Fou :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie ce matin tu as trouvé un morceau dont le titre pourrait résumer beaucoup de choses qui sont dites sur les plateaux TV ? 


    Oui, et je n'en suis pas peu fière. En plus c’est un morceau que j’ai toujours aimé sans réaliser à quel point son titre était parlant, puisqu’il s’appelle "Les Métamorphoses du Vide". Dans le fond c’est un peu le sentiment que j’ai quand je vois des ministres, des secrétaires d’Etat se succéder à la télévision pour ne rien dire du tout. J’ai l’impression souvent en tout cas qu’ils tentent une nouvelle pirouette pour transformer le rien en autre chose. Roselyne Bachelot qui promet dans le vague, sans jamais s’engager précisément, c’est un peu ça.  


    "Les Métamorphoses du Vide", c’est un titre signé par Chapelier Fou, un producteur musicien qui vient de Metz et qu’on a toujours aimé sur Nova. Il est un expérimentateur de la musique, un bidouilleur de sample, de son et d’instruments. D’ailleurs sa création est si proche de la performance qu’il a souvent joué dans des musées, les mêmes qui sont aujourd’hui et depuis 100 jours fermés. 

    Chapelier fou pour faire simple, c’est un magicien des textures, un type qui en quelques notes sait transformer le réel. Et notamment sur son album 613 sorti il y a déjà plus de 10 ans, un disque suspendu, qui nous avait déjà à l’époque sur Nova, bien hypnotisé. 

    Alors voilà, quitte à parler pour ne rien dire autant écouter "Les Métamorphoses du Vide" de Chapelier Fou.


     Crédit © Pochette de 613, de Chapelier Fou

  • Podcast du mercredi 10 f?vrier 2021 : Vitamine So : « These Few Presidents » de WHY? :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie je crois que ce matin la flatterie à la Nicolas Hulot c’est pas trop ton truc ? 


    Non. Pour être tout à fait honnête je préfère un morceau sincère, et du coup nuancé, qui dit les choses telles qu’elles sont. Et ce morceau il est signé par un groupe qui s’appelle Why? Why?. À l’origine ça n'est pas vraiment un groupe, c’est le surnom qui est donné à Yoni, Jonathan Yoni Wolf un musicien de rock indie américain, pilier d’une scène alternative assez culte.


    À la base il choisit ce nom en 1997 parce qu’il n’aime pas faire les choses comme les autres, alors autant prendre un pseudo bien bizarre. Surtout que son approche de la musique, dès son plus jeune âge, est atypique : il a découvert la musique à la synagogue où son père officiait, dans un placard où Papa Yoni avait caché des instruments et des chansons qu’il avait écrites. Yoni s’y est mis comme ça.

    Et en 1999, il commence à sortir des albums sous le nom WHY?, jusqu'en 2005, où il décidera que ça suffisait d’être seul, et décide d'inviter des copains à monter un groupe, et sort en 2008 l’album Alopecia, sur lequel on entend le morceau "These Few Presidents".


    J’ai rarement entendu un titre aux paroles aussi franches. Et en même temps, tellement poétiques que l'on ne comprend pas tout. Moi ce qui j’y entends, c’est l’histoire d’un duo dont les liens se dégradent au point de devenir quasiment des inconnus, qui ne sont rattachés que par des choses matérielles. Sauf que le refrain finit par l’avouer "Even though i haven’t seen you in years, yours is a funeral i’d fly to from anywhere".

    C’est-à-dire : "même si je ne t’ai pas vu depuis des années, ton enterrement serait un de ceux pour lequel je traverserai le monde entier". 


    C’est peu, mais c’est déjà, et c’est finalement beaucoup. En tout cas ce genre de déclaration me touche plus que de la flatterie alors allons-y, écoutons Why?, et cet inconfortable tube qu’est "These Few Presidents". 


    Crédit © Pochette de Aloecta, par WHY?.

  • Podcast du mardi 09 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Nights » de Frank Ocean :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ces histoire d’OPA, de rachat d’entreprise, de pur capitalisme Sophie ça te donne envie de parler de Frank Ocean ?


    Oui parce que mine de rien, Frank Ocean c’est un artiste qui a réussi à tirer son épingle du jeu et à faire un sacré tour de passe passe à une immense maison de disque qui n’a rien vu venir.


    Pour vous rappeler l’histoire, en 2009, Frank Ocean est tout jeune, il vient de rejoindre le collectif Odd Future, et il a mis un pied dans l’industrie du disque qui commence sérieusement à penser qu’il est doué. Et notamment un certain Tricky Stewart, qui bosse chez Def Jam, et qui propose de le signer. Sur le papier, c’est le rêve de tout artiste de voir un tel label te dire qu’il croit en toi. Et en même temps, ça peut être un piège parce que, contractuellement, ces entreprises sont réputées pour te ferrer et pas forcément pour t’aider. D’ailleurs à l’époque Def Jam n’est plus si sur du talent de Frank Ocean, ne l’aide pas à se développer, et le délaisse un petit peu. Ce qui va le rendre dingue : il le dit clairement dans un tweet à l’époque : "J’emmerde Def Jam et toutes les entreprises qui signent des gamins avec des rêves et du talent et aucune intention de les développer”. Mais là où l’histoire est chouette c’est qu’elle ne s’arrête pas. 


    Des années plus tard, on sait que Frank Ocean doit sortir un nouvel album. Or comme contractuellement il lui reste encore un album à sortir chez Def Jam, tout le monde se dit que le disque va sortir dans les règles de l’art. Sauf que pas du tout. Début août il publie un album visuel Endless, de 46 minutes assez belles mais pas transcendantes, qui est disponible que sur Apple Music, mais qui ne peut s’acheter nulle part. C’est une drôle d'œuvre, mais ça n'est pas vraiment un album comme on l’attendait. Grâce à ce coup, Frank Ocean honore son contrat qui l’obligeait à un certain nombre d’album, et il est désormais libre de quitter Def Jam. 


    Et quelques heures plus tard, il sort Blonde, le vrai album, avec tous les featurings et les tubes.Et ce disque là sort sur son propre label, Boys don’t Cry, ce qui lui permet d’avoir créé cet album en toute liberté, de toucher 70% des revenus et enfin de rendre fou Def Jam qui ne se fait donc pas un dollar sur cette double sortie. 


    C’est ce qu’on appelle un pied de nez réussi à l’industrie du disque, preuve que même dans les plus hautes sphères du capitalisme il y a des coups à jouer. Alors pour s’en inspirer, écoutons "Nights" de Frank Ocean. Parce qu’en plus d’être un petit hold up, cet album est un des meilleurs disques qui soit sorti ces dernières années, à mon goût.


    © Pochette de Blonde, de Frank Ocean. 

  • Podcast du lundi 08 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Flume » de Bon Iver :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Et ce matin, tu es venue accompagner cette vague de froid en musique ?


    Oui parce que qui dit vague de froid dit hibernation,et qui dit hibernation dit : mais que va-t-on faire pour ne pas s’ennuyer ? Et bien on peut, comme le bien nommé Bon Iver, composer un album. 

    Bon Iver en 2008 passe par une période bien difficile. À l’époque il s’appelle encore Justin Vernon, il vient de se séparer de sa copine Emma, il vient de se faire quitter par son groupe de musique, et comme un malheur ne vient jamais seul, il a la mononucléose.


    Épuisé, seul et perdu, et histoire de pousser le vice encore plus loin, Justin Vernon décide de faire une expérience limite. Convaincu qu’il faut parfois aller au bout des choses pour recommencer un cycle et s’en sortir vivant, il part au fin du Wisconsin s’installer dans une cabane de rondins que son père possède, pour éprouver sa solitude, pour se forcer au repos, et pour réfléchir à ce qu’il traverse.


    Il part avec presque rien, si ce n’est un peu de papier et un enregistreur. Et pendant 3 mois il va rester seul, à couper du bois, à écrire ce qu’il ressent, et à repenser à ce qu’il a vécu. Il va composer, avec patience, en méditant, en ayant froid, et en s’obligeant à vivre en ayant une pleine conscience de lui-même, un album merveilleux qui est For Emma, Forever Ago. Comme une lettre d’adieu à son amoureuse. 


    Cette hibernation va être son salut, émotionnel et professionnel. Puisqu’avec ce disque, magnifiquement sincère, qui va être à peine orchestré pour la version studio, Bon Iver va immédiatement devenir un des grands noms de la folk moderne. 


    Alors osons comme Bon Iver plonger dans des bains d’eau glacée pour essayer de se sentir vivant. Osons écouter "Flume" et se laisser percer à vif, soyons créatifs en attendant que passe cette longue vague froide.


    Voici son titre "Flume" sur Nova.


    Crédit © Pochette de For Emma, Forever Ago, de Bon Iver.

  • Podcast du vendredi 05 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Parties In The Usa » de Jonathan Richman :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin, j’ai hésité à vous jouer Dider Super, et son morceau "Manipulez-nous mieux" (tout est dans le titre), qui a le mérite de remettre un peu d’ordre à propos de la politique française. Si vous êtes d’humeur à être secoué je vous conseille d’aller écouter ce morceau. Mais bon je me suis dit que j’allais plutôt vous jour un truc marrant pour ce weekend qui approche. Alors j’ai choisi un morceau qui n’a rien à voir avec la politique, un titre signé de Jonathan Richman qui s’appelle "Parties In The Usa". Et qui est tout simplement une déclaration d’amour à la teuf.


    Bon ce morceau il a été composé en 1992, donc il n'a rien à voir avec la pandémie. Mais j’ai trouvé que l’énergie de ce musicien, Jonathan Richman qui est une idole punk, faussement légère, souvent marrante et en même temps assez torturée, vous ferait du bien. Surtout avec ce morceau où il regrette une époque bénie de la fête. 


    Ce qui est rigolo, c’est qu’il parle déjà de gens casaniers, qui ne sortent plus de chez eux, de police qui met des amendes pour tapage nocturne, de voisins suspicieux, avant le covid donc. 


    Et comme Jonathan Richman met de la joie dans ce morceau, on finit par avoir confiance, et se dire qu’après tout, la fête c’est comme toute chose. Ça reviendra, un jour. Tout n’est pas perdu. 


    Et en attendant il nous reste plein de disques sur lesquels danser à la maison.


    Crédit © Pochette de I, Jonathan, de Jonathan Richman.

  • Podcast du jeudi 04 f?vrier 2021 : Vitamine So : «You Haven’t Done Nothin’» de Stevie Wonder :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Cette partie de poker politique Sophie ça te donne envie de jouer Stevie Wonder ? 


    Oui parce qu’il y a une de ses chansons qui, sous ses airs extrêmement funky, est extrêmement politique. Elle s’appelle "You Haven’t Done Nothin" et il l’a composée en 1974, précisément pour parler du scandale du Watergate, quelques semaines avant la démission de Nixon. 


    Et à l’entendre, on a l’impression que c’est un morceau que Stevie Wonder a écrit sous l’impulsion de la déception, et de la lassitude. Epuisé de voter pour des hommes politiques en qui il ne peut pas faire confiance, qui ne tiennent pas leurs promesses, qui maintiennent l’espoir mais n’accomplissent rien. 


    Et comme souvent avec lui, ce titre est flamboyant, puisque pour les chœurs sont crédités les Jackson 5 qui étaient signés sur le même label que Stevie, à savoir la Tamla Motown. Et c’est sans doute cette combinaison : message politique et mise en musique parfaite qui a fait le succès de ce titre, qui devient numéro 1 très rapidement.


    D’ailleurs à son propos Stevie Wonder dira que pour lui, c’était important d’enrober tout message dans un bel apparat, et de composer le poids de certaines paroles pesantes par une mélodie lumineuse. 


    Conseil donc à suivre pour celles et ceux qui voudraient composer sur l’actualité politique ou sur la perspective des prochaines élections présidentielles françaises qui sont pas surexcitantes pour l’instant.


    Inspirons-nous de Stevie et de son "You Haven’t Done Nothin" (aka Vous ne Servez à Rien)


    Crédit © Pochette de You Haven't Done Nothing, par Stevie Wonder.

  • Podcast du mercredi 03 f?vrier 2021 : Vitamine So : « La Confession » de Lhasa De Sela :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Cette ambiance "vacances improvisées sur la route", ça te donne envie de parler d’une géniale musicienne nomade. 


    Oui enfin qui a vécu une enfance nomade mais qui n’a jamais oublié le plaisir de la route. Elle s’appelle, elle s’appelait Lhasa de Sala, fille d’un auteur mexicain et d’une photographe russe polonaise et libanaise. Et quand elle naît, en 1972, ses parents décident de prendre la route avec ses 9 frères et sœurs : ils aménagent un bus scolaire et le transforment en maison qui roule. Et toute son enfance, elle va la passer en mouvement, à se balader en Amérique du Nord et du Sud. Dans une interview des années 90 à propos de la route, Lhasa dira : “C’est la route qui me guide. Enfant, je la vivais intensément. Avec un sentiment d'exil.

    Je n'aime pas ce mot, trop romancé ; juste la certitude que je ne pouvais pas revenir en arrière, repasser par le connu.”


    Même après s’être installée à Montréal, y avoir fait son nid dans les années 90, Lhasa n’a jamais oublié que son existence était liée aux voyages, petits ou grands, improvisés ou décidés d’avance. D’ailleurs son deuxième album s’appelle The Living Road, et il parle de chemins, de routes, de point de départ, et d’arrivée incertaine. 


    Alors je me suis dit, à l’heure où les indécisions gouvernementales nous imposent de décider un peu au dernier moment, autant embrasser l’improvisé, s'habituer à se laisser porter et le faire en musique avec Lhasa.


    Voici son morceau "La Confession", qui trouve les mots justes pour parler de grandes incertitudes. 


    Crédit © Pochette de The Living Road, de Lhasa De Sela et ©Getty Image/Lionel Flusin


  • Podcast du mardi 02 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Cherry Coloured Funk » des Cocteau Twins :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Alors Sophie, ce charabia politique t’a donné envie de parler d’un charabia musical ? 


    Oui mais plus poétique, ou en tout cas inventif. Il est signé des Cocteau Twins. 


    Les Cocteau Twins c’est un groupe écossais qui a chanté pendant 20 ans, entre la fin des années 70 et la fin des années 90. Et c’est surtout Elizabeth Frazer qui a chanté, et qui a hypnotisé tout le monde grâce à une technique un peu spéciale. 


    Elizabeth Frazer est réputée pour chanter des phrases qui ne sont pas compréhensibles par le commun des mortels. Des suites de mots, d’images, de métaphores qui sonnent bien mais qui ne veulent rien dire de précis. Il y a un mot savant pour ça : la glossolalie, où l’art d’inventer un langage qui fait primer les émotions sur le sens, qui peut se passer de phrases logiques et qui pourtant peut donner l’impression de vouloir dire quelque chose. 


    Lewis Carroll faisait ça, le scat aussi, et puis donc, les Cocteau Twins qui grâce à cet art, ont vite été les pionniers d’une nouvelle vague écossaise, les premiers à chanter de la dream-pop aussi. 

    C’est pour ça que je vous en parle. C’est qu’en plus de jouer avec les mots et la rationalité, c’est super beau ce que chantent les Cocteau Twins.

    Ça pourrait même être une catégorie à part aux championnats du monde de karaoké. Dans l’épreuve des chansons les plus difficiles à chanter au monde. 


    On écoute leur morceau "Cherry Coloured Funk", de la funk couleur cerise, ce qui semble à la fois très clair et tout à fait confus.


    Crédit © Pochette de Heaven Or Las Vegas, des Cocteau Twins

  • Podcast du lundi 01 f?vrier 2021 : Vitamine So : « Who Knows » de Marion Black :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Aujourd'hui dans Vitamine So, le morceau « Who Knows » du chanteur américain Marion Black.


    Ces scénarios multiples, ces incertitudes Sophie ça te donne envie de jouer un certain Marion Black ?


    Oui, et même si je ne suis pas certaine que vous le connaissiez, vous avez sans doute déjà entendu sa voix, souvent samplée. À l’origine Marion Black c’est un musicien d’Ohio, qui très jeune a composé, écrit et interprété la chanson qui allait être un de ses plus grands succès.


    C’était en 1969, le jeune Marion Black approche un animateur de radio locale et producteur de musique qui s’appelle Bill Moss, et lui joue son morceau. Grâce à ça, Marion Black obtient un deal sur le label Capsoul et commence sa carrière musicale qui à vrai dire, ne va pas être un long fleuve tranquille. 


    C’est donc ce morceau là que je voulais vous jouer ce matin. Il s’appelle "Who Knows" et parle de tous les doutes qui peuvent nous assaillir le soir. Et si le soleil ne se levait pas demain ? Et si au contraire je rencontrais l’amour ? Et si ? Et si ? 


    Cette chanson, dont l’incertitude colle bien à la période actuelle où l’on ne sait pas de quoi demain sera fait, on l’a entendue il y a quelques années, samplée par RJD2 dans son morceau Smoke & Mirrors qu’on vous jouait souvent à l’époque, sur Nova. 


    Ce matin, place à l’originale, place au doute, parce qu’après tout personne n’en sait plus que nous ou que vous.


    Voici Marion Black, "Who Knows".


    Crédit © Vignette de Who Knows, par Marion Black.

  • Podcast du jeudi 28 janvier 2021 : Vitamine So : « Fade Into You » de Mazzy Star :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie ce matin tu as eu envie de nous parler d’une actualité que tu es allée chercher dans un journal anglais et qui t’a marquée. 


    Oui, j’avais envie de faire une exception pour vous parler de cet article dont le nom était triste, et la lecture tout autant. Pourtant il vaut la peine d’être partagé : ce papier qui a été publié dans le Guardian et qui étudie, "comment une année sans contact physique, sans bise, sans câlin, affecte notre santé mentale". Ce que dit cet article c’est que dès la naissance, l’être humain fonde sa conscience de soi grâce au contact avec l’autre, avec la mère, ou la figure qui l’incarne. Dès le plus jeune âge nos sens s’éveillent grâce à l’autre qui nous fait prendre conscience des possibilités de notre corps.  


    Et en grandissant ou en vieillissant, nous oublions parfois l’importance du contact, même quand nous sommes en couple ou quand nous devenons parents. La vraie solitude vient de là : du sentiment d’être loin des autres, physiquement parlant. Évidemment, chacun a ses limites, le confort tactile n’est pas une condition humaine sine que non, mais en général, l’absence de contact crée du stress , parfois de la douleur émotionnelle ou physique. Surtout quand on la subit sans savoir jusqu’à quand, comme pendant cette pandémie. 


    À la fin de l’article, il y a quelques idées rassurantes sur comment faire en attendant le grand soir où l’on se serrera toutes et tous dans les bras. Je voulais quand même vous jouer un morceau qui a presque ses vertus là : cajolantes. C’est un classique des années 90, signé par le groupe Mazzy Star et il s’appelle "Fade Into You". 


    Ce morceau propose un contact encore plus abouti que le contact physique, et chante une fusion amoureuse, amicale, émotionnelle. Et même si je sais qu’il n’est un contact que virtuel, j’espère qu’il vous fera quand même un peu de bien. En tout cas, il ne peut pas vous faire de mal.


    Crédit © Pochette de Fade Into You, de Mazzy Star

  • Podcast du mercredi 27 janvier 2021 : Vitamine So : « Choices » de E-40 :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Alors Sophie ce jeu de ni oui ni non ça te donne envie de nous parler d’un morceau de rap trop cool ?


    Oui, un morceau qui à vrai dire repose un peu sur le contraire d’un ni oui ni non puisque c'est un "que oui que non". Et c’est un titre signé de E-40, tout simplement appelé Choices (YUP) sorti en 2014. 


    Le concept de ce titre est tout simple : on pose plein de questions au rappeur sur des choix qu’il a envie de faire dans sa vie, et il répond tout simplement par oui ou par non. Par exemple : est-ce que tu as déjà balancé des trucs à la police ? "Non". Est ce que tu as déjà aidé un pote en galère ? "Oui". 


    Vous allez voir si vous ne le connaissez pas, ce morceau est vraiment d’une efficacité folle. Et s’il est devenu si célèbre, c’est parce que dans le clip E 40 le californien a invité plein de copains : Kendrick Lamar, Busta Rhymes, Swizz Beatz, Snoop, The Game, Ice Cube, Mike Will Made It. Bref tout le gratin du rap game en 2015. 

    Soulignons aussi que le morceau est très associé au basket puisque pendant les playoff de la NBA de la même année, l’équipe de Steph Curry et Klay Thompson, les Golden State Warriors, l’ont choisi comme hymne et ont gagné. 


    Bref ce morceau est cool, il est rigolo, et il permet de remporter des victoires très importantes.

    Alors pourquoi ne pas l’écouter et réviser au passage ses Yes/No Questions. 


    C’est E 40, et ses "Choices" sur Nova.


    Crédit © Pochette de Choices, de E-40

  • Podcast du mardi 26 janvier 2021 : Vitamine So : « Heart Full Of Love » de The Invincibles :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin Sophie, une B-O idéale pour cette comédie presque romantique ? 


    Et oui, avec un morceau qui en plus est rare et précieux. Un titre signé par le groupe The Invincibles, un trio de rnb de Los Angeles des années 60, dont le nom a un peu disparu des radars avant même qu’ils aient le temps d’enregistrer un album, alors qu'ils avaient tout pour nous charmer. 


    Le chanteur notamment : Dave Richardson, avec sa voix de falsetto, aiguë et profonde, est quasi introuvable en ligne. On ne sait pas ce qu’il est devenu après avoir enregistré quelques magnifiques morceaux sortis sur le label Loma Records en 1960. Il y a bien un disque qui est signé de son nom en 1999 mais c’est flou. Cet homme est un peu une énigme, qui forcément fascine et sur quelques forums de nerd de la musique sur lesquels les gens se demandent : comment est-ce possible que ce groupe n’est jamais percé ? Et bien peut-être parce que dans la vie ça ne se passe pas comme dans les comédies romantiques.


    En tout cas, The Invincibles a bel et bien disparu malgré leur talent assez indiscutable. Mais heureusement avant ça, ils ont signé un morceau de deux minutes qui touche droit au coeur : "Heart Full Of Love" s’appelle-t-il, et on aimerait qu’il dure encore plus longtemps parce que quand on l’écoute, il nous donne envie de croire que ce monde déborde d'amour. 


    C’est l’effet des choeurs gospel, des arrangements perçants et de cette voix.


    Crédit © Vignette du single Heart Full Of Love, de The Invincibles.

  • Podcast du lundi 25 janvier 2021 : Vitamine So : « 20 ans » d’ATK :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin Sophie tu nous parles de chansons qui racontent, comment c’est d’avoir vraiment 20 ans ? 


    Oui parce que dernièrement on a beaucoup entendu des quarantenaires, cinquantenaires dire à quel point ce devait être dur d’avoir 20 ans en 2020 et 2021. Mais on a peu donné la parole, pour l’instant en tout cas, aux vingtenaires concernés pour les laisser nous raconter ce qu’ils ressentaient eux, leurs vraies peurs, leurs vraies envies. Or je suis retombé hier sur un album qui à l’époque, en 1998, est sorti avec justement cette idée de raconter les préoccupations de cette génération en France ; c’est Heptagone de ATK.


    On est à la fin du siècle dernier : à l’époque d’un âge d’or pour le rap français, qui choisit le texte pour raconter le quotidien politique, social des jeunes en France. Et avec cet album, c’est exactement ce que ATK va faire. ATK c’est un des collectifs de l’est parisien, monté dans les années 90, avec suffisamment de membres (une vingtaine), pour espérer raconter de plusieurs manières ce que vivent les jeunes du presque an 2000. 


    Et ils y arrivent avec Heptagone, un disque qui parle de solitude, de rêves qui partent déjà en fumée, d’affaires judiciaires, d’amours déçues. Les samples sont costauds : on y trouve du Sade, du Jean Sebastien Bach, du Jacques Brel, du Balavoine et même Toto. L’album va plaire à un public exigeant, et va marquer son temps.


    Puis sur ce disque il y a le morceau "20 ans" qui est basé sur un solo du rappeur Cyanure : ce dernier débite très vite, et nous rappelle ce qu’était la vie d’un jeune adulte en 1998, qui s’interroge sur son destin, évoque la sortie du cocon familial, et en place une aussi pour celles et ceux qui à 20 ans portent déjà le monde sur leurs épaules. 


    C’est quasiment comme ouvrir un journal intime où finalement l’on comprend qu’avoir 20 ans c’est toujours dur, même si de nos jours sans doute encore plus. C'est un texte très fort alors on écoute "20 ans" de ATK.


    Crédit © Pochette d'Hexagone, d'ATK 

  • Podcast du jeudi 21 janvier 2021 : Vitamine So : « La Mauvaise Réputation » de Danyèl Waro :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Cet esprit "j’écoute aux portes" Sophie, ça t’a donné envie de parler d’un morceau de Brassens ? 


    Et oui : forcément qui dit ragot dit réputation, et qui dit mauvaise réputation dit Brassens avec son fameux morceau, qu’il a composé en 1952. Ce morceau qui raconte l’histoire d’un homme qui n’embête personne, mais qui ne vit pas comme les autres c'est ce qui dérange. Ça dérange son village, parce qu’il ne se conforme pas et qu’il n’assiste pas aux cérémonies officielles, qu’il est un marginal, au sens premier du terme, de ceux qui sont mis au ban de la société. Ce qui est amusant c'est qu’aujourd’hui, cette chanson nous semble une critique saine et tout à fait raisonnable. Et pourtant à l’époque, elle choque au point d’être censurée, car elle se moque trop frontalement des bourgeois. 


    Or comme souvent, le talent de Brassens c’est de dessiner des situations, tellement réalistes qu’elles sont comme des tableaux qui s’adaptent à toutes les époques. C'est pourquoi ce titre a été souvent détourné, adapté, et remis au goût du jour. Et ce matin j'avais envie de vous jouer la version chantée en créole réunionnais par Danyel Waro.

    Lui aussi s’y connaît en censure, lui qui est passé maître du Maloya, un genre musical né à La Réunion dans les plantations esclavagistes au 18ème siècle autour de trois éléments constitutifs : le créole, la musique et la danse.


    Ce sont ces trois choses qui ont permit aux réunionnais de tenir, de résister et de transcender la violence du quotidien. Concrètement le Maloya, c’est une danse afro-malgache qui est chantée en créole, et désormais entrée au patrimoine immatériel de l’humanité. Mais elle fut longtemps muselée, du au symbole concret de l’autonomie et de la liberté des réunionnais vis à vis de la culture et de la tradition européennes qu'elle représente.Dans sa reprise de Brassens, Danyel Waro traduit intégralement le morceau en créole, et l’adapte aussi à la réalité des Réunionnais. 


    Bref. N’écoutons pas aux portes, écoutons plutôt de la bonne musique avec la "Mauvaise Réputation" de Danyel Waro.

     

  • Podcast du mercredi 20 janvier 2021 : Vitamine So : « Last Night I Didn’t Get To Sleep At All » de The 5th Dimension :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin Sophie, pour fêter notre journée spéciale Wikipedia tu nous parles de musique collaborative ? 


    Oui et qu’il y a-t-il de plus collaboratif qu’un bon vieux cadavre exquis, ce jeu surréaliste imaginé par Jacques Prévert et Yves Tanguy en 1925 pour repousser les limites de la création collective. Ce jeu qui consiste, selon le dictionnaire abrégé du surréalisme, à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes.


    Le cadavre exquis, on connait. Mais sachez qu’au delà de la littérature et du dessin, cet exercice de style a aussi inspiré la musique. Par exemple, un certain John Cage, qui est le musicien d’avant-garde expérimentateur par excellence et qui en 1940 s’est essayé avec quelques compères à l’exercice. 


    Mais encore récemment, c’est un jeu qui amuse certains artistes un peu partout à travers le monde. Par exemple Dominique A qui en 2015 a proposé à ses fans de composer avec lui, un morceau. 

    Pour se faire il a créé une mélodie, écrit la première phrase : "Dans la Courbe d’un Tunnel elle s’est engouffrée", proposant ensuite à son public d’aller sur un site conçu pour l’occasion de faire une proposition poétique pour compléter la chanson. 


    Le résultat, c’est que Dominique A a récolté plein de réponses, et a pu composer ce morceau à mille mains dont on écoute un extrait : il s'appelle "Vivante". 


    Mais le cadavre exquis ça peut se décliner à l’infini comme concept, et il y a quelques années c’est la Blogothèque, ce super collectif réputé pour inventer et filmer comme personnes des concerts, qui a lancé les compilations Cadavre Exquis en proposant un thème à des fans de musique, journaliste, spécialiste ou amateur, qui étaient ensuite chargé d’envoyer à l’aveugle ou pas, des morceaux sur ce thème. 


    Un des plus jolis cadavres exquis qui en est sorti date de 2007, et parle du sommeil : on y croise des balades folk, des démos autoproduites, des anti-héros de la musique et un très joli morceau signé par le groupe de soul californien The 5th Dimension, connu notamment pour la b-o de Hair, et qui ont aussi écrit à plusieurs le morceau "Last Night I Didn’t Get to Sleep At All", qui est franchement superbe.


    Crédit © Pochette de "Last Night I Didn't Get To Sleep At All", de The 5th Dimension. 

  • Podcast du mardi 19 janvier 2021 : Vitamine So : « The Weight of My Words » de Kings Of Convenience :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie, faut-il tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de chanter ? 

     

    Je crois bien, en tout cas le groupe dont je vais vous parler ce matin a le mérite de ne pas être trop bavard, d’être même silencieux depuis quelques longues années, et d’avoir toujours choisi ses mots avec soin. Ce groupe c’est Kings of Convenience, un duo constitué de Eirik Glambek Boe et Erlend Oye, qui sont devenus copains au lycée en Norvège dans les années 80 en parlant de leur amour pour Pink Floyd, ou Simon and Garfunkel. 


    Avant de devenir Kings Of Convenience dans les années 2000, et de prendre des chemins un peu différents dans les années 2010, le groupe s’est d’abord appelé Skog. Ca veut dire "forêt" en norvégien, en hommage au morceau A Forest, des Cure. Et en 1996, quand ils avaient 21 ans, ils sortent un premier EP. 


    Après ça, Erlend Oye emménage à Londres. Et avec son compère, cette fois sous le nouveau nom de Kings of Convenience, ils sortent d'abord un premier EP, puis leur premier album. ils collaborent avec Feist, et deviennent assez vite l’incarnation du cool et de la folk scandinave. 


    Leur premier album, qui sort en 2001, s’appelle Quiet Is The New Loud, un appel à la tranquillité plutôt qu’au bruit. Un disque extrêmement sobre, doux et où l’on sent que chaque mot a été choisi avec une attention toute particulière. 


    Et donc ce matin, Armel et Sarah-Lou, puisque vous venez de nous prouver que souvent les femmes et hommes politiques pourraient prendre le temps d’y réfléchir à deux fois avant de se prononcer, je voulais vous jouer le titre "The Weight Of My Words" qu’on entend sur ce disque. 


    Ca veut dire le poids de mes mots, où justement le chanteur raconte comment parfois plutôt que dire tout et n’importe quoi, il faudrait plutôt faire un pas de côté et rester un peu silencieux, le temps de mettre de l’ordre dans ses idées. 


    C’est Kings of Convenience avec "The Weight of My Words" sur Nova.


    Crédit © Pochette de Quiet Is The New Loud, de Kings Of Convenience.

  • Podcast du lundi 18 janvier 2021 : Vitamine So : « Reality and Fantasy » de Raphael Gualazzi :

    Alors ce matin Sophie, tu vois flou entre la réalité et la science-fiction ? 


    Et bien oui. Il y a des jours où je me réveille et je me demande si je ne suis pas en train de rêver ; si mon cerveau n’a pas créé un sous épisode de Black Mirror, un peu mal foutu, à base de pandémie, de pangolin et de passeport vaccinal. 


    Et puis je me souviens que non, et qu’on en est là parce que l’humanité n’a pas besoin de séries de science-fiction pour vivre des aventures cent fois dignes de scénarios catastrophes. Et que donc il va falloir prendre son mal en patience avant de retrouver un semblant de normalité. Et dans ces moments - là, et bien la musique est je crois une bonne valeur refuge. Surtout que ce matin, j’ai eu envie de vous jouer un morceau bien dans le ton, et qui s’appelle "Reality and Fantasy". 


    Et c'est un classique de Radio Nova : il y a encore des choses qui ne bougent pas. "Reality & Fantasy" puisque c’est un morceau qui nous accompagne depuis 10 ans déjà. Signé par un type qui s’appelle Raphael Gualazzi et qui doit beaucoup à Gilles Peterson. En 2010, c’est Gilles qui découvre ce musicien qui vient d’Urbino, qui est un grand fan de jazz, de blues, qui est pianiste et qui chante avec une voix qui surprend parce qu’elle est assez profonde, perchée et inclassable. 


    Raphael Gualazzi qui a tout pour plaire à Gilles, Acid Jazz, Peter se retrouve sur une de ses compilations, et puis de fil en aiguille va faire l’Eurovision, sortir un disque chez Blue Note, bref : va faire carrière. 


    Mais de lui, sur Nova, on a surtout retenu ce morceau là, "Reality & Fantasy", qui interroge la fine ligne de crête qui existe entre la réalité et l’imaginaire. Raphael Gualazzi lui préfère parler d’un mur, qui n’est pas si haut, entre ce que l’on fantasme et ce que l’on sait avec assurance. 


    Et bref, pour ces matins brumeux où on a du mal à se souvenir d’où est le normal, et l'anormal, et quand justement on touchera ce sacré retour à la normale, ce type de doux jazz fait beaucoup de bien.


    Crédit © Pochette de "Reality and Fantasy", de Raphael Gualazzi.

  • Podcast du vendredi 15 janvier 2021 : Vitamine So : « Nem Vem Que Nao Tem » de Wilson Simonal :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Coucou Armel coucou Sarah Lou, ce matin l’ambiance ni oui ni non, j’y vais j’y vais pas de Yannick Jadot m’a inspirée, et m’a donné envie de vous jouer un gros classique de cette antenne. Et plus largement un classique de la musique, qui s’est décliné en plusieurs langues et plusieurs ambiances. C’est le fameux "Tu Veux ou Tu Veux Pas". 

    Peut être que quand je vous dis "Tu Veux ou Tu veux pas" vous pensez à Marcel Zanini, et son ambiance bossa jazz.


    Peut être pensez vous à la reprise qu’en a faite Brigitte Bardot un an plus tard et qui a été un grand succès, comme tout ce à quoi touchait initiales B.B à cette époque là. 


    Ou alors, peut-être pensez-vous à l’originale, qui va nous faire voyager à Rio De Janeiro en 1967 et qui s’appelle "Nem Vem Que Nao Tem". Ce morceau, on le doit à Wilson Simonal, qui est à cette époque là non seulement un musicien ultra populaire, parmi les premiers artistes noirs brésiliens à connaître un tel succès, mais qui aussi un présentateur TV à succès. Bref un homme bien en place. 


    Et pour lui, le grand producteur Carlos Imperial va composer en 1967 ce titre "Nem Vem Que Nao Tem" qui va devenir un hymne populaire et un titre pionnier du mouvement culturel "Pilantragem", qui veut créer une samba légère, volontairement inconsciente, nonchalante. Assez loin d’idéaux révolutionnaires finalement. 

    Par la suite Wilson Simonal lui se serait compromis avec la dictature politique, mais le morceau "Nem Vem Que Nao Tem" c’est devenu un grand classique de la chanson brésilienne, et comme beaucoup de standards brésiliens, il a connu une seconde vie quand il a figuré à la b-o du film La Cité de Dieu. 


    Bref, quitte à être hésitant, à ne dire ni oui, ni non, autant le faire sur un petit air de samba.


    Crédit © Pochette de Nem Vem Que Nao Tem, de Wilson Simonal.

  • Podcast du jeudi 14 janvier 2021 : Vitamine So : « Zebra » de Beach House :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    De la musique et des animaux au programme de ton Vitamine So ce matin. 


    Oui et une question pour commencer : jusqu’où peut-on aller par amour pour les animaux ? Sophie Calle, artiste plasticienne, photographe contemporaine en vogue, et très intéressante aussi, est allée super loin. 

    Sophie Calle est connue pour ses performances un peu folles, qui portent souvent sur l’intime. Par exemple elle a suivi des inconnus dans la rue, pour le plaisir de la filature, elle s’est faite engagée comme femme de chambre dans un hôtel à Venise, elle a demandé à sa mère d’embaucher un détective privé pour la suivre, elle-même, Sophie Calle pendant des semaines. Bref, elle a l’habitude de surprendre. 


    Et en 2018, elle a eu envie de réunir 37 artistes, genre des méga stars, pour faire un disque en hommage à son chat mort. Son chat s’appelait Souris, évidemment, et pour le pleurer elle a convié Bono, Laurie Anderson Christophe, Pharrell Williams, Feu Chatterton, Juliette Armanet qui ont tous accepté de chanter ce chat, qu’il ne connaissaient sans doute absolument pas. Voici par exemple le morceau qu’a composé spécialement Jean michel Jarre. 


    De cette histoire d’amour a été tirée une compilation improbable qui s’appelle Souris Calle, un manifeste artistique à elle tiré à mille exemplaires, et qui se vendait à prix d’or. 

    Et même si je comprends l’amour qu’on peut porter à son chat, je me suis dit que ce matin on rendrait plutôt hommage à des animaux libres d’exister sans nous. Surtout en cette période où à force de perturber la faune, l’humain à tout foutu en l’air. 


    Alors chantons des zèbres par exemple, symboles chez le groupe Beach House de liberté, d’originalité, d’indépendance et de sagesse. En plus leur morceau "Zebra" est magnifique, alors on l’écoute.


    Crédit © Pochette de Zebra, de Beach House.

  • Podcast du mercredi 13 janvier 2021 : Vitamine So : « Death With Dignity » de Sufjan Stevens :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Sophie ce matin, tu nous joues un disque mémoriel qui tient vraiment à coeur ? 


    Oui je vous parle aussi de mémoires musicales et même si je n’ai pas lues celles de Bruno Le Maire, je crois que peux déjà le dire. Celles que je vais vous jouer sont mieux, parce que l’album en question est mon album préféré, alors j’y crois assez solidement. 


    Cet album est signé de Sufjan Stevens et il s’appelle Carrie & Lowell. Et c’est quasiment, au sens littéraire du terme, des mémoires. Celles de ce musicien culte, mystérieux, et réputé pour ne pas trop en dire sur sa propre vie. L’histoire de ce disque, sans doute le plus intime de tous ceux qu’il a composés, remonte à 2014. À l’époque, le musicien décide de se confronter à un moment dramatique de sa vie : la mort de sa mère, Carrie, et à tout ce qu’ils ont vécu avant ça. Ce que l’on sait, ce qu’il nous dit presqu’en préambule de cette œuvre, c’est que sa mère l’a abandonné quand il n’avait qu’un an, et que toute sa vie elle a souffert d'alcoolisme, de dépression, de schizophrénie. 


    Ce qu’on découvre au fil du disque, c’est tout l’amour, et toute la compréhension que son fils lui porte. Envers et contre tout. Piste après piste, Sufjan Stevens dessine un grand miroir, où il s’inspecte lui-même, où il déshabille ses névroses, au regard de celle de sa mère. Il parle aussi de son beau-père, Lowell, qui est le second pilier de cet album, qu’il a élevé et lui a enseigné l’amour de la musique. Et honnêtement c’est sublime. Parce que c’est intime mais ce n’est pas voyeur, Sufjan Stevens a l’art de ne pas dire les choses trop frontalement, de se servir de la spiritualité ou des images mystiques pour contourner la réalité. Parce que c’est surtout un disque plein d’amour, de pardon, d’acceptation, de compréhension. Et finalement c’est le seul moyen que lui, jeune orphelin, a trouvé pour faire le deuil de sa mère. 


    Nous livrant au passage le plus bel album autobiographique que je connaisse, enregistré en plus dans un dépouillement absolu, une guitare, un iphone, pas grand chose. Choisir un seul morceau parmi les 11 merveilles que comporte l’album c’était un crève-cœur, donc j’ouvre avec le premier morceau : "Death With Dignity", où l’on entend les mots : "I forgive you mother". Je te pardonne mère. 


    Parce que finalement, pourquoi écrire ses mémoires si ce n’est pour tendre à l’apaisement.


    Crédit © Pochette de Carrie & Lowell, de Sufjan Stevens

  • Podcast du mardi 12 janvier 2021 : Vitamine So : « Avec des Si » de Françoise Hardy :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Avec des si on mettrait Paris en bouteille, alors ce matin Sophie : et si tu nous jouais un morceau ? 


    D’accord. Et j’ai ce qu’il faut en la matière. Mais d’abord je voulais vous présenter d’autres versions de cet aphorisme, qui s’entendent ailleurs et que j’ai découvert en faisant cette chronique. Au Québec sachez qu’on dit plutôt "si les chiens avaient des scies, il n’y aurait plus de poteaux".

    Chez Denis Diderot, dans Jacques le Fataliste, c’est autre chose encore : c’est "si la mer bouillait, il y aurait bien des poissons de cuits". Une expression qui paraît-il sert encore à Haïti. 


    Bref, puisque de toute manière personne n’y voit clair dans ce qui nous attend, et que nous en sommes réduits à faire des suppositions très larges, je vous invite à inventer votre propre version de ce proverbe, et je vous propose de chercher l’inspiration avec François Hardy. 


    Qui a eu le bon goût, en 1968, de sortir le morceau "Avec des Si" qui est assez époustouflant. D’abord parce que c’est elle qui en a écrit les paroles, et la mélodie, alors qu’elle n’a que 24 ans, et qu’il faut avoir vécu beaucoup de choses, déjà, pour composer un tel titre. Ensuite parce qu’il est orchestré par Jean Pierre Sabar, grand arrangeur de l’époque yéyé, et qu’il trouve exactement les notes qui habillent la voix de Françoise : c’est une symbiose assez dingue. 


    À l’époque, Françoise Hardy est déjà une icône française. Elle a déjà chanté de grands succès, rencontré Jacques Dutronc, qui partagera sa vie tumultueuse, elle a tourné à travers le monde, été admirée, copiée, a créé sa propre société de production. Et pourtant tout ce succès et ces réussites la fragilisent, elle se pose des questions, sur elle et sur l’avenir, s’intéresse à l’astrologie, domaine dans lequel elle décide de se former très sérieusement, et semble déjà savoir que sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille. 


    Ce qui explique peut-être pourquoi et comment elle compose prématurément ce morceau plein de maturité et chargé d’une sincérité assez bouleversante. 


    Il s’appelle donc "Avec des Si", et on l’écoute.


    Crédit © Pochette de Avec des Si, de Françoise Hardy.

  • Podcast du lundi 11 janvier 2021 : Vitamine So : « Better Days Ahead » de Gil Scott Heron :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Alors ce matin Sophie, ton morceau va nous donner l’espoir ? 


    Oui, et ça même s’il ne parle pas précisément de festivals en été, de restaurants, de musées, de bars qui réouvrent. À vrai dire, il pourrait s’appliquer à toutes les situations et à toutes les époques, puisqu’il sonne comme une imploration qui mise sur la méthode "coué", selon laquelle les choses arrivent quand on y croit très fort. Ce morceau s’appelle "Better Days Ahead". C’est un poème ultra langoureux signé Gil Scott Heron, orchestré et enregistré avec son grand complice Brian Jackson en 1978.


    À l’époque, le musicien auteur de Chicago va plutôt bien, il est sur le point de se marier et de fonder une famille. Et vous allez le voir, dans son texte, et dans l’interprétation grave et cotonneuse, on y entend autant la certitude d’un homme qui est sûr que son quotidien va s’arranger, que la mélancolie de celles et ceux qui savent que la tempête va encore durer. Et je crois que c’est cet entre-deux que j’aime bien, qui n’est ni de la résignation, ni de la fausse naïveté. C’est plutôt un titre de résilience pour utiliser ce mot qui a pris tant de reliefs ces derniers mois. 


    Parce qu’on s’habitue aux troubles, pourvu qu’ils ne durent pas trop. 


    Voici donc "Better Days Ahead", une promesse de Gil Scott Heron.


    Crédit © Pochette de Secrets, de Gil-Scott Heron

  • Podcast du vendredi 08 janvier 2021 : Vitamine So : «  Leave The Capitole » de The Fall :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ce matin Sophie, tu ne vas pas nous jouer Ariel Pink ni John Maus. 


    Et bien non, parce qu’on a appris que les deux lurons, ces deux musiciens de pop indie que l’on pensait alternatifs étaient en réalité de vrais trumpistes, qui étaient hier au Capitol. Bizarrement ça refroidit, alors non ce n’est pas eux que je vais jouer. 

    Je vais vous jouer à la place The Fall, le groupe de Mark E Smith, icône du post-punk anglais. Mark E Smith, qui est mort il y a deux ans, et qui pour le coup était un musicien vraiment alternatif, cultivé, fan de littérature, de rock expérimental. Un vrai bosseur, qui a commencé comme docker dans le port de Manchester et qui a décidé après un concert des Sex Pistols de devenir musicien. 

    À la fin des années 70, il monte le groupe The Fall, La chute, hommage au bouquin de Camus. Et pendant 40 ans c’est avec ce groupe, dont il sera le seul membre permanent, qu'il va faire de la musique. Il va tester plein de choses, se frotter à la pop, à la musique plus expérimentale, il va se bagarrer, critiquer le milieu dans lequel il évolue, se faire des ennemis, faire des émules, et devenir non pas une star mais un artiste culte. 

    Et ils ont eu l’excellente idée de sortir un morceau "Leave the Capitole", quitter le Capitol, qui prend quand même un sens nouveau quand on se souvient que les suprémacistes blancs ont tenté un coup d’État dans le Capitol. Bon à vrai dire "The Capitol" chez Mark E Smith, ça signifie autre chose : c’est un jeu de mot sur The Capital, la capitale Londres, et Le Capitole, le temple de Jupiter, symbole des institutions à Rome. 

    Je vous l’ai dit Mark E Smith était cultivé, mais en gros, il en appelle à quitter la ville, le capitalisme, la rationalité du monde urbain. 

    Bref il a envie d’ailleurs, et nous aussi alors on l’écoute ce "Leave The Capitol", signé de The Fall. 


    Crédit © Pochette de Slates, de The Fall

  • Podcast du jeudi 07 janvier 2021 : Vitamine So : « Love Tempo » des Quando Quango :

    Aujourd’hui dans Vitamine So, un Hymne à la fête avec le morceau « Love Tempo » des Quando Quango.


    Sophie tu voulais ce matin nous parler d’hymne à la teuf ? 


    Oui, et je voulais commencer cette chronique en vous disant que si vous aviez envie d’entendre le point de vue de celles et ceux qui ont organisé cette teuf, ils signent une importante tribune dans Libération, où ils évoquent leur ardeur de vivre, après une année de tristesse et d’anxiété. Leur besoin de briser l’isolement, la compression, l’ennui mortel. Qu’on les partage ou non, qu’on soit d’accord ou non, leurs mots sont suffisamment recherchés pour inviter au dialogue, alors n’hésitez pas à les lire sur le site de libé. 


    Du coup j’ai eu envie de vous parler d’un temps bien loin de tout ce que l’on vit en ce moment et de vous raconter au passage une histoire de danse contagieuse qui commence à Manchester. À la fin des années 70, la ville anglaise bouillonne, et il y a des dizaines de musiciens, de producteurs, de chanteurs qui ont envie de faire des choses, et de créer à tout va. 


    Parmi eux il y a un certain Mike Pickering, un DJ et producteur anglais, qui monte un groupe, les Quando Quango, qui est un copain de label de New Order. Or au début des années 80, New Order commence à avoir un succès transatlantique. Et pour leurs concerts aux Etats-Unis, ils amènent avec eux les potes. Les Quando Quango qui se retrouvent ainsi à faire la première partie du groupe au mythique Paradise Garage en juillet 1983. 


    Résultat : Quando Quango découvre la folie qu’est New York à cette époque. Ils vont faire la teuf au Loft, au FunHouse, à la Danceteria, soit dans les clubs avec les meilleurs DJ de l’époque, les meilleurs systèmes sons, les meilleurs ambiances, les dancefloor les plus métissés, les plus mixtes et cools. Ce qui leur donne envie de monter, à Manchester, un club un peu comme ceux-là : et quelques mois plus tard, La Haçienda, qui a d’abord été une salle de concerts, devient ce club destiné à devenir mythique où l’on danse sur toutes les musiques, pourvu qu’elles soient bonnes. 


    Cette aventure amicale et artistique est notamment racontée dans le super documentaire 24 hour party people, mais voilà, cette histoire et ce morceau pour rappeler que parfois la fête prend aux tripes, et devient un art de vivre. En plus le morceau « Love Tempo » des Quando Quango, il est absolument génial et il s’appelle le tempo de l’amour, dont on a tous besoin en cette période.


    https://www.youtube.com/watch?v=xGil0GvMWUo


    Crédit © Vignette de Love Tempo des Quando Quango.

  • Podcast du mercredi 06 janvier 2021 : Vitamine So : « Notes Pour Trop Tard » d'Orelsan :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, le morceaux « Notes Pour Trop Tard » d'Orelsan


    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Ces exposés scolaires du gouvernement, Sophie je crois que ça t’a donné envie de jouer un morceau avec une vraie leçon qu’on a envie d’écouter ? 


    Tant qu’à retourner sur les bancs de l’école, oui autant profiter d’une vraie leçon de vie. Et celle de ce matin est signée Orelsan. En 2017, le musicien rappeur choisit de terminer son disque La Fête Est Finie par le morceau « Notes Pour Trop Tard ». 


    Une somme de conseils qu’il aurait aimé recevoir, lui, plus jeune, et qu’il s’adresse à lui-même. Même si c’est plus tard, même si c’est trop tard, ce sont des mots qui marquent, et qui au passage arrivent à toucher, je crois, à peu près tout le monde. Vous allez l’entendre Orelsan évoque le passage à l’âge adulte, les crises de confiance en soi, en les autres, les prises de conscience, les amours que l’on perd, les forces que l’on gagne. Bref, il délivre une leçon que malheureusement on n’apprendra jamais à l’école. 


    En plus sur ce morceau il a choisi d’inviter les soeurs Ibeyi qui avec leurs voix et leur chant en yoruba adoucissent cette leçon qui perd ses airs moralisateurs pour devenir le genre de message que même à 30 ans, même à 50 ans, on a envie d’entendre. Parce que mine de rien ça remet les idées en place


    Alors voilà, une pédagogie et des conseils comme on aimerait en entendre plus, c’est Orelsan et ses Notes pour plus tard. 


    Visuel © pochette de La Fête Est Finie d'Orelsan.

  • Podcast du mardi 05 janvier 2021 : Vitamine So : « CAN 2002 » de Neba Solo :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, un morceau composé pour la Coupe d'Afrique des Nations, c'est « CAN 2002 » de Neba Solo.


    Alors Sophie, est-ce que tu vas nous jouer un hymne des jeux olympiques ? 


    J’aimerais bien mais non. Et je vais vous expliquer pourquoi : parce que les hymnes des j-o sonnent toujours un peu pareil, ce souvent des morceaux épiques, qui parlent d’aventures, avec des cuivres, des rythmes conquérants, qui doivent plaire au pays qui accueille autant qu’aux pays reçus, c’est à dire à tout le monde. Et c’est sans doute à cause de cette recette universelle que les hymnes des J-O, qu’ils soient composés par Céline Dion, Whitney Houston ou Freddie Mercury, s’oublient facilement. 

    Écoutez, même Giorgio Moroder, qui a été chargé de composer l’hymne des J-O de Los Angeles en 1984 avec le chanteur de The Human League, s’y est un peu cassé les dents, sa composition en tout cas n'est pas son meilleur morceau.


    Du coup je vais vous jouer un titre composé pour une autre compétition, pour la C.A.N, Coupe d’Afrique des Nations. On est en 1999, et le musicien malien Neba Solo apprend que le Mali va accueillir le prestigieux événement de foot qui réunit les meilleures équipes africaines. Alors il s’empare de son balafon, son instrument et compose un morceau pour motiver et rendre hommage aux meilleurs footballeurs de son pays. Et ce morceau est si bien, qu’il sera finalement choisi pour être l’hymne de la compétition en 2002, et tournera ensuite beaucoup à la radio, à la télé. Parce qu’en plus de motiver les sportifs, il donne simplement envie de danser. 


    Et il y a quelques mois, le label Secousse a eu la bonne idée de représser le vinyle histoire de nous faire découvrir ce titre, qui je trouve aurait sa place aux jeux olympiques. 


    Voici C.A.N 2002 de Neba Solo.  

  • Podcast du lundi 04 janvier 2021 : Vitamine So : « This Is The Day » de The The :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, un morceau réputé pour faire du bien, c'est « This Is The Day » du groupe anglais The The.


    Alors ce matin, quels sont tes voeux musicaux, Sophie ? 


    Et bien puisqu’en termes d’espoir, de plans sur la comète, de grandes ambitions tout est encore permis en ce 4 janvier 2021, j’ai choisi un morceau qui est réputé pour faire du bien, et pour donner l’impression que les choses vont aller dans le bon sens. 

    C’est un morceau qui s’appelle « This Is The Day », signé par le groupe The The. The The c’est un projet monté en 1979 par un certain Matt Johnson, un guitariste chanteur anglais. À l’époque Matt n’a que 20, 21 ans mais il est heureux, parce qu’il est en train de tomber amoureux d’une certaine Fiona. Alors il va composer ce morceau pour tenter d’immortaliser tout ce qu’il ressent à cet instant précis. Pour faire entendre son impression que l’univers lui appartient et qu’il peut tout réussir, parce qu’il aime et qu’il est aimé, et qu’en même temps il ne peut s’empêcher de mettre dans son morceau aussi une touche d’inquiétude, de fébrilité, celle de la peur de tout perdre. « This Is The Day » c’est aussi, comme son nom l’indique, le jour où tout bascule. 

    The The a réussi un coup assez parfait avec ce morceau : puisque vous allez l’entendre, il y a une sorte de cohérence parfaite entre ce que le chanteur a voulu exprimer, et l’impression qu’il fait naître quand on l’écoute. 

    Il y a plein d’artistes, de mélomanes, de journalistes qui citent souvent ce morceau comme le titre à écouter quand on a besoin d’enthousiasme et d'optimisme. Et comme ça marche sur moi, je me suis dit que ça vous ferait surement autant de bien que les vœux de Macron. 

    Puisse 2021 être une année plus douce, plus épanouissante, plus dansante, et plus heureuse que la précédente. 

    Histoire d’y croire, on écoute The The sur Nova, avec « This is The Day ».


    Visuel © pochette de Soul Mining de The The.

  • Podcast du vendredi 18 d?cembre 2020 : Vitamine So : « La Fea » de Crudo Means Raw :

    Sophie, pour ce dernier Vitamine So de l'année 2020 tu as choisi un morceau qui résume une partie de ce qu’on a vécu. 


    Oui j’ai choisi un titre qui se contient. Un morceau qui pourrait donner envie de danser, de faire la fête, de se réjouir et qui en même temps est assez réservé et timide. Sans doute parce que j’y vois un bon présage de nos fêtes de fin d’année, qui seront forcément en demie-teinte, et de toutes celles qu’on a manquées en 2020. 


    Ce morceau en plus c’est une découverte, enfin c’est un artiste qui s’est fait connaître il y a pas si longtemps. Il s’appelle Crudo Means Raw, un drôle de pseudo bilingue. Et de fait c’est parce que lui-même, de son vrai nom Fernando Bustamante, est né à New York City, il a grandi à Long Island, bercé par le rap du coin. Et puis à 5 ans il a déménagé pour Medellin, en Colombie, où il a développé une autre culture musicale. 


    Et donc sa musique, elle est parfaitement moderne parce que dans un métissage, entre les États-Unis et l’Amérique latine, entre le hip hop et le reggaeton. 

    Pour le côté gossip, il était au lycée avec un certain J Balvin, la maxi star colombienne, avec qui il a donc appris à rapper. Et donc Crudo Means Fea il a sorti au mois de mars dernier, mauvais moment je dirais, un album vraiment cool et bien fichu : Esmeraldas


    Et ce disque il commence avec un morceau qui s’appelle "La Fea", c’est à dire la Moche. Qui est une sorte de reggaeton minimaliste, presque inquiet, c’est vraiment un morceau entre plusieurs énergies et je me suis dit que premièrement il vous plairait sûrement, et deuxièmement, il résumerait peut être la drôle de vibe avec laquelle on a traversé l’année


    Donc voilà, ma dernière vitamine So de 2020, c’est une vitamine en puissance qui ne demande qu’à faire effet, et qui en attendant reste un peu en retrait. Comme nous avant 2021 quoi.


    Visuel © pochette de La Fea de Crudo Means Raw

  • Podcast du jeudi 17 d?cembre 2020 : Vitamine So : « That's Not Me » de Hercules & Love Affair :

    Aujourd'hui dans Vitamine So : le morceau « That's Not Me » de Hercules & Love Affair, le projet de house et de disco du producteur américain Andy Butler.


    Ce matin Sophie je crois que c’est le mot projet Hercule qui a retenu ton attention ? 


    Et bien oui, parce que non seulement c’est une drôle de mauvaise idée de privatiser EDF discretos, mais en plus le nom du projet est surprenant. Hercule. Je sais bien que ça fait référence à ses 12 travaux, à un gros œuvre titanesque mais choisir ce nom c’est un peu oublier la vraie histoire de Hercule dans la mythologie grecque, qui est certes romanesque mais qui est commence par un petit meurtre en famille. 


    En fait Héraclès, ou Hercule, c’est un demi dieu qui est le fils de Zeus et Alcmène. Or à l’époque, Zeus est officiellement en couple avec Héra, déesse un poil fatiguée des infidélités de son mari et qui décide donc de punir l’enfant de la relation adultérine. Cet enfant c’est donc Hercule, et pour le punir Héra qui a d’abord essayé de le tuer quand il était bébé, patiente un peu. Et un jour, alors que Hercule est tranquille avec sa femme, Mégaran et ses enfants, la déesse use de ses pouvoirs pour le rend fou, lui faire voir flou, et lui fait tuer sa femme et ses enfants. 


    Et c’est pour se faire pardonner d’avoir assassiné sa famille qu’Hercule va faire, sur les conseils de la Pythie, ses 12 travaux. Donc voilà pour une entreprise qui est en train d’exposer ses salariés à des intérêts privés, et donc à les mettre en péril, appeler ce plan économique « Projet Hercule », c’est un peu fort de café, je trouve. 


    Du coup je vais vous jouer un groupe génial qui avait aussi moyennement bossé sa mythologie grecque, c’est Hercules and Love Affair, le projet de house et disco du producteur américain Andy Butler. 

    Hercules & Love Affair, c’est un groupe qu’on suit depuis quasiment ses débuts sur Nova, à New York, signé sur le label DFA Records, et puis dans ses pérégrinations musicales, toujours extrêmement bien fichues, bien accompagnées. 


    Ça donne envie d’être en club, avec des paillettes, des perruques, des talons, des boules à facettes. Ça change aussi les idées quand on trouve que l’actualité est trop morose. Voici leur morceau « That’s Not Me » sur Nova.


    Visuel © pochette de The Feast Of A Broken Heart de Hercules & Love Affair


  • Podcast du mercredi 16 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Johnny B. Gousse d’Ail Love You » :

    Alors ce matin Sophie, tu as choisi un groupe de prestidigitateurs et d'entourloupeurs de la musique ?

    Oui je me suis dit quitte à se faire un peu retourner le cerveau, autant se laisser faire par des artistes qui chantent bien et donc j’ai cherché des morceaux qui avaient le bon goût des jeux de mots et en français s’il vous plaît. Évidemment j’ai pensé à Bobby Lapointe le maître, aux États d’Ame Eric de Luna Parker, à du Gainsbourg mais je me suis dit que ces magiciens de la musique, on les connaissait déjà. 

    Alors j’ai demandé à l’internet, et aux spécialistes de l’internet, s’ils n’avaient pas d’autres recommandations. Et c’est là que quelqu’un m’a parlé de Sttellla avec deux T et trois L évidemment. Sttella c’est un groupe belge qui s’est formé autour d’un certain Jean Luc Fonck dans les années 70, avec pour mission de ne pas trop se prendre au sérieux, et de faire rire les gens, en tout cas de les bluffer en usant de jeux de mots du futur. 

    En 1987 par exemple ils sortent l’album au titre bilingue Les poissons s’en fishent, Les pieds s’en footent. J’ai mis 3 minutes à la comprendre. Il y a aussi, « L’Avenir est à ceux qui s’éléphanteau », voilà, et quelques chansons comme « il faut tourner l’apache », « quelle heure réptile »…

    En tout ils ont enregistré 500 morceaux, et presque donc 500 blagues. 

    Non seulement ils ont un usage surréaliste des mots, et à vrai dire parfois c’est très recherché, mais en plus il y a un côté punk, new wave, qui est super rafraichissant. 

    Alors voilà merci Jean Windows, c’est le nom de cet internaute grâce à qui je peux désormais vous faire découvrir le fameux morceau « Johnny B. Gousse d’Ail Love You », il y a déjà 4 vannes dans ce titre. 

    Ouvrez bien les oreilles, prenez des notes, c’est Sttellla sur Nova.

  • Podcast du mardi 15 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Thinking About Your Body » de Bobby McFerrin :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, « Thinking About Your Body » de Bobby McFerrin, enregistré en live, a capella, avec son corps comme seul instrument.


    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    En parlant d’homme sans filtre Sophie je crois que tu en connais au moins un qui l’est pour de vrai ? 


    Oui et cet homme vous le connaissez aussi, puisque c’est Bobby McFerrin, l'auteur de "Don’t Worry Be Happy", morceau qui ne vieillit pas, ne lasse pas et comptabilise des millions de millions d’écoutes.

    Sauf que ce qu’on ne sait pas toujours c’est qu’au delà de ce tube, Bobby McFerrin est un musicien virtuose du chant acapella. Il peut chanter sur 4 octaves et un maître des techniques vocales et aussi un grand improvisateur, connu pour ne jamais choisir à l’avance les titres qu’il va incarner sur scène. 

    Je dis incarner parce que ce qu’il fait Bobby McFerrin c’est plus que de l’interprétation, c’est qu’il se sert de tout son corps pour rendre la musique vivante. Il utilise ses bras, son buste, sa gorge, pour créer les percussions, est capable à lui seul de sonner comme un orchestre polyphonique, et même multiphonique, c'est-à-dire qu’il sait faire plusieurs notes à la fois. Ce qui est rarissime. 

    Le tout évidemment sans tricherie, sans filtre, sans rien du tout. 

    Bobby McFerrin n'est pas né avec ce talent, même s’il est fils d’un chanteuse et d'un baryton, il a pris des années pour développer son savoir puis le perfectionner. Et même s’il savait que c’était son destin, il a attendu d’avoir 32 ans pour sortir son premier album. 32 années pendant lesquelles il a absorbé énormément de techniques musicales, dans la musique classique, chez Bach par exemple, dans le jazz, de Herbie Hancock à Keith Jarrett, ou dans le rnb. 

    Sans doute parce que chanter à nu, a cappella, c’est le degré le plus intime et le plus parfait de la musique. Et sans doute aussi parce qu’être sans filtre, réellement, ça ne va pas de soi, et si ça existait, ce serait le degré le plus parfait de la politique. 

    En attendant, voici donc Bobby McFerrin dans le plus simple appareil avec son titre "Thinkin About Your Body" enregistré en live. Un titre qu’il interprète absolument seul.


    Visuel © pochette de Thinking About Your Body de Bobby McFerrin

  • Podcast du lundi 14 d?cembre 2020 : Vitamine So : « I Just Don't Know What To Do With Myself » d'Isaac Hayes :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, la version d'Isaac Hayes d'un classique de la pop « I Just Don't Know What To Do With Myself »


    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Les hésitations de Roselyne Bachelot, Sophie, t'ont donné envie de nous parler d’un standard de la musique. 


    C’est vrai que les atermoiements de notre ministre de la culture m’ont donné envie ce matin de vous parler d’un titre superbe, qui a en plus le bon goût de parler du fait de ne pas savoir quoi faire et de tourner en rond. À savoir « I Just Don’t Know What to Do With Myself ». 


    Ce morceau, c’est vraiment ce qu’on peut appeler un standard de la pop qui a été composé par les rois du genre, Burt Bacharach et Hal David en 1964, et qui a depuis été repris des centaines de fois. À l’origine, cette chanson d’amours déçues est écrite pour un chanteur de r&b, Chuck Jackson.


    Mais c’est quand Dusty Springfield va l’orchestrer et l’interpréter quelques mois plus tard que le titre va toucher tout le monde droit au cœur. Parce qu’il parle, sans amertume et avec une sincérité assez désarmante, d’une solitude subie et d’un déroutement qu’on a toutes et tous un jour connu. 


    Le titre du morceau « I Just Don’t Know What to Do With Myself », veut dire « je ne sais plus quoi faire par moi-même », et je me permets d’imaginer que d’une certaine manière Roselyne Bachelot doit ressentir ce même genre de sentiment d’impuissance. Elle qui nous avait promis de nous prendre au sérieux, nous la culture, de tout faire pour que les salles de concerts, les clubs, les cinémas rouvrent, alors que finalement non. Parce que face à un centre commercial, un centre d’art est visiblement non essentiel. Et que même ministre, elle est un peu seule face à d’autres priorités. 


    Et puis il n’y a pas que ça, dans le cœur de cette chanson, on entend la plainte : « regarder un film me rend triste, et pour les fêtes, c’est pareil, quand je suis sans toi, sans vous, je ne sais plus quoi faire ». 


    Et je ne peux m’empêcher d’y voir une belle description de notre vie en cette fin d’année. Privée de la compagnie des autres, ou de la plupart des autres, destinée à vivre en boucle les mêmes choses tous les jours. Effectivement, quand on est seul, loin les uns des autres, coupé de celles et ceux avec qui on fait d’habitude société, et bien on s’ennuie. On tourne en rond, et on ne sait plus quoi faire avec soi-même, par soi-même. 


    Bon, je vous rassure, même si son histoire est un peu triste, ce morceau est vraiment beau. Et je sais que certains, certaines d’entre vous s’attendent à ce que je joue la version qu’en a faite les White Stripes, qui est très cool, mais non. J’ai choisi la voix folle d’Isaac Hayes pour vous réveiller.


    Comme quoi même les crooners peuvent se sentir seuls.


    Visuel © pochette de The Isaac Hayes Movement d'Isaac Hayes.

  • Podcast du vendredi 11 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Cadences 2 » du Groupement Culturel Renault :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, un morceau anti système et pour la révolution prolétarienne, c'est « Cadences 2 » du Groupement Culturel Renault.

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    Qu’as-tu trouvé comme morceau pour faire concurrence à Patrick Sébastien, Sophie ?


    Ecoute j’ai trouvé un morceau qui aborde à peu près les mêmes questions que Patrick Sébastien, mais avec un poil plus de poésie. En plus c’est un titre chanté par un groupe qui n’est pas fait de musiciens professionnels à l’origine. C’est le Groupement Culturel Renault, monté en 1973 par Jean Pierre Graziani, ouvrier métallurgiste à l’usine Renault de Boulogne Billancourt.


    Il s’associe à Georges Cipriani, qui fera parler de lui plus tard en tant que membre d’Action Directe pour enregistrer un disque, un 45 tours qui raconte ses conditions de travail. Les morceaux s'appelleront "Cadences", comme celles qu’on leur impose dans leur usine, et qui sont des conditions de travail intenables, celles du prolétariat.

    Ces morceaux, plus largement, évoquent aussi la société hypercapitaliste, la reproduction sociale, la situation des exilés, la corruption politique, les privilèges, et tout ce dont le peuple est exclu.


    Bref, honnêtement on retrouve la méfiance et la défiance qui est celle de Patrick Sébastien et consort, mais il y a dans ces morceaux un engagement plus politique je crois. Le Groupement Culturel de Renault est peut être anti système mais surtout pour la révolution prolétarienne.


    Et ce morceau je l'ai découvert sur une super compilation, qui a été pensée par le rappeur Rocé, qui a collecté des musiques de luttes, des chansons engagées, et en a tiré un recueil Par Les Damnés de La Terre, un disque sur lequel on croise des chansons puissantes de Francis Bebey ou de Colette Magny.

    C’est surtout un album qui raconte une histoire que l’on n’entend pas ailleurs, celle du peuple uni par la francophonie et par ses combats politiques et sociaux.


    Ce que le disque Par les Damnées de la Terre raconte c’est une convergence des luttes, une époque où la musique servait à lutter main dans la main. Et on a qu’une seule envie c’est que ce genre de luttes communes aboutissent.


    Et en attendant voici ce titre "Cadence 2" par le Groupement Culturel Renault, et vous allez voir, il est follement d’actualité.


    Visuel © pochette de Cadences du Groupement Culturel Renault 

  • Podcast du jeudi 10 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Hiroshima Mon Amour » d'Ultravox :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.


    La chanson Sophie, elle est plutôt pour le nucléaire ou contre ? 


    J’ai trouvé assez peu d’exemples de chansons célébrant les centrales nucléaires, plutôt des salves de morceaux composés pendant la guerre froide, ou après l’accident de Tchernobyl, qui témoignent tous d’une certaine anxiété sur la question. Et c’est assez légitime je dirai. 

    Et parmi les groupes les plus anxieux que j’ai trouvés, il y a Ultravox. Un groupe de pop synthétique, new wave, post punk, d’une génération mal à l’aise avec les étiquettes musicales, et puis qui s’est formé en 1977 autour de John Foxx notamment. 


    À la fin des années 70, leur label Island Records a cru que leur carrière allait décoller mais en fait, ça n’a jamais vraiment été le cas même s’ils ont connu quelques succès. 

    Le nucléaire est un thème qui revient souvent dans leurs morceaux. Le plus connu par exemple, "Dancing With Tears in My Eyes" parle d’un homme qui est prévenu que l’accident nucléaire est arrivé. Il doit rentrer chez lui, retrouver sa famille, et puis voilà c’est fini. Il ne lui reste qu’à prendre sa femme dans ses bras, puisque c’est la fin du monde. Oui c’est triste, et le clip aussi l’est tout autant, il commence dans une centrale et finit avec des images du passé qu’on ne retrouvera jamais. 


    Mais c’est pas ce titre que je voulais vous jouer, c’est un autre qui parle aussi du nucléaire, c’est "Hiroshima Mon Amour", un morceau nommé à partir du film de Alain Resnais, avec un scénario signé Marguerite Duras qui raconte une histoire d’amour sur fond de lendemains de la bombe nucléaire. 


    Chez Ultravox ça devient un titre qui commence avec une sorte de compte à rebours et une nappe assez fantomatique. On a presque l’impression d’être dans le jour d’après, un futur assez flippant, mais comme il y a quelques touches lumineuses dans ce morceau, notamment un saxo rassurant, j’ai eu envie de vous réveiller avec. 


    C’est "Hiroshima Mon Amour", pas vraiment une déclaration d’amour au Nucléaire, signée Ultravox.


  • Podcast du mercredi 09 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Bistro » d'Anis :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.

    Alors Sophie, tu nous emmènes au bar dès le matin ? 


    Tu vois Armel, ces conversations de comptoir ça me rappelle d’abord à quel point ça me manque, même de bon matin. Ça me manque le zinc poisseux, les eaux tièdes, les cacahuètes auxquelles tu ne devrais pas toucher et pourtant si, tu les touches, et pire que ça tu les manges. Alors je voulais commencer cette chronique avec un petit instant nostalgie, si vous vous sentez dans ce genre d’humeur. Sachez que quelqu’un a eu la bonne idée de sortir il y a quelques semaines un son de 2h de bruits de bistrot. 

    Tout simplement à base d’éclats de voix, de verres qui trinquent, de rire. Rien de spécial et en même temps vous savez comment c’est : un seul bar vous manque et tout est dépeuplé. 

     Mais je voulais aussi vous jouer un morceau qui célèbre des petites choses sans importance que l’on se dit au comptoir, les verres de trop, les rencontres d’après minuit, ou d’avant midi. Bref un morceau qui est une déclaration d’amour au rade et au troquet, signée par Anis, ce musicien de Cergy qui a toujours eu l’art et la manière de chanter la France populaire, celles des toiles cirées, des MJC, des sweet-banlieues pourries. 

    Et en 2005 sur son album La Chance , qu’on vous jouait sur Nova, il a composé le morceau Bistro, comme Brassens l’a fait avant lui, mais avec sa plume et sa gouaille des années 2000. Vous allez voir ça a le charme d’une prose bien sentie, et surtout ça ne donne qu’une seule envie : c’est d’y retourner dans ces rades. 

    Et de s’y dire des petites banalités qui ne font finalement pas de mal.


    Visuel © pochette de La Chance d'Anis

  • Podcast du mardi 08 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Polices » du Saïan Supa Crew :

    Y a t-il, dans ta discothèque, les indices d’un éventuel contrôle au faciès ? 


    Sarah Lou, Armel, ce matin pour aider les politiques à se décider sur l’existence ou non du délit de faciès, il y a donc ce rapport fait par Jacques Toubon en 2017. Il rappelle une étude du CNRS publiée en 2009 qui disait exactement la même chose, et ce qui rappelle surtout ce que dénoncent des militants et des associations depuis des décennies. Témoignages, chiffres, preuves à l’appui. 

    Le délit de faciès existe en France, les violences policières qui en découlent souvent aussi, et tout ça c’est un système qu’il s’agirait de démanteler. Mais pour répondre à ta question Armel, s’il faut en chercher la preuve dans l’art, et dans la musique et bien tout à fait on la trouve. Il y a un sacré nombre de morceaux français qui parlent d’arrestations injustes, de contrôles ciblés, d’humiliations répétées et de discriminations lors des contrôles de police. 


    En 2009 il y a même une web série documentaire qui est sortie sur le sujet, créée par l’association Stop le Contrôle au Faciès, et qui donnait la parole à des rappeurs comme Oxmo Puccino, Mac Tyer, Soprano, Rim K, qui racontaient tous leur première arrestation injustifiée. Elle se trouve facilement en ligne et elle est assez éloquente. Street Press, dernièrement, a aussi mis en ligne un documentaire qui s’appelle tout simplement Contrôle au Faciès : le rap français raconte, où la jeune génération raconte la même chose, preuve que rien ne bouge, et notamment parce que certains politiques nient la réalité. 


    Souvent ces mêmes rappeurs se sont servis de leur art pour raconter ce qu’est concrètement le quotidien d’un jeune homme ou d’une jeune femme, identifié comme noir ou arabe, qui a donc 20 fois plus de chance de se faire contrôler par la police. Pour écrire, et témoigner, de ce que ça implique comme méfiance, comme violence et comme violation des droits. 


    Il y a un morceau qui raconte extrêmement bien ça je trouve, il est signé par le Saïan Supa Crew : tout commence par un délit de faciès, une garde à vue qui dégénère, une bavure que l’on cache, une affaire classée sans suite. Et un cycle de violence systématique. Un titre qui date de 2001, qui par l’écriture et par le flow des MCS, ressemble à un court métrage et qui raconte pourtant une réalité très française et très ancrée. 


    Surtout que ce weekend on célébrait le terrible anniversaire de la mort de Malik Oussekine, mort battu par la police en décembre 1986. 


    Il est temps que les choses changent, donc voilà : Polices du Saïan Supa Crew sur Nova. 


    Visuel © Genius

  • Podcast du vendredi 04 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Un Président Pour La France » du Valérie Gee's Car Band :

    Ce matin, je me permets un petit medley de morceaux qu’a inspiré Valéry Giscard d’Estaing. Et s’il va y avoir du sport, du punk, je voulais d’abord vous parler du lien très particulier entre le séga réunionnais et V.G.E. 


    Hier à l’annonce de la mort de l’ancien président, il y a quelques articles qui en ont parlé : dans les années 70, quand le président qui n’a pourtant obtenu que 49,54% des sondages débarque sur l’île, et va y être accueilli, en chanson. 


    Pour l’occasion 6 compositeurs, 6 pointures de l’époque comme Luc Donat, Michel Adelaïde, Jacky Lechat, vont être mis à contribution et on va leur demander de composer des ségas, qui est un des genres traditionnels de l’île, en hommage au président. On les appellera des Séga Papa Giscard, et vous allez voir on y loue V.G.E comme un bon père, un bon patron, un bon président quoi. Comme dans le titre Sega Destin du grand Luc Donat.


    Ces séga en l’honneur de V.G.E ne sont pas forcément faits de gaieté de coeur. Ils seront d’ailleurs critiqués à la Réunion pour leur doudouisme, c’est-à-dire leur forme convenue, clichée, et leur manière d’entretenir un fantasme et un rapport de domination entre la métropole et l’île. Et à vrai dire, la plupart des chansons qui parlent de Valéry Giscard d’Estaing sont un peu de la même veine, elles sont rarement spontanées, ont souvent été des commandes, composées à la gloire du président à l’occasion de son passage en Guadeloupe, à la Réunion, au Gabon ou en Côte d’Ivoire. Manu Dibango par exemple va signer un titre qui va marquer les esprits dans ce sens là « Akwaba VGE », où l’on entend toute la violence de la Françafrique.


    Et avec le temps, certains de ces morceaux ont pris un nouveau sens. Par exemple ceux dans lesquels on chante l’amitié indestructible entre Valéry Giscard d’Estaing et Omar Bongo, président despotique et corrompu du Gabon. Voici une chanson de Tchibanga qui s’appelle tout simplement Giscard est l’ami de Bongo. 

    Il y a eu plein d’autres louanges qui ont été commandées ou composées au moment des meetings, des voyages ou pendant la présidence de Giscard, en métropole et ailleurs. Dans le documentaire « Une Partie de Campagne » de Depardon on voit par exemple la chanteuse Dani performer pour V.G.E qu’elle veut voir élire, avec une sacrée verve.


    Mais pour finir cette chronique je voulais vous jouer un titre un peu punk, signé par Hector Zazou et Jacques Pasquier, sous le pseudonyme génial Valérie Gee’s Car Band, qui en 1981 a sorti un maxi pour se moquer du président sortant. La face B s’appelle « Pensées et Maximes » de VGE et c’est 6’55 de silence. Et puis l’autre face s’appelle « Un Président pour la France ». Un titre punk où l’on entend des bribes de discours de V.G.E, du franglais, une femme géniale qui dit « Je sens que ça vient ». Bref, un titre irrévérencieux et finalement assez rare dans le paysage.


    Visuel © pochette de Un Président Pour La France du Valérie Gee's Car Band


  • Podcast du jeudi 03 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Say It Ain’t So » de Murray Head :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, composé en écho au scandale du Watergate, c'est « Say It Ain’t So » de Murray Head.


    Alors ce matin, Jean Castex qui nous dit qu’ils n’ont pas été compris, Sophie je crois que ça te donne des envies de jouer un classique, histoire de garder tes nerfs. 


    Et bien oui. Parce que je crois que là effectivement on ne se comprend pas, le gouvernement et nous. Je trouve ça gros, d’entendre de la part de notre premier ministre que celles et ceux qui ont lu la loi sécurité globale, épluché l’article 24 qui fait littéralement 14 lignes, ont pu se tromper sur les intentions des législateurs. 


    En plus, cette loi elle est écrite en français clair et limpide, avec des chiffres tout simples à comprendre, donc non, je ne crois pas monsieur Castex que l’erreur soit du côté de notre lecture et de notre interprétation à nous le peuple. Et même si c’était le cas, c’est vous qui êtes payés pour proposer et composer des lois compréhensibles et acceptables. 

    En revanche je suis assez d’accord sur le fait qu’il y a une incompréhension qui grandit entre vous et nous, et qu’on arrive à un moment un peu charnière de ce quinquennat, de l’histoire politique française, européenne, mondiale même, puisque les observateurs internationaux commencent à nous mettre en garde sur la possible dérive sécuritaire du pays.


    Alors on fait quoi ? Et bien on est nombreux à vouloir que cette loi Sécurité Globale, qui ne va pas à grand monde, à part à quelques 388 députés qui représentent on ne sait plus vraiment qui, soit retirée complètement. Et pas simplement modifiée par petite touche. 

    Et en attendant, Monsieur Castex, nous sommes prêts à vous jouer un gros classique de la folk anglaise pour vous demander de vous reprendre. De ne pas nous prendre pour des bleus. De revenir sur vos mots. Et d’assumer que le problème n’est pas dans notre mécompréhension de cette loi. 


    Allez « Say It Ain’t So » Jean please, comme le chantait Murray Head en 1975. Ce qui veut dire : dites nous que c’est faux. Surtout que c’est un morceau, ce tube anglais qui se chante à tue-tête, qui a été composé en écho au scandale du Watergate, pour pointer l’absence de logique des citoyens Américains qui ont continué à voter Nixon alors qu’il était dans un sacré bourbier politique et scandaleux. 

    Alors le gouvernement reprenez-vous, regardez-nous dans les yeux, dites nous que vous vous êtes perdus. Et en attendant on écoute cet immense morceau.


    Visuel © Pochette de Say It Ain’t So par Murray Head

  • Podcast du mercredi 02 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Bird's Lament » de Moondog :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, le morceau « Bird's Lament » par le compositeur hors normes Moondog.


    Sophie vas-tu nous parler d’un Jean Marie Bigard de la musique ce matin ?


    Au risque de vous décevoir non, parce que quitte à mettre en avant des artistes anti-système, aux modes de vie alternatifs, je préfère vous parler de gens qui sont sincères et qui le sont pour de vrai. Parmi ceux-là il y a un musicien qu’on a appelé le Viking, le Clochard Céleste, c’est Moondog. 

    Moondog c’était un compositeur peu ordinaire. Un homme devenu aveugle à 16 ans, qui a découvert la musique classique au conservatoire, qui s’est en même temps passionné pour le jazz, les musiques indiennes, les musiques caribéennes, les expériences atonales, la fabrication d’instrument, et qui jeune adulte a décidé de quitter sa ville pour se rendre à New York, avec quelques dollars en poches seulement. 


    C’est un peu pour ça qu’on l’appelle clochard céleste, comme le livre de Jack Kerouac. Parce qu’il a vécu dans les alentours de la 6ème avenue pendant des années, gardant le peu d’argent qu’il gagnait alors pour retranscrire ses partitions. Si son autre surnom c’est le Viking c’est tout simplement parce que très vite il va s’habiller comme un viking, avec une longue cape, une longue barbe et un casque à cornes. Ce sera sa tenue distinctive. 


    Très vite cet artiste ovni qui intrigue les passants, va passionner les musiciens. Il va être ami avec la beat generation, Janis Joplin va reprendre un de ses morceaux, Philipp Glass va l’héberger chez lui et lui présenter Steve Reich. Et ces deux pionniers du minimalisme diront d’ailleurs que Moondog est lui-même le vrai inventeur du genre. De façon générale, le nom de Moondog va commencer à fasciner à travers les Etats-Unis. Et en Europe, parce qu’il est mystérieux, taiseux, inclassable, qu’il compose énormément de mélodies, de symphonies, qu’il est mystique aussi, et qu’on a du mal à savoir de quel siècle ou de quelle planète il vient. Mais lui s’en fiche. La célébrité, la gloire, les grands concerts et les plateaux TV, ça ne lui fait aucune envie. 


    En 1974, Moondog, qui refuse toute stabilité, plaque le peu qu’il a et décide de se rendre en Allemagne, pour vivre sur les traces de Jean Sébastien Bach, de Beethoven, des grands compositeurs européens. Là, il fait une série de concerts très célèbres, rencontre des jeunes musiciens qui savent qu’il est un des plus grands compositeurs du 20ème siècle, et qui vont l’aider à joindre les deux bouts. Mais il revient souvent dans les rues de Francfort, Hambourg ou Recklinghausen, comme si c’était là, sur ces trottoirs qui n’appartiennent à personne qu’il se sentait le mieux. 

    Moondog est mort en 1999, et depuis son influence n’a fait que se répandre. Il est devenu culte, iconique. Il a été samplé, célébré, sa vie a été racontée. Alors que c’est presque ce contre quoi il a œuvré toute sa vie. Parce qu’il était sincèrement au dessus tout ça, déjà perché dans les cieux, dans le céleste. Parce qu’il savait que l’industrie du disque est incompatible avec les vrais génies, et parce que tout le monde n’est pas fait pour vivre dans la matrice.


    Alors voilà, à Bigard je préfère ce genre de vies réellement en dehors du système, voici Moondog et son sublime Bird’s Lament.


    Visuel © pochette de Moondog par Moondog

  • Podcast du mardi 01 d?cembre 2020 : Vitamine So : « Your Drums, Your Love » de AlunaGeorge :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, le duo anglais AlunaGeorge avec le morceau « Your Drums, Your Love »

    Alors Mélenchon qui fait des meetings en réalité virtuelle, ça te donne envie de nous parler de la musique du futur ?

    Oui, ça me donne envie de poser une question, et d’y répondre par la même occasion. Va-t-on entrer dans une ère de concerts en distanciel, à vivre à travers un écran ou des casques de réalité virtuelle ? Je crois que la réponse est non. 

    Le fait est d’ailleurs que cette période de confinement mondial qui aurait été l’occasion parfaite pour proposer de nouveaux formats novateurs n’a pas inspiré beaucoup de choses du genre. On a plutôt vu fleurir des concerts intimistes, mal filmés, à la maison.

    De l’artisanal finalement assez loin du côté turfu réalité virtuelle. Peut-être parce que ce qu’on recherche dans un concert, un vrai, c’est le contact avec l’artiste, la proximité avec les autres fans, la sensation de vivre un moment unique et tellement réel. 

    Ce qui n’a pas empêché certaines expériences d’avoir lieu et de celles-ci dont je voulais vous parler. 

    On se souvient que Coachella avait fait tenté de faire revivre 2Pac via son hologramme, mais cette tendance là n’a jamais vraiment pris. Parce que c’est un peu flippant et presque creepy, mais aussi parce que c’est trop réel et ça souffre forcément la comparaison. 

    À vrai dire j’ai l’impression que la tendance est plutôt à l’organisation de concerts dans des espaces virtuels et sur des plateformes comme TikTok, Fortnite, Roblox ou Wave qui est une application qui s’est faite remarquer en organisant des concerts virtuels mais en grande pompe de John Legend, Tinashe. Là les artistes sont reproduits pas comme des hologrammes, mais comme des avatars, dessinés entre l’émoji et la Lara Croft bien faite. On sait qu’on est dans le monde du jeux vidéo ou de l’animation et ça, ça cartonne. 

    Lil Nas X par exemple a réuni 33 millions de spectateurs-joueurs en novembre dernier, pour son concert sur Roblox, réalisé grâce à la motion capture. C’est plus que Travis Scott qui sur Fortnite avait été applaudi virtuellement 27 millions de fois. Et ça n’est qu’un début. 

    Ces show là, ils sont conçus comme des expériences à part, en attendant la fin du confinement, ou pour toucher un public spécifique, mais ne sont en aucun cas vendus comme les concerts du futur. Ce qui est finalement assez rassurant. 

    Voilà. Et pour terminer cette chronique je voulais vous jouer un duo que j’adore qui en 2016 a fait un concert dans Minecraft, dans le cadre d’un festival virtuel norvégien. C’était un peu des pionniers, c’était AlunaGeorge, un groupe anglais qui depuis s’est séparé. 

    Voilà leur morceau « Your Drums, Your Love », un titre qu’on jouait pas mal en 2013. 

    Et qui peut donner l’impression de flotter entre la réalité et la virtualité. 

  • Podcast du lundi 30 novembre 2020 : Vitamine So : « Lettre » de Shurik'n :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, la magnifique lettre d'un grand père à son petit fils, signé Shurik'n, c'est « Lettre ».

    Alors cette lettre de Maurice Grimaud, je crois que ça t’a donné envie de répondre avec une autre lettre ? 

    Oui, une lettre classique de la chanson française, du rap français plus précisément. Parce qu’il y a une tradition de l’écriture épistolaire dans le milieu du rap, notamment liée au passage de certains rappeurs en prison.

    Par exemple, il y a celle de Lunatic, entre Ali et Booba, à l’époque où ce dernier est emprisonné après un braquage de taxi. Aux Etats-Unis, on sait aussi que 2Pac s’échangeait des lettres avec Jim Carrey quand il purgeait sa peine.

    Mais y a pas que dans cette situation là que l'épistolaire sert, non il y a des centaines d’autres exemples de lettres qui ont servi à exprimer ce qu’on n’arrive pas à dire en face, et ce qu’on a envie d’immortaliser.  

    Et parmi tous ces exemples, je voulais vous jouer celle composée, écrite, interprétée par Shurik’n en 1998. Parce qu’elle est, à mes yeux en tout cas, assez parfaite. 

    Dans ce texte, le rappeur marseillais se met dans la peau d’un grand-père qui fait ses adieux à son petit-fils, et qui lui donne quelques précieux conseils, le rassure, lui transmet ce qu’il a encore le temps de lui apprendre.

    C’est bien écrit, c’est honnête, et surtout ça parle d’une intimité, entre des pères et des fils, dans des milieux peu favorisés, qu’on représente rarement. Et c’est aussi à ça qu’on reconnait les belles lettres, c’est qu’elles font entendre une subjectivité et un sentiment profond. 

    En plus l’instru ne gâche rien, l’âme qu’y met Shurik’n se ressent. 

    Voici sa lettre.

    Visuel © pochette de Où Je Vis de Shurik'n

  • Podcast du vendredi 27 novembre 2020 : Vitamine So : « I Go To Sleep » d'Anika :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, la version glaciale et hypnotisante du morceau « I Go To Sleep » par Anika.

    Puisque Gystère nous parle de l’invention du sommeil, je voulais vous raconter l’histoire de la plus jolie chanson somnolente que je connaisse - la bien nommée « I Go To Sleep’ », aka « Je Vais Me Coucher ». À l’origine, ce morceau il est composé par Ray Davies, des Kinks, réputé pour être un gros bagarreur mais visiblement capable de composer des mélodies particulièrement douces et cajolantes. 

    Mais à l’époque, cette chanson, Ray Davies ne la compose pas pour son groupe. « I Go To Sleep », c’est une balade qu’il va prêter à beaucoup d’artistes, et qui va aller à peu près à tout le monde. Je ne sais pas si vous avez lu quand vous étiez jeune le livre pour pré-ado : « 4 filles et un Jean », l’histoire d’un pantalon qui va parfaitement à 4 copines. Et bien cette chanson, c’est un peu pareil. C’est un morceau qui va prendre une nouvelle forme chaque fois qu’il sera chanté. Ce qui va souvent arriver. 

    Mais reprenons par le début. Les premiers à l’enregistrer, ce sont les Applejacks, un groupe qui à l'époque surprend parce qu’ils font du rock, et qu’il y a une femme parmi eux, qui est bassiste. Et la première fois qu’ils chantent « I Go To Sleep », le morceau résone, et sonne très adolescent et baroque. 

    Ensuite, cet ode au sommeil, au rêve et fantasmes va être repris, des dizaines de fois. En Allemagne, aux USA, par des hommes, par des femmes, sur un mode glam, punk, lyrique, mal traduit en français. Peggy Lee, Cher, Les Pretenders, Francis Cabrel, Soulwax vont la chanter. Et finalement, en 1998, les Kinks eux-mêmes vont publier la version démo de ce morceau, enregistrée en 1965. Ce qui est un peu le brouillon de toutes les versions, mais qui est la preùière version que personne n’a entendue pendant des années. Et vous allez voir quand c’est eux qui la chantent, cette mélodie est bien plus nocturne. On dirait presque qu’elle a été enregistrée de nuit, quand il ne faut pas faire trop de bruit. 

    En fait j’ai l’impression que si cette chanson change de visage selon les personnes qui la chantent, c’est parce qu’elle touche à quelque chose de très intime. A la nuit, aux insomnies, aux films que l’on se fait quand on s’endort. Pour certains la nuit c’est un espace apaisé, de calme, pour d’autres c’est un monde obscure et ténébreux.

    Et finalement la reprise que j’ai choisi de vous jouer, elle penche un peu de ce deuxième côté. Vers ceux pour qui la nuit est un mystère. C’est celle chantée par Anika, une artiste anglaise et allemande, dont la voix fait penser à Nico et l’univers à Laurie Anderson. Et en 2010 elle s’attaque à ce morceau et propose une version glaciale et hypnotisante du morceau. Qui a presque la couleur d’une aurore boréale, c’est « I Go To Sleep » version Anika.


    Visuel © Pochette d'I Go To Sleep, par Anika

  • Podcast du mercredi 25 novembre 2020 : Vitamine So : la version demo de « Dreams » de Fleetwood Mac :

    Aujourd’hui dans Vitamine So, la version démo d’un morceau légendaire, c’est « Dreams » par le groupe anglais Fleetwood Mac.

    Est-ce que tu vas nous jouer des groupes qui ont fini par se taper dessus ?

    Ces groupes qui s’entredéchirent, ces histoires d’amour qui finissent mal, ça me donne envie de vous rassurer et de vous raconter que même quand on traverse des tempêtes on peut créer des belles choses. La preuve avec Fleetwood Mac. 

    En 1977, le groupe a déjà sorti 10 albums. Et ils sont en train de devenir un des grands noms du soft rock anglais. Sauf qu’ils ont aussi eu l’excellente idée de mélanger boulot et vie privée, et de sortir tous les uns avec les autres. Littéralement. Et en 1977, c’est la tempête. 

    Le bassiste, John McVie, est en train de divorcer de Christine McVie, la pianiste et une des chanteuses de Fleetwood Mac. La leadeuse Stevie Nicks qui est en couple avec Lindsey Buckingham, le guitariste, est aussi en train de le quitter. Et pour couronner le tout : le batteur, le seul à être allé chercher l’amour ailleurs, est aussi en train de se séparer de sa femme. 

    Rien ne va. Et en plus des tensions amoureuses, le groupe a du mal à se supporter en général. 

    Alors un jour, alors qu’ils sont en studio pour bosser sur un nouvel album, un peu obligé contractuellement par leur maison de disque à rester ensemble, la leadeuse Stevie Nicks s’isole, pour être un peu tranquille, et pour philosopher sur sa propre vie, et sa rupture. Elle se retrouve dans une pièce qui a été historiquement le studio de Sly Stone, avec un piano, un grand lit en velours, et des rideaux. 

    Et c’est là, loin des autres, qu’elle compose le morceau « Dreams ». Elle trouve d’abord le riff de la batterie, et en 10 minutes, le reste de la chanson lui vient comme une illumination. 

    Une illumination qui va changer sa vie et celle du groupe. Puisque « Dreams » et l’album Rumours va se vendre à des millions d’exemplaires. Et puis après ça le groupe va en sortir d’autres des disques, va se rabibocher, va repasser par des tempêtes. 

    Et puis ce morceau il n’arrête pas de faire des comebacks ces dernières années, grâce à des vidéos virales. Sans doute parce qu’il a la luminosité des oeuvres composées quand rien ne va, et qui sauvent un peu la vie. 

    Alors voilà PS, Ecologie, composez un bon hymne de campagne pour vous réconcilier. Et pour vous inspirer je vais vous jouer la démo du morceau « Dreams ». Que je trouve encore plus magnifique que l’originale, surtout quand on connait son contexte de création. 

  • Podcast du mardi 24 novembre 2020 : Vitamine So : « Waltz Number 2 » d'Elliott Smith :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, une valse moderne qui invite à la danse, de l'artiste poète Elliott Smith.


    Un déconfinement en 3 temps ça te donne envie de nous jouer une valse ? 


    Et bien, ça m’a donné envie justement de me renseigner sur les genres musicaux, autres que la valse, qui se servaient de rythme ternaire. Parce que le rythme de base qu’on utilise dans la plupart musiques occidentales c’est un rythme binaire. Mais en tendant l’oreille, et en lisant deux trois trucs parce que n’étant pas musicienne j’ai mis de temps à capter, j’ai réalisé qu’il y avait plein d’autres musiques ternaires. 

    Par exemple les musiques de transes. Pour vous donner une idée de ce qu’est un rythme ternaire et une musique de possession, voici un extrait d’un morceau enregistré pendant une cérémonie vaudou au Bénin.

    Globalement, si l’on tend l’oreille, on entend que la structure du morceau est en trois temps. Ce qui est intéressant c’est que ce rythme ternaire on le croise donc au Bénin, mais aussi dans les musiques de transes du Sud de l’Italie, la tarentelle, les sons gnawa d’Afrique subsaharienne, dans les cérémonies kabar réunionnaise où l’on se sert du maloya pour communier avec les ancêtres. 

    Bref dans des genres musicaux qui se ressemblent pour leur fonction sociale, médicale, festive, spirituelle, mais qui se sont développés parfois sans aucun lien les uns avec les autres. 

    Peut-être parce que la cadence ternaire en soi a quelque chose d’obsédant, que dans un schéma plus largement répétitif, elle a une manière de pénétrer le corps et l’âme jusqu’à faire entrer dans un état de conscience modifiée. 

    Alors si jamais Macron nous annonçait demain que le déconfinement va se dérouler en trois temps de plusieurs années chacun, je t’avoue que oui, je reviendrais peut être vous jouer de la transe au réveil.

    Mais pas tout de suite. Avant d’en arriver là, je vais vous jouer une valse oui, mais tout à fait moderne, elle est signée par le musicien Elliott Smith, un poète, un musicien qui a eu une vie complexe et dure mais qui a eu le temps de composer des morceaux magnifiques et assez révolutionnaires, à leur manière. Et notamment ce titre : « Waltz Number 2 » , qui reprend une valse à 3 temps et se sert d’une batterie pour nous inviter à une danse.

  • Podcast du lundi 23 novembre 2020 : Vitamine So : « C'est beau la vie » de Doc Gyneco et Bernard Tapie :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, un crossover musicalopolitique assez improbable avec « C'est beau la vie » de Doc Gyneco et Bernard Tapie.

    Un homme politique qui aime Aya Nakamura, Sophie ça te donne envie de jouer quoi ? 

    Et bien le fait que Gabriel Attal écoute Aya Nakamura, je trouve ça chouette qu’il l’annonce, je me dis que c’est sans doute pour passer pour une jeune homme cool, proche de nous. Et ça, ça reste de la politique. Bon. Mais ça me donne envie de lui présenter deux trois personnalités qui sont allées encore plus loin, et qui ont elles-mêmes poussé la chansonnette. 

    Dans différents registres. D’abord, ce matin, je voulais vous réveiller avec le son d’un petit instrument à vent joué par un certain V.G.E, Valéry Giscard d’Estaing, qui en 1973 à l’époque maire de Chamalière et en campagne présidentielle, confie à Danièle Gilbert dans une interview être un joueur amateur d’accordéon. À l’époque, ça avait intrigué, et ça avait participé à lui forger une image d’homme accessible, et proche du peuple. 

    Donc V.G.E qui joue de l’accordéon, c’est classique et c’est connu. Mais certaines personnalités politiques sont allées encore plus loin et ont osé pousser la chansonnette dans les médias. Et si l’on sait que Raffarin et Sarkozy sont d’immenses fans de Johnny Halliday, et bien prendre le micro façon télé crochet pour le prouver c’est encore autre chose. Et une certaine Arlette Laguiller, elle, a osé. On est en 1993, elle aussi a été candidate à l’élection présidentielle, et la voici sur France 2, face à Pierre Perret devant qui elle va reprendre sa propre chanson « Mon Ptit Loup ». 

    C’est audacieux quand même ! Finalement c’était une époque où c’était relativement fréquent. Il y a comme ça des images de Lionel Jospin chantant Yves Montand, de Lionel Mamère interprétant son propre morceau, qui l’eut cru, « Les Enfants de Par Là ». Bref de personnalités politiques qui soit ont une passion complètement sincère, soit on l’idée que de les savoir mélomanes, certains vont voter pour eux. 

    Mais le plus dingue de ces crossover musicalopolitique, je crois qu’on le doit à Bernard Tapie. C’était en 1998 et rappelons-le, à l’époque il vient de quitter le parti socialiste, est engagé dans des procédures judiciaires, et il se dit que faire une chanson avec Doc Gyneco est une bonne idée. Surtout si le morceau lui permet de régler ses comptes, de se justifier publiquement, de passer pour un gars cool, hors des clous et rebelle. Alors tous les deux composent le titre “C’est Beau la Vie”, avec les coeurs inoubliables de la chanteuse Assia, trop souvent oubliée. 

    Ce morceau, c’est n’importe quoi en termes de collusion pop et politique ; les deux compères y parle sans complexe de gangster, de match truqué, se comparent à Pablo Escobar. On avait déjà entendu Tapie chanter des années auparavant, mais là c’est d’un autre niveau. C’est se servir de la musique pour séduire, en regardant droit dans les yeux le public et les électeurs. 

    Alors voilà, peut être que Gabriel Attal, s’il veut vraiment tenter la séduction, peut-il proposer un duo à Aya Nakamura. En attendant, voici un des duos les plus improbables de la chanson française. Doc Gyneco et Bernard Tapie, « C’est beau la vie ». 

  • Podcast du vendredi 20 novembre 2020 : Vitamine So : « Money » de Michael Kiwanuka et Tom Misch :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, de la funk anti-consumériste qui vous donnera envie de danser : c'est « Money » de Michael Kiwanuka et Tom Misch.

    Alors avec ce black friday, a-t-il des promos musicales ? 

    Vous savez, en Amérique du Nord, il y a des journées spéciales pour tout. Et si le Black Friday c’est le jour de la consommation débridée, et bien il y a aussi son versant décroissant : la Buy Nothing Day, qui essaie de proposer une Journée sans achats, ce qui prend bizarrement moins que des soldes à 60% sur des aspirateurs, et c’est dommage. 

    Ce qui est dommage aussi c’est qu’en termes de chansons qui tentent d’interroger la société de consommation, et bien il n’y a pas tant de choses que ça. Certes il y a quelques morceaux de punk, ou des rap alternatifs, ou de chansons françaises qui essaient de proposer des alternatives, mais quand même, force est de constater que la musique mainstream reflète aussi des intérêts consuméristes, ou capitalistes. Choisissez le mot. Et que sur les contre propositions, j’ai l’impression de tourner en rond. 

    Mais je vais quand même vous jouer quelque chose. Et pour vous aider à choisir votre camp, je vais vous jouer un morceau qui défend les deux bord : c’est le titre « Money », de Michael Kiwanuka et Tom Misch sorti l’an dernier. Ce morceau qui signifie tout simplement « Argent », est une mise en scène d’un type qui commence par se vanter de tout l’argent qu’il a. De tout ce qu’il peut acheter, de sa bague en diamant, de son jet privé. Oui mais voilà pourquoi dépense-t-il autant ? parce qu’il se sent seul et honteux. 

    Et qu’essaie-t-il d’acheter ? l’amour de ses proches. 

    Forcément, si ça commence comme ça, vous vous doutez que ça ne finit pas bien : petit à petit la chanson commence à dire que l’argent salit tout, les relations humaines, la confiance en soi. 

    Cette chanson c’est de la funk, c’est de la pop aussi. Elle est bien ficelée, maligne, et en 2 temps 3 mouvements on se retrouve en train de danser en rêvant d’un jour sans achats, sans argent ni dépense, et plein d’amour.

  • Podcast du jeudi 19 novembre 2020 : Vitamine So : « This Revolution Will Not Be Televised » de Gil Scott Heron :

    Sophie, ce matin ce projet de loi “sécurité globale” t’a menée tout droit vers un morceau qu’on adore sur Nova. 

    Oui ! J’aurais pu vous jouer les hymnes de Fela Kuti, de N.W.A, de Kendrick Lamar, qui sont d’incroyables morceaux pour comprendre la réalité de certaines violences policières et l’importance de les documenter, mais j’ai opté pour de la poésie. Celle de Gil Scott Heron, qu’il a écrit dans les années 60, avant de la chanter dans les années 70 : c’est « This Revolution Will Not Be Televised ». 

    À l’époque quand Gil Scott Heron écrit ce texte, il veut raconter comment les médias dominants nord-américains passent à côté des enjeux et des problèmes que vivent réellement les minorités, les noirs, les toxicomanes, les pacifistes pour vendre une idée des Etats-Unis toute fabriquée, pour vendre de la pub aussi, et pour ne surtout pas évoquer les sujets qui fâchent. 

    Avec ses mots percutants, son spoken word, Gil Scott Heron va s’élèver bien au-dessus du triste spectacle de ce qui est montré à la télévision. Et si ce texte, et son interprétation, n’ont jamais pris une ride, ces jours-ci, en France, ils prennent je trouve un nouveau sens. 

    L’article 24 qui veut globalement empêcher la diffusion d’images de policiers et de gendarmes pose problème et scandalise ta boulangère, la Ligue des droits de l’homme, Amnesty International, Reporters sans Frontière et les syndicats de journalistes. C’est important de répéter cette liste. 

    Et donc si cet article était adopté, et bien de fait, la révolution qui comme toute révolution ne se fait jamais avec l’accord des autorités, ne pourrait plus être télévisée, ni même filmée, ni même photographiée. Ni par des journalistes, ni par des documentaristes, ni par des citoyens. 

    Au risque autrement de se faire emprisonner pour avoir voulu documenter et témoigner de ces mêmes révoltes, et les violences qu’elles peuvent engendrer. Reste une note d’espoir, même si on ne peut pas s’en contenter, la chanson de Gil Scott Heron s’appelle bien « This Revolution Will Not Be Televised », preuve que même si les médias ne sont pas là pour en parler, certaines révolutions peuvent malgré tout avoir lieu. Et qui dit révolution, dit que tout est encore possible. 

    Alors voilà, même si le gouvernement reste sourd aux inquiétudes des ONG, aux rapporteurs de l’ONU qui disent quand même que cette loi pourrait porter préjudice à l’Etat de Droit en France, écoutons la parole sage et puissante de Gil Scott Heron avec son poème on ne peut plus clair « This Revolution Will Not Be Televised ».

  • Podcast du mercredi 18 novembre 2020 : Vitamine So : « La Blanche Aminte » de Colette Magny :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, un poème de Victor Hugo reprit par la chanteuse Colette Magny.

    Alors Sophie, tu nous joues quoi ? on écoute quoi ? c’est quoi le morceau que tu veux jouer ?

    Ah les longs trajets de voiture, ces questions qu’on pose en boucle, ces jeux un peu longuets qui font passer la route. Et ses chansons. Ces fameuses chansons, qu’on chante à tue-tête. Parfois ce sont celles qui passent à la radio, et parfois ce sont celles qui sont justement faites pour être chantées pendant des heures. Et vous savez quoi : j’ai trouvé la chanson qu’il vous faut et la figure de style qui va avec. 

    Tout ça m’a donné envie de vous réveiller avec ce mot sexy qu’est : l’anadiplose. L’anadiplose, à la base c’est la figure de style qui consiste à reprendre le dernier mot d’une phrase pour en commencer une nouvelle. Vous voyez la comptine : 3 petits chats, chapeaux de paille, paillasson. Ba c’est exactement ça. C’est une anadiplose. Qui permet de commencer une phrase sans jamais la terminer, comme une boucle infinie. 

    Et si c’est surtout une figure littéraire, ça a aussi pas mal servi dans la chanson parce que ça permet de créer des morceaux surprenants et rebondissants. Gainsbourg, Odezenne, IAM s’en sont parfois servi.

    Mais c’est pas eux que je vais jouer ce matin, c’est Colette Magny, qui était une grande compositrice et qui a souvent chanté des poèmes d’Aragon, de Rimbaud, des textes politiques, contestataires, engagés. Et elle avait une voix qui ne s’oublie pas Colette Magny : un timbre profond, éraillé, singulier. 

    Et si elle a connu quelques succès, notamment l’excellent morceau « Melocoton », elle a aussi repris des textes rares de la littérature et par exemple un poème en anadiplose écrit par Victor Hugo en 1829. Ce poème s’appelle « La Blanche Aminte », et c’est un texte qui donne l’impression que celui qui le lit ou la poétesse qui le chante bégaie. Mais petit à petit on réalise que c’est beaucoup plus fin que ça et comme à la fin d’Inception on sort un peu retourné, au point qu’on a envie de réentendre le morceau pour tout bien comprendre. Et puis une fois qu’on a compris le procédé, de le chanter en boucle et à l’infini. 

    Vous allez voir cette anadiplose là elle est encore plus cool que 3 petits chats, et c’est tellement hypnotisant qu’on en oublie qu’il nous reste 45 jours de route jusqu’à la destination. C’est Colette Magny, avec le titre « la Blanche Aminte ».

  • Podcast du mardi 17 novembre 2020 : Vitamine So : « The Banister Bough » de Chilly Gonzales :

    Aujourd'hui dans Vitamine So : un morceau tiré du dernier album de Chilly Gonzales, un album de Noël.

    La musique va-t-elle sauver la période des fêtes ? 

    Armel et Sarah-Lou, vous l’avez déjà remarqué mais dans tous les films américains où Noël est menacé on fait un appel à un sauveur, un super héros. Et même si je suis une grande fan du rituel, j’ai quand même trouvé notre Héros du Nova Jour de Noël : un homme qui a décidé d’enfiler son peignoir et ses charentaises pour égayer la période. Le pianiste virtuose, excentrique et surprenant : Chilly Gonzales. 

    C’est peut-être lui qui va sauver Noël, puisqu’il vient de sortir un album de festivité, qui s’appelle A Very Chilly Christmas. Une invitation à revisiter les canons du genre, et à verser une petite larme mélancolique sous le sapin. 

    Et cet, album il est très noël. C’est littéralement des reprises de « Silent Night », « Jingle Bells » ou « O Tennenbaum ». Mais si je vous en parle c’est qu’il est un peu plus que ça : comme à son habitude Chilly s’est aussi intéressé à la pop, lui qui s’amuse souvent à décortiquer des tubes internationaux avec son piano, et en se creusant les méninges pour nous expliquer pourquoi ces tubes là sont d’une efficacité folle. Alors dans son album il a aussi repris des hits de Noël, par exemple « Last Christmas » de Wham ou (forcément, évidemment), « All I Want for Christmas is You » de Mariah Carey. 

    Et je crois que s’il a fait ça c’est parce que Chilly Gonzales a voulu faire un disque contemporain, en mélangeant les canons classiques et ce qui s’écoute aussi à chaque fête. Il a aussi voulu comprendre comment certaines chansons se transmettaient de génération en génération. Ce que c’est que la tradition en musique. 

    Le résultat est beau, même si on est pas du style à aduler papa noël, Gonzales c’est un pianiste très doué. Et puis dans le fond, on le sent que lui aussi il est du style à ressentir des sentiments ambivalents vis à vis de cette fête. Ca dégouline pas de joie ce disque, non on y entend aussi une critique du Noël ultraconsommateur. 

    Ce que veut Chilly Gonzales c’est qu’on forme une grande famille, réunie autour d’un piano, et que le temps d’une soirée on oublie ce qui ne va pas le reste de l’année. En tout cas lui, il a réuni ses amis sur ce disque. Jarvis Cocker ou Leslie Feist, et justement on écoute leur titre « The Banister Bough », parce que c’est quand même très beau.

  • Podcast du lundi 16 novembre 2020 : Vitamine So : « Face To Face » de Varnish La Piscine et Bonnie Banane :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, le morceau « Face To Face » de Varnish La Piscine et Bonnie Banane, tiré du film auditif « Le Regard Qui Tue »

    Alors Sophie si l’on te dit Takieddine, Claude Guéant, Sarkozy, Kadhafi ça te fait penser à quels genres de morceaux ? 

    Écoute, l’affaire Sarkozy-Kadhafi, si ça n’était pas un potentiel scandale d’état, et une sordide affaire qui risque de salir la République française, ce serait sans nul doute un super film noir. En tout cas c’est un feuilleton qui rebondit, révélation après révélation. Et ça m’a donc donné envie de vous parler d’un album qui est lui aussi un polar, qui se découvre piste après piste. 

    Et ce disque il est signé Varnish La Piscine. Ce drôle de nom, vous l’entendez sûrement régulièrement sur notre antenne, et pour cause, c’est un musicien suisse extrêmement talentueux, qu’on écoute et qu’on observe depuis quelques années déjà. À la base, on l’a découvert en tant que Pink Flamingo, l’homme derrière beaucoup de projets de hip hop suisses, en tant que producteur des disques de Makala ou Slimka. Et puis il est devenu Varnish, il s’est épanoui en dehors du rôle d’homme de studio, il a commencé à prendre la parole, et à chanter en son nom. 

    L’an dernier il a sorti Le Regard Qui Tue, un projet présenté comme un film auditif, une série B audio, un polar noir et un poil kitsch dont on comprend la teneur morceau après morceau. L’histoire de ce Regard Qui Tue est en plus rigolote : Bonnie Banane, y interprète Gabrielle Solstice, jeune femme qui vit à Monaco dans les années 80. Elle a les yeux revolver, et comme le nom du disque le dit : le regard qui tue. Alors petit à petit la police commence à suivre sa trace, et notamment l’inspecteur Sydney Franco, interprété par Varnish la Piscine qui évidemment va tomber amoureux de cette méduse qu’il ne faut pas regarder dans les yeux. 

    Je vous raconte toute la trame, non pas pour le plaisir de vous spoiler, mais parce que dans ce projet il y a mille autre choses intéressantes ; l’univers sonore ultra travaillé que créent Varnish et ses machines, lui qui est un grand fan des Neptunes et qui s’inspire beaucoup de cette vibe là. Les références à tout plein de films ou séries du genre, et puis l’humour aussi, ça fait du bien à cette époque où l’on prend beaucoup de choses au sérieux. 

    Alors voilà, les enjeux ne sont pas les mêmes qu’une affaire d’État dont on a encore du mal à mesurer les conséquences. Mais en attendant d’y voir plus clair, laissons nous troubler par le regard ravageur de Bonnie Banane, qui vient d’ailleurs elle aussi de sortir son propre premier album ce vendredi. Et tant que la politique nous déçoit, donnons plutôt la parole à des artistes audacieux, originaux, qui revendiquent les codes des albums concepts. 

    Voici Varnish la Piscine et Bonnie Banane, avec « Face to Face », un interrogatoire qui n’est pas mené dans les règles de l’art, et qui finit par un sacré cliffhanger.

  • Podcast du vendredi 13 novembre 2020 : Vitamine So : « Give Me Back My Money » de Jayden Bleakley :

    La dette est un mot ultra présent dans l’économie. Mais dans la musique est-ce que c’est pareil ?

    Et bien non pas vraiment, c’est pas la thématique la plus excitante du monde en même temps donc c’est compréhensible. À la rigueur, si on parle de dette au sens plus abstrait de ce que l’on doit à quelqu’un qui a beaucoup fait pour nous, déjà on trouve davantage de choses, et je vais vous jouer des choses cool. 

    Je voulais juste partager avec vous quelque chose que j’ai découvert à l’occasion de cette chronique. Sur internet il y a pléthore de sites américains et anglais qui proposent des playlists sur le thème de l’endettement, du remboursement, de l’argent. Des sites qui ne sont visiblement pas des médias musicaux ou des blogs. 

    J’ai trouvé ça étrange, alors j’ai cliqué, et j’ai réalisé que ces sites étaient très souvent des sites de courtiers, de conseillers financiers, de recouvrement de dettes. Qui se servent donc de Beyonce, Elvis Costello ou Abba, qui proposent des playlists pop pour attirer des nouveaux clients qui à priori se trouvent dans des situations économiques précaires. Cela veut dire que ces sites imaginent que les gens au bord de la faillite ont le luxe de se dire : oh super, ce site adore Shania Twain, comme moi ! Je vais lui confier mon avenir du coup. J’ai trouvé ça d’un tel cynisme que je voulais le partager avec vous. 

    Et j’ai trouvé un artiste, pas du tout connu, Jayden Bleakley qui vient de Melbourne et qui est un jeune homme qui n’a pas décidé définitivement s’il voulait faire de la pop, de la funk ou du rnb. Et finalement, c’est tant mieux. Il fait à peu près tout, tout seul, dans son home studio, en parallèle de ses études. Et il a sorti un super morceau qui parle précisément de dette et qui en plus est super. Le morceau s’appelle « Give Me Back My Money », rends moi mon argent, qui à vrai dire n’est pas adressé à une personne précise. Mais au monde. 

    En gros c’est l’histoire d’un type qui a dépensé tout son argent, pour des futilités, pour son loyer, et parce que la vie coûte cher, et qui finit tout simplement à s’adresser à l’univers en demandant : s’il te plait peux tu me redonner mon argent que j’ai dépensé ? Merci. 

    Voilà. Malgré mes mésaventures, j’ai découvert un nouvel artiste, ce qui vaut tout l’or du monde. D’ailleurs je pense que vous êtes les premiers en France à entendre ce morceau, sachant que ce jeune homme est écouté par 67 personnes par mois. 

    Voici Jayden Bleakley et son Give Me Back My Money.

  • Podcast du jeudi 12 novembre 2020 : Vitamine So : « Matin » d'Odezenne :

    Alors ce matin Sophie, on t’a posé une petite colle : d’après toi, qu’écouterait le Général de Gaulle s’il était encore en vie aujourd’hui ? 

    Armel, Sarah Lou, c’est vrai que c’est une colle parce que j’ai pas vraiment trouvé de trace de la musique qu’écoutait le général de son vivant. En revanche, on sait qu’il avait une passion pour la poésie classique, ou romantique. Il aimait lire Lamartine, Racine, Alfred de Vigny, Rimbaud, Verlaine, mais pas Baudelaire. Dans ses mémoires, il le dit : il adorait Chateaubriand, pour son romantisme, son allant, sa manière de peindre la nature et d’être le mémorialiste de son époque. 

    Donc j’ai cherché des musiciens qui pourraient avoir hérités de ce sens là. 

    Et j’en ai trouvé plein, j’ai même eu du mal à trancher. Parce que la mémoire de la réalité, en ce moment, je la trouve du côté du rap francophone. Je trouve que personne mieux que les rappeurs, les Alpha Wann, les Loud, les Nepal, les Moussa, n’écrivent mieux qu’eux ce qu’est la vie, la société, les doutes aujourd’hui. 

    Mais je me suis dit que De Gaulle aurait aimé quelque chose de moins pessimiste peut-être, alors finalement j’ai tranché pour Odezenne. Odezenne, c’est un groupe bordelais indépendant, qui comme certains poètes ont construit un monde qui est le leur, avec leur langue, leur prose, leur public, leurs thématiques, et qui sondent non seulement leur âme pour composer de la musique, mais qui en plus ont un certain naturalisme dans leur manière d’aborder le monde, et la France notamment. 

    Bon, à mon avis politiquement ils ne sont pas très gaullistes Odezenne, il n’empêche. Je voulais vous jouer leur morceau « Matin », pour plusieurs raisons. D’abord parce que je le trouve beau, je trouve leur verbe tranchant, et extrêmement visuel. Ensuite, parce que ce morceau je l’ai découvert par son clip, que je vous invite cent mille fois à voir. Il a été réalisé par le documentariste Jérome Clément Wilz, pour qui le documentaire est quelque chose d’extrêmement sensuel et incarné. Pour cette vidéo, Jérome a suivi un de ses amis, pêcheur. 

    Ensemble, ils devaient partir en mer. Mais voilà, comme elle le fait parfois, la vie a surgi, et la vieille du départ ce pêcheur a rencontré une femme. Alors changement de plan, pour le meilleur : Jérome a filmé la naissance de leur amour, tellement vivant et organique. Tout ce que l’on y voit est vrai, les baisers, les ébats, la joie, les yeux ébahis d’amour, ce clip est fou. Et il commence par un poème lu et composé par le pêcheur. 

    Alors voilà, je me suis dit : peut être que Charles de Gaulle, en 2020, il regarderait des clips et sans doute aurait-il secrètement phasé sur ce morceau d’Odezenne, « Matin » qu’on écoute sur Nova.

  • Podcast du mardi 10 novembre 2020 : Vitamine So : « Feather » de Nujabes :

    Alors Sophie ce matin as tu trouvé ton maître zen de la politique ? 

    Et bien non, et je ne sais pas trop à quel point je crois en la méthode de méditation et de relaxation de Jean Luc Mélenchon. Alors j’ai décidé de miser sur un homme en qui pour le coup j’ai confiance, ou en tout cas dont je sais déjà les pouvoirs d’apaisement pour les avoir observés à travers le temps : c’est Nujabes. 

    Nujabes, je sais que certains d’entre vous en sont déjà fans. C’est un homme qui est né Jun Seba au Japon en 1974, et qui dans les années 2000 s’est fait connaître à travers le monde en tant que maître d’un hip hop très doux et relaxant. Je vais même aller jusqu’à dire zen. À l’époque, on n’avait jamais entendu ça : la mode était plutôt à du hip hop soit très technique, soit gangster, soit léger. Et pourtant, tranquillement, sereinement, Nujabes a convaincu et converti des auditeurs partout en Europe, au Japon, aux Etats-Unis que ce qui leur faisaient du bien, c’est sa musique à lui. C’était l’époque des blogs, des forums où l’on se faisait circuler des albums sous le manteau comme d’autres se refilent des médicaments ou des drogues. 

    Et de ce fait : Nujabes est un peu un remède, en tout cas c’est l’effet qu’il fait : il relaxe. C’est pour ça qu’aujourd’hui ses morceaux sont dans quasiment toutes les playlists qui s’appellent ‘Chill Wave’ ou ‘Chill Hip Hop’ qui ont fleuri sur internet depuis quelques années. Et que chaque fois que l’on joue un de ses morceaux sur Nova, on reçoit des messages de personnes qui ont été chamboulées en l’écoutant. 

    Ce talent là, ou en tout cas cette spécificité, Nujabes l’a développée avec le temps, et l’expérience. Dans sa vie, il a tenu une boutique de disques, été boss de label, et c’est grâce à ça qu’il a découvert le jazz, mental, spirituel, ou les instrus de hip hop américain qui l’ont tant influencé. Il a aussi composé des bandes sons d’animés, de Samurai Champloo, et il a apprit comme ça à faire naître des images en quelques notes à peine. 

    Je parle au passé, parce que Nujabes est décédé en 2010, avant de comprendre à quel point il avait aidé certains de ses auditeurs à souffler et à se détacher de la réalité grâce à sa musique. 

    Mais voilà puisqu’il nous reste ses albums, très inspirants, je me dis que ce sont des béquilles qu’il est utile de toujours garder près de soi. Parce que dans le fond oui, Mélenchon a raison : nous avons besoin d’harmonies entre les êtres humains, et avec la nature. Mais si ça ne le dérange pas, on va juste chercher d’autres maîtres Zen que lui, et par exemple Nujabes. 

    Détendez-vous, respirez avec le bas du ventre, concentrez vous sur ce que vous ressentez dans votre corps, sur votre peau, dans vos sens, voici Nujabes et son morceau Feather.

  • Podcast du vendredi 06 novembre 2020 : Vitamine So : « Le Sonnet d'Arvers » de Serge Gainsbourg :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, la reprise du « Sonnet d'Arvers » par Serge Gainsbourg

    Alors Arnaud Montebourg qui clash Julien Doré pour clasher Emmanuel Macron, est-ce que ça te donne envie de jouer de chansons d’emboucanneurs ?

    Non, ça me donne plutôt envie de revenir sur la phrase même qu’il a employée, à propos d’emprunt, de recyclage, de déguisement. Parce que je sais pas si c’est le pire des reproches qu’on peut adresser à Macron, mais je sais qu’en musique, c’est un peu la base de beaucoup de choses réussies. Le sample, la citation musicale, la réinterprétation de standards, c’est ce par quoi la musique même se renouvelle. Et plutôt que de tenter une bancale leçon sur le droit d’auteur je voulais tout simplement vous parler de Serge Gainsbourg, qui n’a cessé de recycler et d’emprunter à d’autres musiciens. 

    Et aux classiques par exemple. C’est connu, mais toujours intéressant de s’en souvenir. Gainsbourg s’est beaucoup servi dans le répertoire classique, et s’est inspiré directement de sonates de Beethoven, de Brahms, de Chopin aussi très souvent, ou de Dvorak ! Ca lui a permis de composer quelques uns des plus beaux morceaux de la variété ou de la chanson française. Il s’est aussi servi de la Marseillaise, sans jamais dissimuler quoi que ce soit. Comme quoi l’emprunt si c’est bien fait c’est un succès. 

    Mais pour tout vous dire ce matin je voulais vous jouer un morceau qui est une autre forme d’appropriation, ou de réinterprétation qu’il s’est permise jeune en 1961. C’est l’époque de son album l’Etonnant Serge Gainsbourg, son troisième disque Où il y a interprète un sonnet : « Le Sonnet d’Arvers ». 

    Ce sonnet il a été écrit au 19ème siècle, et c’est un poème qui a fait couler beaucoup d’encre. Parce que si l’on sait qui l’a écrit, Felix Arvers, on ne sait pas à qui il l’adresse. Pourtant le poète décrit une femme unique, douce, et tendre qui n’a jamais su qu’elle était aimée, et qui, lisant même ce poème, ne pourrait deviner que l’on parle d’elle. C’est intrigant on comprend pourquoi il fait jazzer. 

    Quand ce sonnet sort, la presse, les mondains de l’époque veulent savoir à quelle femme il est dédié. Certains avancent qu’il s’agit de Madame Nodier, Madame Victor Hugo. D’autres vont dire qu’il ne s’agit de personne en vérité. 

    Ce qui est génial avec ce sonnet, c’est qu’il va aussi être moqué, parodié, réinventé. Par exemple, on va imaginer les réponses de la destinataire, qui se fera parfois très franche, parfois très infidèle, ou froide. Et après les pastiches littéraires, c’est en musique que ce morceau va devenir un succès car avant Gainsbourg, il a souvent été repris au 19ème siècle. 

    Et donc quand Gainsbourg le reprend, en 1961, il n’invente rien. Il recycle. Il se déguise même en poète d’un autre siècle. Mais comme il le fait bien, mieux que Macron qui imite Julien Doré, ou Julien Doré qui imite Macron on ne sait plus, et bien c’est un succès.

  • Podcast du jeudi 05 novembre 2020 : Damon Albarn : « On en est arrivé à un stade où on préférerai vivre dans South Park » :

    Damon Albarn, l'homme derrière Gorillaz, aux multiples projets musicaux, cinématographiques ou encore théâtraux est de retour avec une nouvelle création, présenté au Théâtre du Châtelet.

    « Le Vol Du Boli »  est un opéra créé avec le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako, racontant le parcours d’un boli, fétiche animiste malien, entre Afrique et Europe du XIIe au XXIe siècle.

    Pour l'occasion, Sophie Marchand est allé à sa rencontre : au programme, ses débuts dans la musique, son nouvel album avec Gorillaz mais aussi l'actualité politique aux Etats-Unis.

  • Podcast du jeudi 05 novembre 2020 : Vitamine So : « Empire Du Coté Obscur » d'IAM :

    Aujourd'hui dans Vitamine So, une spéciale Star Wars et le rap français avec l'emblématique « Empire Du Coté Obscur » d'IAM

    Raffarin qui se prend pour Maître Yoda, Sophie ça te donne envie de faire une petite spéciale star wars ? 

    Oui, et plus précisément une spéciale : star wars et le rap français, parce que je me suis dit que de un, ce serait marrant d’imaginer que Raffarin était un rappeur, genre MC Raffarin et de deux, que ce serait marrant de regarder comment nos rappeurs parlent de la Guerre des Etoiles, en français dans le texte. 

    Et ils en parle comme des fins connaisseurs, qu’on se le dise. 

    Je vais vous éviter les rimes faciles façon Lunatic qui parle de ken comme Anakin, mais il faut savoir que Booba est un vrai fan, qui a d’ailleurs composé un morceau qui s’appelle Maître Yoda. Il passe son temps à comparer son sabre laser à je sais pas quoi, à raconter qu’il traîne sur Tatooine, avec son pote Obi Wan Kenobi, et qu’il va même jusqu’à dire qu’il reçoit des conseils personnalisés de Yoda lui-même. Même si c’est un menteur, je crois que Booba est un sérieux Jedi. 

    Ensuite, y a ceux qui vont un peu plus loin dans les métaphores, qui veulent prouver qu’ils ont bien tout vu plein de fois, S.Pri Noir par exemple qui déjà a un morceau tout bonnement appelé Skywalker, mais qui en a un autre où il évoque Maître Windu joué par Samuel Lee Jackson. Il est dans l’armée de la république et c’est un proche de Yoda. Bref, c’est déjà un niveau au dessus. 

    Et pareil, on trouve des précis chez Kaaris, la Scred Connexion, Swift Guad, Kery James on trouve une tripotée de références, plus ou moins habiles. 

    À vrai dire mon morceau récent préféré dans le style, il est signé par Lomepal et il s’appelle R2D2. Ce que j’aime c’est la référence, mais aussi et surtout la prod, signée Stwo, producteur supra talentueux, qui arrive à imiter l’ambiance des petits boutons du robot r2D2. Là on a l’impression d’y être.

    Mais bon la vérité, c’est que personne, en France en tout cas, n’a mieux parlé de la Guerre des Etoiles qu’IAM qui dès 1997 a un peu balisé l’affaire avec son Empire du Côté Obscur. Un hommage dans le texte, dans la voix, et dans l’instru qui n’est qu’un hommage. Et qui comme tous les bons hommages propose aussi quelque chose en plus. 

    Voilà, Raffarin a beau tenter de devenir maître yoda, nos sages du rap français on les a déjà trouvés y a quelques années. 

  • Podcast du mercredi 04 novembre 2020 : Vitamine So : « Talkin Bout A Revolution » de Tracy Chapman :

    En cette journée spéciale, Sophie, tu as décidé de faire un petit tour d’horizons des artistes qui non seulement ont pris la parole pour appeler au vote, mais plus encore, qui ont pris leur guitare, leur piano et le micro et qui ont composé des chansons spéciales élections. 

    Oui, et même si je sais qu’à cette heure-ci vous rêvez de résultats moi je n’ai que ça à vous offrir. Vous allez voir, ce sont des morceaux cool.

    Surtout qu’honnêtement c’est pas rien, parce que ça Armel c’est un peu le niveau au dessus de l’engagement politique. On a l’habitude d’entendre des musiciens américains autour de chaque élection s’engager pour tel ou tel candidat, le plus souvent, en faveur du candidat démocrate. Mais là, sans doute parce que la situation politique est inédite et que le péril est grand, il y a des artistes qui ont composé des oeuvres spéciales pour l’occasion. Et ça mine de rien c’est moins courant. Surtout que les musiciennes dont je veux vous parler ce matin, elles ne sont pas du genre à squatter les plateaux télés, non elles sont plutôt discrètes et réservent leurs mots à des moments essentiels.   

    Patti Smith par exemple, la marraine des punks, la poétesse. Qui en général réserve ses mots pour quelques interviews de choix, mais qui ne passe pas ses journées à signer des tribunes, même si on la sait mobilisée sur les questions sociales et politiques. Et bien hier, une vidéo de Patti Smith dans les rues de New York, est sortie sur internet. La voici donc interprétant son propre morceau : « People Have the Power », hymne de la contestation, de la révolte. Et en 2020, titre qui lui permet d’appeler au vote pour Joe Biden. 

    Utilisez votre pouvoir, n’oubliez pas de voter ! C’est son message. 

    Dans les autres musiciennes ressorties de leur tanière pour ce moment charnière, il y a Leslie Feist, merveilleuse artiste canadienne invitée par Bon Iver à un événement virtuel assez spéciale, une session acoustique pour appeler les habitants du Wisconsin à aller voter. C’est précis, mais c’est dire aussi qu’aux Etats-Unis chaque vote, dans chaque état compte. 

    Feist, qui est plutôt tout à fait discrète, a repris pour l’occasion le magnifique morceau de Cat Stevens « Trouble ». 

    La dernière musicienne dont le voulais vous parler ce matin c’est Tracy Chapman qui est elle aussi assez peu friande des réseaux sociaux et des médias, même si elle avait soutenu en 2004 John Kerry. Hier elle a repris la guitare et le micro pour interpréter un de ses classiques sur le plateau de Late Night de Seth Meyers : « Talkin ‘Bout A Revolution », auquel elle a ajouté une petite phrase finale essentielle. Talk About A Revolution Go Vote, « Parlons de Révolution, Allons voter ». Et comme, au delà de ce petit twist final, Tracy Chapman réinterprète avec une voix transperçante ce morceau, et bien je vais vous le jouer en entier. 

  • Podcast du mardi 03 novembre 2020 : Vitamine So : « Stand On The Words» du House Gospel Choir :

    Aujourd'hui dans Vitamine So : la chorale virtuelle House Gospel Choir avec une reprise du tube « Stand On The Words» des Jouberts Singers

    Cette histoire de réunion de commerçants essentiel ou non essentiel, je crois Sophie que ça t’a donné envie de parler de chorales. 

    Et pourquoi donc ? Et bien parce que j’ai réalisé qu’on essayait de se mobiliser, autant que possible, pour les musiciens professionnels, les salles de spectacles, les studios, mais qu’on parlait peu de la pratique amatrice de la musique, qui est pourtant un loisir non essentiel assez indispensable pour beaucoup. 

    Alors certes, il y a des études qui prouvent assez clairement que chanter à tue-tête dans un choeur d’une dizaine, vingtaine, centaines de personnes, c’est pas génial en terme de Covid, mais il n’empêche qu’une chorale qui ne s’entraîne pas, c’est une chorale qui risque de perdre en niveau. Et alors j’ai été prise d’une forme d’inquiétude : que va-t-il se passer dans les mois, les années à venir ? Est-ce que la pratique de la chorale va disparaître ? 

    Ce serait triste parce qu’en France il y a 2,6 millions de choristes, et c’est cool. Alors j’ai décidé de chercher des solutions. Et je suis tombée sur le Whitacre’s Virtual Choir qui, comme son nom en anglais l’indique, est un choeur virtuel de quelques 17 562 chanteurs, répartis dans 129 pays à travers le monde. 

    À l’origine de ce projet il y a Eric Whitacre, qui est un compositeur américain fan d’opéra, de musiques électroniques, chef d’orchestre à ses heures perdues et donc boss de chorale virtuelle. À vrai dire ça fait quelques années qu’il organise ça, mais son idée a pris de l’ampleur en 2020 parce que comme beaucoup de musiciens, il s’est rendu compte qu’il allait devoir changer quelques habitudes. 

    Il a donc proposé d’organiser la plus grande chorale virtuelle du monde. 

    Très vite, il a trouvé des enthousiastes ravis de pouvoir chanter, se sentir moins seuls, avoir l’impression d’inventer quelque chose de nouveau : bref prêt à imaginer une chorale du futur. Pour que ça marche, Whitacre a enregistré l’accompagnement musical, qu’il a envoyé sous forme de fichier mp3 à tout le monde. Ensuite, chaque chanteur s’est enregistré en vidéo en train de chanter. Et puis, finalement, après un petit montage vidéo et audio, voilà, la plus grande chorale virtuelle de l’histoire est née. 

    Les images de ce grand projet elles se trouvent facilement sur internet. C’est assez émouvant à vrai dire parce qu’on se rend compte que la chorale ça plait à tout le monde, et puis c’est bien fait : il y a les sopranos, les ténors, les barytons et même langue des signes.

    Depuis leur première création, le Eric Whitacre’s Virtual Choir a inspiré plein d’autres projets partout dans le monde, dans les styles. Donc si vous êtes amateur de chorale, ou curieux, ou en manque, allez voir ces chorales virtuelles ! C’est beau, ça touche au coeur et ça donne de l’espoir. 

    Pour terminer cette chronique, une autre chorale du genre, qui vous plaira si vous êtes plutôt dans une ambiance houssy. Ce projet s’appelle d’ailleurs le House Gospel Choir qui ne reprend que des classiques sur le même principe. Eux aussi ils se sont adaptés à la période, désormais ils bossent à distance. Les voici qui reprennent le classique des Joubert Singers - Stand On The World.

  • Podcast du lundi 02 novembre 2020 : Vitamine So : « Spinning Heart » de The Bookshop Band :

    À propos de cette fronde de certains libraires indépendants Sophie, tu es allée chercher un morceau composé par un groupe qui vit plus ou moins dans une librairie. 

    Ecoute oui, parfois la vie est bien faite. J’ai découvert ces jours-ci un projet qui s’appelle tout simplement : The Bookshop Band (le groupe de la Librairie), un grand projet qui réunit des amoureux des livres et de la musique. À la base de tout ça, il y a un couple de musiciens de Bath une ville du sud ouest de l’Angleterre, Beth et Ben, et une librairie indépendante, Mr B’s Emporium Of Reading Delights. Un temple pour les amoureux de fiction, de théâtre, de beaux livres et d’essais. 

    À la fin des années 2000, les musiciens commencent à fréquenter la librairie, et les libraires aiment découvrir que leurs clients sont aussi de bons musiciens. Alors en 2010 ils décident de collaborer, et d’imaginer ensemble un projet musical à mi chemin donc entre leurs deux mondes, la littérature et la musique. Concrètement : le Bookshop Band commence à composer des albums en s’inspirant des livres chouchou qu’ils ont découvert dans cette librairie, de Shakespeare à Philip Pullman en passant par Rebecca Stott. Et ça plait. 

    Alors ils continuent à imaginer des morceaux qui sont des adaptations libres de telle oeuvre parfois classique, parfois tout juste sortie, parfois complètement méconnue. À d’autres moments, ils explorent aussi des thématiques spécifiquement littéraires et s’amusent à mélanger dans des disques plusieurs références. Et en 10 ans ils ont déjà sorti 13 albums, qui aborde de manière originale quelques 100 livres. 

    The BookShop Band vont même plus loin puisque leurs concerts, ils aiment les organiser dans des librairies à travers le Royaume-Uni et l’Europe, et jouent toujours entourés non seulement de tous leurs instrument mais aussi de piles de livres porte-bonheur. 

    Et pendant cette pandémie, alors qu’en Angleterre aussi les concerts sont interdits, et qu’on ne sait pas encore si les librairies seront ouvertes pendant le prochain confinement déjà annoncé, comment font-ils ? Et bien ils s’adaptent : chaque vendredi ils font un live depuis chez eux, avec des montagnes de livres derrière eux. Voilà. 

    Le plus cool dans tout ça, c’est qu’au delà d’être un concept chouette, ce groupe fait de la bonne musique, originale, poétique, douce. Je voulais vous jouer un de leurs derniers morceaux, Spinning Heart, inspiré par un livre irlandais du même nom, de Donal Ryan. Je ne l’ai jamais lu, mais j’ai apprécié le morceau de The Bookshop Band au point d’avoir envie d’en savoir plus sur ce bouquin. 

    Et je crois que c’est le propos de tout leur projet, alors bravo The Bookshop Band.

  • Podcast du vendredi 30 octobre 2020 : Vitamine So : « You Got Me » de The Roots et Erykah Badu :

    Comme chaque matin depuis mercredi, Sophie tu nous parles de rockeuses, de rappeurs, de musiciens américains qui ont pris la parole dans Pitchfork pour inciter les lecteurs américains à aller voter. Et ce matin, tu as choisi un artiste qu’on adore sur Nova. 

    Et oui, j’ai choisi de vous partager les mots et les souvenirs de Black Thought un des rappeur des Roots, ce groupe de Philadelphie qui nous accompagne depuis les années 90. Alors je ne sais pas si vous vous en souvenez mais hier je vous parlais de Denzel Curry, rappeur qui confessait n’avoir jamais voté, parce que persuadé, jusque là, que bouder le système c’était boycotter les élections. 

    Black Thought lui, n’a jamais cru ça. Depuis qu’il a 18 ans il vote. Et plus concrètement, il fait l’expérience de la politique, et de ce qu’un bon ou un mauvais politicien peut changer concrètement au quotidien. Et ça c’est parce qu’il vient de Philadelphie, une ville où le rôle du Maire est un enjeu capital. 

    Ce que dit Black Thought, c’est qu’il a vu ce qu’une bonne ou une mauvaise mairie pouvait changer à l’éducation, aux programmes de réinsertion, aux ordres donnés à la police. 

    Et puis ça lui a donné le goût de la démocratie, de l’analyse politique, qu’il a cultivé par la lecture, et la comparaison avec d’autres pays. En 2020, c’est justement pour sauver cette démocratie qu’il appelle à voter. Parce que, dit-il, si les USA basculent dans un régime autoritaire et fasciste, le vote ne comptera plus. C’est un peu la dernière élection avant un potentiel chaos. 

    Alors : pour protéger l’accès à l’avortement, les droits des LGBTQ, la réforme de la police, et des politiques d’immigrations. Il faut voter. Et si tout ça vous passe au dessus de la tête c’est que vous êtes un privilégié qui ne veut pas abolir ses privilèges. 

    Allez lire son texte, il a le sens de la poésie et de la punchline Black Thoughts, nous on va écouter les Roots avec Erykah Badu. You Got Me !

  • Podcast du jeudi 29 octobre 2020 : Vitamine So : « Black Balloons » de Denzel Curry :

    On continue à vous parler ce matin des artistes qui s’engagent en ce moment, qui parlent de l’importance de voter aux Etats-Unis. Ils sont 33 à avoir témoigner dans Pitchfork et on vous en a sélectionné quelques uns. 

    Hier on vous parlé des mots rigolos mais justes de Beth Ditto, et bien ce matin, autre ambiance avec le témoignage de Denzel Curry, qui est je crois tout aussi fort. Denzel Curry c’est un rappeur qui vient de Floride et qui est vraiment un MC à part. Un type avec un discours qui me marque à chaque fois, qui dans ses morceaux raconte comme peu d’autres sa génération, l’attrait pour les drogues, le nihilisme de la jeunesse américaine. 

    Il se trouve que son grand frère a été assassiné, au laser, par un policier il y a quelques années, donc c’est quelqu’un qui a aussi un discours politique. Mais c’est un jeune homme qui n’a jamais voté. Enfin jusque là. 

    C’est ce qu’il raconte dans Pitchfork. Il y a quelques mois, il s’est inscrit sur les listes électorales pour la première fois. Pourquoi pas avant ? Parce que pour lui, voter ne servait à rien. Dire fuck the system, cela signifiait ne pas s’intéresser à la politique, la bouder, la snober autant qu’elle snobe la jeunesse noire notamment. 

    Oui mais voilà, pour lui, c’est là encore une oppression du système, ne pas inciter les jeunes à voter, ne pas les intéresser à la politique, les mésinformer, ne pas partager le savoir et le pouvoir. 

    Ce que dit le rappeur c’est qu’il faut ouvrir les yeux, briser le cycle, et pour ça pas uniquement voter, mais chercher et soutenir les quelques candidats qui vont répartir le pouvoir avec la communauté, réformer le système judiciaire, investir du temps et de l’argent pour la jeunesse. 

    Le plus fort dans cette petite tribune c’est que Denzel le confesse : il a encore beaucoup à apprendre en terme de politique, mais voilà ses intuitions. Et sa conviction c’est qu’il faut virer Trump, l’abolir même. Pour le punir de s’être comporté comme ça. 

    Ce sont donc les mots de Denzel Curry qui je trouve sont assez justes : parce que c’est vrai que la jeunesse, les noirs, les minorités ont toujours été exclues de la politique. Et c’est vrai que sans candidat pour porter leurs droits on ne les a jamais incités à voter. Mais voilà : le combat l’urgence c’est de destituer Trump, et de s’investir ensuite dans la politique. 

    Moi ça me semble fort. Et ça me donne envie de vous faire découvrir qu’en plus d’être un homme sage, Denzel Curry est un super rappeur. La preuve avec Black Balloons sur Nova.

  • Podcast du mercredi 28 octobre 2020 : Vitamine So : « Ma Maison » de Oui Oui :

    Cette fin de semaine, on change un peu notre programme pour évoquer, comme on peut, avec nos mots et nos armes, les élections américaines. Vitamine So aussi évolue un peu pour l’occasion.

    Et bien oui, mine de rien cette histoire de président américain ça chamboule un peu tout, et notamment l’actualité musicale aux Etats-Unis parce qu’il est quasiment inimaginable pour les artistes de ne pas s’engager, et dans 99,9% des cas, contre Donald Trump. Alors avec Marie on a eu envie de vous parler d’une série de tribunes qu’on peut lire dans le magazine américain Pitchfork, qui fait une galerie de musiciennes et de musiciens qui expliquent pourquoi, selon elles, selon eux, il faut vraiment, sincèrement, plus que jamais, voter à cette présidentielle.

    Il y a en tout 33 artistes dont David Byrne, Billie Eilish, Tinashe, Chuck D, Yaeji, Kim Gordon, qui prennent la parole. Mais on voulait commencer ce matin avec les mots de Beth Ditto, parce qu’ils sont drôles, et malins et qu’ils permettent un peu de résumer le choix électoral auquel font face les électeurs américains. 

    Beth Ditto vous savez c’est cette musicienne américaine, qui a grandi dans le fin fond des Etats-Unis, dans un contexte extrêmement violent (qui a été abusée enfant notamment). Et dont la musique est pour elle, avec son groupe Gossip, un ultra exutoire qui lui permet de s’assumer, de se raconter et aussi de décortiquer les névroses américaines. 

    Elle a toujours été très engagée, pour les droits des femmes, des LGBT, des minorités, des opprimé.e.s. Donc pour Pitchfork elle a un peu trouvé comment décrire avec humour cette présidentielle. Globalement, pour elle, les deux candidats sont des papis blancs et riches. Et de fait, c’est pas ultra enthousiasmant de choisir entre un bonhomme de 74 ans et un autre de 77 ans, qui sont l’un comme l’autre ni très jeunes ni très modernes ni très révolutionnaires. On se dit que tout ce qui est le futur, n’est pas forcément entre leurs mains. 

    Mais quand même. Quitte à comparer ces deux candidats, Beth Ditto file en rigolant la métaphore des grands pères. Il y en a un qui est le genre de papé qui chaque anniversaire te file une petite pièce, te raconte des histoires à dormir debout et s’endort chaque soir sur le canapé avec ta mamie. Cet homme il est sympa, pas très glamour, ni très intéressant, mais c’est un homme bien. Lui, c’est Joe Biden. 

    De l’autre côté, il y a le grand père qui triche quand tu joues avec lui, qui pisse sur la lunette des toilettes, qui s’est remarié avec une très jeune femme que tu ne peux pas appeler Mamie, parce qu’elle a moins de 40 ans, qui dort à l’hôtel quand il vient te voir, et se fiche pas mal de qui tu es devenu. Evidemment, cet homme c’est Donald Trump. 

    Et Beth Ditto, filant la blague, finit par se demander : lequel de ces deux grands pères te fera des pancakes ? Joe Biden évidemment. Alors votez pour lui, pour le seul qui pensera à partager sa table et sa nourriture avec toi. Comme si en 2020 on ne pouvait attendre rien de mieux, rien de plus de la politique. 

    Bon, certes en terme d’analyse politique on reste assez basique. Mais finalement, quand on se souvient que le président américain c’est Trump, on se dit qu’on peut bien se permettre ce genre de facilités. Et on peut aussi danser dès le matin sur Beth Ditto, et les Gossip. 

    C’est Heavy Cross sur nova.


  • Podcast du mardi 27 octobre 2020 : Vitamine So : « Ma Maison » de Oui Oui :

    Tous ces gens qui ont presque hâte d’un reconfinement ça t’inspire quoi ? 

    Ca me donne envie de vous jouer le meilleur morceau qui parle d’une maison; Parce que même si on est plein à flipper de se retrouver entre quatre murs d’un studio, d’un appartement, d’une cabane en cas de reconfinement, et bien je me suis dit que nous n’avions rien à perdre à essayer de voir les choses avec humour. Et avec Michel Gondry. 

    Michel Gondry vous le connaissez en tant que réalisateur, de clips notamment. Pour Björk, les Chemical Brothers, Daft Punk, puis de films, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Be Kind Rewind ou L’Ecume des Jours. C’est un artiste vraiment à part, qui a toujours eu sa manière de bricoler des films, des projets, de valoriser le Do It Yourself, et c’est pour ça qu’on l’aime. 

    Il faut savoir qu’avant de se tourner vers le cinéma Michel a fait de la musique. Michel a même eu un groupe : Oui Oui, rien à voir avec le dessin animé, non c’est un projet monté avec un de ses amis rencontré à la fin de l’adolescence, Etienne Charry. 

    Leur groupe Oui Oui à vrai dire c’est un projet qui va être assez sérieux pendant quelques années, à la fin des années 80. Et à une époque où la mode est au punk, ou à la cold wave, new wave un peu désillusionnée et parfois politique, Oui Oui va prendre le parti de faire les choses autrement pour composer des chansons de pop extravagante, assez psyché, décalée avec son époque. 

    Entre 1989 et 1991, ils vont avoir le temps de se réunir avec d’autres musiciens, et vont sortir deux albums : Chacun Tout le Monde et Formidable. Des petites bizarreries dont certains des morceaux ont à l’époque été clippé par un jeune Gondry, qui fait alors ses armes. Je vous les conseille ces clips. 

    Bref il y a un des morceaux de Oui Oui que j’adore et qui colle je crois plutôt bien avec l’époque : il s’appelle « Ma Maison » et il parle justement du plaisir d’être chez soi. Même si les murs fuient, même si les courants d’air sifflent, même si la promiscuité est inévitable, il faut se convaincre qu’on est heureux d’avoir une maison. Mais au moins c’est ma maison: c’est d'ailleurs ce que dit le refrain. 

    Et je trouve que tant les paroles que la petite mélodie sont d’une efficacité redoutable, comme d’ailleurs quand on sort d’un film de Michel Gondry : on a l’impression d’avoir pris des shots d’inventivité et de créativité. 

    Alors c’est Oui Oui, avec « Ma Maison », en espérant que ça vous fasse oublier un instant les perspectives de reconfinement.


  • Podcast du lundi 26 octobre 2020 : Vitamine So : « Here My Dear » de Marvin Gaye :

    Ce matin Sophie je crois que c’est l’esprit de contradiction de Cedric O qui t’a donné une idée musicale ? 

    Exactement. Vous savez Sarah Lou, Armel, en musique il y a une assez longue tradition de ce qu’on appelle depuis des diss tracks: des morceaux qui sont globalement composés et écrits pour contredire, attaquer, viser une personne en particulier. L’art du dissing, il est surtout répandu dans le rap. Il y a des MC, du genre Tupac, Notorious, Eminem, MC Jean Gabin qui se sont illustrés par le maniement de la plume rebelle, revêche et revancharde. 

    Mais évidemment il n’y a pas que dans le rap que des musiciens se sont servis de la musique pour régler leurs comptes, ou en tout cas dire les choses sans trop se préoccuper du qu’en dira-t-on à la Cedric O’. Et dans le genre, il y a Marvin Gaye. 

    En 1961, alors qu’il vient tout juste d’être repéré et recruté par la Motown, Marvin Gaye rencontre Anna Gordy, soeur de Berry Gordy le boss de ce label, la Motown. Ils se marient, et entre eux, ça marche, quelques années en tout cas. Puisqu’en 1975 Marvin et Anna veulent divorcer. 

    Pour plein de raisons, notamment parce qu’en quelques années, Marvin Gaye est devenue une immense star, brillantissimme mais qu’il est aussi volage, pas très sérieux, amoureux d’une autre femme, addict à la cocaïne. Et que son train de vie est tellement dispendieux, qu’il peine à payer la pension alimentaire que lui demande Anna. 

    Alors tout ça se règle au tribunal. Et comme Marvin Gaye à l’époque n’a pas de cash sur son compte, son avocat et le juge s’accordent sur un arrangement assez spécial : le chanteur s’engage à reverser, à vie, la moitié des bénéfices qu’il touchera sur son prochain album et l’avance qu’il a déjà reçu pour ce disque qu’il est alors en train de composer. 

    Et en 1978 sort l’album ; Here, My Dear. Littéralement, ça veut « Et Voilà chérie c’est pour toi », et c’est un album qui ne tourne qu’autour de son divorce, qui règle ses comptes avec le concept même de l’amour, qui évoque de manière clarissime sa vie privée avec Anna Gordy. Bref c’est un album dont le concept est globalement de faire rager son ex femme. Les morceaux s’appellent, je traduis, “J’ai rencontré une nana”, “rage”, “tu peux partir mais ça va te couter de l’argent”, “quand ai-je cessé de t’aimer”. 

    Forcément, la Motown n’apprécie pas et congédie Marvin Gaye. Ses musiciens aussi sont vexés d’être pris à parti, Anna veut intenter un procès et surtout, le public ne comprend absolument pas ce qu’il a fait pour mériter ce disque si violemment personnel. Résultat : c’est un peu un fiasco, le disque ne se vend pas, la critique est gênée et Marvin Gaye est très heureux puisque son ex femme n’en touchera que moins d’argent. 

    Mais si je vous en parle ce matin c’est que cet album il vaut mieux que ça, il vaut plus que ça. Au delà des intentions un peu fumeuses, ça reste un album de Marvin Gaye fouillé, audacieux, surprenant. Avec les années, il a fini par trouver son public. Et surtout il a prouvé à tout le monde que même lorsqu’il essaie de se saboter, Marvin Gaye n’y arrive pas vraiment. 

    On écoute son morceau d’introduction qui dit tout « Here My Dear », de Marvin Gaye, un peu un équivalent de « Mon Fils Ma Bataille » sur Nova. 

  • Podcast du vendredi 23 octobre 2020 : Vitamine So : « Some Velvet Morning » de Nancy Sinatra et Lee Hazlewood :

    Sophie je crois que ce petit jeu de ping pong miroir, ça t’a inspiré ce matin.

    Oui. Ca m’a donné envie de détourner votre attention, pour vous parler d’un magnifique morceau qui est construit comme un miroir, comme un aller-retour entre deux artistes : Nancy Sinatra & Lee Hazlewood. J’ai longtemps cru que Nancy et Lee était un couple d’amants éperdus, et que leur morceau « Some Velvet Morning » était forcément un enfant de cet amour. 

    J’avais tort : Nancy Sinatra, fille de Frank, a rencontré Lee Hazlewood qui était un ami de son père qui en 1965 lui demande de l’aide, pour aider à faire décoller la carrière de sa fille. Hazlewood à l’époque a vécu mille vies : animateur de radio, producteur de disques, musicien, cowboy casanova, forte-tête plutôt douée mais encore assez underground. Nancy Sinatra elle est déjà actrice, un peu chanteuse, mais elle s’ennuie dans son rôle d'icône pop sucrée et bubblegum, elle a envie de chanter plus librement et plus fortement. 

    Et alors qu’on a du mal à imaginer leur amitié, ou leur complicité, cette rencontre va absolument tout changer, pour l’un comme pour l’autre. Puisque c’est ensemble qu’ils vont composer These Boots Are Made For Walking, ou Summer Wine, les plus grands tubes de Nancy Sinatra, qui vont leur permettre pour leur première fois respective, d’être numéro 1 des charts. Et avec le recul on a l’impression que cette association était évidente et providentielle. 

    D’ailleurs le morceau que je veux jouer, il incarne cette évidence. Il s’appelle Some Velvet Morning et il a été enregistré en 1967, au bout de 2 ans de collaboration. Pour beaucoup de critiques musicaux, c’est le duo le plus parfait que la pop ait jamais créé, et je crois que je suis d’accord avec eux. 

    Parce que c’est un morceau où Nancy et Lee alternent chacun une strophe, se répondent, semblent échanger, et finissent par fusionner musicalement. En soi c’est déjà magnifique. Mais le plus fort dans ce morceau, c’est que tout ça a été enregistré, techniquement parlant, sans superposition, c’est à dire avec un orchestre, deux micros, et donc Lee et Nancy qui se répondaient pour de vrai dans le studio. Ce qui demande énormément de concentration, d’attention à l’autre, et de savoir faire pour éviter la cacophonie, vous allez comprendre pourquoi.

    Surtout que ce morceau est aussi profond, puisqu’il parle d’amour et de déesse grecque. Nancy Sinatra se mettant dans la peau de Phèdre, dans la mythologie elle est celle qui est notamment tombée éperdument amoureuse de son beau fils, sans que cela ne soit partagé.

  • Podcast du jeudi 22 octobre 2020 : Vitamine So : « Flat Beat » de Mr Oizo :

    Alors Sophie, plutôt que de parler de Darmanin ce matin tu as décidé de t’inspirer de sa marionnette aux guignols.

    Oui, je n’avais pas vraiment le coeur à parler des sombres affaires, au pluriel, de Darmanin, alors je préfère effectivement vos parler ce matin de marionnette dans la musique. Parce que y a pas que les Guignols qui sont les pro des poupées, des peluches, des pantins. La musique aussi a quelques propositions de qualité.

    Flat Eric, par exemple, vous vous en souvenez, c’est le personnage créé par Mr Oizo à la fin des années 1990 pour ses courts métrages. D’ailleurs à la base ce petit oizo jaune et avec une tête fort sympathique ne s’appelle pas Eric, mais Stéphane ( sauf qu’à l’international c’est moins punchy ). Alors quand une fameuse marque de jeans demande à Mr Oizo de réaliser une pub avec cette petite peluche, il prend le nom de Flat Eric.

    Depuis cette pub, Eric Dupieux a eu une sacré carrière, on l’a croisé évidemment dans des clips de Mr Oizo, mais aussi à la tv anglaise entre les mains de David Brent, le boss de la version UK de The Office qui tente d’être cool avec. Il est presque devenu l’avatar de Mr Oizo tellement Flat Eric est cool, et jaune, et mignon, et marrant.

    Mais il a de la concurrence, notamment en la personne d’un certain Lord. Lord Quas,- qui est lui la marionnette avatar de Quasimoto, lui-même alias de MadLib. Madlib c’est un producteur génial, versatile, touche à tout, qui s’est toujours beaucoup amusé à changer d’identité et à faire parler d’autres MC à sa place. Et notamment ce Lord Quas présenté en l’an 2000, un perso peluche qui ressemble à un tapir, qui est jaune aussi, qui a une clope, ou un pétard, au bec, et une boite dans la main. Sur le papier, il est censé être le MC qui pose sur les productions de Madlib. Mais à vrai dire Lord Quas c’est presque l’alter ego de Madlib, comme dans les Guignols finalement.

    Dernier concurrent guignolesque du jour, un poisson, qui s’appelle Billy Gates et qui est l’emblème, l’ami, le danseur du producteur français Ouai Stéphane. Ouai Stéphane il est très marrant et doué mais un peu timide aussi alors souvent il préfère laisser parler sur scène, Billy, qui est un gros poisson mécanique chelou, qui à force de faire de la scène a développé quelques talents.

    Alors voilà, entre Flat Eric, Lord Quas et Billy Gates, ce matin je peux vous dire que la marionnette que Darmanin est en train de mériter aux Guignols. Et en attendant je me suis dit qu’un petit Mr Oizo de bon matin, c’était pas rien.

    En plus dans le clip de ce morceau, Flat Eric est dans un bureau ministériel, voire présidentiel. Un peu comme Darmanin donc, mais en mieux. C’est Flat Beat, sur Nova.

  • Podcast du mercredi 21 octobre 2020 : Vitamine So : « The Anonymous Club » de Courtney Barnett :

    Alors, la musique est-elle pour ou contre l’anonymat ?

    J’ai choisi ce matin un morceau en faveur de l’anonymat, avant tout parce que le morceau est magnifique et qu’il est signé de Courtney Barnett : une musicienne qui compose de parfaites bandes sons automnales.

    Courtney Barnett a pourtant grandi en Australie, à Sydney, une ville qu’on a l’habitude d’imaginer solaire, et pop. Mais c’est pas comme ça que les choses se sont passées pour elle. Sa jeunesse, raconte-t-elle, a été morose, et la musique, le rock, le grunge américains ont été ses compagnons de route. Ce qui explique sans doute que quand elle chante, on s’imagine qu’elle a grandi dans le fin fond de Seattle ou de Washington.

    Au début des années 2010, elle a commencé à composer ses propres balades, ses propres chansons très inspirées et inspirantes. Et parmi les premières chansons qu’elle sort, il y a un titre qui s’appelle The Anonymous Club.

    Un hymne à l’anonymat qui est pour elle est d’abord la garantie de la tranquillité. Ce que Courtney Barnett chante c’est la déconnexion du monde, le petit pas de côté où l’on quitte un peu la société pour prendre du recul. Elle s’imagine, et nous chante une soirée, où chacun dépose à l’entrée d’un appartement ses chaussures et son téléphone. Dans cette soirée, personne n’a de prénom, ou de nom de famille, pas besoin de se raconter non plus qui l’on est dans le monde extérieur. Non. Ici l’anonymat règne. Et il permet de se réinventer.

    Mine de rien, ce combat là que chante Courtney Barnett, qui a l’air intime et léger, il rejoint aussi le combat de certains activistes d’un internet résistant, qui voient l’anonymat comme la garantie d’un contre-pouvoir et d’une parole indépendante en ligne.

    Même ailleurs dans la musique, dans la littérature, l’anonymat ou le pseudonymat a toujours permis à une certaine contre-culture d’exister, et de prendre le recul nécessaire pour analyser, critiquer, et interroger nos sociétés. C’était d’ailleurs une des perspectives d’internet à ses débuts, de déjouer la censure et la surveillance par l’anonymat pour mieux questionner.

    Alors certes aujourd’hui, les réseaux sociaux ont changé le rapport aux alias et au pseudo, et le débat ne va pas se régler en écoutant un morceau. Mais puisque aujourd’hui internet est entre les mains de GAFAM et de plateformes privées, ou de l’Etat, qui ont tout intérêt à savoir qui l’on est, ce que l’on mange, ce que l’on pense, où l’on vit, et pour qui on peut voter, je crois qu’écouter Courtney Barnett permet de se souvenir que justement parfois, ne pas dire son nom, c’est aussi se protéger.

    Alors rejoignez The Anonymous Club, une chanson de Courtney Barnett qu’on écoute sur nova.

  • Podcast du mardi 20 octobre 2020 : Vitamine So : « National 7 » des Honeymoon Killers :

    Alors Sophie, la France éternelle de JP Pernault elle te donne envie de jouer de la bonne vieille chanson française ?

    Oui et non. Ce matin je vais vous jouer du Charles Trenet, et en même temps pas vraiment du Charles Trenet. Je vais vous jouer un groupe belge qui a repris, de manière bien plus électrique, un morceau de Charles Trenet.

    Ce groupe s’appelle les Honeymoon Killers ou les tueurs de la Lune de Miel. Ils ont deux noms : un anglais, un français. C’est un groupe complètement barré qui s’est monté à Bruxelles dans les années 70.

    Comme leur nom l’indique, qui a été inspiré par un super film d’ailleurs : pour eux la musique c’était pas fait pour se prendre au sérieux. Rien n’était sacré : ni le punk, ni l’expérimental, ni les icônes de la grande chanson en français. Leur producteur original, quand il les a découverts, a dit d’eux qu’ils donnaient dans la délinquance musicale tellement ils étaient irrévérencieux. Et pourtant il accepte de les signer, et en 1977 ils sortent un premier album "Kamizake" qui surfe entre du punk, free jazz, l’esprit fanfare avec beaucoup de talent.

    En 1980, leur impertinence va devenir un modèle et en inspirer d’autres. Ils vont être au cœur d’une scène belge un peu dingue de l’époque : celle d’Askak Maboul, Véronique Vincent, et la bande du label Crammed Discs, Mark Hollander, qui fascine l’Europe entière pour son originalité.

    Je vous ai promis de vous jouer une reprise d’eux d’un morceau de Charles Trenet - un titre bizarre qui parle des joies de conduire l’été jusque dans le sud de la France, en empruntant la nationale 7. Trenet l’a composée en 1955, littéralement pour célébrer cette route qui traverse la Bourgogne, l’Auvergne, le Rhône et la Côte d’Azur.

    Quand Trenet la chante, ça donne un drôle de truc : on dirait une publicité pour la voirie, ou pour les congés payés. On dirait même l’introduction d’un J.T par Jean Pierre Pernaut.

    Mais quand les Honeymoon Killers la chante, là c’est autre chose. On a l’impression d’embarquer pour un road trip surprise avec des copains, du genre de ceux qui arrivera on ne sait, où on ne sait quand. Mais qui débouchera forcément sur une aventure.

    Alors voilà, puisqu’en plus ce genre de voyages se fait rare en ce moment, on va fêter cette France des nationales, en rêvant de l’été et de liberté avec Nationale 7 des Honeymoon Killers sur Radio Nova.

  • Podcast du lundi 19 octobre 2020 : Vitamine So : « Kholo Kholo » de Aamir Khan :

    Sophie comment peut-on trouver un peu d’apaisement dans la musique ?

    Je ne sais pas si la musique peut aider à surmonter les peines immenses que suscitent la mort de Samuel Paty, mais je crois qu’on peut essayer de rendre hommage au professeur dévoué, engagé, formateur que ses élèves et collègues décrivent. 

    Vous savez sur Wikipedia il existe une page « fête des professeurs » qui recense pays par pays les journées spéciales dédiées à l’éducation, à la transmission et plus précisément aux femmes et aux hommes qui enseignent. En Argentine, c’est le 11 septembre que l’on fête les prof, au Liban c’est le 9 mars, en Thaïlande c’est le 16 janvier. Et en France ? Et bien ça n’existe pas. Il n’y a pas de journée dédiée aux enseignantes et aux enseignants. 

    Et c’est dommage parce que dans les autres pays du monde où elle a lieu, cette fameuse journée est tout sauf symbolique. Elle a une vraie fonction sociale. Certains pays en ont fait un jour de repos pour les enseignants, d’autres ont décidé qu’elle serait fériée pour célébrer, dans les écoles, la transmission, la pédagogie. Et partout, ces journées servent surtout à réaffirmer la reconnaissance publique du pays à l’égard des professeurs, de leur travail et de leur engagement. 

    En Inde par exemple, chaque 5 septembre, on célèbre Shikshak Divas. Le 5 septembre à l’origine c’est la date de naissance de Sarvepalli Radhakrishnan, qui a été professeur de philosophie, penseur, maintes fois nominé pour des prix nobels et président de la République Indienne entre 1962 et 1967. 

    Et il a tellement compté pour son pays qu’un jour ses élèves et amis sont venus lui proposer de faire de sa date de naissance une journée spéciale. Mais le docteur Radhakrishnan, qui a toujours oeuvré pour faire de l’éducation une vertu cardinale de la société indienne, a refusé et proposé à la place de créer une journée nationale pour les professeurs. 

    Depuis 1962, chaque 5 septembre en Inde, on célèbre donc les mentors, les gurus, les professeurs, celles et ceux qui chaque jour se démènent pour éduquer des générations d’Indiens. Il y a beaucoup de respect et de gratitude qui sont témoignés chaque année. 

    Les écoles et les universités adaptent leur programme et organisent des pic niques, des compétitions de danse, de récitations de poème. Et à la fin de la journée, semble-t-il, on offre des cadeaux et on formule des remerciements à ses professeurs, de manière quasi rituelle. 

    Et il se trouve que cette relation si précieuse entre le peuple et le corps enseignant - il inspire aussi la culture. Chaque année autour cette date sortent des chansons qui célèbrent l’enseignement. Chaque année Bollywood présente aussi des films qui abordent ce même sujet, souvent en chansons. 

    Par exemple le film Taare Zameen Par, sorti en 2007, qui racontait l’histoire d’amitié et la rencontre décisive entre un enfant de 8 ans dyslexique et son professeur d’art. Et dans ce film, il y avait notamment une chanson hommage à celles et ceux dont les mots peuvent changer notre enfance, et nos vies, on écoute donc ce titre Kholo Kholo, sur Nova.

  • Podcast du vendredi 16 octobre 2020 : Vitamine So : « Wege Wege » de Buraka Som Sistema :

    Sophie je crois que tu as voulu rebondir à la phrase de Ségolène Royal et chercher des morceaux qui disent aussi, dans le fond et dans la forme, que “ça va aller”. 

    Et bien oui, et vous savez Armel et Sarah Lou que sur internet, sur les plateformes de streaming et ailleurs, il y a plein de playlists de morceaux “motivants”. Du genre de ceux qui vous aident à faire le ménage, à vous chauffer avant un match de boxe ou à pousser de la grosse fonte quand il pleut et jusque là tout va bien. On comprend que la musique est parfois le meilleur des coachs. 

    Sauf que ces playlists sont souvent remplies de morceaux un peu clichés. Genre The Eye of The Tiger ou We Will Rock You ou Lose Yourself d’Eminem. Qui sont des morceaux qui effectivement sont galvanisants, mais qui sont un peu vus et revus. 

    Alors ça m’a donné envie de chercher, dans la vaste discothèque de Radio Nova un morceau qui ressemblerait plus à ce qu’on joue nous. Soit à l’antenne, soit en soirée quand on a envie de faire décoller un peu la fête ou juste de retrouver de l’énergie. 

    Et je suis retombée sur un morceau qui est je crois irrésistible, signé par le Buraka Som Sistema. Je pense que vous connaissez le nom de ce collectif originaire de la banlieue de Lisbonne. Qui a commencé en 2005 à faire de la musique à mi chemin entre le kuduro, des breakbeat syncopés à l’anglaise, une vibe assez rentre dedans. Et qui a trouvé un peu la formule magique dans le genre, puisque pendant quelques années, ils ont composé des tubes qui ont fait danser tous le Portugal mais aussi les Etats-Unis, le reste de l’Europe, le Japon. 

    Et notamment le fameux Wege Wege que je vais vous jouer dans quelques instants. Petite anecdote sur ce tube, si vous tendez l’oreille vous allez sans doute reconnaître la voix de la chanteuse, qui est Pongo, depuis quelques années maintenant elle chante sous son vrai nom, et nous on adore ses projets solo, d’ailleurs vous l’entendez souvent sur radio nova. 

    Mais bref c’est ce morceau là que j’avais envie de vous jouer ce matin, parce que mine de rien on est vendredi, et parce qu’il illustre à merveille l’idée que parfois on peut se passer de mots, particulièrement dans ces drôles de moments où les discours ne servent pas à grand chose. Même quand ils se veulent motivants. 

    Voilà : poussons les basses, dans les voitures, au bureau, dans les chaumières et puisons de l’énergie là où il y en aura toujours. C’est Buraka Som Sistema avec Wege Wege sur Nova

  • Podcast du jeudi 15 octobre 2020 : Vitamine So : « Above The Clouds » de GangStarr et Inspektah Dekh :

    Alors, as tu un morceau pour nous changer les idées après les mots de Macron ? 


    Et bien oui et non. Parce que ce matin j’ai décidé de vous parler de samples d’allocutions présidentielles. Tout ça parce qu’en préparant cette chronique je me suis demandé si Emmanuel Macron était un président inspirant en tout cas si ses discours avaient été adaptés, transformés, triturés par la musique ? Et la réponse est non pas vraiment, pas encore en tout cas. 

    Cela m’a donné envie de mener une petite enquête : et de trouver quels discours politiques avaient été les plus repris dans la musique. Sous forme donc de sample, et plus précisément dans la musique américaine. Et alors il y a trois discours qui ont été très souvent utilisés, peu importe l’époque, et presque peu importe le style. Ce sont des allocutions de Kennedy, de Reagan et de Martin Luther King qui n’a pas été président de la République américaine mais qui avait une aura présidentielle hallucinante. Ce qui est intéressant c’est aussi d’écouter ces samples pour comprendre ce qu’ils servent à illustrer. Reagan par exemple, est souvent samplé pour être moqué ou critiqué, notamment sa fameuse phrase “We Begin Bombing in Five Minutes” une petite blagounette, faite hors antenne, qui parlait en rigolant de bombarder l’URSS, et qui a tellement choqué les Américains qu’elle a inspiré des dizaines de morceaux de punk, de rap, de rock anti Reagan. 


    Pour Kennedy c’est un peu différent. Souvent sa voix sert de cadre quasiment neutre politiquement parlant, comme si ses discours étaient des références aussi marquantes qu’une citation d’un film. Par exemple, son discours à Houston qui annonce que les Etats-Unis vont lancer le programme Apollo pour poser le pied sur la Lune avant les Russes où il dit “We Choose to Go The Moon” (nous choisissons d’aller sur la Lune). Celui-ci a souvent été repris par quiconque voulait évoquer la puissance, la conquête, ou juste faire décoller un peu ses auditeurs. Mais jamais pour parler dans le fond de politique. 

    Et Martin Luther King enfin, vous vous en doutez, c’est par respect et par hommage qu’on a bouclé son discours “I Have a Dream”. Parce qu’il est tellement symbolique de la lutte pour les droits civiques, qu’il a servi à des centaines d’artistes engagés qui voulaient donner un peu de frissons politiques de GrandMaster Flash, à Larry Heard en passant par Michael Jackson. 

    Voilà. Reste à savoir maintenant si les discours de Macron rentreront un jour dans la postérité, et s’ils seront célébrés, moqués, trafiqués. Et en attendant, dans le lot de ces morceaux que j’ai évoqués, j’ai eu envie de vous en jouer un qui sample JFK, tout bêtement parce que j’aime ce morceau. 

    C’est GangStarr et Inspektah Deck qui parlent de s’envoler au dessus des nuages : Above the Clouds.


    Crédit : Pochette de Moment of Truth de Gang Starr

  • Podcast du mercredi 14 octobre 2020 : Vitamine So : « For What It's Worth » de Buffalo Springfield :

    Aujourd'hui dans Vitamine So : un hymne de la contestation composé après un couvre-feu, « For What It's Worth » de Buffalo Springfield.

    Ce matin cette affaire de couvre feu t’a je crois donné envie de parler d’un classique de la musique ? 

    Et bien, oui parce que si un couvre feu nous tombe dessus, ce ne sera pas une première dans l’histoire du monde. Forcément, quand c’est arrivé, et bien ça a inspiré quelques oeuvres littéraires ou musicales rebelles. Et parmi les morceaux en question, il y un grand classique de nos ondes, du rock folk et psyché le « For What It’s Worth » de Buffalo Springfield. 

    Ce titre est écrit en 1966, aux Etats-Unis qui s’enlisent dans la guerre du Vietnam et qui sont en plein bouleversement social. Une génération d’Américains, et notamment les plus jeunes, commencent à s’opposer ce conflit, et plus généralement à questionner le modèle social et politique de leur pays. Mais ça n’est pas exactement de ça dont parle cette chanson. 

    Plus précisément elle raconte un fait de société qui a secoué Hollywood en 1966. A l’époque, la jeunesse de la ville aime se retrouver sur le Sunset Strip, une section du fameux Sunset Boulevard, pour refaire le monde, penser l’avenir et voir des concerts dans le club Whisky a Gogo. Forcément, ces nuits attirent, intriguent et dérangent le voisinage et les autorités en place. Les hippies, dont font partie le groupe Buffalo Springfield, sont dans le viseur de la police qui va intervenir pour imposer un couvre feu. 

    A leur demande chaque soir, les clubs et bars de la rue Sunset Strip fermeront à 22h pile poil. 

    Ce qui n’est pas pour plaire à nos ami.es, rejoint par des stars comme Peter Fonda ou Jack Nicholson, qui commencent à manifester leur mécontentement le 12 novembre 1966. Et si au début, les rassemblements sont pacifistes, rapidement la tension monte entre les manifestants et les forces de l’ordre. 

    Cette affaire de couvre feu, de fermetures administratives, et de mécompréhension entre les aspirations de la jeunesse et celle d’un pays conservateur va durer plusieurs semaines et va donc notamment inspirer le groupe Buffalo Springfield, témoin et en première ligne de cette grande affaire. 

    Le morceau va alors devenir un hymne contestataire, qui va servir à illustrer beaucoup de scènes de films où l’on parle antimilitarisme. Dans Forrest Gump, par exemple. Ce morceau va également souvent être repris, dans d’autres contextes sociaux et musicaux, mais avec toujours la même intention d’évoquer des contre pouvoirs et des contre cultures. 

    D’ailleurs je vais vous jouer une des versions reprises, parce que je me suis dit que l’original vous la connaissiez sans doute, et j’ai opté pour celle de Miriam Makeba, qu’elle enregistre à peine 4 ans après celle de Buffalo

  • Podcast du mardi 13 octobre 2020 : Vitamine So : « I Need You Tonight » de Punkin Machine :

    Alors cet appel de Jean Castex qui a besoin de nous, ça te donne envie d’écouter quoi ce matin ?


    Un titre bien nommé qui s’appelle « I Need You Tonight » de Punkin Machine, et dont l’histoire est (un peu comme tout ce que l’on vit en ce moment) originale. Ce morceau quand je vais vous le jouer vous allez sans doute vous dire : mais oui c’est un classique de la disco des années 80. Peut être que vous allez me dire, “eh oh madame ça fait 30 ans que je danse dessus”. 

    Et pourtant non. A priori non, vous êtes comme nous, comme tout le monde - nous l’avons découvert en 2007. Parce que ce morceau, produit en 1980 par un certain Jerry Cucuzzella, un canadien, a passé des années à dormir dans des cartons, dans des bacs à vinyles et à attendre que quelqu’un le remarque. Alors que ce titre a tout pour être un tube, il aurait du être un classique à sa sortie, seulement voilà les choses ne se sont pas passées comme ça. 


    Il a donc fallu attendre 30 ans pour que le cours de son histoire change, et ça s’est fait grâce à James Murphy, leader d’LCD Soundsystem, boss du label DFA Records et aussi collectionneur de disque. En 2007, il a été invité à faire un mix à partir de sa collection de vinyles, de disco, de rare grooves, et c’est dans ce mix là qu’il a placé, discrètement, le morceau « I Need You Tonight ».

    Dans les mois qui ont suivi la sortie de ce mix, le petit morceau confidentiel est devenu un grand tube qui se jouait beaucoup dans des sets de DJ, a été réédité et recherché par beaucoup de diggers. 

    Et ce que je trouve le plus fou avec ce morceau, c’est que même lorsque l’on l’écoute pour la première fois, on a l’impression de déjà le connaître. Comme s’il nous avait toujours accompagné, ou qu’il était tellement emblématique d’une époque qu’il était presque déjà familier.  En plus c’est pas pour dire, mais en terme de parole attrayante, ce morceau qui dit exactement la même chose que Jean Castex (à savoir « I Need You Tonight », j’ai besoin de toi, de vous) et bien il est un peu plus efficace que les paroles de notre ministre. Je ne suis pas là pour invalider ce que dit le ministre , mais s’il cherche à rassembler et bien je lui suggère de s’inspirer de la chanteuse. Qui nous appelle à l’aide mais nous demande aussi ce qu’elle peut faire pour nous, pour qu’on se sente mieux, pour qu’on se sente au chaud. C’est du donnant-donnant quoi. 

    C’est peut être une technique de communication de base que de flatter l’interlocuteur pour obtenir ce que l’on veut. Mais quand c’est dit avec un petit rythme de disco et avec une voix qui entre dans la tête, c’est tout de suite plus convaincant. 


    Donc Castex, si vous écoutez Nova, n’hésitez pas à vous inspirer. Et sinon le voici ce Punkin Machine pour vous entraîner.

  • Podcast du lundi 12 octobre 2020 : Vitamine So : « O Superman » de Laurie Anderson :

    La droite cherche son super héros, est-ce que la musique l’a trouvé ? 

    Oui, elle a même trouvé sa super héroïne de la chanson expérimentale, de la poésie sonore. Et elle l’a trouvée en 1981, en la personne de Laurie Anderson. A l’époque Laurie Anderson a 34 ans, elle vit à New York et elle est artiste, critique, performeuse. C’est elle qui a été à l’avant-garde d’une certaine scène artistique underground et qui va signer le tube le plus surprenant de cette décennie : le bien nommé « oh Superman ». 

    Un morceau de 8 minutes 25 extrêmement surprenant, parce qu’il juxtapose des univers qui ne se croisent habituellement pas. Il commence par un soupir haletant, hypnotisant qui se fond dans un tempo à 150 BPM, et puis pendant toute sa durée, il évolue, se modifie grâce à un vocoder, intègre une voix de répondeur. Bref, ce « Oh Superman » est de la pure poésie postmoderne , presque mystique tellement elle attire, tellement elle est cryptique. 

    Par exemple, le public a mis un peu de temps à savoir de quel superhéros parlait le morceau. Et bien ce Superman, n’évoque pas directement le personnage de DC Comics, il en fait adapté d’une pièce de Jules Massenet. Un opéra variation sur le Cid où l’on entend à un moment (en français dans le texte) : “Ô souverain, ô juge, ô père”. 

    Ce triptyque va inspirer Laurie Anderson qui décide d’ouvrir son morceau avec une réinterprétation en anglais qui donne : “Oh Superman, O Judge. O Mom & Dad”, une phrase en quatre temps bien plus contemporaine. 

    On ne pouvait pas le deviner. Et c’est pour toutes ces raisons un peu occultes que ce « O Superman » aurait sans doute dû rester confidentiel. Et pourtant, lorsque le 45 tours est publié sur un minuscule label new yorkais, il trouve très vite un public, notamment grâce à l’animateur de radio John Peel qui va le diffuser régulièrement sur la BBC. En Angleterre, ce morceau grimpe tout en haut des charts aux côtés de Soft Cell, the Human League, alors qu’il est cent fois moins évident, et cent fois plus aventureux. 

    En France, Radio Nova va aussi beaucoup jouer ce morceau, dès 1981. Les fondateurs de notre radio : Andrew Orr, Jean François Bizot, vont s’en servir pour des illustrations sonores, pour des créations, des jingles, des performances. Parce que cet ovni musical ressemble à l’ovni radiophonique que Nova veut être dans les années 80. 

    Depuis ce morceau a été samplé, trituré, repris, réinterprété, et il n’a perdu aucun de ses pouvoir mystiques. Notamment celui d'amener quiconque l’écoute dans un espace temps un peu suspendu.

  • Podcast du vendredi 09 octobre 2020 : Vitamine So : « Overdose of Joy » de Eugene Record :

    Alors ce sentiment euphorique de Donald Trump, ça donne envie d'écouter quoi 


    Pour une raison ou pour une autre il me donne envie de vous jouer un morceau qui s’appelle “Overdose of Joy" (surdose de joie). Pourquoi ? Et bien parce que d’abord c’est un morceau parfait pour un vendredi où de toute manière on ne peut plus danser en club donc autant danser dès le matin, au boulot, dans sa voiture.

    Et ensuite parce que c’est un titre qui raconte une drôle d’histoire. Celle d’un type que l’on retrouve KO, à terre, avec une fièvre à 39°5, complètement confus. Son sang est paraît-il en train de bouillir. Mais comme ce morceau a été composé en 1977 vous vous en doutez notre bonhomme ne souffre pas de Covid 19. Ni même de Covid 77. Il souffre d’une overdose de joie. Tout simplement.

    Ce que dit cette chanson c’est que c’est un type qui est tellement heureux, tellement amoureux, qu’il est tout simplement KO de bonheur. C’est beau non ? Surtout que ce morceau a été composé brillamment par Eugene Record, un homme aux doigts d’or qui a beaucoup compté dans la scène musicale de Chicago, en tant que membre des Chi-Lites, et en tant qu’arrangeur et producteur.

    C’est lui aussi qui a composé la base du sample de Crazy In Love de Beyonce, et qui a donc quelques années avant sa mort reçu un grammy awards en 2002.

    En 1977, il écrit cette histoire d’overdose de bonheur. Par pur esprit scientifique j’ai voulu vérifier si ça correspondait à une véritable pathologie, j’ai cherché sur internet : peut-on mourir de bonheur ?

    Et alors sachez qu’au Japon il y a un mot qui désigne le syndrome du coeur brisé, le takotsubo, une cardiomyopathie qui naît après un stress intense. Et dont il existerait une version positive : un takotsubo du coeur heureux.

    Voilà ; je ne suis pas là pour vous faire peur non plus. Dans 99,9% des cas on ne meurt pas de cette overdose de joie. D’ailleurs le bonhomme dans notre chanson a l’air de se remettre sur patte. Alors n’hésitez pas vous aussi à vous laisser porter par la joie contagieuse de ce morceau.

    Ne pensez plus à Donald Trump, ni au Covid, concentrez vous sur cette Overdose of Joy qui va donner une jolie couleur à votre vendredi.


  • Podcast du jeudi 08 octobre 2020 : Vitamine So : « Sugar Me » de Lynsey de Paul :

    Tout ça pour du sucre, toujours plus de sucre, ça donne envie d'écouter quoi ?


    Ca me donne envie de parler d’addiction au sucre, et comme mon domaine n’est pas vraiment la santé publique, ni même l’agriculture, mais plutôt la musique, j’ai mené l’enquête de ce côté là. Et c’est flagrant. Le nombre de morceaux qui parlent de sucre par rapport à ceux qui parleraient de sel, ou d’eau, ou de je ne sais quoi du genre, est complètement disproportionné.

    Entre Celia Cruz, la diva cubaine qui crie Azucar en introduction de chacun de ses morceaux, les d’Angelo et les Rolling Stones qui eux assument leur dépendance au brown sugar ou Oxmo Puccino qui parle de son sucre pimenté : le constat est sans appel, la saccharine est aussi omniprésente dans la chanson.

    J’avais donc l’embarras du choix en terme de propositions musicales et j’ai eu envie de vous parler de Lynsey de Paul, tout bêtement parce que son morceau ‘Sugar Me’ est beau.

    Lynsey de Paul c’est une chanteuse anglaise qui grandi en écoutant de la musique classique et c’est tout, parce que pour ses parents la variété, la musique populaire, c’était vulgaire. A 21 ans, elle quitte le foyer familial et là se met à composer ses chansons, à savoir de la variété et de la musique populaire.

    Et elle est très douée dans ce domaine. Et en 1972, elle compose et enregistre un titre qui va être un de ses grands tubes. ‘Sugar Me”, littéralement, Sucre Moi, va se vendre à des millions d’exemplaires partout dans le monde, aux Etats-Unis, en Thaïlande, en Allemagne, en Hollande ou Japon.

    Et c’est vrai que ce “Sugar Me” c’est une sucrerie assez parfaite : avec une mélodie au piano extrêmement efficace, on dirait presque le thème d’un film, et puis la voix de Lynsey de Paul, sensuelle, mielleuse qui ouvre sur un refrain qui colle à la peau.

    Evidemment comme souvent quand un morceau parle de sucre, ce titre il est bourré de sous entendus. Et on se doute que cette femme qui demande à être sauvée, à être sucrée de jour comme de nuit, qui chante son manque ne parle pas forcément de sa dépendance à la betterave sucrière.

    Mais quand même ça me laisse pantoise : comment ça se fait que dans la musique particulièrement, quand on veut parler de drogue, de sexe, d’amour, d’infidélité, on se cache derrière le Sugar. Et depuis quand le sucre est une des métaphores les plus filées du jazz, du hip hop, de la pop ?

    Voilà j’ai cherché la réponse et je ne l’ai pas trouvée. Si ça se trouve c’est à cause du Lobby du sucre. Et en attendant de savoir, voilà ce morceau de Lynsey de Paul - Sugar Me, sucré à souhait.

  • Podcast du mercredi 07 octobre 2020 : Vitamine So : « I’m Wild About that Thing » des Bessie Smith :

    Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l'actualité d' Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l'information du jour.

    Alors ces discours à double-sens par Carla Bruni, ça donne envie d'écouter quoi ? 


    Une femme à l’opposée de Carla Bruni - une dame qu’on a nommée l’Impératrice du Blues - mais qu’on aurait sans doute pu aussi nommer la reine de l’explicite et de l’honnêteté : Bessie Smith. 

  • Podcast du lundi 05 octobre 2020 : Vitamine So : « Won’t Get Fooled Again » des Who :

    Ce matin, Armel parlait d'éternel recommencement politique. Ca donne envie d’écouter quoi ?  ? 


    Un groupe un peu désabusé, qui a en tout cas décidé par cynisme, par lassitude, pour se protéger aussi des déceptions sans doute, de ne plus se laisser berner par ceux qui promettent de renverser l’ordre établi. Ce groupe, c’est les Who et leur chanson qui raconte au mieux cette attitude s’appelle Won’t Get Fooled Again (on ne se fera pas avoir de nouveau). 


    Ce titre est très connu, et comme parfois nous écoutons sans trop y faire attention les chansons que l’on adore, alors je me suis dit que cela valait le coup de vous reraconter de quoi parlent The Who. Il a été composé en 1971, et s’il ne parle pas directement du retour de la droite filloniste, il évoque plutôt les désillusions face aux espoirs de révolutions. 


    Dès le début, et on a pourtant envie d’y croire, le chanteur Pete Townsend nous conte des combats qui se feront dans la rue, contre les morales établies par des usurpateurs du peuple. Il y aura des nouvelles constitutions, avec la jeunesse, et nous y croirons. 


    Et puis petit à petit : le jour d’après se met étrangement à ressembler à celui d’avant, pour les citer “the world looks just the same / and history ain’t change”. L’histoire n’a pas changé : les anciens patrons ressemblent aux nouveaux et la lutte aura été vaine. 


    C’est en tout cas comme ça que beaucoup ont compris leur philosophie, souvent considéré comme conservatrice : tellement démotivante qu’elle ne donne pas envie de faire de révolution, de peur que cela échoue. 


    Et pourtant, je crois que Les Who sont moins réactionnaire que ça, je les crois même profondément perturbateurs. En tout cas le mot même de révolution dont ils se servent, à l’origine, veut dire tourner sur soi-même. Son étymologie, latine et française, indique le cycle, l’éternel recommencement. C’est pour cela que l’on parle de révolutions des planètes, une fois qu’elles ont fait le tour d’un autre astre. 


    Alors dans le fond, ce que disent les Who c’est peut être ça : que les systèmes politiques sont tellement indéboulonnables, qu’ils sont soumis au même mécanisme que les astres éternels. Et que si l’on veut changer tout cela, et bien il faut faire plus encore que tout ce que l’on connaît déjà. Plus que descendre dans la rue, plus que se battre pour ses idées, plus qu’une révoltion : il faut recréer un big bang. 


    Il est vrai que lorsque l’on voit les choses comme ça, nous réalisons que sans grand chambardement, les choses ne changent pas. Et cela rend encore plus ringarde la droite de grand-papa dénoncée par Bruno Retailleau, et encore plus visible le fait que son idée de la révolution, à lui Bruno, n’est finalement qu’une circonvolution. 


    Place à la rébellion donc, avec The Who et leur Won’t Get Fooled Again.

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